Joseph Roumanille (1818-1891), l’autre fondateur du Félibrige

Joseph Roumanille. DR.

Joseph Roumanille. DR.

Joseph Roumanille est avec Frédéric Mistral, le principal des primadié fondateurs du mou­ve­ment du Félibrige. Ce sera encore plus le cas lors­qu’il ouvre sa librairie, vé­ri­ta­ble foyer de la renaissance pro­ven­çale.

Le précurseur

Il est né le 8 août 1818 à Saint-Rémy-de-Provence, ville où il vécut toute sa vie. Il est envoyé au collège de Tarascon (1834), sa famille le destinant à devenir prêtre. Élève doué, c’est au collège qu’il se prend de passion pour la langue provençale. Refusant d’entrer dans les ordres, il devient clerc de notaire entre 1836 et 1839. Il commence à écrire des vers dans L’Écho du Rhône. En 1839, il devient maître répétiteur au collège de Nyons (Drôme) où il côtoie les milieux provençaux. Avec Hyacinthe Dupuy, Camille Raybaud et Barthélémy Chalvet, Joseph Roumanille constitue un groupe de poètes, que Mistral qualifiera de « berceau du Félibrige ». C’est à Nyons qu’il fait publier son premier ouvrage, Louis Gros et Louis Noé : ou un drame dans les carrières de Saint-Rémy.

Roumanille rencontre Mistral

En 1845, il quitte Nyons pour le collège Dupuy à Avignon. C’est à la même époque, que Mistral intègre la pension, et qu’il s’y fera surprendre par Roumanille à écrire des vers en provençal. C’est le début d’une grande amitié entre eux deux, et cela malgré la différence d’âge qui les séparent, ainsi que le lien élève/professeur qu’ils doivent maintenir au début.
Quittant le pensionnat Dupuy en 1847, il intègre l’imprimerie Séguin. Il en profite pour publier son premier recueil de poésies entièrement écrit en provençal : li Margarideto (Les Pâquerettes) ; suivi en 1851 par Li Capelan (Les Prêtres) ; Li sounjarello (Les songeuses) et Li prouvençalo (les Provençales, recueil de poèmes de divers poètes) tous deux en 1852. Malgré l’ambition de Roumanille de s’adresser à ces contemporains uniquement en lengo nostro, il se désole en même temps de l’agonie de la culture provençale.

Fondation du Félibrige

Il participe à la création du Félibrige, le 21 mai 1854 au château de Font-Ségugne avec ses compagnons primadié : Frédéric Mistral, Théodore Aubanel, Jean Brunet, Anselme Mathieu, Paul Giera et Alphonse Tavan. L’année suivante, Il ouvre sa librairie et maison d’édition, qu’il destine à devenir le foyer de la renaissance provençale. Il publie l’Armana prouvençau, organe de diffusion du Félibrige, mais surtout Miréio, la grande œuvre de Mistral.
Il poursuit ses créations, et en 1857 il publie La Campano mountado, suivit en 1859 des Li flour de Sauvi (Les fleurs de Sauge). Il joue un rôle de premier plan dans les milieux littéraires et éditoriaux de Provence. Il est l’auteur de nombreux contes qui alimentent les rubriques de l’Armana, par exemple le fameux curé de Cucugnan, repris et rendu célèbre par Alphonse Daudet.
En 1884, il publie encore un recueil de ses poèmes Li conte prouvençau e li cascarelato. Joseph Roumanille disparaît le 24 mai 1891. Éclipsé par Frédéric Mistral, on ne peut nier la part fondamentale de son action dans le mouvement du Félibrige.