13 - Mouriès Archives - GénéProvence https://www.geneprovence.com/category/13-mouries/ 500 ans de faits divers en Provence Mon, 02 Sep 2024 11:37:42 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://www.geneprovence.com/wp-content/uploads/2024/04/cropped-434541497_912630390609581_141579584347965292_n-32x32.png 13 - Mouriès Archives - GénéProvence https://www.geneprovence.com/category/13-mouries/ 32 32 Tué par le froid (Les Baux-de-Provence, 31 décembre 1887) https://www.geneprovence.com/tue-froid-les-baux-provence-31-decembre-1887/ https://www.geneprovence.com/tue-froid-les-baux-provence-31-decembre-1887/#respond Fri, 05 Sep 2014 08:14:16 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=13767 Hier matin, des employés de la banque Hilaire allant encaisser à Mouriès ont trouvé en traversant les Alpines1 le cadavre d’un malheureux mort de froid. C’était celui du nommé Rosset2,…

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Hier matin, des employés de la banque Hilaire allant encaisser à Mouriès ont trouvé en traversant les Alpines1 le cadavre d’un malheureux mort de froid.
Neige dans les Alpilles. © Jean Marie Desbois, 2010.
Neige dans les Alpilles. © Jean Marie Desbois, 2010.
C’était celui du nommé Rosset2, terrassier, âgé de 59 ans, originaire de la Savoie, qui, se rendant de Maussane à Saint-Rémy, à peine engagé dans la chaîne des Alpines, sur le territoire des Baux, a succombé à une congestion cérébrale occasionnée par le froid.
Le commissaire de police et le brigadier de gendarmerie de Saint-Rémy, assistés du docteur Terras, ont procédé aux constatations médico-légales.
Le corps de cet infortuné a été ensuite transporté aux Baux pour y être inhumé.

Notes

1 Ancien nom du massif des Alpilles.
2 Consultez le relevé de l’acte de décès de Joseph Rosset sur la base de données de GénéProvence.

  • Source : L’Homme de bronze, 1er janvier 1888.
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10 sites archéologiques des Alpilles à voir absolument https://www.geneprovence.com/archeologie-alpilles-a-voir/ https://www.geneprovence.com/archeologie-alpilles-a-voir/#respond Fri, 04 Jul 2014 00:21:45 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=13061 Les Alpilles, massif de hautes collines des Bouches-du-Rhône, s'étendent sur une superficie relativement faible (50 000 hectares), mais elles concentrent une extraordinaire richesse de sites archéologiques qui atteste de l'attrait qu'elles ont exercé sur les hommes depuis la Préhistoire. Nous vous invitons à en découvrir dix, en précisant que la liste n'est pas exhaustive. Voici 10 sites à connaître pour avoir une bonne idée du passé des Alpilles. Les voici classés du plus ancien des sites au plus récent.

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Les Alpilles, massif de hautes collines des Bouches-du-Rhône, s’étendent sur une superficie relativement faible (50 000 hectares), mais elles concentrent une extraordinaire richesse de sites archéologiques qui atteste de l’attrait qu’elles ont exercé sur les hommes depuis la Préhistoire. Nous vous invitons à en découvrir dix, en précisant que la liste n’est pas exhaustive. Voici 10 sites à connaître pour avoir une bonne idée du passé des Alpilles. Les voici classés du plus ancien des sites au plus récent.

1. Glanum (Saint-Rémy-de-Provence)

Alpilles
© Axel Brocke — originally posted to Flickr as Saint-Rémy-de-Provence – Glanum. CC BY-SA 2.0.
Glanum est peut-être le site le plus connu des Alpilles. Cité gauloise, puis romaine, elle disparaît au IIIe siècle avec les invasions barbares. Elle est redécouverte par les archéologues dans les années 1920.

2. Les Caisses de Jean-Jean (Mouriès)

© Jean Marie Desbois
© Jean Marie Desbois
Blotti à l’intérieur d’une chaîne rocheuse formant une acropole, le village de Jean-Jean (dont le nom historique reste inconnu) fut en son temps une cité gauloise. On y a trouvé, outre de nombreux îlots d’habitation, d’imposants remparts.

3. Ernaginum (Tarascon)

Alpilles Ernaginum
© David Bascunana. CC BY 3.0.
Ernaginum est, comme Glanum, une cité antique située à proximité de Saint-Étienne-du-Grès. Elle a été habitée d’abord par les Gaulois. Les Romains l’ont ensuite modernisée en la dotant d’un réseau de routes.

4. Tours de Castillon (Paradou)

Castillon Alpilles
© Jean Marie Desbois
Castillon est l’ancien village de Paradou. Il fut construit par les Gaulois plus au sud par rapport à l’actuel village, sur les hauteurs des rochers de la Pène. Il a été abandonné à la fin du Moyen Âge.

5. Aqueduc de Barbegal (Fontvieille)

© Maarjaara. CC BY 2.0.
© Maarjaara. CC BY 2.0.
L’aqueduc romain de Barbegal alimentait en eau la ville d’Arelate (Arles). Il alimentait aussi une meunerie locale dont on visite les vestiges en même temps.

6. Villa de Saint-Pierre-de-Vence (Eyguières)

© Jean Marie Desbois
© Jean Marie Desbois
La villa fut construite par un propriétaire romain sur un site habitée depuis l’Âge du fer. Cette riche demeure a été entretenue jusqu’au IXe siècle, date à laquelle elle est tombée en ruines.

7. Le roche des Trémaïé (Les Baux-de-Provence)

© Jean Marie Desbois
© Jean Marie Desbois
Cette étonnante pierre sculptée n’a pas été datée précisément mais elle pourrait remonter à la période gallo-romaine. On la relie à la tradition des Saintes-Maries venues sur une barque en Camargue. Pour les archéologues, en revanche, c’est le simple hommage d’un père à sa fille.

8. Château des Baux (Les Baux-de-Provence)

© EmDee. CC BY-SA 3.0.
© EmDee. CC BY-SA 3.0.
Symbole médiéval des Alpilles, le château des Baux est le site le plus visité des Alpilles. Il témoigne de la domination de la puissante famille des Baux sur la région. Il a été construit au XIe siècle et démantelé en 1632.

9. Castrum de Montpaon (Fontvieille)

© Jean Marie Desbois
© Jean Marie Desbois
Le village de Montpaon, situé au sommet d’une colline imprenable, dépendait de la maison des Baux. Des membres de la célèbre famille de Baux y ont vécu et y sont morts. Il a été peuplé surtout entre le XIIe et le XVe siècles.

10. Grottes de Calès (Lamanon)

© Blue Breeze Wiki. CC BY-SA 3.0.
© Blue Breeze Wiki. CC BY-SA 3.0.
Le site de Calès est inclus dans un cirque naturel constitué d’habitats troglodytiques. Occupé de la Préhistoire jusqu’à 1586, il a servi de refuge à toute une population lors des Guerres de religion.

Où trouver ces sites ?

Suivez la carte et bonne visite !

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L’oppidum des Caisses de Jean-Jean (Mouriès) https://www.geneprovence.com/loppidum-des-caisses-de-jean-jean-mouries/ https://www.geneprovence.com/loppidum-des-caisses-de-jean-jean-mouries/#respond Wed, 29 Sep 2010 00:01:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=345 L'oppidum des Caisses de Jean-Jean est un site archéologique situé au nord de la commune de Mouriès, dans les Bouches-du-Rhône. Il remonte à l'époque protohistorique. Il a fait l'objet des fouilles de l'archéologue Fernand Benoit de 1935 à 1942.

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caisses_Jean-Jean

L’oppidum des Caisses de Jean-Jean est un site archéologique situé au nord de la commune de Mouriès, dans les Bouches-du-Rhône. Il remonte à l’époque protohistorique. Il a fait l’objet des fouilles de l’archéologue Fernand Benoit de 1935 à 1942. Il s’agit d’un oppidum situé dans une cuvette entourée de deux barres rocheuses au nord et au sud qui se rejoignent à l’est pour former une acropole.
Le site a été inscrit aux monuments historiques par un arrêté du 2 février 1937. Il est accessible au moyen d’un itinéraire balisé.

Situation

L’oppidum se situe dans la partie la plus orientale de l’acropole, barré au nord, au sud et à l’est par d’imposantes barres rocheuses. La partie ouest présente une élévation naturelle donnant sur une esplanade dégagée de 300 mètres de long. Chacune des deux extrémités de cet espace est constituée d’un rempart, de telle sorte que le village, protégé par ces deux murs, se trouve dans une position quasi imprenable. Fernand Benoit a pu constater que le mur contigu au village se trouve sur un talus artificiel ou qui, du moins, a été aménagé. Il compare ce rempart à celui de l’oppidum d’Ensérune (Hérault) que longe un chemin de ronde auquel sont accolées les premières maisons du castrum.
Lors de ses fouilles entre 1933 et 1938, Fernand Benoit s’est notamment intéressé à l’espace entre les deux remparts où il n’a pas trouvé de murs d’habitation, notamment au pied de la falaise sud, mais de la céramique indigène, ce qui semble indiquer que la période d’habitation la plus intense se situe entre le Ve et le IIe siècles. Le plateau de l’est, lui, « paraît être couvert d’habitations » contiguës au rempart. Cette affirmation est confirmé par les dégagements des quatre habitations que l’on peut aujourd’hui constater. Ces maisons présentent des murs de 1,50 m à 2 m de haut. On les date du Ier siècle av. J.-C. sans plus de précision. Les archéologues ont trouvé dans ces maisons des morceaux de dalles de couverture avec larmiers en remploi ainsi qu’un graffito marqué d’un mot grec : « ουρρεο ». Selon Fernand Benoit, les substructions de ces maisons datent des Ve ‑ IVe siècles av. J.-C. Elle ont été relevées quelques siècles plus tard, ainsi que l’attestent les petits bronzes au taureau, monnaie de Marseille, trouvées dans ces maisons, sans joint de taille, mais à l’aide de brique d’adobe.

Stèles

Lors de ses fouilles, Fernand Benoit découvre des stèles en calcaire « de Saint-Rémy* », selon lui, utilisées en remploi dans le rempart. Ces stèles, de 1,80 m de hauteur, « portent des gravures de chevaux, parfois avec un personnage radié. » Ces stèles sont aujourd’hui conservées à Arles. Le décor est gravé de chevaux ainsi que de cavaliers héroïsés portant des javelots et des signes pectiformes. Après les découvertes de F. Benoit, d’autres stèles ont été mis à jour au pied du rempart en 1965, puis en 1985-1986.

L’oppidum est-il le site de l’antique Tericiae ?

Détail de la table de Peutinger (Tabula Peutingeriana), v. 250. On voit, au centre de l’image, l’inscription « Tericias », indiquant l’emplacement de l’antique Mouriès. Notez Arles, Fos, Marseille, Aix, d’ouest en est.
Détail de la table de Peutinger (Tabula Peutingeriana), v. 250. On voit, au centre de l’image, l’inscription « Tericias », indiquant l’emplacement de l’antique Mouriès. Notez Arles, Fos, Marseille, Aix, d’ouest en est.
La Table de Peutinger (Tabula Peutingeriana ou Peutingeriana Tabula Itineraria), appelée aussi « Carte des étapes de Castorius », copie du XIIIe siècle d’une ancienne carte romaine où figurent les routes et les villes principales de l’Empire romain qui constituaient le cursus publicus fait référence à un lieu qu’elle dénomme Tericias, forme dative de Tericiae. D’est en ouest, depuis Aix-en-Provence jusqu’au Rhône, on y lit les noms suivants : Aquis Sextis XVIII Pisavis XVIII Te[r]icias. Ces indications localisent Tericiae sur le territoire de la commune de Mouriès, un peu à l’ouest du village. Mais de nombreux chercheurs se sont interrogés quant à son identification, son nom latin n’étant semble-t-il pas passé dans un toponyme moderne. Et l’on pourrait logiquement s’interroger quant à savoir s’il ne faudra pas voir dans l’oppidum des Caisses de Jean-Jean le site de l’antique Tericiae.
C’est un dénommé Villevieille, antiquaire à Montpellier qui, le premier, a proposé de voir en Tericiae l’antique Mouriès. L’historien-préfet, Christophe de Villeneuve-Bargemon (1824), localise la ville sur la propriété de Jean-Jean. En 1884, Isidore Gilles propose le quartier de la Castelette, situé entre le village de Mouriès et les Caisses de Jean-Jean. Depuis 1895 et les études de L. Rochetin, il semble établi qu’il faille voir Tericiae en contrebas de l’oppidum. Selon Fernand Benoit, une fois la paix romaine installée en Basse-Provence, la population de l’oppidum serait descendue dans la plaine qu’elle aurait colonisée, donnant naissance à la ville de Tericiae. Benoit propose même un site précis, entre les Caisses, le Castellas, le Mazet et le hameau des Baumettes.

* L’archéologie moderne est moins formelle quant à l’origine du calcaire de ces stèles. Tout au plus peut-on noter des coïncidences avec les stèles de Glanum (Saint-Rémy-de-Provence) et de Saint-Blaise (Saint-Mitre-les-Remparts).

Texte publié sur Wikipédia sous licence Creative Commons.
Photographie : Jean Marie Desbois.

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Tombé de la charrette (Maussane-les-Alpilles, 7 juin 1760) https://www.geneprovence.com/tombe-de-la-charrette-maussane-7-juin-1760/ https://www.geneprovence.com/tombe-de-la-charrette-maussane-7-juin-1760/#respond Fri, 09 Oct 2009 01:01:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=536 « L'an mil sept cens soixante et le huitième jour du mois de juin a été enterré dans le cimetière de cette paroisse Honnoré Fourian âgé d'environ quatorze ans, fils nat[urel] et lég[itime] à Jean Fourian, travailleur, habitant de cette paroisse, du côté du Calan, et de feue Jeanne Puget, décédé depuis hier subitement par la chute d'une charrette sur

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« L’an mil sept cens soixante et le huitième jour du mois de juin a été enterré dans le cimetière de cette paroisse Honnoré Fourian âgé d’environ quatorze ans, fils nat[urel] et lég[itime] à Jean Fourian, travailleur, habitant de cette paroisse, du côté du Calan, et de feue Jeanne Puget, décédé depuis hier subitement par la chute d’une charrette sur laquelle il se trouvait, dans cette paroisse en-deça du gaudre* de Malaga, venant du côté de Mouriès, témoins messire Tavan, vicaire de cette paroisse, et messire Aubert, chapelain de Mons[ieu]r de Monblan, soussignés, les parents illiterés. »
[AUBERT prêtre, TAVAN prêtre, LAUGIER curé]
  • Registre paroissial de Maussane

 


* Gaudre : provençal gaudre, « torrent », désigne, dans les Alpilles, un petit ruisseau.

 

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La découverte du corps de Pierre Orèpe (Maussane-les-Alpilles, 30 janvier 1793) https://www.geneprovence.com/la-decouverte-du-corps-de-pierre-orepe-maussane-30-janvier-1793/ https://www.geneprovence.com/la-decouverte-du-corps-de-pierre-orepe-maussane-30-janvier-1793/#respond Fri, 01 Jun 2007 01:00:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=1002 « Ce jourd'hui trente janvier mille sept cent quatre vingt treize, l'an 2e de la République française, nous Jean André Devest, juge de paix de ce canton et officier de police des Baux, ayant été averti ce matin environ sept heures par Honoré Brunel, baille du citoyen Roque Clausonete, propriétaire du mas et tenement de Boutonnet, situé en ce canton,

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« Ce jourd’hui trente janvier mille sept cent quatre vingt treize, l’an 2e de la République française, nous Jean André Devest, juge de paix de ce canton et officier de police des Baux, ayant été averti ce matin environ sept heures par Honoré Brunel, baille du citoyen Roque Clausonete, propriétaire du mas et tenement de Boutonnet, situé en ce canton, paroisse de Maussane, qu’un homme était noyé dans un puits qui se trouve construit dans un pré qui est au nord dudit mas de Boutonnet, en compagnie des citoyens Nicolas Minjal et Jean Honoré, notables du conseil général de la commune des Baux, du citoyen Pierre Aude, notre greffier, du citoyen Jean Louis Trenquier, secrétaire greffier de cette commune, du citoyen Jean Picard, chirurgien de cette commune, des citoyens Thomas Ripert, travailleur, François Damurant, tisseur à toile du Pont du Beauvoisin, dans la ci-devant province du Dauphiné, et Jean Louis Destau, aussi tisseur à toile de la ville de Bordeaux, paroisse de Saint-Surin, tous les trois habitants dans celle dudit Maussane, nous nous sommes rendu audit mas de Boutonnet où, étant arrivé environ les onze heures et demy, ce jourd’hui matin, nous nous sommes approchés dudit puits, qui est placé dans le pré déjà désigné et au bord d’iceluy du côté du couchant et à quelque pas de la rive du nord dudit pré qui est tanqué dans cette lcalité et bâti en dehors et hauteur du pré en pierres de taille, à la façade d’iceluy et beaucoup plus élevé du côté du nord du pilon en pierre de taille traversé par une traverse en forme de potence destinée à soutenir la potence et à la superficie de l’eau, nous avons aperçu un homme dont la tête et le corps plongeaient dans l’eau, dont on distinguait le derrière, les jambes et les pieds ainsi que la main droite qui flottait dans l’eau, dont il a été retiré tout de suite de notre ordre par les citoyens Thomas Ripert, François Damurant et Jean Louis Destau avec les cordes qui lui ont été fournies par les gens du ménage de Boutonnet et a été reposé sur ledit pré au midi dudit pré à la distance d’icelui et deux petites pierres de taille étaient attachées au col du cadavre par le moyen d’une chaîne en fer. Nous ne pouvons quant à présent dire quelle est la longueur de cette chaîne.domaine-boutonnet
À un des bouts de la chaîne est un anneau en fer en forme de neuf. le dernier bout de la chaîne venait ensuite dans un trou qui était pratiqué à chacune des dites pierres et au milieu de leur surface de la chaîne venait ensuite se joindre. Il était arrêté au milieu par un cadenas fermé à clé, laquelle nous n’avons pas trouvée jointe à icelui. La distance du col aux pierres était d’environ un pan et demi (…). La tête du cadavre était couverte d’une coiffe de toile blanche, un peu ensanglantée. les cheveux du cadavre sont noirs et attachés par dernier (1) par un galon violet, un cornet de cadis non usé et boutonné devant par trois gros boutons et un autre cornet sans manche et au-dessous de l’autre et tout neuf, une paire de culottes de cadis conforme à celui du cornet de dessous.
Elles sont attachées derrière par un galon violet et boutonnées devant par deux boutons de la même étoffe et un de corne et en bas de la culotte et se trouve attaché par un bouton de la même étoffe et une jarretière de chaque côté avec une boucle de fer. Ses jambes sont chaussées par une paire de bas de laine gris blanc, sans pied, et d’une guêtre de peau boutonnée à chaque côté tout au long par une jarretière de peau en dessus attachée par une boucle de fer et à chacun de ses pieds un soulier de vache blanche qui était liée par-dessus le pied avec une courroie par-dessous ses vêtements.
Le cadavre avait encore une chemise de toile. La taille du cadavre était d’environ cinq pieds (2). Il a été trouvé dans la poche du côté droit de son cornet de dessus un mouchoir blanc en fil et coton avec une grande pente violette alentour, un tour de point de cadis noir doublé de toile à tache par deux petits boutons chacun. Dans le gousset (3) droit de la culotte ont été trouvées deux petites clefs qui n’ont pu ouvrir la serrure du cadenas dont il a déjà été parlé. Il a été trouvé quatre pièces d’un sol (4) dans cette petite poche, il a été trouvé une lettre portant l’adresse suivante : « Au citoyen – Citoyen Pierre Orèpe – Au Cros – ici une ligne n’est pas lisible (sic) – du Dençon». L’intérieur de la lettre est conçu en ces termes : « de Maillane le 16eme décembre lan de la république francoise citoyens avant que de faire de frais, je veu vous avertir que si vous etes prêt à rendre la docte de m’asseoir dès aujourd’hui de me faire reponche au plus car au premier jour nous devons assembler pour nomer arbitre andre coste », signé à l’original de cette lettre qui est sur une demie-feuille, a été paraphée « ne varietur par nous ».
Et les citoyens Minjal et Honora notables viennent en suite les déclarations des témoins, desquelles il résulte que le cadavre dont s’agit est celui de Pierre Orèpe, travailleur de ce terroir, paroisse de Mouriès et demeurant quartier du Devenson. C’est sur cette dénomination que le juge de paix a ordonné que soit inhumé, ainsi qu’il conste par sondit procès-verbal… »


(1) Entendre « derrière ». L’utilisation de « dernier » à la place de « derrière » est très fréquente à cette époque en Provence.
(2) Un peu plus de 1,60 mètre.
(3) Gousset : « bourson qu’on met en dedans de la ceinture de la culotte ». (Dictionnaire de l’Académie française, 1762, p. 829.) Le bourson est une petite poche au dedans de la ceinture d’un haut-de-chausse (ibid., p. 205.)
(4) En terme de pouvoir d’achat, un sol, à l’équivalent, équivalait à environ un euro d’aujourd’hui.

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Le fils Magnan trouvé nu (Mouriès, 16 mars 1835) https://www.geneprovence.com/le-fils-magnan-trouve-nu-mouries-16-mars-1835/ https://www.geneprovence.com/le-fils-magnan-trouve-nu-mouries-16-mars-1835/#respond Tue, 01 May 2007 06:00:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=1011 « Mouriès, le 16 mars 1835, « Le maire de la commune de Mouriès, « à Monsieur Magnan, à Cabanes, « Je vous fais transporter par le n[omm]é André Blanc, de ce lieu, votre fils qui a été trouvé nu. « Vous voudrez bien payer celui qui a bien voulu se charger de le conduire.

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« Mouriès, le 16 mars 1835,
« Le maire de la commune de Mouriès,
« à Monsieur Magnan, à Cabanes,
« Je vous fais transporter par le n[omm]é André Blanc, de ce lieu, votre fils qui a été trouvé nu.
« Vous voudrez bien payer celui qui a bien voulu se charger de le conduire.
« Je vous préviens que s’il paraît encore ici, j’en instruirai le Procureur du Roi et je porterai plainte contre vous, parce que, attendu son état d’imbécilité, vous ne devez pas le laisser sortir.
« J’ai l’honneur de vous saluer.
« Le maire de Mouriès
« [BOUSSOT] »
  • Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 2U2 1125.

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Les cinq pendus de l’Escampadou (Maussane-les-Alpilles, mars 1793) https://www.geneprovence.com/les-cinq-pendus-de-lescampadou-maussane-mars-1793/ https://www.geneprovence.com/les-cinq-pendus-de-lescampadou-maussane-mars-1793/#comments Thu, 01 Mar 2007 10:03:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=1047 Plusieurs versions ont circulé concernant la façon dont fut commis l'attentat contre la personne de Saint-Roman (1), suivi d'assassinat. Tous disent que le maire se tenait en méfiance.

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Plusieurs versions ont circulé concernant la façon dont fut commis l’attentat contre la personne de Saint-Roman (1), suivi d’assassinat. Tous disent que le maire se tenait en méfiance. Les uns affirment que ses ennemis se servirent d’un meunier connu par lui qui, ignorant les intentions homicides de ceux qui lui demandaient service, se serait présenté à la porte et aurait obtenu qu’on la lui ouvre. Quel aurait été ce meunier ? D’après les uns, ce devait être celui de Manville ; d’après d’autres, c’était simplement le garçon meunier du mas de Seytour, au Paradou. On ajoute que ce jeune homme, soupçonné d’être complice, aurait été recherché, mais aurait disparu dans le trou béant où tourne le roudet et, de là, suivant le canal des eaux, aurait pris la fuit pour ne plus reparaître.
Il y en a d’autres qui racontent que Saint-Roman, s’entendant appeler pendant la nuit, par prudence, se mit, pour répondre, à la fenêtre de sa chambre ; il fut alors crocheté par le cou, tiré en bas et assassiné. Il est très difficile de découvrir l’exacte vérité sur le crime ; une seule chose est certaine, à savoir que Saint-Roman est mort victime d’un guet-apens, tendu sans doute pour se venger d’une responsabilité peut-être plus apparente que réelle, et qu’on l’a assassiné à coups d’instruments tranchants, couteaux ou poignards.
Il nous est beaucoup plus aisé de connaître les circonstances qui accompagnèrent l’acte par lequel de Servane (2) voulut venger l’attentat. Nous les trouvons parfaitement décrites dans le registre du juge de paix du 2e arrondissement du canton de Tarascon, qui contient le récit fait devant Moublet, juge de paix, officier de police, assisté par Richard, greffier, le 14 germinal an III (5 avril 1795), par Pierre Bressier, détenu au château, par Derrès, notaire, Gilbert, traiteur, Jean Tourrette, Charles Gautier, André Isoir, appelés comme témoins, et enfin Jean Philippon, co-détenu avec Bressier ; deuxièmement, par les quatre détenus Guillaume Fléchon, Pierre Boussot, Laurent Armand et François Verpian, le 10 messidor an III (29 juin 1795), devant Henry Cartier, faisant fonction de juge de paix. Nous nous bornons à établir la concordance de toutes les dépositions de ces prévenus comme suspects et des témoins.

C’était le dimanche 3 du mois de mars 1793 ; on devait faire, ce jour-là, à Mouriès, un repas patriotique ; le maire devait y prendre part. Et voilà que le matin du même jour, on vit arriver dans Mouriès le citoyen Le Blanc, à cheval, agitant un mouchoir qu’il tenait dans sa main et criant à tue-tête : « Vengeance ! Vengeance ! Ils ont tué mon bon ami, il faut y aller. » Il se concerte avec Fléchon, officier municipal, fait battre la générale, ordonne de marcher à tous ceux qui ont des armes et, s’ils ne peuvent partir, de les remettre à d’autres. Dans sa surexcitation, il ne parle de rien moins que de lanterner ceux qui ne se rendront pas à Maussane.
« Il ne faudrait pas aller si vite, lui dit Bressier, et il serait bon de connaître d’abord l’esprit des habitants de Maussane.
– Tu as donc peur ?
– Non, et je prouverai le contraire. »

Tandis que la garde nationale était en route pour Maussane, sous le commandement de son chef, survint la fille de Le Blanc, la fiancée de Saint-Roman, accompagnée d’une autre femme qui lui annonça la mort du maire et l’arrestation de deux hommes à Maussane.
Alors, Le Blanc fit à Pierre Bressier et à François Aumeras, qui étaient à ses côtés, le geste expressif de la strangulation en portant sa main ouverte à son cou et en le pressant. Jean Tourrette, qui n’était pas bien loin, dit que son avis était d’« envoyer ces deux hommes à Marseille avec une bonne escorte de garde nationale ».
« Non, dit le commandant, il faut les pendre. »
Après son entretien avec sa fille, Le Blanc envoya à Mouriès quatre hommes de la garde et un gendarme de la brigade de Saint-Martin-de-Crau pour aller à la recherche d’un homme soupçonné de complicité dans le crime d’assassinat.

Lorsque la compagnie de Mouriès arriva à Maussane, elle trouva sous les armes, devant la maison commune, la garde nationale de ce quartier (3) ; tous se rangèrent et défense leur fut faite de quitter leur poste. Ils y restèrent plusieurs heures.

Déjà, à la première heure du jour, Derrès, juge de paix, avait été averti de l’attentat commis sur le maire, pendant la nuit, à sa maison de campagne de l’Escampadou. Il se rendit de suite auprès de Saint-Roman, le trouva vivant et l’interrogea. Le maire déclara qu’il avait été assassiné par quatre hommes qu’il dit être Malbroug, serrurier, Louis Tougay, cultivateur, Martin dit Pastresson, et Antoine Lécuyer dit Pot-de-Vin, menuisier ; pourtant, il émit un doute au sujet de Martin. Cette déclaration fut faite en présence de plusieurs personnes qui en signèrent le procès-verbal.

Derrès fit réquisition immédiate à Blanc, notaire, commandant de la garde nationale, de faire saisir ces quatre individus. Dans la matinée, on s’empara de Tougay et de Malbroug qu’on amena au corps de garde.

Cette opération venait d’être achevée lorsqu’arriva Le Blanc de Servane avec sa compagnie ; celui-ci ordonna à Pierre Boussot d’aller prendre les prévenus avec une trentaine d’hommes et de les amener à la commune devant le juge de paix. Après un interrogatoire qui dura environ une heure et demie, Derrès les fit conduire garrottés sur le lieu du délit, ce qui fut fait sur-le-champ, avec l’escorte des gardes nationales de Maussane et de Mouriès, suivies d’une foule considérable de gens de tout âge et de tout sexe.
C’était environ cinq heures. Saint-Roman avait succombé à ses blessures ; néanmoins, les prévenus furent introduits dans sa chambre par Bressier pour y être confrontés avec le cadavre.

Le juge de paix les pressa de questions ; ils nièrent être les auteurs du crime. Pendant ce temps, les deux bataillons étaient devant la maison de campagne. Six heures sonnèrent, il faisait presque nuit ; Le Blanc cria : « Que fait-on là-haut ? On ne finit plus ? Nous voulons nous en aller. » Le juge de paix se hâta de finir et, dit-il lui-même, ordonna à la garde nationale de reconduire les accusés à la maison d’arrêt.

Le porte-étendard était devant la porte de la cour pour empêcher de passer. Pierre Bressier vint parler tout bas à Le Blanc, entra dans le mas, se fit donner par le fermier deux cordes feisset, en attacha une à un mûrier qui était dans la cour, et alla chercher Malbroug.
Quand il vit ces préparatifs, Jean Philipon dit à Aumeras qui commandait en second :
« Est-ce qu’on veut faire périr ces gens-là ? Il faudrait les envoyer au tribunal. »
Aumeras répondit :
« Ce sont des coquins. Si on les envoyait au tribunal, ils pourraient en revenir, et ils feraient encore plus de mal. Il faut qu’ils périssent. »

Pierre Bressier n’était pas cependant très rassuré. Il dit à Aumeras de se mettre au milieu des rangs pour empêcher que personne ne tire sur lui pendant qu’il va exécuter les victimes.

A la vue de la corde déjà prête, Malbroug se retira en arrière et dit à Bressier :
« Tu veux me pendre, mon ami ! Est-il possible que tu me fasses mourir ?
– Oui ! » lui dit le bourreau, et il lui présenta la corde. Malbroug jeta son chapeau par terre, se mit lui-même la corde au cou.
Pierre Bressier la tira et cria en jurant :
« Eh bien ! Personne ne m’aide !»
Alors, Joseph Rougon, maçon, Jean Pélissier, maçon, et François Quenin, agriculteur, tirèrent la corde avec le principal exécuteur. Quenin poussa la brutalité jusqu’à donner au pendu un coup de pied dans la poitrine.

Un instant après, on amena Louis Tougai. On le frappa si violemment avec un instrument quelconque qu’il fut renversé par terre. Cadet Aillaud, maçon, de Mouriès, plaça la corde ; François Quenin prêta son concours pour la tirer.
Une rumeur s’éleva des rangs de la foule qui se serra pour mieux voir, mais personne ne s’opposa à ces exécutions. Quant au juge de paix, « il ne vit rien », étant renfermé dans la campagne. Le Blanc dirigeait tout. Les pendaisons étant terminées pour ce jour-là, il donna ordre à son bataillon de retourner à Mouriès.

En arrivant, il put constater que ses quatre fusiliers et le gendarme s’étaient bien acquittés de leur mission. Nicolas Villevieille était leur prisonnier ; ils le tenaient en état d’arrestation chez Boussot, aubergiste. Le Blanc se rendit tout de suite à l’auberge et se mit à interroger Villevieille, avec le concours de Joseph Armand, jeune homme de Mouriès, mandé pour être secrétaire. Le prévenu avait un pistolet ; son mouchoir était tâché de quelques gouttes de sang. C’en était assez… surtout si on ajoute, comme on le dit, que Villevieille était au nombre des gardes nationaux de Maussane qui avaient été logés dans la maison de Manson avec les volontaires d’Aubagne ; qu’il aurait pu faire des révélations dangereuses pour Le Blanc sur les dévastations faites par ces volontaires et sur la conduite de Le Blanc dont il avait été l’instrument. Le pendre sous l’inculpation d’assassinat était le moyen le plus efficace pour l’empêcher de parler ; on s’en servit.

Dès le lendemain matin, le son de la générale retentit de nouveau dans Mouriès pour assembler le bataillon et le diriger sur Maussane. Pendant le trajet, Bressier questionna Villevieille et lui dit que s’il avouait, on ne lui ferait rien. Le prévenu nia toute participation au crime, protesta de son innocence et, quand il vit qu’on s’arrêtait à l’Escampadou, il réclama de paraître devant le juge de paix. Bressier lui répondit :
« Je suis ton juge et ton bourreau », et, en lui montrant les pendus de la veille, il ajouta : « Vois-tu tes camarades ? Tout à l’heure, tu seras pendu comme eux. » Alors, on lui ôta l’habit de garde national qu’il portait, on lui passa une corde au cou, et Bressier le pendit à un amandier, derrière le mas, aidé par trois ou quatre gardes.
La corde cassa deux fois ; mais Pierre Arnault, dit le Beau-Poil, travailleur, alla chercher une grosse corde de joug avec laquelle on le pendit solidement, en présence du bataillon de Mouriès.

Le Blanc conduisit alors la troupe à Maussane où était détenu un jeune homme de quinze à seize ans, surnommé La Cigale. On l’avait saisi la veille ; le juge de paix le vit, l’interrogea et, bien que, d’après la procédure, il ne fût pas prouvé qu’il était coupable, on lui réserva le même sort qu’aux trois autres.
Après une demi-heure d’attente, le bataillon vit descendre ce jeune homme qui criait beaucoup et disait :
« On m’a tout fait dire et ensuite on me tue. »
Le bataillon retourna à l’Escampadou ; en chemin, Bressier attacha une corde au cou de l’enfant et, en passant sous un arbre, il la jeta sur une branche, puis souleva le jeune homme en lui mettant une main sous les fesses, tandis que, de l’autre, il tira la corde. Après cette nouvelle exécution, la garde nationale voulait partir ; mais quelqu’un du milieu de la foule cria d’attendre la mort, de peur que les habitants de Maussane ne vinssent enlever cette pauvre victime de la fureur. Le Blanc ordonna de rester, et fut obéi, jusqu’à ce que le pendu eût expiré.

Vers le soir de ce même jour, eurent lieu les funérailles de Saint-Roman ; mais tout n’était pas fini.
Derrès ayant appris que Mouret, meunier, était soupçonné d’être du nombre des assassins, il le fit arrêter sans retard et l’interrogea. L’inculpé nia tout. C’était le lundi 4 ; le lendemain, le juge de paix lui fit subir un nouvel interrogatoire ; il crut remarquer que dans ses réponses il y avait moins d’assurance que dans celles de la veille ; la procédure lui ayant fait naître des présomptions contre l’accusé, il ordonna de le reconduire à la maison d’arrêt. On le saisit et on le pendit, comme les autres, en dépit de l’ordre de ce juge de paix trop faible et complaisant.
Derrès se borna à relater ces cinq pendaisons dans un procès-verbal, et ne fit aucune information ni perquisition parce que, dit-il, « les circonstances étaient critiques », parce que, disent d’autres, c’était des frères et amis qui étaient en cause. Ce n’était pas assez d’avoir interrogé les prévenus, Villevieille excepté, dans la maison commune et en présence de plusieurs membres de la municipalité. Ceci ne diminue en rien la responsabilité qui pèse sur lui : il représentait la justice ; or, la justice a été outragée et violée. On a pendu Villevieille qui réclamait un juge et n’a eu qu’un bourreau.
Après un interrogatoire incomplet, on a pendu sans délai trois de ceux qu’il dit lui avoir été nommés par Saint-Roman. Était-ce régulier ? On a fait subir le même sort au jeune Cigale et au meunier Mouret. Après cette violation de toutes les formes et de tous les droits, Derrès a-t-il seulement protesté ? Il est resté l’ami des exécuteurs et de Le Blanc en particulier qui, à chaque exécution, remplissait le même rôle, à cheval, sabre nu à la main et criant à haute voix : « Vive la nation ! »
Ces exécutions rapides pouvaient bien terroriser la région ; mais comme rien ne prouve que les pendus fussent coupables et qu’on n’a pas suivi les formes légales, une éternelle honte flétrira la mémoire de Le Blanc. C’était le règne non de la justice, mais de l’arbitraire ; c’était en un mot le temps de la terreur…

[ABBÉ L. PAULET, 1902]

(1) Manson Saint-Roman, maire des Baux-de-Provence.
(2) Jean-Baptiste Benoît Le Blanc, dit Le Blanc de Servane, du nom du domaine qu’il possédait à Mouriès. Ancien membre du Parlement à Aix, il en fut exclu pour cause de malversation. Il contribua au climat de terreur qui régna sur les Alpilles dans les années qui suivirent la Révolution.
(3) On parle ici, pour désigner Mouriès, Maussane ou Paradou de quartiers, alors qu’il s’agit aujourd’hui de communes. Ces villages dépendaient alors des Baux.

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Les curés de la vallée des Baux https://www.geneprovence.com/les-cures-de-la-vallee-des-baux/ https://www.geneprovence.com/les-cures-de-la-vallee-des-baux/#respond Sat, 13 Jan 2007 11:33:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=1205 Les Baux de Provence- ISNARD (1256)- Varrion THIERRY (1349)- Pierre OSTAGE de VITROLLES (1370)- Laurent SOLEIAT (1468)- BOISSON (1570)- BAUD (1650)- Jean MATY (1660)- Laurent REPOND (1701-1702)- Jean-Baptiste TEYSSIER (1702-1749)- CLER (1749-1768)- ALEN (1768-1777)- BARRACAN (1777-1782)- MONTFORT (1782-1783)- DÉJEAN du CABRIÈRES (vicaire, 1782-1783)- BERTRAND (1783-1791)- MEISSONNIER (vicaire, 1783-1791)- VINCENT (1791-1792)- ROUX (procuré, 1792)- DATY (vicaire, 1792)- JOUSSARD (1793)- FOURNIER (1807-1817)-

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Les Baux de Provence

  • – ISNARD (1256)
  • – Varrion THIERRY (1349)
  • – Pierre OSTAGE de VITROLLES (1370)
  • – Laurent SOLEIAT (1468)
  • – BOISSON (1570)
  • – BAUD (1650)
  • – Jean MATY (1660)
  • – Laurent REPOND (1701-1702)
  • – Jean-Baptiste TEYSSIER (1702-1749)
  • – CLER (1749-1768)
  • – ALEN (1768-1777)
  • – BARRACAN (1777-1782)
  • – MONTFORT (1782-1783)
  • – DÉJEAN du CABRIÈRES (vicaire, 1782-1783)
  • – BERTRAND (1783-1791)
  • – MEISSONNIER (vicaire, 1783-1791)
  • – VINCENT (1791-1792)
  • – ROUX (procuré, 1792)
  • – DATY (vicaire, 1792)
  • – JOUSSARD (1793)
  • – FOURNIER (1807-1817)
  • – AMPHOUX (1817-1821)
  • – CASAUX (1821-1827)
  • – SÉRIGNAN 51827-1837)
  • – CHARGROS (1837-1838)
  • – TORRECINTA (1838-1851)
  • – CORNILLON (1851-1853)
  • – CASTELLAS (1853-1856)
  • – DÉJEAN (1856-1859)
  • – JOURDAN (1859-1860)
  • – GRIAUT (1860-1863)
  • – DIONIS (1863-1869)
  • – NOUVEAU (1869-1872)
  • – GIRAUDON (1872-1875)
  • – CAMBE (1875-1881)
  • – DUFFOURT (1881-1884)
  • – JOURDAN (1884-1887)
  • – MICHEL (1887-1890)
  • – BOUCHET (1890-1892)
  • – GALLE (1892-1900)
  • – CASTERAN (1900-)

Mouriès

  • – de PIQUET, prieur, chanoine d’Arles, fondateur de la vicairie perpétuelle (1639)
  • – SALVAGNY (1664)
  • – BONNET (1700)
  • – SALON (29/03/1723-11/04/1723)
  • – BAUSSAN (avril 1723)
  • – BELLON (1743)
  • – DAUMAS (1756)
  • – PAILLOT (1761)
  • – MAUREAU (venu du Paradou lors de la suppression de la paroisse de Saint-Martin, 1761)
  • – VINCENT (1795)
  • – RIOUSSET (1802-1831)
  • – TISSERANT (1833-1848)
  • – de VERCLOS (1848-1852)
  • – DARBÈS (1852-1856)
  • – CARMAGNOLLE (1856-1865)
  • – BOURDIN (1865-1866)
  • – LANCENAY (1866-1869)
  • – AUBERT (1869-1873)
  • – MONTAGARD (1873-1876)
  • – PERRIN (1876-1900)
  • – BOURDET (1900-)

Maussane

  • – LAUGIER (27/09/1754-04/1772)
  • – VINCENT (04/04/1772-1792)
  • (vacance)
  • – POULET (09/04/1801-03/1806)
  • – FERNER (20/03/1806-11/1807)
  • – VILLIEN (02/12/1807-09/1810)
  • – DOZE (16/10/1810-07/1814)
  • – MARGAILLAN (17/08/1814-11/1819)
  • – FOURNIER (03/01/1820-09/1844)
  • – DELEUIL (04/10/1844-05/1864)
  • – BASTARD (27/05/1864-01/1874)
  • – Gédéon BAUX (vicaire, 1867)
  • – CHAVE (01/02/1874-06/1874)
  • – ALLEZAUD (23/06/1874-1878)
  • – CAUVIN (1878-1898)
  • – IMBERT (1898-1901)
  • – BAUTAIN (1901-)

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Mouriès – des origines à la Révolution https://www.geneprovence.com/mouries-des-origines-a-la-revolution/ https://www.geneprovence.com/mouries-des-origines-a-la-revolution/#respond Tue, 02 Jan 2007 11:53:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=1274 Source: "Les paroisses du diocèse d'Aix, leurs souvenirs et leurs monuments. Paroisses de l'ancien diocèse d'Arles" par l'abbé M. Constantin, 1898. Les commentaires qui suivent sont extraits du titre cité ci-dessus. L'abbé Constantin était vicaire à Saint-Rémy. Les sous-titres ne sont pas issus du texte original mais permettent une meilleure lecture.

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mouries

Source: « Les paroisses du diocèse d’Aix, leurs souvenirs et leurs monuments. Paroisses de l’ancien diocèse d’Arles » par l’abbé M. Constantin, 1898.

Les commentaires qui suivent sont extraits du titre cité ci-dessus. L’abbé Constantin était vicaire à Saint-Rémy. Les sous-titres ne sont pas issus du texte original mais permettent une meilleure lecture.

 

Mouriès a remplacé la mutatio Tericiae (1), sur la voie aurélienne, dont le nom se conserve, à peine altéré, dans celui du vieux quartier de Teracia qui domine le village.
Comme Glanum, la cité voisine, Tericiae fut ruiné par les Wisigoths, vers l’an 480. Ses habitants se réfugièrent sur les hauteurs prochaines, celle des Baux surtout. Après le départ des Sarrasins, le nouveau village fut fondé plus près de la plaine.

Mouriès au XIe siècle

Détail de la table de Peutinger (Tabula Peutingeriana), v. 250. On voit, au centre de l’image, l’inscription « Tericias », indiquant l’emplacement de l’antique Mouriès. Notez Arles, Fos, Marseille, Aix, d’ouest en est.
Détail de la table de Peutinger (Tabula Peutingeriana), v. 250. On voit, au centre de l’image, l’inscription « Tericias », indiquant l’emplacement de l’antique Mouriès. Notez Arles, Fos, Marseille, Aix, d’ouest en est.

Le castrum, qui relevait des barons des Baux, est nommé dans les chartes dès le XIe siècle.
En 1073, le monastère Saint-Genès des Alyscamps, en la personne de Bernard, abbé de Saint-Victor, et de son prieur Guillaume, reçut en don des frères Rostaing et Guiran et de leurs épouses Mathilde et Foy, un vaste domaine « in territorio de Moreriis », s’étendant de la montagne à la Crau, avec droit d’y bâtir des moulins, et de pêcher dans l’étang. En échange, les moines donnèrent un cheval, un mulet, etc.
En 1106, l’archevêque Gibelin dota l’abbaye de Montmajour des églises Notre-Dame et Saint-Roman, dans la vallée de Mouriès, sous un cens annuel de sep sous.
Grégoire VII, dans la bulle de 1079, inscrit « cellam Sancti Jacobi in territorio de Moreriis », et Calixte II, dans celle de 1124, « ecclesias Sancte Marie et Sancti Jacobi cum pertinentiis suis ». La chapelle Saint-Jacques n’était pas située dans le vieux Mouriès, mais dans son territoire, ce qui, en tenant compte de nombreux cas similaires, permet de penser que le nouveau village d’est bâti proche d’elle, et que l’église paroissiale actuelle occupe son emplacement.
Quant à la paroisse ancienne, enfermée dans le castrum, et dédiée à Notre-Dame, on la retrouve marquée dans la liste de 1213, « eccl. S. Marie de Moreriis, pro synodo 12 den. », et dans celle de 1358, « prior eccl. de castro Moreriis, 40 sol. ».

XIIe et XIIIe siècles

L’an 1168, l’abbé de Saint-Victor céda à l’archevêque d’Arles tout ce que son abbaye possédait à Mouriès et l’église de Vaquières : l’archevêque en retour lui transmit Saint-Gabriel du Trébon et Saint-Honorat des Alyscamps(2). Ce traité fut approuvé par le pape Alexandre III en 1169 et par le comte Ildefons en 1172. Elzéar de Bedoin, en 1125, transmit à l’archevêque ses droits de seigneurie sur Mouriès, seigneurie d’ailleurs très fractionnée puisqu’il n’en possédait que le douzième dans un quartier, et le seizième dans un autre. Une bulle de Grégoire IX, en 1230, confirme les droits du prélat sur le tiers du château de Mouriès.
A l’extrémité du territoire, mais déjà dans la paroisse de Saint-Remy, on rencontre l’ancienne abbaye de Puyredon. Deux actes mentionnent les rapports des abbés de Puyredon avec les archevêques. En 1229, une transaction entre les deux prélats réglait que chacun entrerait en partage de ce que l’autre acquerrait au terroir de Mouriès.
Les seigneurs des Baux possédaient la suzeraineté sur toute la vallée. D’entre leurs possessions immédiates, Barral des Baux donna en 1244 la terre de Malbastit à l’abbaye ; mais, en 1257, par acte du 30 octobre, conclu dans le cloître de Puyredon, l’abbé Rostang lui vendit tous ses droits sur Mouriès.

L’impétueux Barral des Baux

Avec leur humeur turbulente, il était inévitable que des difficultés surgissent entre ces seigneurs et les archevêques, leurs vassaux.
Un jour, de son nid d’aigle, Barral fond sur les domaines de l’Église d’Arles, s’empare du castrum de Mouriès, et pousse jusqu’aux pâturages de Saint-Martin-de-Crau, où il pourchasse les bergers, sujets de l’archevêque, et les force à déguerpir de leurs coussous. Jean Baussan n’était pas homme à s’intimider. Il prévint Barral qu’il introduisit une instance contre lui devant le Comte de Provence, et qu’il réclamait, outre la restitution des bourgs et terres indûment séquestrés, une indemnité de 20.000 sous raymondins. Barral accepta un arbitrage. La commission pacificatrice tint ses assises au château des Baux et rendit, le 16 octobre 1255, une sentence qui reconnaissait les droits de l’archevêque et obligeait Barral à restituer tout ce qu’il avait pris. Au sujet de Mouriès, il fut spécifié que l’archevêque y jouirait de tous ses anciens privilèges, mais après avoir rendu hommage au seigneur des Baux pour ce castrum, ainsi que pour celui de Vaquières.
Dans un des ces hommages, dont l’acte original subsiste, Rostang, nouvel archevêque, le 11 octobre 1287, « au monastère Saint-Paul du mausolée », promet fidélité à Bertrand des Baux, comte d’Avellin, et reconnaît tenir sous sa suzeraineté « le tiers du château de Mouriès, la villa de Vaquières et leurs territoires ».

Mouriès et le calvinisme

La proximité des Baux fut cause que le calvinisme pénétra de bonne heure à Mouriès : il y avait un temple dès 1560. À la fin du XVIIe siècle, le nombre des protestants, y compris un groupe de réfugiés des Cévennes, dépassait 350. La plupart revinrent à la religion de leurs pères.
Mgr François de Mailly, par son zèle et sa charité, contribua beaucoup à la conversion de ces frères égarés. Il entreprit en 1698 la visite de son diocèse. On l’engageait à éviter les paroisses de Mouriès et des Baux qui étaient désolées par la variole noire. Le bon pasteur jugea au contraire que ce danger était une raison de hâter sa visite : « Un père, répondit-il, ne sent jamais mieux sa paternité qu’au milieu de ses enfants affligés. » Ayant pénétré dans toutes les maisons où des malades souffraient, il fut lui-même atteint de la contagion. Ramené précipitamment à Arles, son état s’aggrava. Quand on sut dans la ville le danger qu’il courait, les églises furent envahies par le peuple qui demandait à Dieu la guérison de son pasteur.
Ces prières furent exaucées. Le charitable prélat était appelé par la Providence à recevoir sur le siège de Reims la pourpre cardinalice et à honorer ses nouvelles charges par son attitude énergique contre les jansénistes. En 1720, à la première nouvelle du fléau qui désolait la Provence, le cardinal de Mailly montra qu’il n’avait point oublié son ancien troupeau. Il envoya à Mgr de Forbin-Janson, son successeur, une somme de 10.000 livres pour les pestiférés du diocèse d’Arles.

Organisation religieuse

Mouriès n’est séparé des Baux sous le rapport communal que depuis 1796. Sous le rapport religieux, il fut jusqu’en 1639 une succursale amovible de cette paroisse. Cette année, le 6 février, Me Guillaume de Piquet, chanoine d’Arles, fonda la cure perpétuelle, en assurant l’entretien du curé. Il restaura l’ancienne église Notre-Dame, située au pied de l’ancien castrum ; la nomination du curé demeura réservée à l’abbaye de Montmajour : un chapeau d’abbé sculpté à une voûte indique encore cette juridiction. Mais la paroisse ne fut pleinement constituée et reconnue qu’après de longs débats entre la communauté des Baux et les marguiliers de Mouriès.
1790, un curé, que, depuis 1786, à la suppression de l’abbaye, l’archevêque avait le droit de nommer, un secondaire, 1.400 habitants.
1897, un curé desservant, un vicaire ; 1.680 habitants, dont environ 130 protestants ; doyenné de Saint-Remy, archidiaconé de Tarascon. Les Frères de Saint-Viateur, de Vourles, y tiennent école de garçons depuis 1880, et les Soeurs de la Présentation, du Bourg, école de filles et asile depuis 1838.

Notes

1. Marquée sur la table de Peutinger, IVe siècle.
2. Situés dans la ville d’Arles.

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L’assassinat de Pierre Orèpe, berger de Mouriès (1793) https://www.geneprovence.com/lassassinat-de-pierre-orepe-berger-de-mouries-1793/ https://www.geneprovence.com/lassassinat-de-pierre-orepe-berger-de-mouries-1793/#respond Tue, 02 Jan 2007 11:08:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=1275 Ce récit, écrit par l'abbé L.

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Ce récit, écrit par l’abbé L. Paulet en 1902, est conçu dans sa totalité sur les dépositions de dix témoins devant Joseph Veyne, juge de paix du canton des Baux, faites le 17 germinal an III (8 avril 1795) dans la maison curiale, sur la réquisition de Brunet, agent national, qui recherchait toutes les informations nécessaires pour reconnaître les principaux auteurs de toutes les horreurs commises en la commune des Baux pendant la Terreur.

mouries-avenue-de-tarascon

C’était pendant les fêtes de Noël 1792. Dans la nuit du 25 au 26 décembre, les sans-culottes de Mouriès, sous le commandement d’Antoine Lézard, surnommé Tambour, allèrent saisir le berger Orèpe, dit « lou Segnour1 », dans son mas du Devenson. Le bruit qu’ils firent pour pénétrer dans sa maison attira l’attention de son frère Guillaume et de Anne Durand, sa belle-soeur, couchés dans leur mas à peu de distance. Ceux-ci pensèrent que c’étaient quelques-uns de ses amis qui venaient l’éveiller pour s’absenter ensemble, et ne s’en préoccupèrent pas davantage.
Quand il fit jour, Pierre Bressier, accompagné d’un grand nombre d’hommes armés de fusils, tous de Mouriès, fit conduire Orèpe garrotté dans le pays. On le promena par tout le village, on l’attacha avec une corde à l’arbre de la liberté sur la place publique, où on le maltraita cruellement, puis on le mena au corps de garde. Marie Chauvin, femme de Joseph Chauvin, traiteur, le vit, en eut pitié, et lui porta une côtelette pour le sustenter.
Pendant la nuit, Orèpe fut traduit devant le comité dont Le Blanc [de Servane] était le principal membre, pour y être interrogé sur le vol de deux moutons dont on l’accusait. Il fut ramené sous escorte au corps de garde et, le lendemain matin, reconduit à son mas par Charles Talé, Jacques Morel dit Sulauze, Pierre Attura, Jean Raimond, Jean Fabre dit Sigobelle et François Quenin, tous cultivateurs de Mouriès, choisis par Lézard.

« Orèpe assis sur une pierre, les fers aux pieds, et gardé par les sans-culottes. »

Celui-ci alla aussi commander à Gibert de préparer le dîner pour toute la compagnie des sans-culottes, et de le porter au mas d’Orèpe. Les gardiens du berger se firent servir sur l’herbe les différents plats, après que le capitaine et les gardes les eurent savourés gaîment à leur aise, Gibert remarqua des charrettes que l’on chargeait avec le foin du grenier d’Orèpe, sous la direction de Lézard ; c’est Coye Nicolas, cordier, qui écrivait la quantité : ils paraissaient tous deux être les maîtres du fourrage.
Vers le soir de ce même jour, Lézard alla demander à Guillaume Orèpe2, frère de la victime, de ces entraves de fer qui servent pour les bêtes de labour. Sur la réponse qu’il n’en possédait pas, on s’en procura ailleurs. En effet, Claude Laugier, un des témoins, raconte qu’après les fêtes de Noël, ayant vu passer Coye et Lézard devant sa maison et prendre le chemin du mas d’Orèpe, il eut la fantaisie d’y aller lui aussi ; Antoine Verpian se joignit à lui ; ils n’osaient pas s’en approcher. Lézard les vit, les invita à aller se chauffer ; ils trouvèrent Orèpe assis sur une pierre, les fers aux pieds, et gardé par les sans-culottes nommés.
Ces six individus allaient et venaient, prenaient de l’eau au puits voisin, et ne dissimulaient pas la triste fonction qu’ils remplissaient. Lézard les visitaient souvent, Marie Attura le vit passer vêtu comme un seigneur. Sur son ordre, le traiteur Gibert préparait journellement le dîner et le souper des gardiens. Jacques Morel était chargé de porter les mets préparés. Ainsi marchèrent les choses pendant cinq ou six jours.
Alors Delphine Arsac fut invitée, à la fin de l’année 1792, par Antoine Lézard à aller avec lui au mas d’Orèpe, pour acheter des effets et des hardes appartenant au berger.
Elle trouva le berger, la chaîne aux pieds, gardé par Charles Talé, Jacques Morel, Pierre Attura, François Quenin et Nicolas Coye (ces deux derniers membres du comité de surveillance). Lézard dit à Orèpe :
« Voici Delphine Arsac que nous avons fait venir pour acheter tes hardes et effets ; regarde ce que tu as à faire. Veux-tu les vendre ou non ? La croix et l’anneau d’or de ta femme ont été estimés par Pierre Bo père et par sa nièce à quinze livres le tout. Vois si tu veux les laisser à ce prix-là. »
Orèpe, accablé de douleur, répondit tristement : « Je vous laisse le maître de les céder à ce prix. »
Alors, Lézard et Coye lui remirent la croix et l’anneau d’or. Les quinze livres furent payées en numéraires à Coye. Les deux mêmes lui vendirent aussi, avec le consentement d’Orèpe, un chaudron pour le prix de cinq livres, un bassin pour quarante sous, trois jupes, deux camisoles de femme, une enveloppe (mantille d’Arlésienne), deux coiffes et une voilette, quinze livres en bloc.
Deux jours après, étant avec Baptiste Olivon, son beau-frère, et sa soeur Madeleine Arsac, ils virent venir Antoine Lézard et, l’ayant appelé, Madeleine lui dit :
« Eh bien, Pierre Orèpe ?
— Cela est fait. »
Delphine lui témoigna son regret en particulier d’avoir acheté tous ces objets :
« Ne craignez rien. Si vous ne pouvez pas vendre l’anneau et la croix d’or, je m’en chargerai au même prix… »
Cela est fait ! Après avoir dépouillé la victime de ses biens, il y avait projet de s’en débarrasser. C’est ce qu’avait compris Jean Haut, dit Raymond, l’un des gardiens des premiers jours, d’après certains propos qu’il avait entendus. Son honnêteté révoltée le porta à se retirer ; c’est ce qu’il fit après eu avoir informé Lézard.

« On lui mettra une corde au col avec une grosse pierre, et on le foutra dans l’étang ; mais je te recommande de ne pas le dire. »

De son côté, le traiteur Gibert avait entendu dire plusieurs fois par Bressier et Lézard qui fréquentaient sa maison qu’on aurait bientôt fait de se débarrasser d’Orèpe. Quelques jours après, il lui fut commandé un repas par Le Blanc de Servane, Lézard, Bressier, Jean Vérédème Mille et Pierre Deynès. Le souper fut servi dans une salle de la maison de Nicolas Bonnet, boulanger, qui auparavant servait de club : là se trouvaient un grand nombre de sans-culottes avec les convives. Gibert adressa la parole à Bressier concernant Orèpe. Bressier lui répondit à l’oreille :
« On va le faire partir pour Coblentz ; on lui mettra une corde au col avec une grosse pierre, et on le foutra dans l’étang ; mais je te recommande de ne pas le dire. »
Tous ces détails sont confirmés et complétés par Marie Chauvin, femme de Gibert, et par Thérèse Gibert, sa belle-sœur :
« François Quenin et Antoine Lézard, dit-elle, vinrent le soir fort tard dans la maison ; et leur ayant demandé ce qu’ils feraient d’Orèpe, ils répondirent « qu’ils l’avaient fait partir pour Coblentz, qu’ils lui avaient donné une certaine somme pour faire ce voyage, et signé son passeport, qu’il n’était pas à craindre qu’il retournât, à moins qu’il ne fût dépourvu de tout sentiment. » François Quenin ajouta, en parlant d’Orèpe : « Ce bougre-là a failli m’estropier, il m’a foutu un coup de pied au nez qu’il aurait fallu être ladre pour ne pas le sentir ; il m’a fait perdre la vue pendant quelques moments. Mais Pierre Attura a eu aussi de ce jean-foutre plusieurs coups de pieds plus fortement que moi, qui l’obligeront à garder le lit plusieurs jours et dont il se ressentira longtemps. » En effet, Quenin portait au visage une forte meurtrissure. »
Vers les huit heures du soir du même jour, Jean Peyre étant près de la maison de Nicolas Bonnet, boulanger, vit Antoine Lézard près de la porte de Pierre Ginoux ; un instant après arriva Quenin. Lézard lui dit :
« Il faut que tu aies un courage du diable. »
Quenin répondit :
« J’en passerais six dans une heure. »
Tout ceci se passa le 1er janvier 1793. Dès le matin de ce jour, Marie Turca, voisine du mas d’Orèpe, avait dit à son mari : « Nous ne voyons plus personne dans le mas, ni les gardiens, ni lui ; je ne sais ce qu’ils sont devenus. » De leur côté, Guillaume Orèpe et sa femme affirment qu’à leur lever ils n’entendirent aucun bruit dans le mas de leur frère ; que leurs enfants trouvèrent une clé sur le seuil de la porte en l’ouvrant ; plein d’inquiétude, ils envoyèrent leur fils pour voir si la porte de son oncle était ouverte ou fermée. Vers les huit heures du matin, Lézard alla à leur mas et leur demanda s’ils avaient la clé. Le père répondit que ses enfants en avaient trouvé une.
« C’est bien celle-là.
— Je ne veux pas la garder. Mon frère, qu’est-il devenu ?
— Il est allé au tron de Dieu. »
Et, après ce mot, il remonta à cheval sans prendre la clé.
environs-boutonnet-maussaneEnviron un mois après ceci, Guillaume Orèpe, Jacques Quenin et leurs femmes furent appelés comme parents et voisins par Derrès, juge de paix, pour savoir s’ils reconnaissaient un cadavre trouvé dans un puits abandonné depuis longtemps, situé dans le tènement du mas appelé Boutonet, à quelque distance vers le nord. C’était bien le corps d’Orèpe, étranglé par une corde, serré par une chaîne de fer, à laquelle étaient attachées deux grosses pierres trouées.
Le 3 vendémiaire an IV (26 septembre 1795)3, le tribunal criminel du département des Bouches-du-Rhône, après avoir ouï l’accusateur public sur cet assassinat dont il rend responsable Lézard, commandant des sans-culottes, Coye, capitaine, Charles Talé, Jacques Morel, Pierre Bressier et François Quenin, sous la main du tribunal, pour appliquer la loi, condamne :
François Quenin, âgé de 37 ans, cultivateur, pour complicité de meurtre et d’assassinat et de contributions forcées, à la peine de mort, conformément à l’art. 5 du titre III du Code pénal qui dit : « Quiconque aura été condamné à mort pour crime d’assassinat […] sera conduit au lieu de son exécution revêtu d’une chemise rouge4. »
Tous les autres accusés, à l’exception de Bressier qui était mort, étaient alors en fuite.

Notes

plan-orepe

1. Pierre Aurèpe (ou Orèpe), fils de Jacques et de Madeleine Faudon, est né vers 1754. Il épousa Anne Marie Coste le 24 juin 1782 à Mouriès. Au moment du drame, il avait donc environ trente-huit ans.
2. Guillaume Aurèpe (ou Orèpe) épousa Anne Durand, à Mouriès le 14 août 1775. Même si le récit ne le précise pas, Guillaume est sans doute l’aîné. (Merci à Sébastien Avy pour ces renseignements.)
3. Cette date semble fausse. Il s’agirait plutôt du 3 vendémiaire an III (25 septembre 1794).
4. François Quenin fut guillotiné à Aix-en-Provence le jour de sa condamnation (3 vendémiaire an III).

Photographies

1. Cette croisée de chemins servait autrefois de place publique. C’est là que, le 9 octobre 1791, fut planté l’arbre de la liberté, auquel fut attaché Pierre Orèpe, dans les premières heures de son calvaire. DR.
2. Les environs du mas Boutonet, là où a été retrouvé le corps de Pierre Orèpe, un mois environ après sa mort. © Jean Marie Desbois, 2005.
3. Localisation des événements. © Google, 2005.

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