Nuit sanglante sur le Cours (Salon-de-Provence, 28 juillet 1839)

La montée des tensions

Le dimanche 28 juillet 1839, il était environ 23 heures quand des soldats du 23e de ligne, tranquillement attablés à boire au Café Buffier, à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), furent abordés par un ouvrier de la ville qui s’approcha d’eux, l’injure aux lèvres et prêt à faire le coup de poing sans autre forme de procès.
Au moment où la querelle commençait à s’envenimer, plusieurs personnes présentes dans le café s’interposèrent, faisant sentir à l’ouvrier l’inconvenance de son attitude et parvinrent à calmer les soldats irrités.
Il faut dire pour être exact et pour expliquer en quelque sorte les injures spontanées de l’ouvrier, que déjà, depuis quinze jours environ, une certaine animosité régnait entre les militaires et ceux qu’on appelait ici les artisans, et cela parce que les sociétaires d’un bal de grisettes avaient fait sortir de leur réunion dansante, un dimanche précédent, quatre officiers à qui on attribuait des propos et même des manières un peu libres.
Quoi qu’il en soit, la légère rixe du 28 juillet au soir et les copieuses libations de la journée avaient tellement échauffé les esprits qu’il était facile de prévoir une catastrophe.

Le drame éclate

En sortant du café, les militaires insultés se joignirent à une vingtaine d’autres qui probablement se trouvaient dans un état d’ivresse, et en remontant vers le quartier, c’est-à-dire au milieu du Cours, une rencontre eut lieu entre eux et les habitants.
Aussitôt une patrouille, composée de six hommes armés, intervint et tombant sur les groupes des bourgeois stationnés sur la promenade, baïonnette croisée et sans aucune sommation préalable, elle blessa grièvement huit à dix personnes.
Un jeune homme tout à fait inoffensif qui se rendait chez lui fut tué d’un coup de baïonnette qui lui traversa la poitrine. Il mourut sur le champ. C’était un jeune cultivateur nommé Jean-Baptiste Coulomb, âgé d’à peine vingt et un ans, né le 12 juin 1818 à Salon, fils de Joseph Coulomb et de Thérèse Marie Tronc.

La justice fut saisie le lendemain et une grande enquête fut ordonnée.
De son côté, le général commandant la division arriva le 2 août à Salon et décida que le dépôt quitterait la ville, ce qui fut fait le lendemain, pour Aix-en-Provence, où il resterait jusqu’à nouvel ordre.

  • Le Mémorial d’Aix, 3 août 1839, p. 3.
  • État civil de la ville de Salon-de-Provence, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, acte no 79, 202 E 579.

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