Agression de l’évêque de Sisteron (Manosque, 15 mars 1789)

  • Sources : « Remontrances et arrêtés du Parlement de Provence au XVIIIe siècle : 1715-1790″, P.-Albert Robert, Paris, 1912.

Le dimanche 15 mars, on apprit par le procès-verbal dressé par les consuls de Manosque que l’évêque de Sisteron regagnant son diocèse avait été fort malmené par une populace irritée qui lui avait fait subir diverses violences. L’émeute était caractérisée.
Aussi, le premier Président assembla-t-il sur-le-champ la Compagnie à huit heures du soir.
Après délibération, on arrêta de confier la connaissance du trouble à la Grand-Chambre, de déléguer des commissaires et de demander des troupes pour leur servir d’escorte. Toutefois, d’aucuns jugèrent ces mesures trop graves et le lendemain, les procureurs du pays par l’organe de Roman Tybutiis vinrent supplier la Cour de suspendre le glaive de la justice une nouvelle fois, d’arrêter le départ des soldats et de différer ses résolutions. Ils étaient effrayés des suites terribles que pourrait avoir l’intervention de la force armée et redoutaient qu’une violente répression n’exaspérât le mouvement populaire, effet d’une maladie politique. Deux d’entre eux, promettaient-ils, partiraient sans retard pour Manosque et renseigneraient ensuite sans exagération le Parlement, le mettant ainsi en état de décider ce qu’exigerait la rigueur de son ministère ou ce que permettrait son indulgence.
manosque-panoramaTrès fermement, la Cour refusa à surseoir. Elle déclara qu’elle s’occuperait elle-même de toutes les précautions à prendre relativement à l’événement dénoncé et qu’elle laissait au reste à la prudence des procureurs du pays le soin de faire les démarches que leur zèle pour le bien public leur suggérait. Le même jour, elle ordonnait une information et désignait pour la diriger MM. de Thorame et du Bourguet.
L’action du parlement s’arrêta d’ailleurs là. Les conseillers-commissaires remplirent leur mission et informèrent ; mais, trouvant un calme apparent et sentant combien les esprits étaient inconsciemment disposés à la révolte, ne voulurent point décréter.

Photographie : Manosque. DR.

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