Traditions Archives - GénéProvence https://www.geneprovence.com/category/traditions/ 500 ans de faits divers en Provence Mon, 07 Oct 2024 18:48:45 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://www.geneprovence.com/wp-content/uploads/2024/04/cropped-434541497_912630390609581_141579584347965292_n-32x32.png Traditions Archives - GénéProvence https://www.geneprovence.com/category/traditions/ 32 32 La chanson traditionnelle dans les maisons des Alpes au XIXe siècle https://www.geneprovence.com/chanson-traditionnelle-alpes-xixe-siecle/ https://www.geneprovence.com/chanson-traditionnelle-alpes-xixe-siecle/#respond Sat, 12 Oct 2024 05:30:50 +0000 https://www.geneprovence.com/?p=22597 Les Hautes-Alpes et le nord des Basses-Alpes, régions montagneuses du sud-est de la France, ont une riche tradition musicale qui a traversé les siècles. Au XIXe siècle, les chansons traditionnelles jouaient…

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Les Hautes-Alpes et le nord des Basses-Alpes, régions montagneuses du sud-est de la France, ont une riche tradition musicale qui a traversé les siècles. Au XIXe siècle, les chansons traditionnelles jouaient un rôle central dans la vie quotidienne des habitants, servant à la fois de divertissement et de moyen de transmission de l’histoire et des coutumes locales.

Un héritage musical vivant

Les Hautes-Alpes et le nord des Basses-Alpes, régions montagneuses du sud-est de la France, ont une riche tradition musicale qui a traversé les siècles. Ces régions, caractérisées par leurs paysages alpins majestueux et leurs villages pittoresques, ont toujours été un terreau fertile pour la culture et les traditions orales. Au XIXe siècle, les chansons traditionnelles jouaient un rôle central dans la vie quotidienne des habitants. Elles étaient chantées lors des veillées, des fêtes de village, et même pendant les travaux agricoles, apportant réconfort et joie dans la rudesse de la vie montagnarde.
Ces chansons servaient non seulement de divertissement, mais aussi de moyen de transmission de l’histoire et des coutumes locales. À travers les paroles, les habitants racontaient des histoires de leur passé, des légendes locales, et des événements marquants. Les chansons étaient souvent empreintes de poésie et de symbolisme, évoquant la nature environnante, les saisons, et les cycles de la vie. Elles reflétaient les préoccupations, les joies et les peines des communautés montagnardes, créant un lien fort entre les générations.
Les mélodies et les paroles étaient transmises de bouche à oreille, de génération en génération, assurant ainsi la préservation de ce patrimoine immatériel. Les chansons traditionnelles étaient également un moyen de renforcer la cohésion sociale, en rassemblant les membres de la communauté autour de valeurs et d’expériences communes. En somme, la musique traditionnelle des Hautes-Alpes et du nord des Basses-Alpes au XIXe siècle était bien plus qu’un simple divertissement : elle était le reflet de l’âme de ces régions et de leurs habitants.

Exemple de chanson traditionnelle

Un exemple typique de ces chansons est illustré par les paroles suivantes :
A la Tchandelièro,
Gran fret, gran névièro,
L'Ours souorté dé sa tanièro,
Faï trés tourts,
Et rientro par quaranto djourts.
À la Chandeleur,
Grand froid, grande neige,
L'ours est sorti de sa tanière,
A fait trois tours
Et est rentré pour quarante jours.

Cette chanson, qui mentionne « la Chandelièro » (la Chandeleur), décrit le froid intense et la neige abondante, ainsi que la sortie de l’ours de sa tanière, un événement marquant dans le folklore local. La mention de l’ours et de la Chandeleur pourrait symboliser la fin de l’hiver et le retour progressif du printemps, un thème récurrent dans les chansons de cette région.

Collecte et préservation

Des ethnomusicologues comme Julien Tiersot (1857-1936) et Charles Joisten (1936-1981) ont joué un rôle crucial dans la collecte et la préservation de ces chansons. Tiersot, par exemple, a mené une enquête de 1895 à 1900 dans les Alpes françaises, recueillant des centaines de chansons populaires. Son travail a permis de documenter et de sauvegarder un patrimoine musical qui, autrement, aurait pu disparaître. Il a publié plusieurs ouvrages sur la musique traditionnelle française, contribuant ainsi à une meilleure compréhension et appréciation de cette culture musicale.
Joisten, quant à lui, a poursuivi ce travail dans les années 1950 et 1970, mettant en lumière la richesse de la tradition orale des Hautes-Alpes. Passionné par les traditions populaires, il a collecté non seulement des chansons, mais aussi des contes, des légendes et des récits de vie. Son approche ethnographique a permis de contextualiser ces chansons dans la vie quotidienne des habitants, offrant ainsi une vision plus complète de la culture locale. Joisten a également travaillé à la diffusion de ce patrimoine à travers des publications et des enregistrements, permettant à un public plus large de découvrir et d’apprécier ces trésors culturels.
Leurs travaux ont été essentiels pour la préservation de la mémoire collective des Hautes-Alpes et du nord des Basses-Alpes. Grâce à leurs efforts, de nombreuses chansons traditionnelles ont été sauvegardées et continuent d’être chantées aujourd’hui, témoignant de la vitalité et de la richesse de la culture musicale de ces régions. En documentant ces chansons, Tiersot et Joisten ont non seulement préservé un patrimoine immatériel précieux, mais ont également contribué à la reconnaissance et à la valorisation des cultures locales.

Importance culturelle

Ces chansons ne sont pas seulement des vestiges du passé ; elles continuent de vivre à travers les générations, transmises de bouche à oreille. Elles sont un témoignage précieux de la culture et de l’histoire des habitants des Hautes-Alpes et du nord des Basses-Alpes, offrant un aperçu unique de leur vie quotidienne au XIXe siècle.

En conclusion, la chanson traditionnelle dans les maisons des Hautes-Alpes et du nord des Basses-Alpes au XIXe siècle est un héritage culturel riche et vivant, qui mérite d’être célébré et préservé. Les paroles de ces chansons, comme celles citées ci-dessus, nous rappellent l’importance de la nature, des saisons, et des traditions dans la vie de ces communautés montagnardes.

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Le tambourinaïre de Cassis https://www.geneprovence.com/tambourinaire-de-cassis/ https://www.geneprovence.com/tambourinaire-de-cassis/#respond Fri, 26 Jul 2019 15:32:08 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=17005 Il y avait jusqu’au XIXe siècle un proverbe provençal qui faisait allusion au tambourinier de Cassis (Bouches-du-Rhône) et qui était très caractéristique des habitudes moqueuses que l’on avait en Provence…

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tambourinaire

Il y avait jusqu’au XIXe siècle un proverbe provençal qui faisait allusion au tambourinier de Cassis (Bouches-du-Rhône) et qui était très caractéristique des habitudes moqueuses que l’on avait en Provence entre les habitants de divers villages et communes.
On raconte qu’il y avait à Cassis au XVIe siècle un joueur de tambourin, que l’on nomme un tambourinaïre (prononcer le –e final comme un é) en provençal, qui se prétendait le meilleur tambourinaïre de Provence et, par conséquent, du monde entier. Jamais pourtant il n’accepta de s’enrôler dans une bande ce qui, après tout, n’était peut-être pas plus mal car il s’était fait une loi de ne jouer que des airs de sa composition. Même si, à vrai dire, on ne parlera pas réellement de “composition”, le terme “invention” conviendrait mieux, car ce monsieur improvisait des airs que le vent ne tardait pas à emporter.
Lorsque le roi Charles IX vint à Marseille, les consuls de la ville pensèrent qu’il pouvait être approprié de choisir le meilleur tambourinaïre de la province pour donner la traditionnelle sérénade à Sa Majesté. Évidemment le tambourinaïre de Cas et, malgré sa pauvreté, voulut prouver qu’il travaillait davantage pour la gloire que pour le profit, en fixant à un sou le prix de son concert.
La nuit venue, donc, il s’installa sous la fenêtre du roi et entama une de ses brillantes improvisations dont il avait le secret et qui ne devait finir qu’à l’aube.
Charles IX avait pourtant alors davantage envie de dormir que d’écouter la moindre sérénade. Un officier vint donc de sa part pour demander à l’homme de “cesser son tapage”.
Vue du port de Cassis de nos jours. © Marko Cvejic, 2011. CC BY 2.0.
Vue du port de Cassis de nos jours. © Marko Cvejic, 2011. CC BY 2.0.
Le tambourinaïre fut, on s’en doute, indigné de l’intervention de l’officier, et pour garder la face, lui annonça : “Ayant reçu un sou pour donner une sérénade au roi de France, j’entends bien faire consciencieusement ma besogne !”
L’aide de camp retourna vers le roi qui s’emporta.
“Eh bien, morbleu ! Sacrebleu ! Ventrebleu ! cria-t-il, qu’on lui donne vite deux sous, mais qu’il s’en aille !”
Voilà donc l’origine de ce proverbe qui permet de faire taire pour deux sous une personne qui se mettait en train pour un sou.
  • D’après Le Petit Marseillais, 25 mars 1868.
Cassis

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[Provençal] Lou patrounage | Le patronage https://www.geneprovence.com/provencal-lou-patrounage-le-patronage/ https://www.geneprovence.com/provencal-lou-patrounage-le-patronage/#respond Fri, 17 Jul 2015 12:10:48 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=15184 Écoutez la lecture en cliquant sur la flèche orange ci-dessous : APRÈS LA GUERRO, en 1948, emé lou patrounage, à Miramas, li capelan se cargavon encaro de la jouventuro dóu…

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APRÈS LA GUERRO, en 1948, emé lou patrounage, à Miramas, li capelan se cargavon encaro de la jouventuro dóu mitan poupulàri. Li chato èron d’un coustat à l’escolo Jano Darque e li chat de l’autre, dins la cours de la glèiso. Èro lou biais d’educa lis enfant, de li fourma, de ié douna uno fourmacioun mouralo, fisico e soucialo. Tre que i’avié un moumenet de libre, óurganisavon d’ativeta : siegue uno partido de baloun o de bocho, uno partido de galo de terro, siegue uno seanço de cinema ; de jo de piste e d’escursioun, e que sabe encaro… Avien meme mounta uno chourmo de foute-balo pèr minime.
Es coum’acò qu’aquel an, moun paire anè en coulounìo de vacanço à Grandriéu en Lousèro. Bèn segur, à Miramas vilo de trin, lou vouiage se faguè emé lou trin, dins de vagoun de bos : 5 ouro sus de bancado de bos tambèn moufle coume uno saco de massacan. Arribèron enfin, negre coume de carbounié !
Tre l’arribado, lis istalèron dins uno grand bastisso de frejau, dins de vàsti dourmidou. Pièi, li vacanço, enfin ! De journado touto pèr s’amusa emé li coumpan, dins un paisage de mountagno roundo, douço cuberto de brusc e de brimbello, de fourèst de pin gavot, de serènto e de faiard. Èro lou tèms de permenado, de bagnado dins la ribiero, de jo e de partido de foute-balo, toujour. A l’après dina, èron countregne de faire miejour ! Visitèron l’abadié Nosto-Damo de Nèu à Langougno, de baumo emé pendoulino e candeleto mountanto.
Malurousamen, èro l’annado d’uno malandrarié de poulioumielite e la counsigno èro d’apoundre de javel dins tout ço que se bevié. Mai l’aigo rajavo d’en pertout e cado fes que rescountravon uno font dóu tèms d’uno sourtido, li pichot qu’èron se jitavon subre tant l’aigo que bevien de longo èro marrido de goust !

miramas-village

Quàuquis annado après, toujour emé lou patrounage, un jour de Sant Jan à Miramas dins la cous de la glèiso, uno troupelado d’escout passavon la serado la mai longo de l’annado autour dóu fiò, cantant au son de la quitarro dins la calour dóu mes de jun. Deja moun paire èro marida mai sabe pas pèr dequé ié venguè l’idèio de carga un linçòu blanc, d’escala la muraio qu’encenturavo la cous e se boutè à gingoula à la luno. Alor coumo uno voulado de passeroun, tremoulant de pòu, li pichot bramèron e s’enfugiguèron dins la nègro niue !

I’agrado à moun paire aquéli farcejado. Bèn de tèms après, alor qu’erian en vacanço à Beauvezer dins lis Aup de nauto Prouvènço, lou femelan de la famiho passavon li journado dins uno vièio bastisso, contro-vènt barra, à faire vira li taulo, prenènt lou tremoulun touto souleto : « Esperit siés-ti aqui ? »
Mai èro sèns coumta emé moun paire que venguè d’escoundoun, un jour, tabassa li paro-vènt dóu membre dins la soumbruro… Encaro un cop, coume de passeroun veguènt lou cat, li femo sourtiguèron de la bastisso, ourlanto coume se i’avié de marrit fouletoun darrié éli.

Martino Bautista

*

APRÈS LA GUERRE, en 1948, avec le patronage, à Miramas, c’étaient encore les curés qui étaient en charge de la jeunesse des milieux populaires. Les filles étaient d’un côté à l’école Jeanne-d’Arc et les garçons de l’autre, dans la cour de l’église. C’était un moyen d’éduquer les enfants, de les former, de leur donner une formation morale, physique et sociale. Dès qu’il y avait un moment de libre, ils organisaient des activités : soit une partie de ballon ou de boules, une partie de billes de terre, soit une séance de cinéma ; des jeux de pistes, des excursions, et que sais-je encore… ils avaient même monté une équipe de football pour minimes.
C’est comme cela que, cette année-là, mon père alla en colonie de vacances à Grandrieu en Lozère. Bien sûr, le voyage se fit en train, dans des wagons de bois : cinq heures de trains sur des bancs de bois aussi, rembourrés aux noyaux de pêches. Nous arrivâmes enfin, noirs comme des charbonniers !
Dès l’arrivée, ils les installèrent dans une grande bâtisse de granit, dans d’immenses dortoirs. Puis, les vacances, enfin ! Des journées entières pour s’amuser avec les copains, dans un paysage de montagnes rondes, douces, couvertes de bruyères et de myrtilles ; des forêts de pins sylvestres, d’épicéas et de fayards (hêtres, N.d.A.). C’était le temps des promenades, des baignades dans la rivière, de jeux et de partie de football, toujours. Après le repas, ils étaient contraints de faire la sieste ! Ils visitèrent l’abbaye de Notre-Dame des neiges à Langogne, des grottes avec des stalactites et des stalagmites.
Malheureusement, c’était l’année où une épidémie de poliomyélite sévissait et la consigne était de mettre de la javel dans tout ce qui se buvait. Mais l’eau coulait de partout et chaque fois qu’ils rencontraient une fontaine pendant une sortie, les petits qu’ils étaient se jetaient dessus tant l’eau qu’ils buvaient tous les jours était mauvaise au goût !

miramas-village

Quelques années après, toujours avec le patronage, un jour de Saint-Jean à Miramas dans la cour de l’église, une bande de scouts passait la soirée la plus longue de l’année autour d’un feu, chantant au son de la guitare dans la chaleur du mois de juin. Déjà mon père était marié mais je ne sais pourquoi, il lui vint l’idée de revêtir un drap blanc, d’escalader le mur qui ceinturait la cour et il se mit à hurler à la lune. Comme une volée de moineaux, tremblant de peur, les petits se mirent à crier et s’enfuirent dans la nuit noire !

Mon père aime faire ce genre de farces. Bien du temps après, alors que nous étions en vacances à Beauvezer dans les Alpes-de-Haute-Provence, les femmes de la famille passaient leurs journées dans une vieille bâtisse, volets clos, à faire tourner les tables, prenant peur toute seule : « Esprit es-tu là ? »
Mais c’était sans compter avec mon père qui vint un jour en cachette tabasser les volets de la pièce plongée dans l’obscurité… Encore un coup, comme des moineaux voyant le chat, les femmes sortirent de la bâtisse, hurlant comme s’il y avait de mauvais esprits derrière elles.

Martine Bautista

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[Provençal] Vihado de Nouvè / Veillée de Noël https://www.geneprovence.com/provencal-vihado-de-nouve-veillee-de-noel/ https://www.geneprovence.com/provencal-vihado-de-nouve-veillee-de-noel/#respond Wed, 24 Dec 2014 13:54:56 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=14479 Écoutez la lecture en cliquant sur la flèche orange ci-dessous : Souveni d’enfanço escri pèr un escoulan dóu cous de prouvençau, Jouèu Lemaitre, en coulabouracioun emé Martino Bautista. Coume se…

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Souveni d’enfanço escri pèr un escoulan dóu cous de prouvençau, Jouèu Lemaitre, en coulabouracioun emé Martino Bautista. Coume se passavo Nouvè encò de soun fraire, un pastre de Crau.

VAQUI LA VIHADO de Nouvè dins un pais de Crau, au cor de Prouvènço, dóu coustat de Malamort, en ribo de Durènço, au pèd dóu Luberoun.
Matièu, lou pastre, sa journado acabado dins lou grand vènt, s’acampo vers lou mas à jour fali. Vèn à la tèsto de soun avé que li bèsti gavado e sadoulo de fresquiero trapejon sus lou sóu en bousco de repaus e d’uno bono sousto dins la jasso caudo que lis agnèu nouvèu-na dins si pato tuerton d’à geinoui la pousso de sa maire en remenant la co.
Pièi, uno fes dins soun oustaloun, lou nas dins si terraio alestis de bon cafè. Vai sous lou gisclet : l’endré privilegia avans la longo niue que lou menara vers Nouvè. Pièi las de la journado, s’endrom à l’espèro de la vihado familialo e de la messo de miejo-niue que se debanara tout aro. Lou fiéu rouginas d’aquelo sero dins la chaminèio de la cambro sourno, lou chin Pataud à si pèd que drom em’éu despièi un’ouro : quàuqui gèmo venon au mitan de si sounge. Es lou moumen que d’idèio l’agarrisson : si cinquanto annado de pasturo, dins la plueio, lou vènt, la nèu o bèn au souleias ; li tèms de repaus à l’oumbro d’un roure o dins li clapas, em’un brisoun de froumage e de pan cala sus lou pouce ; lou nouvelun de la vido emé la neissènço dis agneloun : lou travai de cade jour. Tout acò e bèn mai encaro.
Tout aro, Matièu se revihara e éu que parlo gaire, anara canta à l’unissoun dóu capelan e de l’assemblado touto, soun floucas (lou menoun) contro sa cambo, l’agneloun nouvèu-na dins li bras de soun pichot fraire Jouèu, à la lusour di candeleto esbrihaudanto. De tèms en tèms dounara de mangiho au floucas pèr lou bèn teni dóu tèms dóu pastrage.
Pièi s’entournara à l’oustau emé si gènt fin de manja soun revihet : lou gros soupa ‘mé la fougasso à l’óli, lou vin caud e quàuquis àutri lipetarié… alor anara s’ajassa : tout aro sara un’autro journado.

Jouèu Lemaitre

nouve-carte

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Souvenir d’enfance écrit par un élève du cours de provençal, Joël Lemaitre. Comme se passait Noël, chez son frère, un berger de la Crau. En collaboration avec Martine Bautista.

VOICI LA VEILLÉE de Noël dans un pays de Crau, au cœur de la Provence, du côté de Mallemort au bord de la Durance, au pied du Luberon.
Matthieu, le berger, sa journée faite, dans le grand vent, s’amène vers le mas à la tombée de la nuit. Il vient à la tête de son troupeau dont les bêtes gavées et repues par les premiers froids trépignent sur le sol à la recherche de repos et d’un bon abri dans la bergerie chaude où les agneaux nouveaux-nés dans les pattes pousssent à genoux la mamelle de leur mère en remuant la queue.
Puis, une fois dans son petit logis, le nez dans la vaisselle de terre, il prépare du bon café. Il va sous la douche : l’endroit privilégié avant la longue nuit qui le mènera vers Noël. Puis, las de la journée, il s’endort en attendant la veillée familiale et la messe de Minuit que se déroulera tout à l’heure. Le feu rougeâtre de cette soirée dans la cheminée de la chambre obscure, le chien Pataud à ses pieds qui dort avec lui depuis une heure : quelques gemmes viennent au milieu de ses rêves. Des idées l’assaillent alors : ses 50 années de pâtures dans la pluie, le vent, la neige ou bien au gros soleil ; les temps de repos à l’ombre d’un chêne ou dans les clapas, avec un peu de fromage et de pain mangés sur le pouce ; le renouveau de la vie avec la naissance des agneaux ; le travail de chaque jour. Tout cela et bien plus encore.
Tout à l’heure Matthieu se réveillera et lui qui parle guère, ira chanter à l’unisson avec le curé et l’assemblée réunis, son floucas (bouc avec des houppelandes de laine, le meneur) contre sa jambe, l’agneau nouveau-né dans les bras de son petit frère Joël, à la lumière des cierges étincelants. De temps en temps, il donnera des friandises au floucas pour qu’il se tienne tranquille du temps du pastrage.
Puis il retournera à la maison avec les siens afin de manger son réveillon : le gros souper avec la fougasse à l’huile, le vin cuit et d’autres friandises… alors, il ira s’allonger et dormir : tout à l’heure sera une autre journée.

Joël Lemaitre

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L’original par Joël Lemaître.

LOU CHIN PATAUD

VAQUI LA VEIADO de Nouvè dins un pais de la Crau, du coustat de « Nazaret ».
Alaris, lou pastre, sa journado facho, dins lou grand vènt, s’acampo vers lou mas à la toumbado de la nieu. Vèn à la tèsto de soun avé, mounte li bèsti, répudi e sadoulo de fresquiero, trapejon sus lou sóu en questo de répaus e d’uno bono sousto dins la jasso caudo.
Alaris, dins soun pichot lougié, lou nas dins si terraio, alesto un bouen cafè.
Pièi vèn sous lou gisclet. L’endré previlegia en aquéu jour sant.
Alaris, la de la journado, drom à l’espèro de la veiado familialo, e de la messo de la miejo-nieu, tout aro.
Agarisson à soun idèio, si cinuanto annado de pasturo, dins la pluio, dis lou vènt, dins la nèu.
Li tèms de reaus, à l’oumbro d’un clapas, emé un brigoun de fromage, de pan, cala susto lou pouce.
Lou nouvelun de la vido emé la neissènço dis agneloun. Lou travai de chasque jour. Tout acòe bèn mai encaro.
Lou fiéu, d’aquelo sero dins la chaminèio, rouginas, dins la cambro soumbro. Soun chin à si pèd que droum em’éu despièi uno ouro ; quàuqui gème, au mitan de si sounge.
Alari que vai èstre reviha tout aro, cantara à l’unissoun dóu capelan e de touto l’assemblado di crestian, soun floucas à coustat de sa cambo.
Alaris que vai manja soun revihet emé si gèns ; em’acò s’entournara se coucha.
Deman sara uno autro journado.

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[Provençal] Fèsto de la Sant Jan / Fête de la Saint-Jean https://www.geneprovence.com/festo-de-la-sant-jan/ https://www.geneprovence.com/festo-de-la-sant-jan/#respond Sun, 22 Jun 2014 00:30:06 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=12986 AU MES DE JUN, l’ideau es un tèms ni trop mouisse, ni trop se, ni trop caud. Basto, un tèms siau, souleious e un pau fres que permet la fenesoun…

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AU MES DE JUN, l’ideau es un tèms ni trop mouisse, ni trop se, ni trop caud. Basto, un tèms siau, souleious e un pau fres que permet la fenesoun e li proumièri meissoun. Jour dóu soulstice d’estiéu, la sant Jan es tout un simbèu : l’estiéu qu’arribo, li niue douço e agradivo e pièi lou fiò, lou fiò aparaire di recordo. Lou fiò que ié disien tambèn fegound : es pèr acò que la jouventuro se fasié gau de sauta pèr-dessus en cridant : « Sant Jan ! Sant Jan ! Sant Jan ! » Man dins la man, èro signe de maridage. Li parènt, éli, acampavon voulountié la cendro e li mouchoun qu’èron sensa proutegi dóu tron.
Car de Sant Jan aniue’s la fèsto,
Sant Jan lou meissounié, Sant Jan l’ami de Diéu !
(Mirèio de Mistral)
Fiò de sant Jan, Lambesc. © Daniel Avy.
Fiò de sant Jan, Lambesc. © Daniel Avy.
Dins cade vilage e meme dins cade quartié, la jouventuro, li famiho s’acampavon pèr abra lou fiò de joio. Èro uno fèsto poupulàri. S’ausiguè de cant de joio, de rire à bóudre, se fasien de danso, de farandoulo… Coume me diguè Elia : « Lou fiò de sant Jan, èro magi pèr nautre la ninèio pivelado autour, alor que de longo, nous tournavian dire de pas jouga emé. Anavian alor sus la plaço de la Garo à Miramas : èro de terro batudo e i’avié encaro la font que l’adournavo. »
Moun paire tambèn mancavo pas la fèsto. Quand venié lou tèms de la Sant Jan, emé si cambarado, courrien au depost de machino à la Routoundo de Miramas pèr saupre se i’aurié de vènt o pas, bord qu’à-n-aqueste tèms, souvènti fes, n’i’a.
Uno annado, après guerro – en 1948 – alors que restavo i Ciéuta Capitàni, èro dins si 13 an, sautè pèr-dessus la làupi aubourado dins la ciéuta e… aterrè en plen mitan dóu brasas, tirassoun i pèd. L’aduguerian lèu-lèu à sa maire qu’avié lou biais de leva lou fiò, de tira lou soulèu, lis escandihado. Un quart d’ouro passa, carguè mai li sandalo e tournè sauta pèr-dessus lou fiò !
Martino Bautista

*

AU MOIS DE JUIN, l’idéal est un temps ni trop humide, ni trop sec, ni trop chaud. Bref un temps calme, ensoleillé et un peu frais qui permet la fenaison et les premières moissons. Jour du solstice d’été, la Saint-Jean est tout un symbole : l’été qui arrive, les nuits douces et agréables et puis le feu, le feu protecteur des récoltes. Le feu qu’on disait aussi fécond, c’est pourquoi les jeunes gens se faisaient un plaisir de sauter par-dessus en criant : « Saint Jean ! Saint Jean ! Saint Jean ! » Main dans la main, c’était symbole de mariage. Quant aux parents, ils ramassaient volontiers la cendre et les tisons qui étaient sensés protéger de la foudre.
Car de saint Jean cette nuit est la fête,
Saint Jean le moissonnieur, saint Jean l’ami de Dieu !
(Mireille de Mistral)
Feu de la Saint-Jean, Lambesc. © Daniel Avy.
Feu de la Saint-Jean, Lambesc. © Daniel Avy.
Dans chaque village et même dans chaque quartier, les jeunes, les familles se réunissaient pour allumer le feu de joie. C’était une fête populaire. S’entendaient des chants de joie, des rires à foison, des danses, des farandoles… Comme me disait Élia, « le feu de la saint Jean, c’était magique pour nous les enfants fascinés, alors que sans cesse on nous répétait de ne pas jouer avec. Nous allions alors sur la place de la Gare : elle était en terre battue et il y avait encore la fontaine qui l’ornait. »
Mon père aussi ne manquait pas la fête. Quand venait le temps de la Saint-Jean, avec ses camarades, ils couraient au dépôt de machine à la Rotonde pour savoir s’il y aurait du vent ou pas car à cette époque-là, c’est souvent qu’il y en a. Une année après guerre – ce devait être en 1948 – alors qu’il habitait aux Cités Capitaine, il avait 13 ans, il sauta par-dessus le bûcher dressé dans la cité et… atterrit en plein milieu du brasier, sandales aux pieds. On l’ammena dare-dare à sa mère qui avait le pouvoir de lever le feu, les insolations, les coups de soleil. Un quart d’heure après, il remettait les sandales et repartait sauter par-dessus le feu.
Martine Bautista

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Joseph Roumanille (1818-1891), l’autre fondateur du Félibrige https://www.geneprovence.com/joseph-roumanille-1818-1891-lautre-fondateur/ https://www.geneprovence.com/joseph-roumanille-1818-1891-lautre-fondateur/#respond Sun, 01 Jun 2014 00:00:20 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=12661 [caption id="attachment_12676" align="alignleft" width="300"] Joseph Roumanille. DR.[/caption]

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Joseph Roumanille. DR.
Joseph Roumanille. DR.

Joseph Roumanille est avec Frédéric Mistral, le principal des primadié fondateurs du mou­ve­ment du Félibrige. Ce sera encore plus le cas lors­qu’il ouvre sa librairie, vé­ri­ta­ble foyer de la renaissance pro­ven­çale.

Le précurseur

Il est né le 8 août 1818 à Saint-Rémy-de-Provence, ville où il vécut toute sa vie. Il est envoyé au collège de Tarascon (1834), sa famille le destinant à devenir prêtre. Élève doué, c’est au collège qu’il se prend de passion pour la langue provençale. Refusant d’entrer dans les ordres, il devient clerc de notaire entre 1836 et 1839. Il commence à écrire des vers dans L’Écho du Rhône. En 1839, il devient maître répétiteur au collège de Nyons (Drôme) où il côtoie les milieux provençaux. Avec Hyacinthe Dupuy, Camille Raybaud et Barthélémy Chalvet, Joseph Roumanille constitue un groupe de poètes, que Mistral qualifiera de « berceau du Félibrige ». C’est à Nyons qu’il fait publier son premier ouvrage, Louis Gros et Louis Noé : ou un drame dans les carrières de Saint-Rémy.

Roumanille rencontre Mistral

En 1845, il quitte Nyons pour le collège Dupuy à Avignon. C’est à la même époque, que Mistral intègre la pension, et qu’il s’y fera surprendre par Roumanille à écrire des vers en provençal. C’est le début d’une grande amitié entre eux deux, et cela malgré la différence d’âge qui les séparent, ainsi que le lien élève/professeur qu’ils doivent maintenir au début.
Quittant le pensionnat Dupuy en 1847, il intègre l’imprimerie Séguin. Il en profite pour publier son premier recueil de poésies entièrement écrit en provençal : li Margarideto (Les Pâquerettes) ; suivi en 1851 par Li Capelan (Les Prêtres) ; Li sounjarello (Les songeuses) et Li prouvençalo (les Provençales, recueil de poèmes de divers poètes) tous deux en 1852. Malgré l’ambition de Roumanille de s’adresser à ces contemporains uniquement en lengo nostro, il se désole en même temps de l’agonie de la culture provençale.

Fondation du Félibrige

Il participe à la création du Félibrige, le 21 mai 1854 au château de Font-Ségugne avec ses compagnons primadié : Frédéric Mistral, Théodore Aubanel, Jean Brunet, Anselme Mathieu, Paul Giera et Alphonse Tavan. L’année suivante, Il ouvre sa librairie et maison d’édition, qu’il destine à devenir le foyer de la renaissance provençale. Il publie l’Armana prouvençau, organe de diffusion du Félibrige, mais surtout Miréio, la grande œuvre de Mistral.
Il poursuit ses créations, et en 1857 il publie La Campano mountado, suivit en 1859 des Li flour de Sauvi (Les fleurs de Sauge). Il joue un rôle de premier plan dans les milieux littéraires et éditoriaux de Provence. Il est l’auteur de nombreux contes qui alimentent les rubriques de l’Armana, par exemple le fameux curé de Cucugnan, repris et rendu célèbre par Alphonse Daudet.
En 1884, il publie encore un recueil de ses poèmes Li conte prouvençau e li cascarelato. Joseph Roumanille disparaît le 24 mai 1891. Éclipsé par Frédéric Mistral, on ne peut nier la part fondamentale de son action dans le mouvement du Félibrige.

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[Provençal] Lou Rampau / Le Rameau https://www.geneprovence.com/provencal-lou-rampau-le-rameau/ https://www.geneprovence.com/provencal-lou-rampau-le-rameau/#respond Tue, 22 Apr 2014 00:33:38 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=11840 L’AUTRE JOUR, n’en parla­vian emé moun paire. Quouro erian pichounet, pèr Rampau, emé mi fraire, èro de tra­di­cioun encò nostre que nosto grand nous croumpavo un rampau cafi de counfisarié. A la cimo d’aquéu rampau — un bastoun adourna em’un riban d’argènt e i branco de papié crespoun blu — i’avié un arange counfit em’uno raubo daurado que noun sai.

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L’AUTRE JOUR, n’en parla­vian emé moun paire. Quouro erian pichounet, pèr Rampau, emé mi fraire, èro de tra­di­cioun encò nostre que nosto grand nous croumpavo un rampau cafi de counfisarié. A la cimo d’aquéu rampau — un bastoun adourna em’un riban d’argènt e i branco de papié crespoun blu — i’avié un arange counfit em’uno raubo daurado que noun sai. E pièi d’iòu en sucre, de pèis en choucoulat : un chale en aquéu tèms que li sucrèu èron rare. A iéu m’agradavo pas aquel arange mai moun paire n’èro tras que countènt bord que se n’en lipavo li brego avans meme Rampau !

marseille-reformes-rameaux

Lou tèms de Pasco èro lou moumen que ma maire nous vestissié de blanc, bèn estira, caussaduro novo. E pièi anavian à la messo, tóutis ensèn, fièr dóu rampau que pourtavian.
E justamen, en legissènt, ai toumba sus aquest istòri dins l’Armana prouvençau de 1884. Vous n’en doune un resumit :
Dins uno carriero, de femo parlon afeciounado. Renon, plouron, e parlon que se charpignon emé soun ome alor qu’èron tant d’acord dins lou parèu : lou bonur s’es envoula. Se traton d’escapa de galèro, e memo de pòufiasso !
Mai quau a pouscu ansin mètre la desunioun dins l’oustau ? Quaucarèn de grèu, de bèn serious ? E bèn noun ! Es pèr lou rampau que se disputon emé soun ome ! Pèr lou rampau ! Despièi que lou coumpaire l’a adu, l’oustau es dessus-dessouto. E tóuti li femo, aqui presento, dison de o, bord que quouro li pichoun veguèron lou rampau, lou vouguèron teni dins si maneto. Quouro l’aguèron entre li man, lou vouguèron suça : un cop tasta, es esta fini… Despièi, sèr e matin, la niue coumo lou jour, fan que rena e repepia, o repeta toujour la memo cansoun : — iéu vole suça lou rampau ! E iéu vole suça lou rampau !
Lis ome, que podon pas entendre ploura, lou li volon faire suça pèr agué la pas à l’oustau : an besoun de repaus après lou travai.
Mai li femo soun tóuti dóu meme avejaire : « Lou pichoun suçara pas lou rampau avans que lou Curat l’ague di lis oremus dessus ! »
Enfin, arribo lou dimenche de Rampau. Sus lou lindau de la glèiso, avans la messo, li maire soun acampado. Lis enfant an de rampau. Pièi la messo dicho e li rampau benesi, maire e enfant sorton de la glèiso : de pichoun galoupin se bandisson sus li rampau… e li desfruchon.
Martino Bautista

*

L’AUTRE JOUR, on en parlait avec mon père. Quand nous étions tout petits, pour Rameau, avec mes frères, c’était de tradition que notre grand-mère nous achète un rameau plein de sucreries. À la cime de ce rameau — un bâton décoré d’un ruban argent aux branches de papier crépon bleu — il y avait une orange confite à la très belle robe dorée. Et puis des œufs en sucre, des poissons en chocolat : un régal en ce temps-là où les sucreries étaient rares. Moi, je n’aimais pas cette orange mais mon père en était très heureux car il s’en léchait les babines bien avant Rameau !

marseille-reformes-rameaux

Le temps pascal, c’était le moment où ma mère nous habillait de blanc, bien repassé, chaussures neuves. Et puis, nous allions à la messe, fiers du rameau que nous portions.
Et justement, en lisant, je suis tombée sur cette histoire dans l’Almanach provençal de 1884. Je vous en donne le résumé :
Dans une rue, des femmes discutent avec vigueur. Elles râlent, pleurent et parlent qu’elles se disputent avec leurs hommes alors qu’ils étaient tant unis dans leur couple : le bonheur s’est envolé. Ils se traitent d’échappés de galère, et même de pouffiasses ! Mais qui a pu mettre la désunion dans la maison ? Quelque chose de grave, de bien sérieux ? Eh bien non ! C’est pour le rameau qu’elles se disputent avec leur homme ! Pour le rameau ! Depuis que l’ami l’a apporté, la maison est sens dessus-dessous. Et toutes les femmes ici présentes acquiescent car, quand les petits virent le rameau, ils voulurent le tenir dans leurs mains. Quand ils l’eurent dans les mains, ils voulurent le sucer : un coup goûté, ça été fini… depuis, soir et matin, la nuit comme le jour, ils ne font que râler, rabâcher et répéter toujours la même chanson : — moi, je veux sucer le rameau ! Et moi, je veux sucer le rameau ! —
Les hommes, qui ne peuvent pas entendre pleurer, veulent le leur faire sucer pour avoir la paix à la maison : ils ont besoin de repos après le travail.
Mais les femmes sont toutes du même avis : « Le petit ne sucera pas le rameau avant que le curé lui ait dit les oremus dessus ! »
Enfin, arrive le dimanche des Rameaux. Sur le seuil de l’église, avant la messe, les mères sont accompagnées. Les enfants ont des rameaux. Puis la messe dite et les rameaux bénis, mères et enfants sortent de l’église : de petits garnements se jettent sur les rameaux et… les dévastent.
Martine Bautista

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Le rigaudon, danse provençale jadis controversée https://www.geneprovence.com/le-rigaudon-danse-provencale-jadis-controversee/ https://www.geneprovence.com/le-rigaudon-danse-provencale-jadis-controversee/#respond Sun, 16 Feb 2014 00:16:47 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=10898 [caption id="attachment_11098" align="alignleft" width="231"] Rigodon provençal, années 1970.J. M. Desbois d'après une photographie (DR).[/caption] Le terme de « rigaudon » évoque dans l’esprit général une danse à laquelle se livraient nos ancêtres et dont l’exécution serait sans doute considérée comme plutôt grotesque de nos jours mais dont l’origine fort ancienne atteste de sa pratique multi-séculaire.

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Rigodon ou rigaudon provençal, années 1970. J. M. Desbois d'après une photographie (DR).
Rigodon provençal, années 1970.
J. M. Desbois d’après une photographie (DR).
Le terme de « rigaudon » évoque dans l’esprit général une danse à laquelle se livraient nos ancêtres et dont l’exécution serait sans doute considérée comme plutôt grotesque de nos jours mais dont l’origine fort ancienne atteste de sa pratique multi-séculaire. Officiellement, cette danse aurait été imaginée en Provence au XVIIe siècle mais sa pratique semble s’être inspirée de danses plus anciennes.
Pourtant si la voir danser aujourd’hui susciterait certainement des sourires, il n’en était pas de même dans certaines sphères du pouvoir au temps de nos ancêtres. Alors que le rigaudon était dansé par tous les Provençaux, du simple paysan au bourgeois fortuné, on retrouve dans les archives de notre région des condamnations judiciaires de sa pratique et c’est principalement dans la région d’Arles que le rigaudon semble avoir été le plus vivement pourchassé.
Les recherches d’un historien arlésien, malheureusement anonyme, du XIXe siècle ont permis la mise au jour d’un document de 1645 faisant inhibition de danser le rigaudon. Voici le contenu de cet arrêt du Parlement d’Aix conservé dans sa langue d’origine :
« La cour prauvoyant sur la réquisition verbalement faite par le procureur général du roy, a faict et faict inhibition et deffanses à tous les particuliers et habitants de la ville d’Arles, de quel estat, quallité et condition qu’ils soient, de faire ny permettre le rigodon aux lieux assemblés ny bals dans les maisons et ailleurs, ny danses eschevellées, ny masquer de jour ny de nuict, à peyne de dix mille livres, et autres arbitraires ; et à ceux qui les souffriront dans leurs maisons de respondre de tous les inconveniens qui pourroyent arriver ; enjoinct au lieutenant de seneschal, viguier et consuls de la dite ville, de tenir la main chascung en droict soy à l’exécution du present arrest, et advertir la dite cour des contraventions que seront faictes, pour estre procédé contre les contrevenans, ainsi qu’il appartiendra. Publié à la barre du Parlement de Provence, séant à Aix, le neufviesme febvrier mil six cent quarante-cinq. »
On comprend à la lecture de cet arrêt que le rigaudon n’était pas une danse aussi innocente que son nom l’évoque aujourd’hui. La notion de pudeur dans les siècles passés n’était certes pas la même que de nos jours, mais, à l’évidence le rigaudon présentait des caractéristiques qui pouvaient heurter quelque peu la morale publique, sans doute par le moyen de chorégraphies et de gestuelles dont la connotation était jugée érotique. D’ailleurs, la rigueur des poursuites encourues en cas d’infraction (10 000 livres d’amende, sans préjudice de la prison) atteste de la sévérité de la répression qui l’entourait.
Pourtant, derrière cette condamnation qui semblait emporter l’adhésion de la population, doit-on croire que la réprobation était nécessairement générale, si tant de gens la pratiquaient et que même de nombreux musiciens l’avaient inclus à leur répertoire, tel l’Aixois André Campra ?

Avec leur aimable autorisation, un rigodon exécuté par l’association Lou Grihet (voir particulièrement à partir de 2’00 min).

Le fait est que, si le Parlement rendit cet arrêt en 1645, c’est qu’un homme avait fait de la délictualisation du rigaudon son cheval de bataille jusqu’à en faire interdire la pratique : l’archevêque d’Arles, Adhémar de Monteil.
[pullquote]« J’ai ouï dire à un maître à dan­ser que le nom de cette danse venait de celui de l’inventeur, le­quel s’appelait Rigaud. »

(Jean-Jacques Rousseau, Dic­tion­naire de mu­si­que, art. « Ri­gau­don ».)
[/pullquote]
Cet ecclésiastique avait la réputation d’exiger le rétablissement de l’ordre et de la discipline dans le service religieux et l’observance des canons catholiques. Il exigeait du clergé une stricte moralité et une décence parfaite dans tous les actes. Ainsi, alors que l’usage du tabac commençait à se répandre dans toute l’Europe, de Monteil avait clairement enjoint son clergé à s’en abstenir totalement, tout comme du jeu qu’il avait de même veillé à réprimer.
Il écrit notamment dans une de ses ordonnances :
« Mais nous voyons avec un très sensible desplaisir qu’il y a plusieurs prestres qui, oubliant la saincteté de leur caractère et les prérogatives dont le fils de Dieu les a voulu honorer, se rendent méprisables au point que de fréquenter les brelans, les jeux publics, de prendre du tabac en poudre et en fumée, au grand scandale de tous ceux qui les voyent dans cette basse et infâme pratique, et vont souvent par la ville sans soutane et sans aucune marque de leur profession […], de vouloir considérer leur estat et les obligations de donner bon exemple et appaiser la colère de Dieu qui semble menacer le pays de ses plus terribles fléaux. »
Le rigaudon survivra pourtant aux injonctions de l’archevêque à tel point que, quelques années plus tard, la haute société française l’adoptera et l’enseignera à ses jeunes gens. On dit que la marquise de Sévigné en raffolait. Mieux encore, le rigaudon va s’exporter dans toutes les régions de France, attestant de sa popularité dans toutes les couches de la société française.
Nommé rigaudon sans doute parce qu’elle a été instituée par un certain Rigaud, maître de danse, cette danse fait aujourd’hui du folklore provençal et peut être admirée à l’occasion des nombreuses fêtes costumées qui se tiennent à longueur d’année dans notre région.
Jean Marie Desbois

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Trucs et astuces employés par les maçons provençaux d’hier https://www.geneprovence.com/trucs-de-macons-de-provence/ https://www.geneprovence.com/trucs-de-macons-de-provence/#respond Tue, 10 Sep 2013 00:38:15 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=9109 Le dessinateur toulonais Pierre Letuaire (1798-1885) a grandement contribué à faire connaître la vie de tous les jours des petites gens du XIXe siècle non seulement par ses dessins mais aussi par les textes qu'il écrivait sur les gens qu'il côtoyait. Voici en quels termes il parlait des astuces qu'employaient les maçons de son temps pour gagner quelque sou supplémentaire.

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Le dessinateur toulonais Pierre Letuaire (1798-1885) a grandement contribué à faire connaître la vie de tous les jours des petites gens du XIXe siècle non seulement par ses dessins mais aussi par les textes qu’il écrivait sur les gens qu’il côtoyait. Voici en quels termes il parlait des astuces qu’employaient les maçons de son temps pour gagner quelque sou supplémentaire. Cet article sera aussi l’occasion de découvrir une profession qu’un de vos ancêtres exerçait peut-être…

maconLES OUVRIERS MAÇONS ne négligent aucune des coutumes qui peuvent leur procurer des étrennes. Lorsqu’ils travaillent à la construction d’une maison, ils ne sont satisfaits que lorsqu’ils ont atteint et placé la toiture. Il n’y a encore ni escalier ni aménagement intérieur mais la toiture est en place : cela leur suffit. Ils s’empressent de fixer au faîte une longue perche à laquelle ils fixent un grand drapeau national, surmonté d’un superbe bouquet de lauriers et de fleurs, auquel est en outre suspendue une énorme couronne de verdure.
C’est prévenir ainsi le propriétaire que le moment est venu de se conformer à l’usage. La coutume exige en effet de payer la journée double à tout le personnel, ouvriers et manœuvres employés sur le chantier.
Un autre usage qui fait pendant à celui-ci concerne le dernier carreau ou moellon que les ouvriers posent sur le sol sans le fixer. Le propriétaire qui ignore la coutume s’étonne de la chose et en fait part au maître maçon.
« C’est que monsieur doit bâtir, dit celui-ci, riant sous cape.
— Comment ? Bâtir ? Est-ce à moi à m’acquitter d’un travail que je paye ?
— Certainement non, répond le maître maçon, mais l’usage veut que ce dernier moellon non bâti soit fixé par le propriétaire, à l’aide d’une étrenne. »
Et le propriétaire, qui a déjà donné pour la toiture, doit glisser quelque chose sous le dernier carreau, ne serait-ce qu’une pièce de cent sous.
Vient-il à refuser ? Le carreau ne sera pas bâti. Et il n’est pas un ouvrier qui consentirait à le bâtir. Un maître maçon qui s’aviserait de faire lui-même cette besogne verrait déserter son chantier. Il ne trouverait pas d’autres ouvriers à embaucher.
À quelle époque remonte ces usages, je ne le sais. On les considère ici comme fort anciens et, en tout cas, il est bien rare de rencontrer un propriétaire assez ladre pour chercher à s’y soustraire.
P. Letuaire
  • Illustration : Delaporte, Michel (1806-1872), lithographe, Le Replâtrage, caricature de Louis-Philippe sous les traits d’un maçon. Chez Aubert, Galerie Véro-Dodat. Bibl. nationale de France.

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Une semaine de Noël à Toulon en 1888 https://www.geneprovence.com/une-semaine-de-noel-a-toulon-en-1888/ https://www.geneprovence.com/une-semaine-de-noel-a-toulon-en-1888/#respond Sun, 24 Feb 2013 21:58:41 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=2628 Alors que les ventres se remplissent à l'occasion des fêtes de fin d'année, on se demandera peut-être ce que mangeaient nos ancêtres à cette époque de l'année.

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Alors que les ventres se remplissent à l’occasion des fêtes de fin d’année, on se demandera peut-être ce que mangeaient nos ancêtres à cette époque de l’année.
Courtesy of imagerymajestic /FreeDigitalPhotos.net
Si le menu variait de toute évidence d’un foyer à l’autre, selon la situation financière de chaque famille, on prêtera intérêt à un rapport fourni par le journal varois Le Petit Var, donnant la liste de ce qui a été consommé à Toulon pendant les fêtes de Noël 1888. En voici le contenu pour la semaine du 21 au 28 décembre 1888 :
  • 739 lièvres et faisans,
  • 1 403 dindes et oies
  • 643 perdreaux, bécasses et pintades
  • 10 064 poulets, pigeons et lapins domestiques,
  • 9 991 grives, bécassines, vanneaux et pluviers,
  • 19 872 alouettes et petits oiseaux, 82 kilos de truffes et volailles truffées,
  • 133 kilos de chevreuil et sanglier.
De plus, il a été abattu pendant cette semaine 162 bœufs, 86 vaches, 415 moutons, 422 brebis, 106 chèvres, 516 agneaux, 101 veaux et 380 cochons.
Bon appétit !

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