Un cadavre dans la Durance (Cabannes,
14 juillet 1826)

cabannes-cours

« L’an mil huit cent vingt-six et le quatorzième jour du mois de juillet, à cinq heures du soir, nous François Perrin, maire de la commune de Cabannes, officier de police auxiliaire de M. le procureur du roi, ayant été instruit par le nommé Gleize, cultivateur demeurant sur le terroir de cette commune, au mas de Duprat, qu’un cadavre se trouvait gisant sur un gravier aux Isles de la Durance, vis-à-vis dudit mas, nous sommes tout de suite rendus sur le bord de cette rivière, accompagné du sieur Francony, notre secrétaire et greffier, et de M. Pontannier, officier de santé, pour procéder à l’examen dudit cadavre ; après avoir traversé dans un bateau un bras de la Durance, avons reconnu sur un gravier depuis peu à sec, couché la face contre terre le corps d’un homme mort depuis longtemps, intérieurement tombé en putréfaction, n’ayant que peu de cheveux à la partie inférieure de la tête, sur le derrière, ayant la peau des mains et des pieds détachée des chairs, étant d’une taille moyenne, paraissant âgé d’environ trente ans, cheveux châtain clair, vêtu d’une veste de drap grisâtre doublée de toile blanche, gilet paraissant de velours, le derrière en gros drap appelé cadis de couleur verte, pantalon en filoselle rayée verte, n’ayant ni bas ni souliers.
Reconnaissant par l’odeur infecte qui s’exhalait de ce corps qu’il a été impossible de le faire transporter au cimetière public, en avons ordonné l’inhumation sur les lieux mêmes, à quoi a été procédé par le fossoyeur, lequel, en le tournant pour le mettre dans la fosse, nous a donné lieu d’apercevoir que, outre la cravate qu’il avait au col, il se trouvait encore sur la bouche un mouchoir qui paraissait y avoir été là à dessein. Il était entièrement défiguré, ce qui nous a empêché de reconnaître s’il avait reçu des coups avant d’avoir été entraîné par les eaux.
Ensuite, le fossoyeur, toujours en notre présence et des susdits, ayant fait la vérification de ses poches, autant que l’infection pouvait le permettre, il n’y a absolument rien trouvé. Après quoi le corps a été couvert de terre et de gravier et nous nous sommes retirés.
De tout quoi avons dressé le présent procès-verbal que nous avons signé avec lesdits Pontannier et Francony. »
  • Registre d’état-civil de Cabannes