Un enfant trouvé (Saint-Maximin, 31 janvier 1803)

Ce jour d’hui, 11 pluviose an 11 de la République française une et indivisible, nous Pierre-Jean-Baptiste Fresquier, juge de paix du canton de St Maximin, 1er arrondissement communal du département du Var, ayant été informé qu’il y avait un enfant exposé à l’hospice civil de cette ville, nous nous sommes sur le champ transporté audit hospice, où étant arrivé, nous avons trouvé un enfant de sexe masculin paraissant avoir quelques heures et enveloppé de deux maillots de drap vieux, couleur vert d’olive, une sangle jaune mauvaise, une chemise de toile et deux calottes de bazin (?) rouge, dont une garnie de dentelle, lesdits linges n’ayant aucune marque.
Enfant endormi, Bernardo Strozzi, Residenzgalerie, Salzbourg,  v. 1610.
Enfant endormi, Bernardo Strozzi, Residenzgalerie, Salzbourg, v. 1610.
Le citoyen Bonnety, infirmier dudit hospice, nous a déclaré que cet enfant avait été déposé à l’hospice par Madeleine Bellon, épouse Rebuffat, sage-femme de cette ville et par Anne Augier, épouse de Philippe Aubregat.
Et à l’instant comparue Madeleine Bellon, épouse Rebuffat, sage-femme de cette ville, laquelle a dit que ce jour d’hui, vers les deux heures du matin, Anne Augier, épouse Aubregat, est venue l’appeler, et qu’étant descendue, elle a trouvé ladite Augier, un homme qu’elle n’a pu reconnaître, masqué, enveloppé dans un manteau de drap bleu et que ce dernier lui a dit de le suivre, qu’étant arrivée au quartier du Réal Vieux, elle a trouvé une personne également masquée et enveloppée dans son manteau, qu’elle présumait être une femme et qu’au même instant, l’homme qui l’a conduite après avoir parlé à cette femme a remis à la déposante un enfant en lui disant “retournez à St Maximin et gardez-vous bien de parler de ce que vous avez vu”. Et a déclaré ne savoir signer.
L'hôtel de ville de Saint-Maximin qui abritait l'hospice au début du XIXe siècle. DR.
L’hôtel de ville de Saint-Maximin qui abritait l’hospice au début du XIXe siècle. DR.
Est aussi comparue Anne Augier, épouse de Philippe Aubregat, laquelle a dit que ce jourd’hui, vers les deux heures du matin, elle a entendu frapper à sa porte et la personne qui frappait ayant demandé de la lumière, elle a ouvert de suite, et qu’elle a trouvé un homme masqué et enveloppé d’un manteau qui lui a dit de la conduire de suite chez une sage-femme, à quoi référant, la déposante l’a conduit chez Madeleine Bellon, sage-femme de cette ville, cette dernière s’étant jointe à eux, ils ont été sur la demande qui leur en a été faite par l’inconnu au quartier du Réal Vieux, où, étant arrivés, cet inconnu a remis à Madeleine Bellon, un enfant qu’il a pris d’entre les bras d’une femme également masquée et enveloppée de son manteau, en lui disant “retournez à St Maximin et gardez-vous bien de parler de ce que vous avez vu”. Et a déclaré ne savoir signer.
Nous avons ordonné audit Bonnety de remettre ledit enfant entre les mains des citoyens administrateurs dudit hospice chargés de la nourriture et entretien des enfants trouvés, lequel s’en est chargé et a déclaré ne savoir signer.
Ordonnons en outre qu’un double du présent sera transmis dans les 24 heures au citoyen officier public de cette ville pour être annexé aux registres de naissance de l’état civil.
Fait à St Maximin, les dits jour, mois et an que dessus.
Signé l’original Fresquier, juge de paix et Auguste Ricard, greffier adjoint.
Pour copie conforme.
  • Source : AD Var, 2 MI EC 2819-R1.
  • Texte transmis par Stéphanie Dick

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