Acte d’anoblissement de Jacques de Gibert

L’acte qui suit est l’acte d’anoblissement de Jacques de Gibert, de Tarascon, en septembre 1595. La transcription a été réalisée par Bernard Gibert, aussi possesseur de ce remarquable document. Si vous avez des renseignements sur ce Jacques de Gibert, n’hésitez pas à nous en faire part.

gibert1Henri, par la Grâce de Dieu
Roi de France et de Navarre, Comte de Provence,
à tous présents et advenir, salut
Comme l’origine et le commencement de la Noblesse sont issus de vertus accompagnées de grandeur, magnanimité et générosité de coeur, ainsi qu’il est très décent et raisonnable que ceux qui en sont armés et décorés et qui continuellement emploient leur vie et propres personnes aux guerres et batailles, assauts de ville et autres endroits périlleux pour les biens, sûreté et conservation de cestuy notre Royaume, pour le repos, tranquillitéet bien de mes sujets, soient ensemble leur postérité élevée en tel degré d’honneur et de noblesse que leur vertu et services le méritent afin que eux se voyant honoré du titre d’icelle et des prérogatives et prééminences et honneur qui les accompagnent, ils soient plus prompts et enclins à conserver, continuer et maintenir leur vertu et faire devoir de l’accroître et l’augmenter, en sorte que les autres à leur imitation et exemple fassent le semblable, et que laissant à la postérité une marque si signalée, claire et notable, elle leur puisse comme un très beau signal servir d’adresse pour les conduire toujours à ces chemins de vertu déjà frayés par eux, sans qu’ils se puissent fourvoyer ni détracter aucunement d’icelui
gibert2Savoir faisons que Nous, ayant en singulière recommandation les louables services, vaillances et vertus qui sont en la personne de notre cher et amé le Capitaine Jacques de Gibert de notre ville de Tarascon en Provence et aux grands, agréables et recommandations services qu’il a faites aux trois Rais nos prédécesseurs, et même sous le feu. Duc d’Anjou notre très honoré Sieur et beau-frère au voyage de Flandres, et depuis avec le Sieur de Meures à Montzynaud où il aurait été employé durant une année entière à faire la guerre, comme aussi en Piémont au siège de Saluces, et en notre pays de Dauphiné lors de le réduction d’iceluy en obéissance du feu Roi notre très honoré Sieur et frère, et même au siège de La Mure où ayant été reconnu digne de récompense pour s’être bien et vaillamment employé en toutes choses sus-dites il aurait été honoré du commandement de Lieutenant d’une Compagnie d’Arquebusier à cheval au régiment du Sieur d’Estrée, mestre de camp au dernier voyage de Flandres et depuis en retour du dit pays où commandait en service une Compagnie de deux-cents hommes de pied en notre pays de Provence en l’armée qui était lors conduite par le Sieur Grand Prieur contre ceux de la Ligue où il se porta si vaillamment qu’il aurait acquis grande réputation et honneur, et encore depuis aurait assisté le Sieur Alphonse d’Ornano l’espace de dix ans entiers en nos pays de Languedoc et Dauphiné, tant aux deux tithuaiellement de Romolin (sans doute Remoulins) que à tous les autres exploits de guerre faits par le dit Sieur d’Ornano où le dit Gibert aurait assisté et perdu deux chevaux, et même qu’il se serait jeté dans la ville deSaint-Esprit avec le Sieur d’Ornano lorsque la peste y était et y aurait séjourné durant tout le temps que le dit Sieur d’Ornano y serait demeuré pour la conservation d’icelle, et durant le siège que le Sieur de Lesdiguiëres mis devant la dite ville, et encore durant ces présents troubles qu’il a toujours suivi et assisté le dit Sieur d’Ornano à toutes les occasions qui se sont présentées pour faire la guerre à nos ennemis, en quoi il s’est si vertueusement bien vaillamment comporté comme en toutes autres choses auxquelles il a été employé pour notre service, qu’il est digne de très grandes louanges et recommandations et d’être honoré de tels titres, grâces et honneurs et prééminences qu’il puisse à l’avenir faire foi de ces dites vertus et mérites tant qu’elles puissent demeurer à sa postérité afin de perpétuer et immortaliser la décoration et ornement de sa maison,
gibert3Pour ces causes et autres bonnes, grandes, justes et raisonnables considérations, à ce Nous mouvant, avons le dit Gibert et ses enfants, postérité en lignées mâles et femelles, nés et à naître en loyal mariage, de notre grâce spéciale, pleine puissance, et autorité royale anobli et anoblissons et du titre de noblesse décoré et décorons, voulons et nous plaît qu’en tous actes, lieux et endroits, tant en jugement que dehors, ils soient dorénavant tenus, censés et réputés pour nobles et puissent porter le titre d’Ecuyer et jouissant et usant de tous honneurs, privilèges, franchises, libertés et immunité dont jouissent et sont accoutumé jouir et user les autres nobles de cestuy notre Royaume extraits de nobles et anciennes races et comme tels y puissent acquérir, tenir, et posséder tous fiefs, arrières-fiefs, terres, seigneuries et possessions nobles, et d’iceux de quelques noms, titres et qualités qu’ils soient, ensemble de ceux qu’ils ont jà acquis et qui leur pourront échoir et advenir par droit successif, jouir et user pleinement et paisiblement tout ainsi que si d’ancienneté ils étaient nés et extraits de nobles lignées, sans qu’ils soient tenus ou puissent être contraints d’en vuider de leurs mains ni pour raison de cette grâce spéciale payer à nous ni à nos successeurs aucune finance, ou indemnité de laquelle à quelque somme, valeur et estimation qu’elle soit et puisse monter, nous en avons au dit de Gibert en faveur de ce que dessus fait et faisons donc par ces présents, signés de notre main, ayant à icelui de Gibert et à sa postérité de notre plus ample grâce permis et accordé, permettons et accordons qu’il puisse dorénavant porter partout où bon leur semble leurs armoiries telles qu’elles sont cy empreintes et icelles élevées et mettre par toutes leurs seigneuries et tout ainsi et par la même forme et manière qu’ont accoutumé défaire les autres nobles de cestuy notre Royaume
gibert4Ci donnons en mandement à nos âmes et féaux les gens de nos comptes à notre ville d’Aix, Cour des Aides à Montpellier, Président et Trésoriers Généraux de France au dit Montpellier, Sénéchal de Provence et son Lieutenant […] Officier qu’il appartiendra que de nos présentes grâces, anoblissement et contenu ci-dessus ils fassent, souffrent et laissent le dit de Gibert, ses enfants, postérité et lignée nés et à naître en loyal mariage, jouissent, usent pleinement et paisiblement, cessant et faisant cesser tout trouble et empêchement au contraire lesquels si faits, mis ou donnés leur étaient, les fassent mettre à pleine et entière délivrance au premier état et deub (dû) car tel est notre bon plaisir, nonostant quelconque ordonnance, édit, restriction, mandement de finances et lettre à ce contraire, auxquelles et à gibert5la dérogatoire de la dérogatoire auquel nous avons dérogé et dérogeons par ces dites présentes et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours.
Nous avons fait mettre nitre scel à ces dites […] De Lyon… mois de Septembre de l’an de Grâce 1595 et de notre Règne le Septième.