Un vol à l’église (Aix-en-Provence, 19 janvier 1874)

(19 janvier 1874)
L’an mil huit cent, etc. (sic)
Par devant nous, Hivert, Pierre-Antoine, commissaire de police de la ville d’Aix, etc. (sic)
S’est présenté monsieur le Curé de l’église de Saint-Sauveur à Aix, lequel nous a déclaré qu’un vol de bijoux divers venait d’être commis à la niche du petit Jésus, dans la chapelle de Notre-Dame de l’Espérance, de ladite église.
interieur-saint-sauveur-aixNous nous sommes de suite transporté sur les lieux, après avoir fait prévenir monsieur le Procureur de la République et monsieur le Juge d’instruction qui s’y sont aussi rendus, et avons constaté ce qui suit :
La porte de l’église qui donne sur la place de l’Archevêché est seule ouverte et, près de cette porte, travaille une matelassière et sa petite fille, âgée de ans (sic). Pour arriver à la chapelle de l’Espérance, il faut traverser l’église. La niche du petit Jésus est adossée à l’un des murs de séparation de l’église et de la chapelle et vers le milieu de ladite chapelle. La porte vitrée de cette niche est entrouverte et ne porte aucune trace d’effraction ; elle s’ouvre à l’aide d’une clé non forée, semblable à celle d’une pendule.
Cette niche, qui est toujours fermée à clé, a été trouvée ouverte à deux heures après midi par les filles congréganistes suivantes : Marie Guirand, âgée de 23 ans, demeurant rue de la Grande Horloge, n° 29 ; Elisabeth Bertrand, âgée de 32 ans, demeurant rue Notre-Dame, n°13; et plusieurs de leurs camarades qui sont présentes. la première des sus-nommées affirme avoir constaté qu’à une heure et demie, la niche était encore fermée, d’où il résulte que le vol a été commis entre une heure et demie et deux heures de l’après-midi. Elles ajoutent que les objets volés sont les suivants qui se trouvaient attachés à un ruban bleu moiré de 50 centimètres de longueur sur dix centimètres de largeur ;

  1. une trentaine de bagues en or, deux avec petites pierres rouges; plusieurs ont sur le chaton l’inscription suivante: « La Foi, l’Espérance, la Charité » ;
  2. des pendants d’oreille en or, dont une paire avec des raies vertes ;
  3. plusieurs petites croix, dites jeannettes ;
  4. un grand fermoir à forme carrée.

Ces objets sont évalués à la somme d’environ cinq cents francs
La nommée Béchet, Thérésine, demeurant rue du Puits Neuf, n° 48, matelassière qui travaillait à la porte de l’église et sa fille, nous ont déclaré que, vers une heure et demie, elles ont vu un individu proprement vêtu, âgé d’environ 35 ans, assez grand, teint rouge, cheveux et barbe roussâtres, portant favoris et moustaches, chapeau rond, noir ou gris, avec un crêpe, veste foncée à peluche, pantalon en velours tirant sur le noir, cravate rouge, pénétrer dans l’église et en ressortir avec une certaine précipitation environ un quart d’heure après, se dirigeant du côté de l’Hôtel de Ville. Elles affirment que, de une heure et demie à deux heures, il n’est entré ou sorti de l’église que cet individu.
Le sieur Truphème, Pierre, bedeau de l’église de Saint-Sauveur, dit que vers une heure et demie, au moment où il terminait le balayage de l’église, il a vu entrer un individu répondant au signalement ci-dessus, mais qui ne portait que la moustache, portant à la main un chapeau gris, avec un crêpe, dont la garniture intérieure était rouge. Il est sorti lui-même de l’église à ce moment et il ne s’y trouvait personne autre que cet individu qu’il reconnaîtrait s’il le voyait.
À la suite de ces déclarations, nous nous sommes livré à des investigations qui, jusqu’à ce jour, sont restées infructueuses.
Fait et clos à Aix le 23 janvier 1874.

  • Sources : Archives communales, cote I1, art. 16, n°66
  • Photographie : Intérieur de la cathédrale. DR.

Faits divers d’Aix-en-Provence