Pendu dans le cimetière (Arles, 10 février 1881)

Il était 7 heures, ce mardi 10 février 1881, lorsqu’un certain Hilarion Heyraud, peintre en bâtiments, âgé de 34 ans, fut trouvé pendu à une échelle de maçon dans le cimetière d’Arles.
Il était né à Berre-l’Étang, s’était marié à Arles à Catherine Richard et travaillait depuis longtemps chez Victor Audibert, peintre. Il revenait de Marseille, après avoir travaillé environ un mois à Monaco.
Ce malheureux s’était pendu à l’aide de deux mouchoirs qui lui comprimaient fortement le larynx, après s’être tiré un coup de pistolet, chargé seulement à poudre, dans la région du cœur. Ce coup de pistolet n’avait fait que lui brûler la peau. Il avait, avant de mettre à exécution son funeste dessein, déposé une couronne sur la tombe de sa femme ainsi qu’un bouquet de fleurs.
On trouva sur ladite tombe, un second pistolet, que, dans ses préoccupations d’esprit, il n’avait encore chargé qu’à poudre.
Héraud s’était pendu à une hauteur de 1 mètre 80 environ et ses pieds ne se trouvaient qu’à 20 centimètres du sol et à une distance de 10 mètres de la tombe de sa femme, ayant le visage tourné vers celle-ci.
On trouva sur lui une lettre adressée à ses parents qui habitaient Berre, Antoine Heyraud et Angélique Granier, et une autre lettre destinée à M. Audibert, son ancien patron à Arles, dans laquelle il déclare léguer au fils de celui-ci sa montre et sa boîte de couleurs. Enfin, on trouva dans sa poche une somme de trois francs, ainsi qu’une montre en or.
C’est le désespoir de la perte de sa femme, morte à Arles le 22 juillet 1880 au mas des Alyscamps qu’ils habitaient, qui l’avait amené à cette fatale résolution. On pensa qu’il était arrivé dans la nuit par un train de Marseille pour accomplir son acte de désespoir. Le mur du cimetière avait été escaladé.
Le fossoyeur qui, le premier, était passé devant lui ne l’avait pas aperçu de prime abord et c’est lorsque le maçon, qui ne trouvait plus son échelle dans le tombeau en construction où il l’avait laissée la veille, envoya son manœuvre pour la rechercher, que ce dernier, surpris et effrayé, se trouva en présence du pendu dont les yeux ouverts et hagards paraissaient le fixer.
L’acte de décès du malheureux indique sobrement : « Heyraud Hilarion Antoine Honoré, peintre en bâtiments, trouvé mort ce jourd’hui à sept heures et demie du matin dans le cimetière, à Arles. »
  • Sources : L’Homme de bronze, 13 février 1881, p. 1.
  • Registre d’état civil d’Arles, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 203 E 1411, ibid., 203 E 1230.

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