Le garnement de Grans (Grans, 28 juillet 1850)

grans-eglise« Quelle aimable petite jeunesse que celle d’un village qui nous avoisine et qui se nomme Grans ! Si vous n’en voulez qu’un échantillon, voici :
« Un enfant de 13 ans, un véritable moutard, fait, il y a quelques temps et un dimanche matin, un dîner avec ses camarades d’un âge aussi tendre que lui. Les libations sont copieuses : bref, l’intéressant petit garçon se monte la tête outre mesure. Le soir venu, la population pieuse de Grans était à l’église, assistant aux vêpres, lorsque notre jeune cadet entrant résolument dans le saint lieu, bouscule tout, crie, tempête, met en émoi toute l’assistance, interrompt l’office divin et clôture ses exercices beaucoup trop bruyants par ce cri qu’il prononce avec un étonnant surcroît d’énergie : « À bas Roussin ! » ; Monsieur le curé du lieu porte ce nom.
« Ce fait porté à la connaissance de la justice, des poursuites ont été dirigées contre ce précoce tapageur ; le père, ancien instituteur suspendu par M. le préfet, était cité comme civilement responsable. L’un et l’autre se trouvaient mardi devant le tribunal de police correctionnelle d’Aix.
« Le jeune prévenu, pour se justifier, prétend qu’il n’a pas crié « À bas Roussin ! », mais bien « À bas Henri V ». Il espère trouver dans cette euphonie des deux propos de quoi jeter du doute dans l’esprit du tribunal ; il avoue de plus, très résolument, qu’il était ce jour-là en ribotte (1).
« Le tribunal, tout en déclarant que le jeune Arnaud a agi sans discernement, ordonne néanmoins qu’il sera renfermé dans un pénitencier pendant 2 ans et demi. Dieu fasse qu’il en sorte aimant moins le tapage et le vin, et respectant davantage la religion. »

(1) Ce terme de « ribote », usité jusqu’au XIXe siècle, désignait un excès de table.
  • Photographie : Clocher de l’église de Grans au début du XXe siècle. DR.
  • Sources : Journal « Le Mémorial d’Aix », 28 juillet 1850.


Faits divers de Grans