Les diligences au XIXe siècle : Un voyage semé d’embûches

Du début au milieu du XIXe siècle, de nombreux aspects de la vie avaient évolué, mais pas les voyages. Alors que le progrès avait touché beaucoup de domaines, il avait laissé de côté les diligences et leurs passagers. Les voyageurs continuaient de s’installer dans des véhicules inconfortables, coincés dans une routine épuisante.
Depuis 1814, peu de choses avaient changé. Bien que des innovations comme les omnibus et les bateaux à vapeur aient vu le jour dans les villes, les diligences restaient figées dans leur état d’origine. En réalité, le seul changement visible était la couleur de la peinture : autrefois vertes ou grises, elles étaient désormais jaunes.

Un confort rudimentaire et des repas précipités

Non seulement il n’y avait pas eu d’amélioration, mais on allait même jusqu’à regretter le « bon vieux temps ». Les diligences des années 1840 pouvaient transporter jusqu’à quatre étages de passagers. Trois voyageurs dans le coupé, six à l’intérieur, quatre dans la rotonde, et un nombre indéterminé sur l’impériale. Une telle charge ferait pâlir de petits villages moins peuplés qu’une seule diligence.
The Reunion coaches « The Comet & Meteor » running between Cannes and Nice…, affiche de Charles Detaille (1890). © Bibl. nat. de France.
Ces passagers étaient entassés comme des paquets vivants. Ils se battaient pour un peu de confort, bougeant jambes et épaules tout en gérant manteaux, châles et animaux. Le bruit des roues, du cuir et du ferraillage était incessant, créant un vacarme assourdissant.
Six heures après le départ, un voyageur osait demander timidement s’il était bientôt l’heure de déjeuner. La réponse du conducteur claquait : « Dans deux heures. » Lorsqu’enfin le repas était servi, c’était une étrange soupe suivie d’un rôti noyé de jus. À peine les assiettes du dessert avaient-elles touché la table que le conducteur hurlait : « En route, messieurs ! Les chemins sont mauvais, nous avons déjà une heure de retard ! »
Les convives se levaient rapidement, avalant ce qu’ils pouvaient et montaient à la hâte dans la diligence, un biscuit à la main.

Fatigue, faim et un bouillon décevant

À deux heures du matin, un autre arrêt s’imposait. « Ah, enfin l’heure du souper », lançait un commis-voyageur. Une dame demandait, épuisée : « C’est bien ici qu’on soupe ? ». Le conducteur, sans détour, répondait : « On prend juste un bouillon. » Consternation !
Après avoir pris un bouillon, plus proche d’un bol d’eau chaude colorée, tout le monde repartait. Il était trois heures, et l’épuisement gagnait les passagers. Ils s’endormaient à peine quelques minutes, rêvant qu’ils dînaient vraiment. Comme dit le proverbe : « Qui dort, dîne. »
Mais le repos était bref. Les passagers s’entrechoquaient comme des boules de billard, se réveillant de temps en temps. L’aube tardait à arriver, et les voix fatiguées demandaient : « Quelle heure est-il maintenant ? » Une montre détraquée sonnait inlassablement, ajoutant à la confusion générale.
Chacun faisait le bilan de son état. « Je ne sens plus mes pieds. » « J’ai mal à la tête. » « Mes bras sont cassés. » Et ainsi de suite.
Au petit matin, le jour éclairait les visages fatigués. Les passagers ressemblaient à des momies, leurs corps épuisés par la nuit de voyage.
Et cela, sans compter les nourrices avec leurs bébés, les marchands de porcs qui empestaient, les bavards et les enfants malades. Sans oublier les risques de renversement dans des endroits comme la Combe de Lourmarin, et les imprévus que même l’administration ne pouvait anticiper.
  • Sources : D’après Le Mercure aptésien, 14 juin 1840, p. 1, 2.
  • Image de couverture : La Diligence, estampe de Camille Roqueplan (1803-1855), années 1830. Bibliothèque nationale de France.

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