[Provençal] Li buletin de voutamen / Les bulletins de vote

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LI MOT : coumuno e voutamen me fan pensa à-n-uno causo que m’arribè i’a quàuqui semano d’acò. Ère counvidado à l’acamp dóu counsèu parrouquiau alargi e assetado procho de iéu, i’avié li grand-maire de l’assemblado. Uno d’entre éli, tenié en man la letro de counvidation à l’acampado e faguè ansin à si veisino e amigo : « Iéu, garde bèn aquesto letro. La copo bèn coume fau e m’en serve pèr i’escrièure la tiero de coumessioun. »
bulletin-voteA-n-aquéli paraulo me revirère vers éli e apoundeguère : « Ma grand, la maire de moun paire, elo, gardavo li buletin de voutamen pèr faire la memo causo e à moun paire i’agradavo pas, bord qu’èro éu que devié ana vers lou bouchié e lis àutri coumerçant em’aquéli papafard.
— Iéu tambèn ! E lis emplègue autambèn pèr li pichot quouro volon barbouia. »
Vesès que nósti rèire èron e soun ecoulougisto avans que lou mot fugue à la modo. Se vous rapelas bèn quouro croumpavon de iaourt, èron pas óublija de n’en croumpa 6, 8 o 12 ! Anavon querre d’iòu em’uno bouito, lou la dins un pot, lou pan se metié dins de sa de telo e li boutiho èron counsignado. Abalissien li galino e li couniéu emé lou triun (peladiho de liéume e de la frucho, de la viando qu’adouban, pèu de saucissot, os, espino…) Lis àutri bourdiho ourganico coume li di quèli servien d’engrès e de fumié dins lis ort que quasimen cadun poussedissié. Meme la cendro troubavo soun gaubejage : i’avié rèn de mies pèr blanchi la bugado. i’avié pas tant d’embalage qu’acò e subretout quouro n’i’avié, avien uno secoundo vido coume li papié de boucharié o de peissounarié e li journau que servien au… cagadou : tout lou rèsto partié dins lou fiò. Se poudrian ana mai liuen : tóuti lis aparèi eleitro-menagié – quouro n’i’avié – èron usina pèr dura.
Aro, la bugadiero eleitrico se duro 2 o 3 annado de tèms, es lou bout dóu mounde !
Martino Bautista

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LES MOTS « mairie » et « vote » me font penser à une chose qui m’arrivait il y a quelques semaines de cela. J’étais conviée à la réunion du conseil parroissial élargi et assises à côté de moi, il y avait les plus anciennes de l’assemblée. Une d’entre elles tenait dans la main la lettre d’invitation à la réunion et disait ainsi à ses voisines et amies : « Moi, je garde bien cette lettre. Je la coupe bien comme il faut et je m’en sers pour y écrire les commissions. »
bulletin-voteÀ ces paroles, je me retournai vers elles et ajoutai : « Ma grand-mère, la mère de mon père, elle, gardait les bulletins de vote pour faire la même chose et cela ne plaisait guère à mon père car c’était lui qui devait aller chez le boucher et les autres commerçants avec ces papiers.
« Moi aussi ! Et je les utilise aussi pour les petits quand ils veulent barbouiller. »
Vous voyez que nos anciens étaient et sont écologistes avant que le mot ne soit à la mode. Si vous vous rappelez bien quand ils achetaient des yaourts, ils n’étaient pas obligés d’en acheter 6, 8 ou 12 ! Ils allaient prendre des œufs avec une boîte, le lait dans un pot, le pain se mettait dans le sac de toile et les bouteilles étaient consignée. Ils élevaient les poules et les lapins avec les déchets des légumes et de fruits, de la viande qu’on apprête, peaux de saucisson, os, arêtes… Les autres déchets organiques comme ceux des pots-de-chambre servaient d’engrais et de fumier dans les jardins que quasiment chacun possédait. Même la cendre trouvait son utilisation : il n’y avait rien de mieux pour blanchir la lessive. Il n’y avait pas autant d’emballages que cela et surtout quand il y en avait, ils avaient une seconde vie comme les papiers de boucherie ou de poissonnerie et les journaux qui servaient aux… toilettes : tout le reste partait dans le feu. On pourrait aller plus loin : tous les appareils électro-ménager – quand il y en avait – étaient usinés pour durer.
Aujourd’hui, si la machine à laver dure 2 ou 3 années, c’est le bout du monde !
Martine Bautista
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