Le mort vivant de l’aqueduc (Apt, 23 juin 1840)

Le mystère de l’aqueduc

Mardi 23 juin 1840, à 5 heures du matin, une rumeur sinistre se propagea dans les rues d’Apt (Vaucluse) : un homme avait été trouvé sans vie sur la promenade de la Madeleine. Aussitôt, les autorités se mirent en mouvement.
La police, accompagnée du médecin légiste et d’une procession funèbre, se dirigea vers le lieu du drame dans le but d’identifier le cadavre et de l’enlever.
Des témoins, des cantonniers qui empruntaient quotidiennement cette voie, avaient aperçu, à plusieurs reprises, un homme étendu sous un aqueduc. Au début, ils avaient cru qu’il dormait, épuisé par la fatigue. Mais au fil des jours, sa présence immobile les avait inquiétés. Ils avaient alors alerté les autorités.

Le réveil de l’inattendu

Sur place, le médecin légiste dut se faufiler sous l’aqueduc étroit pour examiner le corps. Avec précaution, il retourna la tête du défunt. À cet instant, un cri retentit : « Que me voulez-vous ? Que faites-vous là ? Si vous n’êtes pas aveugle, vous voyez que je dors. »
Stupéfaits, les témoins assistèrent à une scène surréaliste : un homme, vivant et en bonne santé, sortit de sa cachette sous l’aqueduc.
Cet individu expliqua qu’il avait choisi cet endroit insolite comme refuge. Il affirmait qu’il ne souhaitait pas être dérangé et qu’il ne comprenait pas pourquoi on voulait l’emmener ailleurs. Après quelques échanges houleux, le docteur sortit de l’aqueduc avec l’homme qui vint saluer la compagnie. C’était un jeune maraudeur qui ne demandait que de la tranquillité et de la discrétion.
Cette histoire, aussi étrange qu’ironique, fit rapidement le tour de la ville.
  • Le Mercure aptésien, 28 juin 1840, p. 4.

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