Crime au moment de la Peste (Sainte-Tulle, octobre 1720)

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Alors que la terrible peste de 1720 frappe de plein fouet la Provence et permet aussi aux esprits dévoués de se manifester pour venir en aide aux malades.
En Haute-Provence aussi, la Peste frappe aussi, certes avec moins de force qu’à Marseille, mais elle emporte tout de même quantité de gens et endeuille de nombreuses familles.
En plus de cela, certaines tentent de profiter de l’épidémie à des fins lucratives, les charlatans en tête, alors que certains individus, sans foi ni loi et à l’esprit dérangé, cherche à inoculer la maladie à des personnes saines.
L’événement se déroule à Sainte-Tulle, un village situé non loin de Manosque. Le village est alors en état d’alerte. Plusieurs habitants sont morts de la contagion et chacun est obligé de parer au plus pressé. Ainsi le notaire Blanchard qui, alors qu’il court au chevet de malades qui lui dictent leurs dernières volontés, perd le même jour (14 octobre 1720) ses deux garçons adolescents et est obligé de porter les deux cadavres sur ses épaules pour aller les enterrer sous un gros noyer planté à 150 mètres de sa maison, rue de la Combe, dans la terre dite le Pont, appartenant au seigneur du lieu.
Mais un des grands drames de cette épidémie, c’est aussi le comportement atroce de certains. C’est ainsi que l’on avait remarqué que quelqu’un était venu de nuit à Sainte-Tulle pour appliquer sur les tuyaux des fontaines du village et aux portes de certains habitants des emplâtres qui avaient servi à des malades et qui avaient été au contact des bubons et des pustules des pestiférés. Des affaires évidemment hautement contagieuses.

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Le but était bien entendu de contaminer ceux qui toucheraient ces emplâtres ou boiraient à l’eau des fontaines.
Ce crime découvert, le commandant en chef des troupes du blocus, M. d’Argenson ordonna, si l’on prenait le coupable sur le fait, de faire feu sur lui sans autre forme de procès.
Il est probable que le coupable eut vent de ces menaces, car on apprit qu’un homme s’était empressé de fuir pour se retirer à la tuilerie près de la Durance, un bâtiment accolé aux anciens marais de Sagnas. Il mourut là de la peste trois jours après. A avoir joué avec la maladie de la sorte, il s’était lui-même contaminé.
  • Source : Histoire géographique et statistique du département des Basses-Alpes, Jean-Joseph-Maxime Feraud, 1862.

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