Antoine-Fortuné Marion (1846-1900), le sauveur des vignes provençales

antoine-fortune-marionAntoine-Fortuné Marion (Aix-en-Provence, 10 octobre 1846 – id., 22 janvier 1900) était un naturaliste provençal.

Premières années, premiers travaux

Jeune, Marion n’est pas ce que l’on pourrait appeler un élève assidu. Sa vocation lui vient à l’âge de treize ans (1859), alors qu’il marche dans la campagne aixoise. Découvrant dans une carrière de gypse une feuille de magnolia, il la remet au célèbre paléontobotaniste d’Aix, Gaston de Saporta qui deviendra un protecteur et un ami.
Alors qu’il n’a pas encore passé son baccalauréat, il devient en novembre 1862 préparateur chez Coquand et Derbès sur la recommandation de Saporta.
Ses premiers travaux, consacrés à la faune quaternaire en Provence, et à l’ancienneté de l’homme, sont publiés en 1867. L’année suivante, il est reçu licencié ès-sciences.
À partir de 1870, il est nommé successivement chargé de l’enseignement des Sciences Naturelles au lycée de Marseille, puis chargé d’un cours de géologie à la faculté de Marseille. Il devient enfin directeur du laboratoire de zoologie marine, situé sur la Canebière (alors dénommée le Quinconce des allées de Meilhan).

Emploi du sulfure de carbone

Les années 1870 sont marquées par une violente attaque du phylloxera vastatrix sur le vignoble provençal. Alors qu’aucun traitement n’est connu pour combattre le mal, Marion a l’idée d’employer le sulfure de carbone. Son idée est un succès. Il met au point plusieurs appareils qui permettent une utilisation adéquate du produit. Son invention permet de sauver plus de 50 000 hectares de vignes en France, mais aussi en Italie, au Portugal et dans l’est de l’Europe. Il obtient en 1881 la grande médaille de la Société Nationale d’Agriculture de France, tandis qu’il est nommé membre de la Commission supérieure chargée de centraliser les efforts contre l’insecte.

Fin de sa carrière

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Marion désire dans le même temps accroître la taille de son laboratoire marseillais. Après de nombreux conflits, les travaux sont achevés fin 1887 et inaugurés en 1888. Il est élu en 1887 membre correspondant de la Société de Géographie de France.
Il consacre la fin de sa carrière aux applications scientifiques plutôt qu’à ses découvertes. Souffrant une grande partie de sa vie d’une affection chronique du foie, il n’est pas épargné par les épreuves et, dans ses dernières années, perd sa fille.
Il s’alite en 1899 et ne s’en relèvera pas. Au début de l’année 1900, il rend son dernier souffle, à 53 ans seulement.

Hommages

Le ministre de l’Instruction publique donnera son nom au laboratoire d’Endoume, près de Marseille.
On trouve dans les jardins de Longchamp un monument commémoratif à son nom, œuvre de Constant Roux.
Outre ses nombreuses récompenses scientifiques, Marion avait aussi reçu le titre de Chevalier de la Légion d’honneur en 1880, puis de Commandeur du Christ de Portugal (1880) et de Commandeur de Sainte-Anne de Russie (1893). Cette dernière récompense lui fut accordée en raison de sa visite aux vignes phylloxerées de Crimée.

Bibliographie

Premières observations sur l’ancienneté de l’homme dans les Bouches-du-Rhône, Remondet-Aubin, Aix, 1867, in-8°.
Recherches zoologiques et anatomiques sur des nématoïdes non parasites marins, Savy, 1873, in-8°.
Description des plantes fossiles des calcaires marneux de Ronzon, Haute-Loire, ibid., 1873.
Essai sur l’état de la végétation à l’époque des marnes heersiennes de Gelinden, mémoire des savants étrangers publié par l’Académie des Sciences et Lettres de Belgique, avec Gaston de Saporta.
L’évolution du règne végétal : les Phanérogames, avec Gaston de Saporta, Alcan, 1885.
La station zoologique d’Endoume, Ollendorff, 1897.
Ainsi que de nombreux mémoires et articles.

  • Photographies : (h) Annales du Muséum d’Histoire naturelle de Marseille, G. Vasseur, 1903 ; (b) P. Masson (dir.), Les Bouches-du-Rhône. Encyclopédie départementale, t. 11, 1913.