Des débitants assassinés (Salon-de-Provence, 29 janvier 1936)

De graves événements se sont produits de tout temps en Provence et il faut bien reconnaître que la violence n’est pas l’apanage que de notre époque. On trouve dans les colonnes des journaux d’hier des allusions à des faits divers terribles. Ainsi, cet affaire de double homicide à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), abondamment reprise en son temps par de nombreux organes de presse français. Voici deux extraits de journaux évoquant ce drame.

L'Homme libre, no du jeudi 30 janvier 1936, Paris.
« À Salon-de-Provence, on a découvert, égorgés à coups de rasoir, dans la salle du Café de la Gerbe-d’Or, qu’ils exploitaient sur le cours, M. Joseph Aragnol, 42 ans, et sa mère, âgée de 75 ans. Le plus grand désordre régnait dans la salle de consommation ; les tiroirs du comptoir avaient été vidés de leur contenu. Le cafetier disait avoir des économies et, mardi soir, il avait encaissé plusieurs milliers de francs que l’on n’a pas retrouvés.
Le parquet d’Aix s’est rendu sur les lieux ; la 9e brigade de police mobile et la police salonnaise mènent l’enquête. Deux verres de vin ont été saisis sur le comptoir. »
DR.

DR.

Article d’un autre journal le même jour :

L'Express du Midi, no du jeudi 30 janvier 1936, Toulouse.
« L’indulgence coupable de certains jurés à l’égard des malfaiteurs vient encore de porter ses fruits.
C’est ainsi que, dans un petit café à l’enseigne de La Gerbe d’Or, à Salon, un voisin a découvert ce matin les propriétaires, M. Joseph Aragnol, 42 ans, et sa mère, 75 ans, tous deux assassinés.
Les discussions étaient fréquentes entre la mère et le fils et c’est pourquoi hier soir, vers minuit, en entendant des éclats de voix dans l’estaminet, nul n’y prêta attention. Pourtant, ce matin, comme il semblait à leur voisin que les Aragnol tardaient à ouvrir leurs volets, un voisin alla à leur porte. Elle était entrouverte. Il la poussa et tout de suite fut frappé par l’horrible spectacle qui s’offrit à ses yeux : le fils baignait dans une mare de sang, la gorge horriblement ouverte. Un peu plus loin gisait le cadavre de la mère, avec la même affreuse blessure à la gorge.
La police fut aussitôt avisée, mais pour le moment les investigations se réduisent à peu de choses.
Les Aragnol passaient pour posséder quelque argent et le fils se vantait volontiers d’être très à son aise.
Or, hier après-midi, il aurait encaissé une douzaine de mille francs et, bien entendu, nul argent n’a été retrouvé.
Le tiroir-caisse du comptoir avait été ouvert et vidé de son contenu sans qu’aucun désordre eût été révélé. Il semble en effet que rien n’a été dérangé dans l’appartement.
On suppose que les assassins se sont présentés hier soir au bar pour consommer au moment de la fermeture. Deux verres de vin à moitié pleins ont été retrouvés sur le comptoir.
L’arme du crime, un rasoir vraisemblablement, n’a pu être retrouvée. »
  • Fait divers signalé par Alexandre Dumont-Castells