[Provençal] Lou paludisme à Miramas / Le paludisme à Miramas

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QU SE REMÈMBRO de la darriero epidemìo de paludisme à Miramas ?
Fuguè dóu tèms de l’estiéu de la Liberacioun de Prouvènço en 1944. Fau dire que tre setèmbre de 1939 enjusqu’au mes de mai de 1940, vint milo indouchinés fuguèron desbarca à Marsiho pèr èstre espargi dins li poudrarié e lis arsena qu’avien de besoun de man d’obro. Li que ié disien aqui de pacan e qu’eilabas ié disien li Nha qué fuguèron embrigada de forço souto l’ordro de l’amenistracioun coulounialo. L’ensèn coumpausavo la man d’obro indouchineso : M.O.I. souto lou countourrolo dóu ministèri dóu travai.
Dessin pour la prévention du paludisme. Ehrmann. Début XXe siècle. DR.
Dessin pour la prévention du paludisme. Ehrmann. Début XXe siècle. DR.
Dounc aquelo annado d’aqui, noumbre d’Anamite (vietnamian) èron cantouna au cèntre Carnot de Miramas e travaiavon à la poudrarié. E lou dóutour Carlin, lou paire, assistavo despoutenta à l’angòni e pièi à la mort de fube d’entre éli, après uno febrasso. Faguè veni un especialisto de trìo que souspetè autant lèu la malaria. Li prelevamen sanguin coumpli counfiermèron lou diagnousti. De fa, l’anoufèlo faroensis femelo fuguè estado introuducho dins lou relarg pèr lis avioun militàri venènt de Dakar e que prenien terro sus la baso d’Istre touto procho. En aquéu tèms, lis aparèi noun èron descountamina e dins la campagno miramassenco, la mouissalo avié trouba aqui un fougau ideau pèr s’espandi : li palun (o puléu li rode umide) dóu centre Carnot e li trau d’aubuso óucasiouna dóu tèms di boumbardamen aeren american dóu mes d’avoust. L’aigo ié gourgavo e’m’un estiéu eicepciounalamen caud e un souleias qu’ensucavo, tóuti li coundicioun èron recampado pèr favourisa aquelo malandrarié. Fau dire qu’avié agu un printèms pluvious e de temperaturo que trepassavon d’en pertout en Franço, la barro di 30°C emé de pouncho entre 35° e 39°C à la miejo avoust. Tout acò faguè uno mescladisso espetanto. De mai, lis anamite èron tras que sensible e desarma fàci à-n-aquelo cepo de paludisme.
Pas-pu-lèu la coumençanço dóu mau couneigudo, li trau d’aubuso fuguèron tapa, agouta tóuti li pichot sourgènt d’aigo gourganto que servissien d’endré de poundudo pèr li mouissau en cubercelant li bouto e li cisterno, en vuejant li pot e li ferrat, en assanissènt l’escoulamen dis aigo e en supremissènt li bourdiho coume li penèu e li bouito de counservo.

Tout acò vous dis rèn ?… La prevencioun contro lou mouissau tigre pourtaire dóu chikungunya aro !

Martino Bautista

(Escri e revira pèr Martino Bautista d’après lou raconte dóu dóutour Pèire Carlin, jun 2014)

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QUI SE SOUVIENT de la dernière épidémie de paludisme à Miramas ?
Ce fut durant l’été de la Libération de la Provence en 1944. Il faut dire que dès septembre 1939 à mai 1940, vingt mille Indochinois furent débarqués à Marseille pour être répartis dans les poudreries et les arsenaux où on avait besoin de main-d’œuvre. Ceux que chez nous on appelait les paysans et là-bas les Nha qué furent enrôlés de force par ordre de l’administration coloniale. L’ensemble constituait la main-d’œuvre indochinoise : M.O.I. sous le contrôle du ministère du Travail.
Donc cette année-là, des Annamites (vietnamiens) étaient cantonnés au centre Carnot de Miramas et travaillaient à la poudrerie. Et le docteur Carlin, père, assistait impuissant à l’agonie et puis à la mort de nombre d’entre eux, suite à une fièvre importante. Il fit venir un professeur éminent qui soupçonna aussitôt la malaria. Les prélèvements de sang effectués confirmèrent le diagnostic. En fait, l’anophèle pharoensis femelle avait été introduit dans la région par les avions militaires venant de Dakar et qui atterrissaient sur la base d’Istres toute proche. A cette époque, les appareils n’étaient pas décontaminés et dans la campagne miramasséenne, les moustiques avaient trouvés un foyer idéal pour se développer : les marais (ou plutôt less zones humides) du centre Carnot et les trous d’obus occasionnés lors des bombardements aériens américains d’août. L’eau y stagnait et avec un été exceptionnellement très chaud et un soleil écrasant, qui ensuquait, toutes les conditions étaient réunies pour favoriser cette épidémie. Il y avait eu un printemps pluvieux et à la mi-août, les températures dépassaient partout en France, la barre des 30°C avec des pointes entre 35° et 39°C . Tout cela fit un cocktail détonnant. De plus les Annamites étaient très sensibles et désarmés face à cette souche de paludisme.
Aussitôt l’origine du mal connu, les trous d’obus furent bouchés et asséchés, taries toutes les petites sources d’eau stagnantes qui servaient de lieux de ponte pour les moustiques en recouvrant les fûts et les citernes, en vidant les pots et les seaux, en assainissant l’écoulement des eaux et supprimant les détritus comme les pneus et les boîtes de conserve.

Cela ne nous vous rappelle pas… la prévention contre le moustique tigre vecteur du chikungunya, de nos jours !

Martine Bautista

(Écrit et traduit par Martine Bautista d’après le récit du docteur Pierre Carlin, juin 2014)

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