Le village d’Ongles (Alpes-de-Haute-Provence)

eglise-ruinee-viere-onglesLe territoire de la commune d’Ongles comprend huit hameaux: les Valettes, la Rouvière, le Rocher d’Ongles, les Granges, les Verdets, Saint-Sargues, Bouiron et Ganas. Le chef-lieu se trouve être l’ancien hameau dit de la Fontaine, portant aujourd’hui le nom d’Ongles. Jusqu’à l’entre-deux-guerres, un hameau supplémentaire était comptabilisé dans le territoire d’Ongles, il s’agissait du hameau de Vière, dont l’église Saint-Barthélemy (ou plutôt ses ruines) surplombe aujourd’hui le village d’Ongles. C’est sur cette colline que se trouve le village primitif d’Ongles, cité en 1073 sous le nom Ungula. À cette époque, le bourg se trouve dans une enceinte et est désigné par le terme de « castrum ».

On peut s’étonner de voir l’église Saint-Barthélemy occuper une place si centrale dans le castrum, reléguant le château au second plan en un emplacement moins stratégique. Cela est d’autant plus étonnant que le castrum est à vocation militaire et aucunement religieuse.
Jusqu’au Moyen Age, Ongles se trouve être la limite nord d’une zone habitée, le triangle formé par Ongles, Lardiers et Banon est en effet alors pratiquement désert. Il faudra attendre le XIVe siècle pour voir des ordres religieux, tenanciers des basses terres, donner une impulsion au mouvement démographique. Dès lors, la population va progressivement et lentement descendre de Vière et coloniser les terres aux pieds de la colline.
En 1669, un nouveau château est construit, cette fois-ci au hameau de la Fontaine (actuel Ongles), marquant de façon inéluctable le déclin de Vière. Le village sur la colline demeure pourtant le centre du pouvoir religieux grâce à l’influence prépondérante de l’église Saint-Barthélemy, sans rivale dans tout le terroir. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que le hameau de Vière sera définitivement abandonné et l’église en 1940.

Noms les plus fréquents à Ongles

Bardouin, Bernard, Bonfils, Bonnefoy, Giraud, Gondran, Jarjaye, Latil, Laugier, Martin, Meyronne, Peyre, Rouchon, Turin, Verdet1, Vial.

1. Les familles de Verdet ont donné leur nom au hameau des Verdets (voir plus bas).

Les hameaux d’Ongles au XVIIIe siècle

Le vieux village (Vière)

(voir) « Seule, la croix, […] calvaire érigé pour conjurer les antiques fléaux, peut-être la peste de 1593 ou celle […] de 1720, défend l’entrée du village et accueille nos visiteurs. […] Les rues ne sont point pavées. Elles ont gardé leur aspect campagnard et sont envahies de touffes d’herbe, sillonnées d’ornières et de fossés. […] Aucune fontaine publique1. »

Les Valettes

« Le hameau des Valettes a conservé son aspect défensif : ces bâtiments-relarguiers qui le composent sont soutenus par des contreforts et surmontés de pigeonniers qui les font ressembler à des tours2. »

La Rouvière (ou les Rouvières)

« Le quartier des Rouvières est isolé, solitaire, seulement atteint par un mauvais chemin de traverse. […] Une majorité de masures rudimentaires abritant des familles de travailleurs souvent privées de leur chefs3. »

Les Verdets et le Lauvas

« Le hameau des Verdets s’est formé autour de la « maison dite du château », château renaissance qui fit sans doute les frais des guerres de religion. […] L’histoire de ce hameau est indissociable du protestantisme à Ongles. […] Ongles fut le siège d’un consistoire, au sein duquel la communauté Verdet dut jouer pleinement son rôle4. »

La Fontaine (actuel village d’Ongles)

« Le hameau tire son nom de l’unique fontaine que possède le village. Depuis la construction du château au XVIIe siècle, le hameau de la Fontaine est devenu le centre politique […], le centre judiciaire […], le coeur de la paroisse, avec la résidence du prieur-curé et du prêtre secondaire, le centre de commerce5. »

Saint-Sargues

« La montagne de Lure, qu’on appelle tout simplement « la Montagne » à Ongles, semble tapie derrière les [Saint-Sargues]. […] C’est un lieu hostile, encore peuplé de loups. On en rencontrera jusque vers 18506. »

Bouiron

« Ce hameau est l’un des plus anciens d’Ongles7. C’est à Bouiron que l’on trouve encore un cardeur à laine et un tisseur à toile, ce qui laisse supposer un foyer d’artisanat très ancien8. »

Ganas

« On [y] a trouvé de nombreuses fondations d’édifices ou de maisons, des débris d’aqueducs, des trous de 60 centimètres environ de diamètre […], des monnaies romaines et un vaste ossuaire à l’endroit où s’élève le presbytère9. »

La Bastié (aujourd’hui le Rocher-d’Ongles)

« En 1575, pendant les guerres de religion, les troupes du baron de Consonoves occupèrent le village et s’y retranchèrent. De là, elles menaient rapine et incursions dans le terroir et contre la ville de Forcalquier10. »

Notes

1. « Ongles au… » (voir titre complet ci-dessous), p. 22.
2. Ibid., p. 45.
3. Ibid., p. 66.
4. Ibid., p. 82.
5. Ibid., p. 101.
6. Ibid., p. 157.
7. Il est fait mention d’un village dit Berron, vers la base du Coulet Bas, sur une charte de l’année 1266. (D’après Louis Pelloux.)
8. Ibid., p. 175.
9. Louis Pelloux, « Notices géographiques et historiques sur les communes du canton de Saint-Étienne-les-Orgues », 1887, p. 35.
10. « Ongles au… », p. 189.

Bibliographie

« Ongles au XVIIIe siècle – La maison de nos grands-mères », André Lombard & Mariette Mathieu, Alpes de Lumière, Mane, 2000. Broché, 240 pages.