Félibres et Félibrige

2014 est l’année Mistral, des­ti­née à commémorer le cen­te­nai­re de la mort de Frédéric Mistral le 25 mars 1914. Géné­Provence tient à s’as­so­cier à cette célébration en vous proposant durant cette année, au rythme d’un article par mois, les biographies des premiers Félibres.
Fondation du Félibrige à Font-Ségugne (1854)

Fondation du Félibrige à Font-Ségugne (1854)

Le félibrige

Le Félibrige est créé par sept jeunes poètes provençaux le 21 mai 1854, jour de la Sainte-Estelle, au château de Font-Ségugne, sur la commune de Châteauneuf-de-Gadagne, dans le Vaucluse.
Frédéric Mistral, Joseph Roumanille, Théodore Aubanel, Jean Brunet, Paul Giéra, Anselme Mathieu et Alphonse Tavan se fixent pour but de restaurer et de codifier la langue provençale.
Dès 1855, ils publient un almanach entièrement écrit en provençal, l’Armana Prouvençau, qui est encore publié de nos jours chaque année. Il est suivi en 1859 par le célèbre poème de Mistral, Mirèio. Mais c’est surtout en 1878, la première publication du Tresor dòu Felibrige, le premier dictionnaire provençal-français.
Devant leur réussite, et gagnant toutes les régions de langue d’oc, les premiers Félibres organisent leur mouvement et, en 1862, publient les premiers statuts du Félibrige. En 1876, il est décidé qu’il sera constitué de félibres mainteneurs (felibre mantenèire) et de félibres majoraux (felibre majourau). Le mouvement est organisé en 1905 en association sans but lucratif de loi 1901. Le Félibrige s’est donné pour mission de défendre et de soutenir la langue provençale, et plus largement les langues d’oc, dans toutes les formes d’expressions : littérature, théâtre, cinéma, chanson, musique, etc. Son siège social est au Museon Arlaten d’Arles.
Les félibres mainteneurs sont les adhérents au mouvement, en nombre illimité. Ils sont répartis en six (sept à l’origine) sections, nommées maintenances (mantenènço) : Aquitaine, Auvergne, Gascogne-Haut-Languedoc, Languedoc-Catalogne, Limousin et Provence.
Les félibres majoraux, au nombre de cinquante, forment une sorte d’Académie provençale. Ils sont élus à vie par cooptation, et détiennent chacun une cigale d’or, qui se transmet à leur mort comme le fauteuil d’un Académicien. Ils sont les gardiens de la langue provençale.
Le Félibrige est présidé par le capoulié, obligatoirement choisi parmi les Félibres majoraux. Le premier capoulié fut Frédéric Mistral ; son successeur actuel est Jacques Mouttet. Il est le gardien de la coupe, symbole du Félibrige. Il est assisté par un secrétaire (baile), un trésorier (clavaire), et des assesseurs (assessour) formant le conseil d’administration.
Chaque année, l’association organise un congrès, lors de la Santo Estello, dans une ville différente des pays de langues d’oc. C’est un moment festif mettant à l’honneur la lengo nostro sous toutes ses formes.
Tous les sept ans sont organisés les Grand Jo flourau setenàri, joutes littéraires qui permettent de distinguer et d’élire un Maître en Gai-Savoir (mèstre en Gai-Sabé) et une reine du Félibrige aux fonctions purement honorifique.
By Capsot (Own work) [CC0], via Wikimedia Commons.

By Capsot (Own work) [CC0], via Wikimedia Commons.

La Coupo

La Coupo est une coupe d’argent ciselée offerte par les patriotes Catalans aux premiers Félibres pour l’accueil qu’ils avaient fait au poète Victor Balaguer et ses amis.
En 1867, la Catalogne est secouée par des mouvements nationalistes en révolte contre l’état central espagnol. Exilés, des nationalistes Catalans sont accueillis en Provence par Jean Brunet. En remerciement, les Catalans offrent lors d’un banquet à Font-Ségugne une coupe d’argent fabriqué par le sculpteur Louis-Guillaume Fulconis, d’Avignon. Prévenu du cadeau, Frédéric Mistral écrit alors la Cansoun de la coupo, composée sur l’air de « Guihame, Tòni, Pèire », un noël de Nicolas Saboly du XVIIe siècle. Cette chanson est devenue depuis l’hymne provençal, chanté à chaque fin de rassemblement.
Invités à leur tour à Barcelone, en 1877, les Félibres provençaux offrirent à leur tour une coupe aux Catalans.

Les capoulié du Félibrige


  • 1876 : Frédéric Mistral

  • 1888 : Joseph Roumanille

  • 1891 : Félix Gras

  • 1901 : Pierre Devoluy

  • 1909 : Valère Bernard

  • 1919 : Joseph Fallen

  • 1922 : Marius Jouveau

  • 1941 : Frédéric Mistral neveu

  • 1956 : Charles Rostaing

  • 1962 : Élie Bachas

  • 1971 : René Jouveau

  • 1982 : Paul Roux

  • 1989 : Paul Pons

  • 1992 : Pierre Fabre

  • 2006 : Jacques Mouttet