La pe­tite Ma­rie a­ban­don­née à une mai­son de to­lé­ran­ce (Mar­seille, 14 jan­vier 1880)

L’an mil huit cent quatre vingt et le quatorze du mois de janvier.
Il résulte d’un procès-verbal de M. Coustelle Maurice, commissaire de police du 2e arrondissement de Marseille que ledit jour, la nommée Mayol Mathilde, âgée de 27 ans, tenant une maison de tolérance rue Bourgogne, 8, s’est présentée devant ledit officier judiciaire et lui a fait la déclaration suivante :
« Il y a un mois environ, une femme que je n’avais jamais vue vint à la maison et me demanda l’aumône ; elle était accompagnée de ses deux jeunes enfants et de plus, elle était grosse, prête à accoucher. Cette femme continua à venir pendant quelques jours ; je lui fis chaque fois l’aumône et tout en plaisantant je lui dis en désignant le plus jeune des enfants qu’elle tenait par la main : « Vous devriez me laisser ce bébé. »
Je ne vis plus cette femme de 16 à 17 jours lorsque, avant-hier, elle vint de nouveau chez moi portant cette fois un enfant de naissance dont elle s’était accouchée depuis sa dernière visite. Cette femme me dit : « Gardez-moi un instant cet enfant, je vais revenir. » Elle sortit et, depuis, je ne l’ai plus revue. Je me trouve actuellement avec un enfant qui peut avoir de 16 à 17 jours, dont j’ignore complètement les noms et que je me suis empressée de mettre en nourrice à la Belle-de-Mai chez la dame Barbe, demeurant boulevard Gouzian, n°1, quartier du Bas-Cannet.

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L’enfant qui m’a été laissé et que je désire garder est du sexe féminin ; elle était vêtue d’une petite robe couleur marron foncée, d’un maillot blanc et d’une petite chemise en coton blanc. Tout ce linge est sans marque. Quant à la mère de cet enfant, j’ignore complètement son nom et sa demeure ; elle m’a parue âgée de 35 ans environ, taille grande et de nationalité suisse. »
L’auteur de cet abandon a été signalé au service de la sûreté.
Nous avons reconnu que cet enfant est de sexe féminin et lui avons donné les noms de Marie Mayol.
L’an mil huit cent quatre vingt et le dix-sept janvier, nous officier de l’État-civil avons transcrit le présent procès-verbal d’abandon dans les registres courants et avons signé.
[BERMOND]
  • État-civil de Marseille
  • Photographie : © Jean Marie Desbois, 2001.

 

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