Le pendu du cours Mirabeau (Aix-en-Provence, 27 janvier 1793)

L'entrée du Cours à la même époque.
L’entrée du Cours à la même époque.

Aujourd’hui, 27 du mois de janvier 1793, l’an second de la République française, à 6 heures du soir,

Pardevant moi Antoine Laurent Michel Aude, officier municipal, membre du Conseil général de la commune de cette ville d’Aix, département des Bouches-du-Rhône, district d’Aix, […]
Est comparu en la maison commune le citoyen Joseph Reimond Marie, isle Saint-Martin, juge de paix de la section de l’Union et de celle des Sans-Culottes, de cette ville d’Aix, y demeurant,
Lequel, assisté des citoyens Joseph Michel, marchand bijoutier de cette ville, y demeurant, place des Prêcheurs […], âgé de 50 ans, et Jacques Suchet, fondeur de cette dite ville, y domicilié rue du Pont […], âgé de 38 ans, à déclaré à moi dit Antoine Laurent Michel Aude,
Pendaisons sur le cours Mirabeau quelques années plus tôt. BnF.
Pendaisons sur le cours Mirabeau quelques années plus tôt. BnF.

Qu’ayant été instruit que la nuit dernière il avait été trouvé le cadavre d’un homme suspendu par le cou à la corde d’un réverbère, placé entre les deux fontaines du Cours, l’une dite Fontaine chaude et l’autre Fontaine des Neuf-Canons, dans la section de l’Union,

Il s’était transporté sur le lieu et y avait rédigé le procès-verbal dont la teneur suit :

Extrait du procès verbal dressé par le juge de paix des sections des Sans-Culottes et de l’Union de cette ville d’Aix, officier de police,
à l’occasion de la mort de François Auguste Verdet.

Du 27 janvier 1793, […] sur la dénonciation {…] qu’il y avait un homme qui avait été attaché à la corde d’un des réverbères du cours de cette ville, nous Joseph Reimond Marie, [assisté des citoyens Michel Aîné, bijoutier, Suchet Cadet, fondeur, Maille, chirurgien, et avec l’escorte d’un détachement des gardes nationaux],
Nous nous serions rendu au cours de cette ville et aurions trouvé un homme attaché et suspendu par son col à une corde d’un des réverbères qui se trouvaient entre la Fontaine chaude et la Fontaine dite des Neuf-Canons,
Aurions fait couper la corde à laquelle ledit homme était attaché [et demandé au chirurgien] s’il est réellement mort et ce qui lui a occasionné la mort,
Lequel, après avoir visité et dûment examiné ledit homme, nous a dit l’avoir reconnu pour le citoyen Verdet1, homme de loi de cette ville, pourtant pour nom de baptême François Auguste ;
homme-pendu-exempleQu’il le trouve froid dans toutes les parties de son corps, les yeux fermés, la langue au-dehors de la bouche d’un tiers et serrée entre les deux mâchoires et écumante, la corde avec laquelle il a été étranglé encore autour du col, ce qui, considéré, ne lui a pas donné le moindre doute, qu’il a été suspendu vivant et qu’il est réellement mort par cette cause violente,
Et comme les citoyens notables ici présents, ainsi que les gardes nationaux, l’ont reconnu pareillement pour François Auguste Verdet, homme de loi, que par nous-même l’avons reconnu pour tel, la cause de la mort étant connue et que toute autre recherche à cet égard serait inutile, nous déclarons que rien ne s’oppose à ce que ledit corps soit inhumé aux formes ordinaires, et de suite il a été donné connaissance au citoyen Curet, de la paroisse du Saint-Esprit, que rien ne s’oppose à ce que ledit cadavre soit inhumé,
Déclarons que nous avons trouvé dans les poches de l’habit, veste et culotte du cadavre, les objets suivants :
Deux passeports de la municipalité de Paris,
Une quittance du citoyen Guillos, de la ville de Paris, en date du 4 août 1792 de la somme de 85 livres, pour rente des appartements qu’il occupait à Paris,
Une minute d’une pétition au ministre pour procurer un prompt jugement,
Une copie d’une oraison à Dieu,
Un cordon violet,
Un mouchoir toile blanchie,
Une paire [de] boucles de souliers acier,
Desquels objets le greffier s’est chargé pour les remettre,
Ainsi que dessus a été procédé au présent verbal, et nous sommes soussignés […]
  • Source : État civil de la ville d’Aix-en-Provence
  • Texte signalé par Mme Yve Chetaille

Note

1. François Auguste Verdet, né à Forcalquier, marié à Aix en 1786.

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