Guéri ou pas ? (Aix-en-Provence, 3 octobre 1776)

« Au […] bureau [de police], sieur Estiene Longis, ancien officier d’infanterie, du lieu de Cassis, a exposé que, au commencement du mois d’août dernier, se trouvant à Aix, il fut appelé de la part du sieur Bajolle et de sa femme, boulanger de cette ville, par la voie du sieur abbé André, secondaire du lieu de Venelles, qui se trouvait aussi à Aix, visiter leur fils malade ;
John Singer Sargent (1856-1925), Olimpio Fusco, 1905.
John Singer Sargent (1856-1925), Olimpio Fusco, 1905.
Qu’il se porta chez le sieur Bajolle et y trouva la demoiselle sa femme qui lui montra son fils, âgé d’environ vingt ans, attaqué de douleurs depuis trois ans à la hanche, au genou et au pied gauches, ne pouvant ni dormir, ni manger, et dans un état des plus douloureux ;
Qu’il convint avec la demoiselle Bajolle de deux louis pour guérir son fils de ses douleurs ;
Qu’il l’a visité pendant vingt-six jours et lui a appliqué des remèdes, que, même, le troisième jour de ses visites, le dit Bajolle père s’y étant trouvé lui laissa continuer ses remèdes et le pria d’avoir la bonté de dire à son fils qui si, après avoir été guéri, il continuait de veiller comme il avait fait, il se faisait traiter inutilement, ce que lui, exposant, ayant dit audit Bajolle fils, il continua sa visite et appliqua ses médicaments au vu et su dudit Bajolle père et, après vingt-six jours de traitement, ledit Bajolle fils fut guéri entièrement de ses douleurs puisqu’il déclara, en présence du sieur abbé André et de la nommée Espariat, veuve Archange, qu’il n’en avait plus aucune, qu’il était en état d’aller à la chasse, qu’il mangeait et dormait bien et que, même lui, exposant, lui ayant demandé s’il était bien guéri de ses douleurs qu’il eut à le lui dire, ledit Bajolle fils l’assura qu’il n’en ressentait plus aucune ;
Après cela, il demanda son paiement à la demoiselle Bajolle qui a refusé jusqu’à aujourd’hui de le satisfaire.
La demoiselle Bajolle, ayant comparu tant pour elle que pour son mari qu’elle a dit être occupé, a dit et convenu d’avoir traité avec le sieur Longis pour la somme de quarante-huit livres s’il guérissait son fils mais que, n’étant pas guéri, elle ne doit pas être obligée, ni son mari, à les payer.
Le sieur Longis a répliqué que le fils de la demoiselle Bajolle était attaqué de deux maladies : l’une d’avoir la jambe froide et presque morte, et l’autre d’avoir des douleurs par tout le corps, qu’il avait promis de le guérir de ses douleurs, mais non pas de lui remettre sa jambe et qu’ainsi, le fils lui ayant assuré et pardevant lesdits témoins qu’il se trouvait entièrement sans douleurs, il était juste qu’il fût payé des quarante-huit livres dont on était convenu.
Les témoins ayant été mandés et ouïs.
Nous, maire, consuls et assesseurs lieutenants généraux de police, ouï le p[rocureur] d[e] l[a] c[ommune], faisant droit à la demande du sieur Longis, avons condamné ledit Bajolle, boulanger, à payer dans trois jours audit Longis la somme de vingt-quatre livres pour tous soins, peines et médicaments qu’il a fournis au traitement dudit Bajolle fils pendant vingt-six jours, avons condamné ledit Bajolle aux dépens, et notre ordonnance sera exécutée nonobstant oppositions et appellations quelconques et sans y préjudicier.
  • Archives communales d’Aix-en-Provence, FF95.

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