L’accident de voiture du roi de Suède (Montrond, 26 avril 1922)

Le 22 avril 1922, à Montrond, canton de Serres, la voiture du roi de Suède, Gustave V*, est impliquée dans un accident avec celle d’un banquier italien.
Le journal Le Gaulois, dans son édition du 28 avril, rapporte les suites de cet accident et les dispositions prises par le gouvernement français :

Gustave V. DR.

Gustave V. DR.

« De Grenoble :
Le roi de Suède Gustave V, qui avait été victime d’un accident d’automobile à Serres (Hautes-Alpes) et s’était rendu à Grenoble dans la voiture de M. Poncet, commissaire spécial, mise à sa disposition par le gouvernement français, aurait déclaré qu’il allait réclamer au banquier italien dont l’auto avait heurté la sienne cent mille francs de dommages-intérêts pour son chambellan, M. Aminoff.
Le roi a regagné Genève pendant la nuit.
Un train spécial a amené de Veynes à Grenoble M. Aminoff, qui a été transporté dans une clinique privée. Son état est très grave ; il se plaint de violentes douleurs internes.
Le roi a quitte Genève pour Baden, où se trouve actuellement la reine. »Très rapidement, l’affaire est jugée devant le tribunal correctionnel de Gap. L’édition du 21 juillet du Gaulois nous permet de connaître le nom de tous les protagonistes notamment ceux des conducteurs des deux automobiles :
« L’accident de l’auto du roi de Suède.
Le tribunal correctionnel de Gap (Hautes-Alpes) s’est occupé hier de l’accident d’automobile survenu le 26 avril à Montrond, au cours duquel le chambellan du roi de Suède fut grièvement blessé.
Le chauffeur Dalarus et M. Yaglianos, propriétaire de l’automobile tamponneuse, assistés de Me Triantaphildès, se sont défendus énergiquement en rejetant la responsabilité de l’accident sur le conducteur de l’auto royale, M. Braun, négociant à Nice, qui manqua, disent-ils, de sang-froid.
L’affaire a été mise en délibéré.
En ce qui concerne la responsabilité civile, en vertu du privilège diplomatique, le roi de Suède se réserve de porter le litige devant le tribunal de la Seine. »Quelques jours plus tard, le délibéré est rendu qui souligne la responsabilité du chauffeur du roi de Suède dans l’accident. Selon le journal La Croix du 29 juillet :

« L’ACCIDENT D’AUTOMOBILE DU ROI DE SUÈDE.
On se souvient de l’accident d’automobile survenu, il y a quelques mois, au roi de Suède, aux environs de Gap, et au cours duquel son chambellan trouva la mort**.
L’affaire, qui avait été mise, il y a huit jours, en délibéré devant le tribunal de Gap, a été jugée jeudi.
Le roi a été débouté de sa demande d’indemnité, et M. Delarue***, conducteur de l’automobile qui entra en collision avec la voiture royale, et qui était inculpé d’être l’auteur de l’accident, a été acquitté. »


* Gustave V appréciait la France et plus particulièrement Nice où il avait pris l’habitude de séjourner chaque année à partir de 1904.
** Déclaré « grièvement blessé » le 21 juillet puis mort le 29 juillet, il semble donc que le chambellan Aminoff soit décédé entre ces deux dates.
*** S’agit-il de Delarue ou Dalarus ?

 

par MARCEL SARRAZIN, auteur de Montmaur et ses hameaux