Un ouvrier écrasé à l’atelier d’ajustage mécanique (La Ciotat, 28 avril 1895)

Un drame se joua ce 28 avril 1895 dans les entrailles de l’atelier d’ajustage mécanique de la ville de La Ciotat (Bouches-du-Rhône). Tandis que la nuit tombait, une équipe d’ouvriers s’affairait à remplacer les roues d’une imposante grue mobile. Soudain, à une heure du matin, un accident tragique se produisit.
Lors de cette opération délicate, la grue, soulevée par un cric, bascula. La lourde machine (3 tonnes et demie) s’effondra sur l’un des ouvriers, Paul Trébie, 44 ans, qui se trouvait directement sous elle. Le choc fut d’une violence inouïe. Les cris de terreur déchirèrent le silence de la nuit, tandis que les autres ouvriers, impuissants, assistèrent à cette scène horrible. Parmi eux se trouvaient le contremaître Hippolyte Taradoire, 31 ans, et un ajusteur, Antoine Barbaroux, 50 ans.
Les secours furent alertés immédiatement. Le docteur Aillaud, le sous-directeur des ateliers, M. Gauthier, deux ingénieurs, MM. Coreil et Féraud, et même le commissaire de police Nadal se rendirent sur place. Pendant vingt minutes, ils luttèrent pour extraire Trébie de sous la masse de fer. Finalement, ils y parvinrent, mais il était trop tard. L’ouvrier, grièvement blessé, ne survécut pas. Seul son visage était intact, tandis que le reste de son corps était horriblement blessé.
Dans ses derniers instants, Trébie murmura, le regard perdu : « Je suis perdu. » Puis, il rendit son dernier souffle. La nouvelle de sa mort jeta un froid immense sur l’atelier. Trébie, originaire de Marseille, était apprécié de tous ses collègues. Abandonné à la naissance, il n’avait jamais connu ses parents. Il laissait derrière lui une veuve, Marie Eugénie Didier, et quatre enfants, inconsolables.
  • Source : La République du Var, 1er mai 1895, p. 2.
  • État civil de la ville de La Ciotat, Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 201 E 5914.

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