Paul Giéra (1816-1861), le notaire poète

Paul Giéra. DR.

Paul Giéra. DR.

Paul Giéra naît le 22 janvier 1816 à Avignon dans une fa­mille de faïencier d’origine ita­lienne. Après de solides étu­des, il devient clerc de notaire, et finit par acheter une étude notariale, située au 41 de la rue de la Terre, en 1846.
Sa position établie, Giéra se consacre aux œuvres de charité de sa ville d’Avignon. C’est au cours d’une réunion de bienfaisance qu’il fait la rencontre de Joseph Roumanille et de Théodore Aubanel. Giéra rejoint alors le petit groupe des poètes provençaux. Il les accueille dans son château de Font-Ségugne, à Châteauneuf-de-Gadagne, pour la réunion qui aboutit à la création du Félibrige le 21 mai 1854.
Sa charge de notaire lui laisse du temps pour écrire des poésies empreintes d’originalité et de fantaisies. Il les signe toutes sous le pseudonyme de Glaup ou de lou Felibre ajougui, ne se préoccupant pas de passer à la postérité. En 1865, après la mort de son ami, Joseph Roumanille les regroupe sous le titre Li Galejado et les publie dans un recueil, Un liame de rasin.
Il meurt le 26 avril 1861, à l’âge de 45 ans, dans sa demeure familiale d’Avignon, située au 15 de la rue Banasterie.

Un poème de Paul Giéra


Paru dans l'Armana de 1855. Traduction française de Martine Bautista.

TrefoulimenTrésaillement
O lengo richo, armouniouso,
De ti felibre glouriouso,
Me sènte pres dóu tremoulun,
Quand l'Envejo despoutentado,
Emé sa chourmo enverinado,
T'agarris de soun revoulun.
O langue riche, harmonieuse,
De tes felibres glorieuse,
Je me sens pris de frissons,
Quand l’Envie rendue impuissante,
Avec sa cohorte malveillante
Te harcèle de son tourbillon.
Mai que pòu sa ràbi 'mpoutènto
Contro ta grandour reneissènto?
Quand de furour mostro li dènt,
Jiten nòsti flour à brassado,
E vers tu mounto pèr oundado
La tubèio de noste encèn.
Mais que peut sa rage impuissante
Contre ta grandeur renaissante ?
Quand de fureur elle montre les dents,
Jetons nos fleurs par brassée,
Et vers toi monte par ondée
La fumée de notre encens.
Que soun verin raje e trafigue !
Que de si crid l'èr restountigue !
Sies rèino, e rèino de renoum !
E ta glòri toujou creissènto
N'en sara que mai trelusènto !
Veiras l'Envejo à ti geinoun.
Que son venin coule et transperce !
Que de ses cris l’air retentisse !
Tu es reine, et reine de renom !
Et ta gloire toujour croissante
N’en sera que plus reluisante !
Tu verras l’Envie à tes genoux !
Te cresien morto, e soumihaves !
Mai quand t'an vist qu'esbrihaudaves,
E que toun front, carga de rai,
S'espandissié dessus la terro,
Emé tu se soun mes en guerro:
Ti lausié d'or ie fan esfrai !
Ils te croyaient morte, et tu sommeillais !
Mais quand ils t’ont vue que tu éblouissais,
Et que ton front, vêtu de lueurs,
S’étendait dessus la terre,
Avec toi, ils se sont mis en guerre ;
Tes lauriers d’or leur font peurs !
A tis enfant drueve li porto :
Tout es galoi, tout es pèr orto,
Quand èi questioun de te venja !
Pèr castiga sis insoulènço,
Uno noblo e fièro jouvènço
A toun entour vèn s'arrenja.
A tes enfants ouvre les portes :
Tout est joyeux, tout est en agitation,
Quand il est question de te venger !
Pour punir ses insolences,
Une noble et fière jeunesse
Autour de toi vient se ranger.
D'Aubanèu l'espaso brandusso;
Vese l'Ajougui que s'escusso,
E Mistrau, au bras vigourous,
Tout en aigo, tresano e ourlo,
E fai virouia la machourlo
Qu'engranara lis envejous !
D’Aubanel l’épée s’agite ;
Je vois l’enjoué qui se retrousse,
Et Mistral, au bras vigoureux,
Tout en sueur, tressaille et hurle,
Et fait tournoyer le gourdin
Qui attaquera les envieux !
Mai pièi, Roumaniho moun mèstre,
Es lou dounaire d'escaufèstre !
Quand part lis aclapo de mau;
Soun iu se cargo de belugo ;
Souto sa voues lis amalugo:
Es un tron parti sènso uiau !
Et puis, Roumanille mon maitre,
Est le donneur de suées !
Quand part les fossoyeurs de mal ;
Son œil se charge d’étincelles ;
Sous sa voix les mortifie :
C’est un coup de tonnerre sans éclair !
Noun, jamai res me fara 'ncrèire
Que lou parla de nòsti rèire
N'es pas poulidet, noun fai gau :
A quau me dirié lou countràri,
Subran pourgiriéu lis ensàrri,
La basto, uno brido, un mourrau !
Non, jamais personne ne me fera croire
Que le parlé de nos ancêtres
N’est pas beau, ne fait pas plaisir :
Et qui me dirait le contraire,
Aussitôt je mettrais les cabas,
Le bât, une bride, une muselière !
Glaup
Glaup

Généalogie

Génération 1

1 Antoine Paul Louis Ange François Giéra, notaire, né le 22 janvier 1816 à Avignon (84), y décédé le 26 avril 1861. Marié avec Pauline Louise Marie Céalis.

Génération 2

2 Jean-Baptiste Joseph Giéra, dit Gerre, marchand faïencier, né le 24 juin 1781 à Avignon (84)
marié le 8 février 1809 à Avignon (84) avec
3 Marie Magdeleine Marguerite Crillon, née le 31 janvier 1784 à Avignon (84)

Génération 3

4 Jacques Giéra, dit Gerre, né à Celli (dpt de Montenotte, Ligurie, Italie), décédé avant 1809.
marié avec
5 Marie Augustine Peschetta, dite Pechet, née à Celli (dpt de Montenotte, Ligurie, Italie), décédée après 1809.

6 Pierre Ange Crillon, tourneur, né vers 1744 à Avignon (84), décédé le 30 octobre 1803 à Avignon (84)
marié le 12 août 1772 à Avignon (84), paroisse Saint-Symphorien, avec
7 Marguerite Monique Lafrance, née le 4 mai 1753 à Avignon (84), y décédée le 20 novembre 1813.

Génération 4

12 Louis Crillon
marié le 23 septembre 1737 à Avignon (84), paroisse Saint-Symphorien, avec
13 Marie Alexandre Philipon

14 Antoine Ignace Lafrance, né le 11 novembre 1711 à Avignon (84), décédé le 25 janvier 1797 à Avignon (84).
marié le 17 février 1737 à Avignon (84), paroisse Sainte-Marie-la-Principale, avec
15 Catherine Mésangeau.

Génération 5

24 Joseph Grillon, meunier
marié le 20 novembre 1712 à Tarascon (13), paroisse Saint-Jacques, avec
25 Marie Bonnet

26 Arnoux Philippon, veuf
marié le 7 janvier 1709 à Avignon (84), paroisse Sainte-Marie-la-Principale, avec
27 Jeanne Trieu
Note : mariage non filiatif

28 Mathieu Lafrance, décédé le 25 janvier 1733 à Avignon (84), paroisse Saint-Pierre.
marié le 17 janvier 1711 à Avignon (84), paroisse Saint-Pierre, avec
29 Claudine Marie de Roure, décédée le 23 décembre 1765 à Avignon (84), paroisse Saint-Pierre.
Note : mariage non filiatif

30 Ambroise Mésangeau, né vers 1684, décédé le 18 avril 1764 à Avignon (84), paroisse Sainte-Marie-la-Principale.
marié le 21 mai 1712 à Avignon (84), paroisse Sainte-Marie-la-Principale, avec
31 Marquise Catherine Heloin, née vers 1692, décédée le 4 octobre 1756 à Avignon (84), paroisse Sainte-Marie-la-Principale.
Note : mariage non filiatif

Génération 6

48 Guillaume Grillon, meunier, décédé avant 1712.
marié le 8 octobre 1680 à Tarascon (13), paroisse Saint-Jacques, avec
49 Cécile Girard, décédée avant 1712.

50 Guillaume Bonnet, meunier, décédé avant 1712.
marié avec
51 Marie Tondut, décédé avant 1712.

Génération 7

96 Jean Grillon, maître cardeur, décédé avant 1680.
marié avec
97 Jeanne Tartonne, décédée avant 1680.

98 Étienne Girard, maître maçon, décédé avant 1680.
marié avec
99 Alix Roux, décédée avant 1680.