AU MES DE JUN, l’ideau es un tèms ni trop mouisse, ni trop se, ni trop caud. Basto, un tèms siau, souleious e un pau fres que permet la fenesoun e li proumièri meissoun. Jour dóu soulstice d’estiéu, la sant Jan es tout un simbèu : l’estiéu qu’arribo, li niue douço e agradivo e pièi lou fiò, lou fiò aparaire di recordo. Lou fiò que ié disien tambèn fegound : es pèr acò que la jouventuro se fasié gau de sauta pèr-dessus en cridant : « Sant Jan ! Sant Jan ! Sant Jan ! » Man dins la man, èro signe de maridage. Li parènt, éli, acampavon voulountié la cendro e li mouchoun qu’èron sensa proutegi dóu tron.
Car de Sant Jan aniue’s la fèsto,
Sant Jan lou meissounié, Sant Jan l’ami de Diéu !
(Mirèio de Mistral)
Dins cade vilage e meme dins cade quartié, la jouventuro, li famiho s’acampavon pèr abra lou fiò de joio. Èro uno fèsto poupulàri. S’ausiguè de cant de joio, de rire à bóudre, se fasien de danso, de farandoulo… Coume me diguè Elia : « Lou fiò de sant Jan, èro magi pèr nautre la ninèio pivelado autour, alor que de longo, nous tournavian dire de pas jouga emé. Anavian alor sus la plaço de la Garo à Miramas : èro de terro batudo e i’avié encaro la font que l’adournavo. »
Moun paire tambèn mancavo pas la fèsto. Quand venié lou tèms de la Sant Jan, emé si cambarado, courrien au depost de machino à la Routoundo de Miramas pèr saupre se i’aurié de vènt o pas, bord qu’à-n-aqueste tèms, souvènti fes, n’i’a.
Uno annado, après guerro – en 1948 – alors que restavo i Ciéuta Capitàni, èro dins si 13 an, sautè pèr-dessus la làupi aubourado dins la ciéuta e… aterrè en plen mitan dóu brasas, tirassoun i pèd. L’aduguerian lèu-lèu à sa maire qu’avié lou biais de leva lou fiò, de tira lou soulèu, lis escandihado. Un quart d’ouro passa, carguè mai li sandalo e tournè sauta pèr-dessus lou fiò !
Martino Bautista
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AU MOIS DE JUIN, l’idéal est un temps ni trop humide, ni trop sec, ni trop chaud. Bref un temps calme, ensoleillé et un peu frais qui permet la fenaison et les premières moissons. Jour du solstice d’été, la Saint-Jean est tout un symbole : l’été qui arrive, les nuits douces et agréables et puis le feu, le feu protecteur des récoltes. Le feu qu’on disait aussi fécond, c’est pourquoi les jeunes gens se faisaient un plaisir de sauter par-dessus en criant : « Saint Jean ! Saint Jean ! Saint Jean ! » Main dans la main, c’était symbole de mariage. Quant aux parents, ils ramassaient volontiers la cendre et les tisons qui étaient sensés protéger de la foudre.
Car de saint Jean cette nuit est la fête,
Saint Jean le moissonnieur, saint Jean l’ami de Dieu !
(Mireille de Mistral)
Dans chaque village et même dans chaque quartier, les jeunes, les familles se réunissaient pour allumer le feu de joie. C’était une fête populaire. S’entendaient des chants de joie, des rires à foison, des danses, des farandoles… Comme me disait Élia, « le feu de la saint Jean, c’était magique pour nous les enfants fascinés, alors que sans cesse on nous répétait de ne pas jouer avec. Nous allions alors sur la place de la Gare : elle était en terre battue et il y avait encore la fontaine qui l’ornait. »
Mon père aussi ne manquait pas la fête. Quand venait le temps de la Saint-Jean, avec ses camarades, ils couraient au dépôt de machine à la Rotonde pour savoir s’il y aurait du vent ou pas car à cette époque-là, c’est souvent qu’il y en a. Une année après guerre – ce devait être en 1948 – alors qu’il habitait aux Cités Capitaine, il avait 13 ans, il sauta par-dessus le bûcher dressé dans la cité et… atterrit en plein milieu du brasier, sandales aux pieds. On l’ammena dare-dare à sa mère qui avait le pouvoir de lever le feu, les insolations, les coups de soleil. Un quart d’heure après, il remettait les sandales et repartait sauter par-dessus le feu.
Martine Bautista