Antoine Avy (1776-1814), général-baron d’Empire

Antoine Avy n’est pas Suisse !

Antoine-Sylvain Avy naît le 25 mai 1776 à Neuchâtel, dans la principauté de Neuchâtel en Suisse. Terre protestante, il est baptisé le 9 juin suivant dans la ville de Cressier, où se trouve la paroisse catholique la plus proche. Son père, François Avy, musicien, réside à Neuchâtel depuis 1766. Il y exerce la profession de maître de musique vocale et de violon, maître de chapelle au service de l’Académie de musique de Neuchâtel. Celui-ci est né dans la ville d’Arles, sur les bords du Rhône, mais la famille Avy est originaire de Bollène, plus haut sur le Rhône, aujourd’hui chef-lieu de canton du Vaucluse. François Avy se marie à Cressier le 31 mai 1774 avec Louise Berthoud, d’une famille de libraire lyonnais, mais originaire du canton de Genève.

Ainsi malgré ce qu’affirme toutes les biographies et articles publiés sur Antoine Avy, celui-ci, bien que né en Suisse, d’une mère d’origine helvète, est bel et bien français. Peu après sa naissance, la famille quitte la Suisse pour s’installer dans la ville de Bordeaux, puis de Rions au début de la Révolution française.
Famille d'Antoine Avy

Famille d’Antoine Avy

Une famille au service de l’Empire

François Avy et Louise Berthoud donnèrent au moins huit frères et sœurs à Antoine Avy, dont trois donnèrent leur vie pour la France :
Louise-Adélaïde Avy, née le 25 avril 1775 à Neuchâtel (Suisse). Elle épouse avant 1801 Edmé Burat, puis se remarie le 1er octobre 1801 à Kingston (Jamaïque) avec Pierre Frégé.
Antoine-Sylvain Avy, sujet de cette biographie.
Louis-Albin Avy, né le 15 juin 1778 dans la paroisse Saint-Seurin de Bordeaux (33). Il débute comme employé dans les bureaux de l’administration du port de Bordeaux (an II), puis dans les bureaux de la municipalité bordelaise (an III). Il embarque comme novice pour faire la guerre de course contre la marine britannique d’abord sur le navire « les Deux-Amis » (an V) puis la corvette « la Daphné » (an VI), qui sera capturée par les Anglais. Il ne sera libéré que l’année suivante. De retour en France, il devient secrétaire du général Scherer, à l’armée d’Italie (an VII). À la fin de cette année, le 1er messidor an VII (19 juin 1799), il devient commis au bureau de l’administration générale des Colonies, département de la Marine. À partir du 1er germinal an XIII (22 mars 1805), il est employé à la 2e division du ministère de la Marine, puis passe à la 1ère division le 1er juin 1806. Nommé commissaire des guerres le 1er mars 1808, il se distingue lors du siège de Saragosse, en Espagne, du 15 juin au 13 août 1808. Il se marie le 9 mars 1808 à Paris, paroisse Saint-Thomas d’Aquin avec Victoire-Agathe La Thoison, une Brestoise. Nommé adjoint provisoire aux commissaires des guerres, il meurt de maladie le 8 juin 1809 dans la ville de Tudela, en Navarre, dans l’Espagne occupée par les armées françaises.
Jean-Clément-Justin Avy, né le 19 septembre 1780 dans la paroisse Saint-Seurin de Bordeaux (33).
Antoine-Sylvain Avy, deuxième du nom, né le 20 janvier 1783 dans la paroisse Saint-Seurin de Bordeaux (33). Son parrain est son frère, le futur général. Novice sur la corvette « La Dorade », il est fait prisonnier par les Anglais qui le libère le 30 janvier 1799. Est-il l’aspirant de marine tué lors d’un abordage, cité rapidement dans une lettre de sa mère en 1816 ?
Jean-François-Victor Avy, né le 3 mars 1785 dans la paroisse Saint-Seurin de Bordeaux (33), y décède le 1er novembre 1786, à l’âge de 20 mois.
Jeanne-Charlotte-Cécile Avy, née le 12 décembre 1788 dans la paroisse Saint-Seurin de Bordeaux (33). Elle meurt le 13 décembre 1879 à Rions (33) à l’âge vénérable de 91 ans. Elle avait épousé dans cette même commune le 23 novembre 1813, Antoine Cazentre, officier de santé dans l’armée impériale.
Dominique-Françoise-Mélanie Avy, née le 27 avril 1792 à Rions (33), y meurt le 10 février 1794, à l’âge de 22 mois.
Antoine-Scipion Avy, né le 30 janvier 1794 à Rions (33). Grâce à son frère aîné, il est admis à l’école militaire de Saint-Cyr le 23 juin 1811. Il gravit les échelons militaire : caporal le 17 mai 1812, sergent le 28 mai suivant, sergent-major le 29 juin 1812. Lorsqu’il quitte l’école le 6 novembre 1812, il est nommé sous-lieutenant à la 1ère compagnie du 3e bataillon du 21e régiment d’infanterie légère. Il venait d’être promu lieutenant dans la même unité lorsqu’il est blessé le 30 août 1813 lors de la bataille de Kulm. Il meurt des suites de ses blessures le 18 novembre 1813 à l’âge de 19 ans, dans un hôpital militaire de la ville de Dresde, en Allemagne.

Nous pouvons enfin signaler l’existence d’un cousin germain, Louis Avy, né le 4 mars 1790 à Arles. Il est entré au service armé le 30 mars 1809 comme voltigeur au 2e régiment de voltigeurs de la Garde impériale, passé le 1er juillet 1811 aux fusiliers chasseurs, nommé sergent le 13 février 1812, et sous-lieutenant le 8 avril 1813. Il sert en Espagne en 1810-1811, fait la campagne de Russie en 1812, puis la campagne de Saxe en 1813. Il est blessé le 27 août 1813 lors de la bataille de Dresde, il meurt le 27 septembre suivant de ses blessures. A-t-il lui aussi bénéficié des largesses de son cousin pour accomplir cette carrière ?

Mais revenons à Antoine Avy !

Début de carrière

En 1792, Antoine Avy s’engage dans un bataillon de volontaire de la Gironde. L’année suivante, il part pour la Vendée, et en août 1793, il devient secrétaire du représentant du peuple Ysabeau en mission à Bordeaux.
Il est nommé caporal en septembre 1794, puis sergent en novembre suivant. Le 13 mars 1795, il devient sous-lieutenant adjoint provisoire à l’état-major de l’adjudant-général Royer, commandant de l’armée des Pyrénées-Orientales.
En 1796, il monte à Paris pour se mettre à la disposition du gouvernement. Le représentant du peuple Niou s’attache alors ses services comme secrétaire et l’emmène dans sa mission d’inspection générale des armées et des défenses des ports de la Méditerranée.
En prairial an III (mai-juin 1795), l’escadre de la Méditerranée partant pour la Corse, il s’embarque sur la frégate « la Minerve » à la recherche de l’ennemi au large de Toulon. Il s’ensuit un terrible combat naval durant cinq heures où il est blessé par une balle qui lui traverse la cuisse. Fait prisonnier par les Anglais, il est emmené en captivité en Corse d’où il s’évade 6 mois plus tard (octobre/novembre 1795). De retour en France, le représentant Niou, en récompense, le nomme provisoirement sous-lieutenant adjoint au commandant de la place de Toulon. Mais apprenant le décès de son père, il décline l’offre et rentre chez lui à Bordeaux. Depuis son départ, la ville est tombée entre les mains des Royalistes, et son nom est porté sur les listes de proscription. Il échappe à plusieurs tentatives d’assassinats. Il finit par se réfugier à Paris où il sollicite, sans succès, un emploi dans un régiment de hussards. Retourné auprès de l’adjudant-général Royer, il reste sous les ordres de ce dernier jusqu’à la destitution de cet officier. Rentré à Paris, il sollicite à nouveau un emploi dans un régiment de hussards (6 décembre 1797).
Le 8 janvier 1798, il obtient un grade de sous-lieutenant au 10e régiment de Hussards. Il est attaché à l’état-major de la 17e Division militaire le 2 février en qualité d’aide de camp du directeur Barras, son protecteur, et un des trois dirigeants de la République française. Il est nommé lieutenant le 2 février 1799 dans le même régiment.
Le 30 septembre 1799, il obtient du ministre de la Guerre son brevet de lieutenant avec effet rétroactif depuis le 3 avril 1796, et son brevet de capitaine, avec effet rétroactif depuis le 5 octobre 1797. L’uniforme des hussards étant trop dispendieux, il passe dans le 4e régiment de Dragons le 3 novembre. Il reste toujours aide de camp de Barras.
Le 21 juillet 1800, il devient aide de camp du général Guidal, à l’armée d’Italie, jusqu’à la mise à la réforme de ce dernier, le 20 mai 1801. Il est alors admis au traitement de réforme comme aide de camp sans emploi le 20 août 1802. Il rentre en France, et se retire à Rions (33).

Campagne de Pologne

Napoléon ayant besoin d’officier pour mener ses campagnes, il est remis en activité comme capitaine le 29 octobre 1806, adjoint au 10e corps de la Grande Armée.
Le 30 mars 1807, il est nommé aide de camp du général de division Jean-Baptiste Drouet d’Erlon, chargé de s’emparer de la ville de Dantzig. Antoine Avy est présent lors du siège de la ville du 18 mars au  27 mai. Il se fait remarquer lors de la prise de l’île de Holm (6 et 7 mai) contre les Russes, ce qui lui vaut d’être nommé chef d’escadron le 10 mai 1807. Le 10 juin, il se bat à Heilsberg, et le 14 juin à Friedland. Le 11 juillet 1807, il est fait chevalier de l’ordre impérial de la Légion d’honneur.
À partir du 11 juillet 1808, il fait fonction de chef d’état-major à la Division du général Reille, corps d’armée du maréchal Berthier, prince de Neuchâtel. Il est promu adjudant-commandant le 17 juillet 1808.
Armes du baron Avy, Coupé : au 1, parti d'argent, à la tour de sable et du quartier des Barons militaires de l'Empire ; au 2, d'azur, au lion léopardé d'or. Sur le tout fascé d'or et de gueules. (dessin S. Avy)

Armes du baron Avy, Coupé : au 1, parti d’argent, à la tour de sable et du quartier des Barons militaires de l’Empire ; au 2, d’azur, au lion léopardé d’or. Sur le tout fascé d’or et de gueules. (dessin S. Avy)

Guerre d’Espagne

Envoyé en Espagne dès le début de la campagne, il est blessé de deux coups de feu dans la région lombaire, devant Figueras le 17 septembre 1808. Il est mis en congé de convalescence.
En 1809, il est fait chevalier de l’ordre militaire de Charles-Frédéric de Bade. Et en mai, sa convalescence prend fin.
Le 9 janvier 1810, il est fait baron de l’Empire, avec dotation en Westphalie, transférée à Rome près la porte du Peuple en 1813. Le 1er juin 1810, il est affecté à l’état-major de la 2e Division de cavalerie de l’armée du Midi en Espagne, sous les ordres du maréchal Soult, duc de Dalmatie. Il est inactif à Madrid en attente de recevoir ses ordres.
Le 19 février 1811, il est à la bataille de La Gebora. Le 8 mai 1811, il reçoit l’ordre de rentrer en France auprès de l’état-major du maréchal Berthier.
Promu général de brigade, le 19 mai 1811, il est nommé à l’armée du Midi le 7 juin 1811. Il emmène en Andalousie les détachements de l’armée du Midi stationnés à l’arrière. Du mois de septembre au 1er novembre 1811, il prend le commandement de la 2e brigade de la 1ère division de réserve (Godinot) de l’armée du Midi. Le 1er novembre 1811, il dirige la 2e brigade de la division de réserve (Semellé) de l’armée du Midi.
Début 1812, Il demande sans succès à participer à la campagne de Russie. Le 7 février 1812, il quitte la 2e brigade de la division de réserve de l’armée du Midi pour prendre le commandement de la 7e division d’infanterie.
En mars 1813, il est à la tête de la cavalerie légère de l’armée du Centre en Espagne. Il s’empare par une marche habile des magasins d’habillement de Valtablado et de Armallones (province de Cuenca). Le 21 juin 1813, il participe à la bataille de Vitoria où il dirige toujours la cavalerie légère. Le 16 juillet, il commande la 7e brigade de la 2e division de cavalerie (Trelliard) à l’armée des Pyrénées. Mis en congé le 1er septembre 1813, il souffre depuis plusieurs années d’une affection dartreuse occasionnant des rétentions d’urines avec rétrécissement spasmodique et fréquent du canal de l’urètre. Il est autorisé à faire sa convalescence à Dax.

Campagne d’Allemagne

Le 3 décembre 1813, il reçoit l’ordre de prendre le commandement de la 2e Division (Ambert) du 1er Corps bis de la Grande Armée, sous le commandement du général Carnot, chargé de défendre la Hollande contre les Britanniques.
Le 13 janvier 1814, il est tué à la défense du poste de Merksem, premier jour du siège d’Anvers, dans le combat que sa division soutient contre l’armée anglo-prussienne. Son corps identifié sera inhumé à la va-vite par les autorités locales, et ses bagages sont pillés. Il ne s’est jamais marié, et meurt sans descendance. Son nom est inscrit sur la table de bronze n°16 du château de Versailles.

Source :
Dossier militaire, Service Historique de la Défense, cote 8 Yd 1291.

Bibliographie :
• SIX, Dictionnaire biographique des généraux et amiraux français de la Révolution et de l’Empire (1792-1814), tome 1, page 36.
Victoires, conquêtes et revers des Français, tome 31, page 16.
• HUGO (A.), Histoire des Armées françaises de Terre et de Mer de 1792 à 1837, Delloye 1838, tome IV page 27-34.
• JEANNERET, Biographie neuchâloise, tome 1, page 17.
• REVEREND (vicomte A.), L’armorial du Premier Empire : titres, majorats et armoiries concédés par Napoléon Ier, Paris, 1894-1897, 4 vol. [rééd. Par J. Tulard, 1974, 2 vol.].
Nouvelle Biographie Générale, pages 884-885.
• TULARD (Jean), Dictionnaire Napoléon.