
Mais les amateurs d’histoire y trouveront aussi leur compte dès lors qu’ils poussent les portes de l’église Saint-Claude (1).

Ce bâtiment est dédié, comme son nom l’indique, à saint Claude. Cet archevêque de Besançon, né à Salins (Jura), dirigea le monastère de Saint-Oyand (aujourd’hui monastère de Saint-Claude) jusqu’à sa mort en 696. Pendant des siècles, les pèlerins se rendirent sur son tombeau.À la suite d’un incendie au XVIIIe siècle, l’église Saint-Claude du Casset fut rebâtie.

On ne sait à quand remonte le bâtiment originel. Selon des spécialistes, cet ancien édifice comportait un clocher au-dessus de la sacristie et on pénétrait dans l’église par la façade nord (alors qu’on y rentre aujourd’hui par l’ouest).

Les pénitents du Casset
Ce qui attire particulièrement l’attention, à l’intérieur, c’est la tribune (appelée aussi « plans ») qui constitue une sorte de deuxième étage et donne une impression d’enfermement et de plafond bas dès que l’on fait quelques pas. Lorsque l’on monte sur cette tribune, on a sous les yeux ce qui fait véritablement tout l’intérêt historique de l’église : le lieu de réunion de la confrérie des pénitents du Casset. Cette tribune est l’une des plus imposantes du Briançonnais.
Les pénitents étaient choisis parmi les individus de la communauté. Vêtus d’un costume qui masquait la totalité de leur corps, ils occupaient anonymement deux fonctions :
Tout d’abord une fonction religieuse, astreints à des prières quotidiennes et des processions régulières ; et une autre funéraire, assistant les funérailles des défunts de la paroisse. Autant dire que si l’un de vos ancêtres est mort au Casset, il a eu droit à une procession de pénitents. Celle-ci se faisait généralement de nuit, à la lueur des lanterne (il reste un exemplaire de ces « lanternes de procession » dans l’église), ce qui ne manquait pas de donner un aspect lugubre et solennel à la cérémonie.
La confrérie disposait de statuts déposés à l’évêché et élisait ses dirigeants tous les deux ans.
La tribune demeure comme à l’origine. En y pénétrant, on a l’impression d’assister à une réunion de la confrérie. Tout y est comme à l’époque : bancs de bois, bancs-coffres, lanternes de procession, bâtons de procession décorés de façon parfois lugubre (noter le bâton décoré d’une tête de mort). Le seul élément du décor qui ait disparu est le tableau des membres (« catalogue »).
La visite de l’église permet aussi de découvrir divers détails d’architecture particulièrement remarquable, comme la chaire à prêcher du début du XVIIIe siècle, les fonds baptismaux datés de 1717 ou les deux statues représentant, semble-t-il, Saint-Claude et Saint-Chaffrey. Les éléments polychromes (chaire, notamment) sont caractéristiques de l’époque baroque.
Les autres statues représentent le Sacré-Cœur, l’Immaculée Conception, saint Joseph et la Vierge à l’Enfant.
Les tableaux de la tribune représentent les apôtres, la Vierge et le Christ, et sont datés de 1846.
Enfin, en sortant de l’église, ne manquez pas de regarder le bâtiment et notamment son clocher d’une taille démesurée. Il est recouvert d’ardoises et surmonté d’un dôme à quatre pans. Il est percé de deux étages de baies géminées. Son portail à fronton triangulaire et à pilastre d’angle, daté de 1879, encadre la porte principale. Cette porte est généralement fermée, hormis à l’occasion de grands événements (mariages, enterrements). D’ordinaire, on pénètre par la petite porte, située au nord, dont on remarquera l’encadrement de forme torique, taillé dans le tuf.
Au final, cette visite au Casset se révèle un voyage dans le passé, au temps où nos ancêtres posaient leurs pieds à l’endroit où nous mettons les nôtres aujourd’hui. L’église garde la trace de ces pénitents qui la rendent si particulière.
1. L’église Saint-Claude se visite sur rendez-vous. Consulter l’office de tourisme du Monêtier-les-Bains.
Photographies : © Jean Marie Desbois, 2004.