Attaques contre les arbres de M. de Montvallon (Marignane, 19 octobre 1840)

« Dans la nuit de lundi dernier, des malfaiteurs profitant d’un temps affreux causé par le mistral qui soufflait avec toute sa force ont encore coupé 556 pieds d’oliviers appartenant à M. le comte de Montvallon, dans sa propriété située près de Marignane. Voilà la sixième fois depuis quelques années qu’un crime de cette nature se renouvelle dans les terres du même propriétaire ; près de 3 000 arbres de plantation ont été détruits par une main invisible, guidée par la plus lâche des vengeances, et le crime jusqu’à présent reste impuni. M. le juge d’instruction, accompagné du procureur du roi et du greffier, s’est rendu sur les lieux pour procéder à des perquisitions qui, probablement, n’amèneront aucun résultat comme par le passé.
© Riccardo Bruni - Fotolia.com« Il serait temps enfin que les autorités compétentes déployassent plus d’énergie pour découvrir les auteurs de ces désastres. […] « Cet événement est plus grave qu’un crime ordinaire, car ce serait une calamité publique qu’un citoyen pût se dire que ses propriétés situées au milieu d’un de nos plus riches départements sont aussi compromises, aussi exposées aux dévastations que les fermes de la Mitidja ou des Portes-de-Fer, et que l’autorité est impuissante à les protéger.
« L’insuccès des premières poursuites est d’autant plus extraordinaire que les coupables appartiennent évidemment à des localités fort rapprochées du théâtre des crimes puisqu’ils choisissent toujours pour leurs expéditions des nuits où le mauvais temps leur fait espérer d’échapper à la surveillance des gardes, où le souffle bruyant du mistral doit couvrir surtout le bruit de leurs cognées. Pourquoi d’ailleurs n’emploierait-on pas, pour protéger M. de Montvallon, les mesures énergiques qui furent prises à Saint-Rémy contre des dévastations de la même nature et qui amenèrent la découverte des coupables ? L’autorité le peut, c’est-à-dire qu’elle le doit.
« PS. : Nous apprenons que jeudi matin, le feu a été mis à quatre endroits différents au bois de pins appartenant à M. de Montvallon. Ce quadruple incendie, dû évidemment à la malveillance, et qui pouvait avoir de si terribles conséquences, à cause de la violence du vent, doit exciter plus que jamais le zèle et l’activité des magistrats et donne une nouvelle force aux réflexions qu’on vient de lire. Un pareil brigandage doit enfin avoir un terme et l’autorité ne doit reculer devant aucun moyen d’arriver à la découverte de lâches auteurs de tant de crimes. »
  • Le Mémorial d’Aix, 3e année, no 52, samedi 24 octobre 1840, p. 2.
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