Aussitôt l’adjoint de la commune accompagné de jeunes hommes se dirigea vers l’endroit d’où sortait cette épaisse fumée. Ils arrivèrent devant un vaste foyer qui menaçait de se propager d’une manière effrayante.

Le feu avait pris dans un bois et couvrait une étendue de trois hectares de terrain.

Tous les jeunes plants sur cette surface avaient été brûlés et les pins étaient visiblement tous condamnés.

Les premiers arrivés attaquèrent l’incendie en faisant la part du feu. Les sapeurs-pompiers appelèrent tous les habitants de la commune à l’aide et l’on put circonscrire le fléau. Sans l’empressement déployé par tout le monde, le désastre aurait été considérable, car les flammes favorisées par une chaleur tropicale, la brise du midi, s’alimentaient de bois rampant, de genêts épineux, secs et entassés.

Quant à savoir comment avait commencé l’incendie, on supposa que des chasseurs voulant enfumer un blaireau dans son terrier eurent imprudemment laissé prendre le feu à la forêt. Ce n’est qu’à 17 heurs que tout danger disparut, grâce à l’énergie des habitants de Cuges auxquels s’étaient joints les habitants de Gémenos.

Le brigadier Reine, à la tête de ses hommes, réagit avec une promptitude remarquable. Les gendarmes rattrapèrent les fugitifs au moment où ils s’attaquaient à leur victime. La scène dégénéra rapidement. L’un des malfaiteurs tenta de s’enfuir dans les champs environnants, tandis qu’un autre se laissa appréhender sans trop de difficulté. Le troisième, plus déterminé, opposa une farouche résistance aux forces de l’ordre. Armé d’un couteau, il livra un combat acharné aux forces de l’ordre avant d’être finalement maîtrisé.

Les deux malfaiteurs capturés se révélèrent être des Espagnols, qui affirmèrent travailler habituellement à Marseille. Les policiers cherchèrent désormais à déterminer depuis combien de temps ils opéraient dans la région et s’ils étaient impliqués dans d’autres affaires.

Grâce à leur courage et à leur professionnalisme, ils avaient mis fin aux agissements de cette dangereuse bande.

« Nous maire et consul du lieu de Cuges, certiffions et attestons comme Antoine Aubin, pegolier¹ du lieu de Cuges, a tué une louve audit terroir, cartier des Estaignol, terroir dudit Cuges, et pour estre veritable, avons fait le present certifficat pour valloir ainsi vaut pour estre fait à Cuges ce douze avril mil sept cens neuf.

« Monsieur le Trésorier de la viguerie de cette ville d’Aix,

Boniface Alpheran, paye des desniers de vostre recepte a Antoine Aubin, pegolier du lieu de Cuges, la somme de huict livres qu’avons ordonné luy estre payée pour avoir tué un loup aud. terroir de Cuges & au quartier dit des Estaignol, ainsy qu’il nous a apparu par le certificat des consuls dud. lieu, ainsy que la viguerie est en coutume de donner & nous ayant apparu estre manqué & rapportant led. certificat présent mandat & acquit au bas lesdits huict livres seront passées en la dépance de vos congés.

À Aix le vingt quatre avril mil sept cens neuf. »

« J’atteste que Antoine Aubin a receu dud. Alpheran lesd. huict livres cy dessus.

Fait à Aix l’an et jour que dessus.