Agression d’un employé à l’octroi (Aix-en-Provence, 21 octobre 1850)

  • Sources : Archives municipales d’Aix-en-Provence, cote I1, pièce 14, art. 11.

(21 octobre 1850)
L’an mil huit cent cinquante et le vingt deux octobre à dix heures du matin, devant nous Jean Baptiste Dayre, commissaire de police de la ville d’Aix, s’est présenté le n[omm]é Freggiati Ortoli Jean Toussaint, préposé surveillant, assermenté, de l’octroi de la commune d’Aix, lequel nous a requis de prendre la déclaration suivante:

« Hier au soir à dix heures, étant de service à la bascule faisant face à la rue de la Molle, et obligé de sortir de la guérite pour affaire de service, j’ai reçu en sortant un coup de pierre lancé par un individu qui fuyait et que j’ai reconnu pour être Mitre Henri sur qui j’ai fait feu, avec mon pistolet qui a raté.
« Aujourd’hui j’ai été avec ma belle-mère à la Rotonde où Mitre se tient ordinairement, afin de lui demander le motif de son attaque contre moi. L’ayant trouvé et lui ayant demandé, il m’a répondu: «Je ne sais ce que vous me dites, j’étais couché hier soir avec ma bonne amie.» Alors ma belle-mère lui ayant dit: «Retournez-vous, vous êtes connu, allez-vous-en à la campagne prendre votre vieille blouse que vous aviez hier au soir», «je ne vous connais pas», a-t-il ajouté. «Vous ne me connaissez pas, lui a dit ma belle-mère, je me ferai connaître».
« Sur ce il a poussé ma belle-mère et moi-même, ayant voulu intervenir de crainte qu’il ne la frappe. Il a sorti alors un couteau et, le tenant à la main en s’adressant à moi, il a prononcé les paroles suivantes: «Tu es bien heureux qu’il ne te soit pas arrivé autre chose».

En conséquence, comme le susdit Mitre est coupable de blessures avec préméditation contre un préposé d’octroi assermenté dans l’exercice de ses fonctions, nous avons dû le faire déposer à la maison d’arrêt pour y être gardé à la disposition de M. le Procureur de la République.

De tout ce dessus, nous avons dressé le présent procès verbal pour servir et valoir ce que de droit.