Une agression sur le chemin de Saint-Jean le Désert (Marseille, 16 juillet 1838)

Le 16 juillet 1838, M. Isoard retournait de Marseille à la campagne qu’il habitait au quartier de Saint-Jean du Désert. Alors qu’il suivait le petit chemin qui conduit à Aubagne, il fut soudain attaqué par un homme qui s’élança sur lui et lui porta plusieurs coups d’un couteau dont il était armé.
Des personnes accoururent aux cris de M. Isoard, parvinrent à l’arracher à la fureur de son agresseur et furent obligés de la garroter pour en rester maîtres.
Le commissaire de police interrogea l’homme qui prétendit s’appeler Gonfar mais qui nia farouchement être l’auteur d’une agression quelconque sur Isoard. Il expliqua que, retournant chez lui, il avait rencontré deux hommes qui se battaient, avait voulu les séparer et, dans cette intention, s’était approché d’eux. Alors, celui qui était armé d’un couteau l’avait laissé tomber et avait pris la fuite.
Sur ces entrefaites, plusieurs personnes étaient survenues et, croyant que c’était lui qui avait frappé M. Isoard, l’avaient saisi et garroté.

Évidemment, quand, en décembre de la même année, l’affaire fut portée devant la justice, les jurés eurent bien du mal à croire le système de défense de Gonfar. On ne comprenait pas l’intérêt de M. Isoard à désigner Gonfar plutôt qu’un autre.
Il est vrai que Gonfar prétendait n’avoir aucune haine à satisfaire contre Isoard, puisqu’il ne l’avait jamais vu.
Le défenseur de l’accusé, Maître Roman, insista aussi sur l’état présumé d’aliénation mentale de son client, celui-ci ayant été deux fois enfermé dans un hospice d’insensés.
Mais ses antécédents judiciaires non plus ne plaidaient pas en sa faveur. Gonfar avait déjà été condamné en 1834 par la Cour d’assises d’Aix à trois ans de prison pour des coups de couteau donnés à un individu.
Aussi ces faits mis au jour, le jury ne se montra pas réellement convaincu par la défense de Gonfar et le condamna-t-elle à trois nouvelles années de prison.

  • Sources : Le Mémorial d’Aix, 15 décembre 1838, p. 3.

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