Candidature à un poste de maître d’école (Auriol, 1775)

adresseMarseille, une maison vis à vis de l’hôpital du Saint-Esprit ; l’atelier d’un artisan.
Nous sommes chez monsieur Pin, menuisier.M. Bellamy rédige une lettre destinée aux conseillers d’Auriol. Il a appris que cette ville a besoin d’un maître d’école. Sur la table, à côté de l’encrier, des certificats de notables de Marseille, des approbations des évêques d’Aix et de Cavaillon prouvant ses compétences.
M. Bellamy a besoin de ce poste pour gagner son pain.
M. Bellamy doit convaincre les conseillers. Que saura-t-il apporter aux enfants des bourgeois auriolais ? Il fait un brouillon, barre, recommence. Sa lettre doit être belle et claire.Voilà. Il est satisfait et va recopier sa demande près de la fenêtre, par où le jour entre dans cette chambre où il a pris pension avec sa seule malle pour richesse.
Il s’applique, de sa plus belle plume, à bien former les lettres, à écrire régulièrement, sans tache ni rature… ayansCette lettre est un peu une preuve de son savoir-faire…
« […] Je vous offre mes services ; outre la lecture, l’écriture et l’arithmetique que j’enseigne, je donne aussi des principes de latinité aux enfans des Bourgeois, je leur apprends la fable, l’histoire et la Mythologie, qui ouvrent beaucoup l’esprit de la jeunesse, en leur proposant des exemples de vertus à imiter, et de vices a fuir. Je leur apprends de plus à lire dans les anciens contrats et a dechifrer les vieilles Écritures. »

Lieu date, et signature.

Ah, peut-être lui faut-il rajouter au bas de sa lettre quelques précisions importantes ?

D’abord sa disponibilité :

« À tous évenement, si l’on veut me venir prendre avec une monture, je suis prest à partir avec ma male : je vis dans le Celibat. »
« Si vous aviés changé de sentiment, et que vous sçussiés quelques paroisse voisine et amie de la vôtre, qui fût dans la peine de trouver un Regent, vous l’obligeriés ainsi que moi, en voulant bien prendre la peine de lui faire part de mes intentions. »

M. Bellamy peut plier sa lettre. Pourtant, il se ravise. Il a oublié quelque chose : un petit plus qu’il saurait apporter à ses élèves :
jenseigne« J’enseigne l’accent français peu usité en Provence »…

Françoise Suzanne

 

Source : Archives municipales d’Auriol.
Françoise Suzanne est l’auteur de Histoires d’inventaires, auto-éd., 2007.

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