Un jeune homme très irritable (Aix-en-Provence, 15 février 1874)

(15 février 1874)
L’an mil huit cent, etc. (sic)
Pardevant Nous, Hivert, Pierre-Antoine, commissaire de police de la ville d’Aix, etc.

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A été amené par les agents de police Frindel, Chauveau et Brouquis, lesquels nous ont fait la déclaration suivante :
« Aujourd’hui, à dix heures du matin, nous avons été informés qu’une bande de jeunes gens se trouvait sous la halle aux poissons, jouant de l’argent, en contravention à l’article 27 de l’arrêté de Monsieur le Maire d’Aix, en date du 20 novembre 1817. Nous nous sommes aussitôt rendus sur les lieux, mais à notre approche, les délinquants ayant pris la fuite, nous n’avons pu arrêter pour être conduits au bureau de police que les nommés Rouvian, Eugène, âgé de 16 ans, demeurant avec sa mère, rue Porte-Peinte, n°10, et Rayon, Félix, âgé de 11 ans, demeurant chez son père, qui est marchand de charbon, rue Vivaux, n°5. Arrivés à l’angle de l’Hôtel de Ville et de la rue des Cordeliers, le sieur Rayon, César, âgé de 19 ans, frère de Rayon, Félix, est intervenu et a voulu nous empêcher de conduire son frère au bureau de police, ce que voyant, l’agent Frindel l’invita à ne point se mêler de notre service mais, comme il persistait d’une façon très peu convenable, il fut invité à son tour de nous suivre.
À ce moment, il jeta son parapluie à terre et s’élança sur nous comme un furieux en disant que, si ceux qui étaient présents voulaient faire comme lui, on ne les emmènerait pas. Nous avons dû alors nous emparer de sa personne, malgré sa résistance et ses appels réitérés à la foule, et nous l’avons amené au bureau de police.
Pendant le très court trajet qui nous restait à parcourir pour arriver au bureau, l’agent Frindel a reçu plusieurs coups de pied dans les jambes et des coups de poing dans l’estomac, l’agent Chauveau a reçu un coup de pied à la cuisse droite et un coup de poing à la tête, et l’agent Brouquis a reçu un coup de pied au genou droit et un autre dans les parties sensibles, qui l’a renversé dans la rigole du trottoir.
Une fois arrivés dans le bureau, le sieur Rayon a répété que, si ses camarades avaient été comme lui, l’affaire ne se serait pas passée ainsi. Les trois agents sus-désignés ont signé avec nous leur déclaration. »
Nous, commissaire de police, avons ensuite interrogé le sieur Rayon, César, âgé de 19 ans, né à Aix, fils de François et de Rose Aude, ouvrier maçon chez M. Liautaud, demeurant chez ses parents, rue Vivaux, n°5, à Aix, lequel a reconnu que le rapport fait par les agents ci-dessus était exact et qu’il n’avait été ni maltraité, ni frappé par eux. Il reconnaît qu’il a eu tort d’agir ainsi et il en témoigne du repentir.
Le sieur Liautaud, entrepreneur à Aix, patron depuis une dizaine d’années du sieur Rayon, étant intervenu en faveur de ce jeune homme, nous fournit sur lui les meilleurs renseignements tant sous le rapport de la probité que sous le rapport de la conduite.
Le sieur Rayon, César s’étant rendu coupable de rébellion et de coups envers des agents de la force publique, nous l’avons fait conduire devant monsieur le Procureur de la République qui l’a fait écrouer à la maison d’arrêt.
Fait à Aix, etc. (sic)
  • Sources : Archives communales, cote I1, art. 16, n° 90
  • Photographie : Vue de l’ancienne halle aux poissons d’Aix (arrière-plan). DR.

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