Un bébé abandonné de nuit (Peynier, 13 septembre 1811)

L’an mil huit cent onze et le quatorze du mois de septembre à six heures du matin, pardevant nous maire, officier de l’état-civil de la commune de Peynier, canton de Trets, département des Bouches-du-Rhône, est comparu le sieur Pierre Gaspard Brignol, boulanger, âgé de trente-deux ans, domicilié en cette susdite commune, lequel nous a déclaré que le jour d’hier, treize du susdit mois de septembre, à onze heures du soir, étant couché avec son épouse, ils auraient été éveillés par un coup de pierre jetée avec force à la porte d’entrée de sa maison, située près l’église de cette susdite commune ;

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que, s’étant levés à ce bruit et ayant ouvert ladite porte, ils auraient trouvé sur un escalier en dehors un enfant tel qu’il nous le présente : emmailloté d’un mauvais linge blanc et d’une pièce demi-laine couleur grisâtre, d’un lange fait d’un morceau d’une marinière donnant sur le noir, ayant un morceau de peluche sur le bout d’un mauvais mouchoir au col, une sangle de lisière grisâtre, deux coiffes, une d’étoffe rayée, l’autre d’indienne fond blanc, un ruban bleu et blanc à la tête […].
Tout ce linge n’était marqué d’aucune lettre ni chiffre, ayant sur son estomac un morceau de papier rayé de huit barres ou traits de plume en long et de douze en travers et enveloppé d’une veste de nankin, à laquelle il manquait la moitié du derrière.
Après avoir visité l’enfant, avons reconnu qu’il était du sexe masculin et qu’il paraissait âgé d’un jour, n’ayant aucun marque sur le corps et aucun écrit dans ses vêtements.
De suite avons inscrit l’enfant sous le nom et prénoms de Blanc Honoré Auguste et avons ordonné qu’il fût remis à l’hospice civil des enfants trouvés, à Aix.
De quoi avons dressé procès-verbal, en présence des sieurs Joseph Collomb, âgé de trente-six ans, propriétaire, et François Roubin, âgé de soixante-deux ans, berger, tous les deux domiciliés en cette susdite commune, qui ont signé avec nous, après que lecture leur a été faite du contenu au présent procès-verbal, à l’exception du sieur François Roubin qui a déclaré ne le savoir.

[Signatures]

  • Registre d’état-civil de Peynier, année 1811.
  • Photographie : Le Cours, à Peynier. DR.