Un voleur au bureau de la caserne (Aix-en-Provence, 2 janvier 1874)

Le cours Sainte-Anne, à Aix.
Entrée de la caserne. DR.

« L’an mil huit cent, etc.

Pardevant nous, Hivert, Pierre-Antoine, commissaire de police de la ville d’Aix, etc.
S’est présenté M. Orientès, capitaine trésorier au 112e de ligne, dont les bureaux sont situés cours Sainte-Anne, n° 24, au rez-de-chaussée de la maison qu’il habite, lequel nous a fait connaître qu’un vol avec escalade et effraction avait été commis dans ses bureaux, dans la nuit du 1er au 2 janvier courant et que son planton qui couche dans lesdits bureaux avait fait feu sur le voleur qui n’aurait pas été atteint.
Nous nous sommes de suite transporté sur les lieux et avons constaté ce qui suit, en présence du plaignant, M. le capitaine adjudant-major faisant office d’adjudant de place :
Sur le derrière de la maison [qu’]habite M. le capitaine-trésorier se trouve un magasin de bois qui longe un chemin de servitude fermé par un portail en fer sur le cours Sainte-Anne et donnant accès dans les champs sur le derrière du cours du Roi-René ; une empreinte boueuse de souliers sur la traverse supérieure du portail indique, ainsi que d’autres empreintes sur la traverse inférieure, que le voleur s’est introduit ou est sorti par ce côté du passage qui est séparé du magasin en bois par un mur d’environ deux mètres de hauteur.
Les bureaux du capitaine-trésorier ont deux fenêtres sur le magasin de bois à un mètre du sol. L’une de ces fenêtres éclaire la petite pièce dans laquelle couche le soldat de planton et l’autre dans le cabinet de l’adjoint au trésorier. Dans chacune de ces fenêtres, l’un des carreaux du bar, à hauteur de l’espagnolette, est troué et légèrement brisé de façon à permettre d’ouvrir l’espagnolette à l’aide d’un instrument, ce qui résulte d’un essai fait par nous.
Nous avons ensuite interrogé le sieur Vincent Joseph, âgé de 23 ans, soldat à la 3e compagnie du 4e bataillon du 112e de ligne, qui était couché dans les bureaux, lequel nous a répondu ce qui suit :
« Vers trois heures du matin, je dormais profondément lorsque j’ai été réveillé par les grognements de la chienne qui couche aussi dans les bureaux. Je me suis levé, j’ai trouvé la fenêtre du cabinet ouverte et, sur la table, mon porte-monnaie vide des 2 francs 50 centimes qu’il contenait. J’ai été surpris de ce fait, attendu que je suis certain que mon porte-monnaie se trouvait dans la poche de mon pantalon qui était suspendu au-dessus de mon lit. J’ai fait le tour des bureaux pour m’assurer qu’il ne s’y trouvait personne, puis j’ai fermé la fenêtre et je me suis recouché. Environ une demi-heure après, la chienne s’est mise à aboyer ; je me suis levé de nouveau, j’ai ouvert ma croisée et j’ai aperçu un individu grand et gros qui m’a semblé être vêtu de gris, sur le tas de bois, près du chemin de servitude, à environ 12 mètres de moi. Je me suis empressé de prendre mon fusil, de le charger et de tirer sur cet individu au moment où il sautait dans le chemin. Je crois l’avoir touché, mais je n’ai rien trouvé dans le chemin où il a sauté et où je croyais au moins trouver du sang. »
Toutes les recherches faites pou découvrir l’auteur de ce vol, qui nous paraît être le même que l’auteur du vol commis la même nuit au préjudice de M. Vitalis du même quartier sont restée jusqu’à ce jour infructueuse.
Fait à Aix, etc. »
  • Archives communales d’Aix-en-Provence, I1-15