Fusillade nocturne (Aix-en-Provence, 12 août 1937)

La rue Gontard est une rue d’Aix-en-Provence, perpendiculaire à l’avenue Victor-Hugo. Avant de la dénommer « rue », on la qualifiait davantage de « traverse » car elle constituait un moyen rapide pour faire le parcours de la Rotonde à la gare quand l’avenue Victor-Hugo était chargée en charrettes et passants.
Cette rue aujourd’hui fort anodine a été en 1937 le théâtre d’un drame sanglant.
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La camionnette abandonnée par les malfaiteurs, rue Gontard. DR.

La camionnette abandonnée par les malfaiteurs, rue Gontard. DR.

12 août 1937, 3 heures du matin. Traverse Gontard, près de l’entrepôt d’alcool de M. Bocheron.
Une camionnette, que l’on reconnaîtra plus tard comme volée à la Coopérative des Chevillards, à Marseille, attend tous feux éteints devant la porte de l’établissement. Cinq ombres sortent du véhicule et se glissent dans l’entrée. Quatre coups de pince-monseigneur et la porte cède.
Mais dans le même temps, la police est alertée par le garage voisin dont l’alarme retentit mais ne dérange pas les cambrioleurs.
Un quart d’heure après, une patrouille d’une dizaine d’agents à vélo vient encercler la bande qui étaient en train de charger un fût de 700 litres d’alcool à 95°, d’une valeur d’environ 25000 francs (environ 11000 €). On entend un cri :
« Haut les mains ! »
Des torches viennent aveugler les cinq hommes qui abandonnent soudain leur butin et brandissent leurs revolvers dont ils font usage. Une course-poursuite s’engage dans les rues d’Aix dont le calme est rompu par les bruits de pas, les cris et les coups de feu.
Un des cambrioleurs est abattu d’une balle dans la poitrine. Il se nomme Joseph Salideti et est originaire de Corse. Il a 31 ans. Cent mètres plus loin, deux hommes tombent à terre : il s’agit d’Abundio Sanchis, 27 ans, touché au bras, et Antonio Lopez, 23 ans, qui est victime d’une grave blessure à la cuisse. Ils sont tous deux espagnols.
Quelques minutes plus tard, un quatrième bandit est interpellé, après s’être réfugié dans une dépendance de la cité universitaire : Carmine Fiorcanzio, 27 ans, originaire d’Italie qui avait été précédemment expulsé de France à la suite de plusieurs condamnations.
Le cinquième malfaiteur parvient en revanche à s’échapper, en prenant la direction de la voie ferrée.
  • Source : Paris Soir, 13 août 1937.
  • Photographie : DR.