Provençal Archives - GénéProvence https://www.geneprovence.com/category/provencal/ 500 ans de faits divers en Provence Tue, 02 Dec 2025 16:19:57 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://www.geneprovence.com/wp-content/uploads/2024/04/cropped-434541497_912630390609581_141579584347965292_n-32x32.png Provençal Archives - GénéProvence https://www.geneprovence.com/category/provencal/ 32 32 Introduction à l’apprentissage de l’ancien provençal https://www.geneprovence.com/introduction-a-lapprentissage-de-lancien-provencal/ https://www.geneprovence.com/introduction-a-lapprentissage-de-lancien-provencal/#respond Tue, 02 Dec 2025 15:03:59 +0000 https://www.geneprovence.com/?p=26877 Avant toute chose, pensez à lire l’article : Quelle langue parlait-on en Provence au Moyen Âge ? Bienvenue dans l’univers de l’ancien provençal Si vous êtes passionné par l’histoire de…

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Avant toute chose, pensez à lire l’article : Quelle langue parlait-on en Provence au Moyen Âge ?

Bienvenue dans l’univers de l’ancien provençal

Si vous êtes passionné par l’histoire de la Provence, sa littérature médiévale ou vos propres racines familiales, cette série est faite pour vous. L’objectif de ce parcours est simple mais ambitieux : vous donner toutes les clés pour lire et comprendre un texte en ancien provençal, qu’il s’agisse d’un poème de troubadour, d’un acte notarié ancien ou d’une chanson populaire.
Le provençal ancien, ou langue d’oc, n’est pas une langue morte. À travers elle, c’est tout un monde qui nous est restitué : les marchés, les foires, les ateliers, les fêtes, les échanges entre voisins, et même les émotions de nos ancêtres. Apprendre à lire cette langue, c’est pouvoir plonger au cœur de la vie quotidienne médiévale et découvrir des textes qui racontent la Provence telle qu’elle était vécue, ressentie et racontée par ceux qui l’habitaient.

Pourquoi suivre cette série ?

  • Comprendre les textes originaux : Les écrits des troubadours, des notaires ou des chroniqueurs médiévaux sont riches en vocabulaire, en tournures grammaticales et en références culturelles. Ce parcours vous permettra de déchiffrer ces documents avec assurance.
  • Découvrir la culture provençale : La langue est un reflet direct de la société. Vous y retrouverez des pratiques, des métiers, des fêtes et des relations humaines disparues, mais qui ont façonné nos villages et nos villes.
  • Se reconnecter avec le passé familial et local : Pour ceux qui explorent leur généalogie, savoir lire l’ancien provençal ouvre l’accès à des registres paroissiaux, des inventaires, des testaments et des contrats qui racontent des histoires oubliées.

Table des matières : les modules à venir

  • Module 1 : Contexte historique et culturel
  • Module 2 : Alphabet, orthographe et prononciation
  • Module 3 : Grammaire de base
  • Module 4 : Verbes et conjugaison avancée
  • Module 5 : Lexique thématique
  • Module 6 : Variantes régionales et évolution
  • Module 7 : Lecture guidée de textes authentiques
  • Module 8 : Stratégies de lecture autonome
  • Module 9 : Exercices avancés et consolidation

Comment cette série est structurée

Cette série est progressive. Chaque module vous apportera une nouvelle compétence : de la prononciation et du vocabulaire de base, jusqu’à la lecture complète de textes authentiques. Vous commencerez par comprendre le contexte historique et culturel, puis vous apprendrez à lire et à analyser les textes, à identifier les mots, les tournures grammaticales, les abréviations, et enfin à traduire et interpréter de façon autonome.
Au fil des modules, vous serez guidé pas à pas, avec des exemples concrets, exercices pratiques et notes explicatives, pour que la lecture de l’ancien provençal devienne une expérience vivante et accessible.

Un voyage dans le temps à portée de lecture

En suivant cette série, vous ne vous contenterez pas d’apprendre des mots ou des règles grammaticales : vous plongerez dans l’esprit de la Provence médiévale, découvrirez la finesse des poèmes des troubadours, la précision des actes notariés et la richesse des expressions quotidiennes. Ce voyage linguistique est une véritable clé pour ouvrir les portes du passé, avec tous ses sons, ses images et ses émotions.
Préparez-vous à ouvrir un dialogue avec nos ancêtres, à comprendre leurs textes tels qu’ils les écrivaient et les vivaient, et à redonner vie à une langue qui a façonné la culture provençale pendant des siècles.

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Quelle langue parlait-on en Provence au Moyen Âge ? https://www.geneprovence.com/quelle-langue-parlait-on-en-provence-au-moyen-age/ https://www.geneprovence.com/quelle-langue-parlait-on-en-provence-au-moyen-age/#respond Tue, 02 Dec 2025 12:42:43 +0000 https://www.geneprovence.com/?p=26863 Lorsque l’on se représente la Provence médiévale, on voit les murailles d’Aix, les foires animées de Tarascon, les ruelles étroites de Sisteron, les marchés d’Arles ou les ports de Toulon…

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Lorsque l’on se représente la Provence médiévale, on voit les murailles d’Aix, les foires animées de Tarascon, les ruelles étroites de Sisteron, les marchés d’Arles ou les ports de Toulon où retentissent les cris des marchands. Mais la langue qui tisse ces scènes du quotidien est essentielle pour comprendre la vie d’alors.
Les Provençaux du Moyen Âge parlaient l’occitan, dans sa variante provençale, tandis que le latin demeurait la langue de l’Église, du droit et des institutions savantes.
Cette coexistence linguistique, attestée dans les manuscrits comme dans les chartes, façonne toute la culture provençale médiévale.

Le lent passage du latin populaire au provençal

Après la romanisation, la population utilise un latin vulgaire, parlé de façon plus souple que le latin classique. Les études de Jules Ronjat (Grammaire historique des parlers provençaux modernes, 1930–1941) et de Pierre Bec (La Langue occitane, 1963) montrent comment, à partir du Ve siècle, les sons évoluent : les consonnes se simplifient, certaines voyelles se diphtonguent, et les finales disparaissent peu à peu.
Cette transformation suit un mouvement commun à l’ensemble du domaine roman, mais possède une cohérence particulière en Provence. Dès le Xe siècle, les gloses marginales dans les manuscrits (signalées par Anglade, Grammaire de l’ancien provençal, 1921) témoignent d’un parler distinct du latin écrit.

Évolution attestée du latin vulgaire au provençal
Latin populaire Forme attestée en ancien occitan Sens Source
caballus cavall cheval Ronjat, 1930
clarus clar clair Bec, 1963
mensa mesa table Paden, 1998
auriculam aurelha oreille Bec, 1963
Ces évolutions montrent une langue largement stabilisée dès le XIᵉ siècle.

Une langue parlée qui structure la vie sociale

Dans les villes comme dans les campagnes, le provençal règne dans les interactions humaines.
Il est utilisé par les artisans dans leurs ateliers, par les marchands dans les foires, par les familles autour du feu, par les bergers dans les Alpes comme par les pêcheurs sur la côte. Les coutumes locales et les contrats oraux – souvent des accords fonciers ou des échanges agricoles – se transmettent en langue d’oc.
William D. Paden (An Introduction to Old Occitan, 1998) montre que cette langue possède une syntaxe régulière, une conjugaison complète et un vocabulaire capable de nuances sociales : bénédictions, insultes, formules d’accueil, proximités et distances hiérarchiques.

Cette dimension sociale est essentielle : la langue d’oc n’est pas seulement un outil linguistique, mais un marqueur d’identité. Comme l’a souligné Martin Aurell (La Provence au Moyen Âge, 2005), elle structure les solidarités, les lignages, les tensions entre villages, et jusqu’aux rites religieux populaires.

Les troubadours : la puissance littéraire de la langue

Dès le XIᵉ siècle, la Provence devient l’un des centres majeurs de la poésie courtoise. Les troubadours élaborent un art poétique d’une grande précision.
Les analyses de Paul Zumthor (La Poésie et la Voix dans la civilisation médiévale, 1987) montrent comment la langue d’oc est taillée pour la poésie : richesse vocalique, souplesse syntactique, capacité à exprimer nuances affectives et morales.
Les vidas, recueillies et traduites par Margarita Egan (1984), révèlent des artistes respectés aux parcours parfois internationaux : certains Provençaux se produisent à Gênes, Barcelone, Toulouse, ou dans les cours germaniques.

Diffusion géographique attestée des troubadours
Région Exemples de troubadours attestés Source
Provence Raimbaut d’Orange, Folquet de Marseille Bec, 1963
Languedoc Guilhem de Peitieus, Arnaut Daniel Zumthor, 1987
Italie du Nord Présence et influence des troubadours dans les cours Egan, 1984
Catalogne / Aragon Influence sur les trobaires catalans Paden, 1998
Cette diffusion montre que la langue d’oc était comprise et admirée sur un territoire immense.

Le rôle toujours central du latin

Malgré la vitalité du provençal, le latin demeure indispensable. Il est la langue de l’Église, des prieurés, des universités naissantes, des chartes et des actes notariés.
Les travaux d’Aurell (2005) et de Cerquiglini (La Naissance du français, 1999) rappellent qu’un clerc provençal passe quotidiennement du latin écrit à l’occitan parlé.
Même dans les villages reculés, les actes funéraires, les contrats de mariage, les donations ou les règlements se font en latin, souvent avec quelques intrusions occitanes dans les noms de lieux ou de personnes.

Une Provence multilingue : nuances et variantes

Le provençal n’est pas uniforme. Les travaux dialectologiques, notamment ceux de Ronjat et Bec, distinguent plusieurs zones : rhodanienne, maritime, centrale, gavote, niçoise.

Traits distinctifs régionaux attestés
Zone Trait linguistique notable Source
Rhodanien Vocalisme plus ouvert Ronjat, 1930
Maritime Influence lexicale liée au trafic méditerranéen Aurell, 2005
Gavot (Alpes) Conservation de certaines consonnes finales Bec, 1963
Niçois Emprunts précoces à l’italien / ligurien Köhler, 1980


Malgré ces variations, l’intercompréhension reste forte : un poème composé à Orange pouvait être compris jusqu’à Nice ou Sisteron.

L’ascension du français : un bouleversement lent

À partir du XIVᵉ siècle, le français commence à pénétrer en Provence par l’administration royale et les élites urbaines. Ce mouvement se renforce au XVIᵉ siècle avec l’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539).
Philippe Martel (2013) montre que la langue d’oc reste pourtant très vivace dans les pratiques quotidiennes jusqu’au XIXᵉ siècle dans certaines vallées alpines, malgré la perte de prestige institutionnel.
Les notaires provençaux adoptent progressivement le français dans les actes, mais les formules orales restent en occitan. Même au XVIIᵉ siècle, certaines paroisses gardent des traces d’occitan dans les registres lorsqu’un curé peu lettré y insère des notes personnelles.

La Provence : une identité façonnée par deux langues

La Provence médiévale vit dans un équilibre linguistique complexe mais extraordinairement riche :
– le provençal, langue du peuple, de la poésie et de la vie concrète ;
– le latin, langue savante, institutionnelle et spirituelle.
Cette dualité ne divise pas : elle nourrit une culture puissante, où l’expression populaire et la pensée savante dialoguent constamment.
C’est ce dialogue qui donne à la Provence médiévale sa densité humaine et culturelle si particulière.

Sources académiques utilisées

  • Ronjat, Jules. Grammaire historique des parlers provençaux modernes. A. Picard, 1930–1941.
  • Paden, William D. An Introduction to Old Occitan. MLA, 1998.
  • Egan, Margarita. The Vidas of the Troubadours. Garland Publishing, 1984.
  • Bec, Pierre. La Langue occitane. Presses Universitaires de France, 1963.
  • Aurell, Martin. La Provence au Moyen Âge. Perrin, 2005.
  • Martel, Philippe. “L’occitan”, in Histoire sociale des langues de France, Presses Universitaires de Rennes, 2013.
  • Zumthor, Paul. La Poésie et la voix dans la civilisation médiévale. Seuil, 1987.
  • Cerquiglini, Bernard. La naissance du français. PUF, 1999.
  • Anglade, Joseph. Grammaire de l’ancien provençal. Klincksieck, 1921.
  • Köhler, Erich. Études sur la littérature occitane médiévale. 1980.

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L’origine de « Vai cag’Endoumé », dicton marseillais du XIXe siècle https://www.geneprovence.com/lorigine-de-vai-cagendoume-dicton-marseillais-du-xixe-siecle/ https://www.geneprovence.com/lorigine-de-vai-cagendoume-dicton-marseillais-du-xixe-siecle/#respond Mon, 24 Feb 2025 05:30:28 +0000 https://www.geneprovence.com/?p=24552 Sous l’Ancien Régime, pour être agréé patron de barque à Marseille, il fallait faire preuve de capacité et d’honnête fortune devant la très insigne confrérie des gens de mer. Les…

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Sous l’Ancien Régime, pour être agréé patron de barque à Marseille, il fallait faire preuve de capacité et d’honnête fortune devant la très insigne confrérie des gens de mer. Les Prieurs ou syndics de cette œuvre avaient imaginé un excellent moyen pour faire cette double enquête par un seul et unique examen.
La session s’ouvrait le dimanche après Noël, à midi, en plein air, sur le quai Saint-Jean.
Le syndic-maje traçait d’abord au charbon, sur le pavé, une espèce de marelle (rappelons que marelle vient du latin mar, « la mer ») qu’il prétendait être la carte muette du littoral depuis Gibraltar jusqu’à Constantinople. Cela fait, le candidat était introduit dans la mer, tandis que les examinateurs restaient à terre.
L’épreuve était toujours le récit animé d’un court voyage dont le port était le point de départ. Dans sa narration le postulant employait le plus possible de mots techniques et marchait le long de la soi-disant côte, en signalant tous les caps, golfes, baies, calanques, etc. devant lesquels il passait, en prenant grand soin de les marquer sur la carte par une pièce de monnaie proportionnée à l’importance des lieux.
Le voyage terminé, les Prieurs n’avaient plus, pour s’assurer du mérite du candidat, qu’à compter la recette, qui était d’autant plus forte qu’il connaissait mieux la côte et qu’il était plus généreux.
Tant pis pour les ignorants et les avares !
Le 28 décembre 1693, Pierre Estubly se présenta devant le redoutable tribunal. Il n’était pas très bon navigateur et ne savait pas un mot de ce métier, mais il tenait dans sa main un petit saquet qui rendit un son très réjouissant quand le candidat sauta dans la mer.
Le misérable avait espéré corrompre les juges mais il fut bien déçu, car à peine le syndic eut-il avisé la quantité de marques qu’Estubly avait à sa disposition, qu’il s’écria :
« Vaï ei dardanellos, et revendras ! » (Va aux Dardadanelles et tu reviens !)
Jamais on n’avait ordonné une si rude épreuve.
Le jeune homme part, il va tout droit déjeuner en Sicile, de là il part boire un coup dans l’Archipel et il dîne un moment après à Constantinople.
Il n’avait déboursé que quatre astériques.
Les Prieurs avaient l’air de se dire : « Se moque-t-il de nous ? »
Restait le retour.
Il fut aussi émouvant que l’aller, à cela près que le voyageur ne passa que par les points déjà visités et qu’il jugea inutile de remarquer. Il approchait de Marseille, quand l’un des prieurs, n’y tenant plus, lui cria :
« Et Morgiou!
— Vouei ! répondit Estubly, soupi à Morgiou !
— Soupés à Morgiou ! riposta le syndic, exaspéré, et ben ! aro, vai carg’Endoumé !
En même temps tous les Prieurs tournèrent le dos au candidat tout confus, et l’auditoire partit d’un éclat de rire dont l’écho archéologique devait encore s’entendre au XIXe siècle.
Seulement les malicieux Marseillais, trouvant qu’après un souper à Morgiou, il n’y avait guère opportunité d’aller charger à Endoume, ont quelque peu modifié le dernier mot des Prieurs et en ont fait le proverbe tel qu’on l’entendait prononcer jusque dans les années 1860. Il n’y avait qu’un r à supprimer dans le mot carga et ils n’hésitèrent pas à commettre cette mutilation.
  • Source : Le Petit Marseillais, 22 mai 1868, p. 3, 4.

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Prosper Estieu et son poème à Virginie P. https://www.geneprovence.com/prosper-estieu-et-son-poeme-a-virginie-p/ https://www.geneprovence.com/prosper-estieu-et-son-poeme-a-virginie-p/#respond Sun, 06 Oct 2024 17:45:45 +0000 https://www.geneprovence.com/?p=22619 Prosper Estieu n’est pas directement lié à la Provence, mais il a été un acteur important du mouvement félibréen, qui a été fondé en Provence par Frédéric Mistral et d’autres…

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Prosper Estieu n’est pas directement lié à la Provence, mais il a été un acteur important du mouvement félibréen, qui a été fondé en Provence par Frédéric Mistral et d’autres poètes provençaux. Le Félibrige est une association littéraire et culturelle dédiée à la défense et à la promotion de la langue et de la culture occitanes, incluant la Provence.

Estieu, bien que principalement actif dans le Languedoc et le Lauragais, a contribué à la diffusion des idées félibréennes et à la réforme de la graphie occitane, influençant ainsi l’ensemble de la région occitane, y compris la Provence. Son travail a aidé à renforcer les liens culturels et linguistiques entre les différentes régions occitanes.

Biographie

Prosper Estieu (7 juillet 1860 – 11 décembre 1939) était un poète et instituteur français, né à Fendeille dans l’Aude et décédé à Pamiers dans l’Ariège1.
Il est surtout connu pour son rôle dans le mouvement félibréen, une association dédiée à la promotion de la langue et de la culture occitanes, fondée en Provence par Frédéric Mistral2. Estieu a fondé plusieurs écoles félibréennes, dont l’Escola Audenco à Carcassonne en 18923.
Avec Antonin Perbosc, il a entrepris une réforme graphique de l’occitan, qui a jeté les bases de la graphie classique utilisée aujourd’hui4.
Ses œuvres poétiques incluent des recueils tels que « Lou Terradou » (1895) et « Flors d’Occitania » (1906)5.
En 1900, il a été élu Majoral du Félibrige, reconnaissant ainsi son immense contribution à la culture occitane6.

À Virginie P.

Le 1er août 1880, l’hebdomadaire arlésien L’Homme de bronze publie, dans son 42e numéro (1re année), page 3, un sonnet écrit l’année précédente par Prosper Estieu. Le poème est intitulé “À Virginie P.” mais, dans sa version moderne, nous l’appellerons plus sobrement “Virginie”.
Nous avons donc le plaisir de vous présenter cette nouvelle chanson qui rend hommage à Prosper Estieu. Les paroles de cette chanson sont tirées de ce sonnet, mais la musique est résolument moderne. Nous l’avons imaginée avec des accents latino. Ce mélange unique vise à faire découvrir ou redécouvrir cet auteur aux jeunes générations.
En modernisant la musique, nous espérons rendre les œuvres d’Estieu plus accessibles et attrayantes pour les jeunes, tout en respectant l’essence de ses écrits. Cette initiative est une invitation à plonger dans la richesse de la poésie occitane et à apprécier la beauté intemporelle des sonnets de Prosper Estieu.

Aux générations plus anciennes

Nous comprenons que l’association de paroles aussi vénérables avec une musique contemporaine puisse surprendre. Cependant, notre intention est de redonner vie à l’œuvre de cet auteur remarquable et d’inciter les jeunes à découvrir ses magnifiques sonnets.
Nous espérons que vous accueillerez cette initiative avec bienveillance et que vous partagerez notre enthousiasme pour faire connaître Prosper Estieu à une nouvelle génération de lecteurs.

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[Provençal] Miramas… dès minuto d’arrèst ! Miramas… dix minutes d’arrêt ! https://www.geneprovence.com/provencal-miramas-10-minuto-darrest-miramas-10-minutes-darret/ https://www.geneprovence.com/provencal-miramas-10-minuto-darrest-miramas-10-minutes-darret/#respond Mon, 22 Feb 2016 20:22:35 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=15766 Écoutez la lecture de cet enregistrement en cliquant sur la flèche orange ci-dessous : A MIRAMAS, VILO DE TRIN, de segur, i’a d’istòri de trin. Dudule, que restavo à Miramas,…

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A MIRAMAS, VILO DE TRIN, de segur, i’a d’istòri de trin.
Dudule, que restavo à Miramas, èro emplega dóu camin de ferre ; èro countourroulaire de trepadou à Miramas tambèn. Pichot, courtet de cambo, cargant sus lou davans, uno pelesoun bèn istalado qu’escoundié souto uno casqueto de countourroulaire que quitavo jamai, lou nas e la caro roujas e enfin uno tras que pichoto moustacho – quàuqui pèu en carrat souto lou nas –, èro un emplega moudèle qu’aurié pas fa tort d’un liard à si vesin, pas mai qu’à la coumpagnié que l’emplegavo. Un sòu èro un sòu, quand lou dévié, e quand ié devien, foucho ! l’óublidavo pas.
Es ansin que dins lou tèms, l’ounnibus Marsiho-Avignoun fasié lis ouratòri pèr ié prendre li viajaire. Mai, bord que i’avié un mai, noun se ié poudian davala qu’à parti de Seloun-de-Crau.
Adounc quand lou trin intravo en garo, Dudule s’aprouchavo, siblavo – triiit – avans que d’anouncia d’uno voues trounadisso i vouiajaire esperant sus lou trepadou de la garo :
— Miramas… dès minuto d’arrèst !

train-gare-miramas

E tout se debanavo coum’acò quouro lou jour venguè que Dudule avisè un contro-venènt davalant dóu trin. Escoutant que soun sèn civi e proufessiounau, l’apoustroufè d’un biais autouritàri qu’anè emé sa cargo :
— Ho ! hé ! Sabès pas qu’es enebi de davala à Miramas sus aquesto ligno ! Fau espera Seloun.
— Mai… Mai…
— I’a ges de mai que tengon. Vous vòu apprendre la lèi, iéu. Vous vòu douna un papié.
— Mai… sabes que rèste à Miramas.
— Es pas uno resoun. La lèi es la lèi. Lou cop que vèn, vous n’en rapelaras.
— Mai… Mai…
— Res es censa ignoura la lèi, faguè d’uno bello asseguranço.
E sèns mai d’argument, Dudule dreissè un verbau à soun degut à la viajarello mal-avisado qu’avié lou fege de trepassa lou reglamen. La femo alor sachè pu que dire, èro aplantado aqui carculant se ié falié crida, ploura, remounta dins lou trin o dire de merci. Fin finalo Dudule reprenguè soun siblet – triiit – e anounciè :
— Fermaduro di porto !
Lou trin partiguè. La femo s’enanè elo tambèn. Èro peginado, pleno de vergougno, de ràbi, de charpin… un pau de tout acò bord que… èro sa femo !

L’istòri es pas ligado au tèms passat car quouro la countère à-n-un ami, i’a quàuqui tèms d’acò, apoundeguè d’aigo au moulin, me disènt, à son tour, que soun bèu-fraire, agènt de pouliço municipalo, verbalisè d’aploumb, éu tambèn, la veituro mau-garado… de sa femo !

Martino Bautista

*

À MIRAMAS, VILLE DE TRAINS, c’est sûr, il y a des histoires de trains.
Dudule, qui habitait à Miramas, était employé au chemin de fer ; il était aussi contrôleur de quai à Miramas. Petit, court de jambe, bedonnant, une calvitie bien installée qu’il cachait sous une casquette de contrôleur qu’il ne quittait jamais, le nez et la face rougeauds et enfin une très petite moustache – quelques poils en carré sous le nez –, c’était un employé modèle qui n’aurait pas fait de tort à ses voisins, pas plus qu’à la compagnie qui l’employait. Un sou était un sou, quand on le devait, et quand on lui devait, pardi ! il ne l’oubliait pas.
C’est ainsi qu’à l’époque, l’omnibus Marseille-Avignon s’arrêtait dans toutes les gares pour y prendre les voyageurs. Mais, car il y avait un mais, on ne pouvait en descendre qu’à partir de la gare de Salon-de-Provence.
Donc quand le train entrait en gare, Dudule s’approchait, sifflait – triiit – avant d’annoncer d’une voix tonitruante aux voyageurs attendant sur le quai de la gare :
— Miramas… 10 minutes d’arrêt !

train-gare-miramas

Et tout se passait comme cela quand le jour vint où Dudule remarqua un contrevenant descendant du train. N’écoutant que son sens civique et professionnel, il l’apostropha d’un ton autoritaire convenant à sa charge :
— Ho ! hé ! Vous ne savez pas qu’il est interdit de descendre à Miramas sur cette ligne ! Il faut attendre Salon.
— Mais… Mais…
— Il n’y a pas de mais qui tiennent. Je vais vous apprendre la loi, moi. Je vais vous dresser un papier.
— Mais… tu sais que j’habite à Miramas.
— Ce n’est pas une raison. La loi, c’est la loi. La prochaine fois, vous vous en rappellerez.
— Mais… Mais…
— Nul n’est censé ignorer la loi, fit-il d’un air plein d’assurance.
Et sans plus d’argument, Dudule dressa un procès verbal à la voyageuse malavisée qui avait eu l’audace de transgresser le règlement. La femme, alors, ne sut que dire, elle restait là sans bouger, ne sachant s’il lui fallait crier, pleurer, remonter dans le train ou dire merci. Finalement Dudule reprit son sifflet – triiit – et annonça :
— Fermeture des portes !
Le train partit. La femme s’en alla elle aussi. Elle était dépitée, pleine de honte, de rage et de chagrin, un peu de tout cela car… c’était sa femme !

L’histoire n’est pas liée à l’époque car lorsque je la racontais à un ami, il y a quelques temps de cela, il ajouta de l’eau au moulin en me contant, à son tour, que son beau-frère, agent de police municipale, verbalisa, sans hésiter, lui aussi, la voiture mal garée… de sa femme !

Martine Bautista
  • Photographie : Arch. personnelles de l’auteur.

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[Provençal] Conto-nous lou Belèn | Raconte-nous la crèche ! https://www.geneprovence.com/provencal-conto-nous-lou-belen-raconte-nous-la-creche-2/ https://www.geneprovence.com/provencal-conto-nous-lou-belen-raconte-nous-la-creche-2/#respond Wed, 23 Dec 2015 10:24:36 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=15686 Écoutez la lecture de cet enregistrement avec la participation de la chorale liturgique provençale de l’église de Miramas en cliquant sur la flèche orange ci-dessous : « PAPET ! PAPET !…

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Écoutez la lecture de cet enregistrement avec la participation de la chorale liturgique provençale de l’église de Miramas en cliquant sur la flèche orange ci-dessous :

« PAPET ! PAPET ! conto-nous lou Belèn ? digo-nous papet ? »
Alor moun grand nous menavo, ma sorre Janino e iéu, vers la salo à manja. I’anavian que pèr li jour de fèsto o bèn quand recebian. Dins lou silènci d’aquéu membre fre e sourne, soul lou reloge cafissié l’èr de soun tifo-tafo. Èro aqui, sus lou veisselié, entre li dos coulono ciselado qu’estigançavian noste belèn. Quàuqui rusco pèr la Santo Baumo, de mousso, de brancun e de mato de ferigoulo e roumanin. Moun papet istalavo ma sorre sus uno cadiero bord qu’èro trop pichouneto pèr vèire e iéu, lou nas pega sus lou rebord dóu moble me semblavo que li santoun vivien e èron mai grand qu’au verai. Alor noste grand nous chalavo emé si raconte :

creche-noel

« Papet, li pastre perqué parton ?
— L’Ange de Diéu lis a esviha pèr ié dire que lou pichot Jèsu èro na. Es éli que lou van anouncia en tóuti. Ausès pas canta ? »
« Glooooria ! Gloria in excelsis Deo ! »
« E li fedo… se van escapa !
— Que nàni ! Soun lis ange que li gardaren. Escoutas ! Li pastre revihon lou vilage e subretout li vièi : “Sian vengu tóutis ensèn, pèr reviha Roustido. Sian vengu tóutis ensèn anan à Betelèn…”
— Digo-nous, papet, i’a tres vièi aqui.
— E o, es Roustido. A ausi li pastre e a vengu querre Margarido e Jourdan. Au lume de soun fanau, fan tira tambèn : « au Fiéu de Diéu que nous es na, presentaren nòstis óumage. Au Fiéu de Diéu que nous es na, saran tout aro prousterna… »
Escoutavian religiousamen noste papet que sabié de cor tóuti li cant de la Pastouralo. Mai davans nòstis iue escarcaia, i’avié tant de bèlli causo que nous venié tant e tant de questioun.
— Oh ! de qu’es aquesto peirasso sus la bricolo, papet ?
— Es l’amoulaire. Amolo li cisèu, li coutèu… sur la pèiro. »
E iéu, vesiéu la pèiro belugueja mentre que l’amoulaire cridavo : Cisèu ! Coutèu !…
— Oh ! i’a un tambourinaire !
— Bèn segur ! rampelo tóuti. Sa musico nous jogo de Nouvè.
— E éu, papet. Perqué lèvo li bras ?
— Ah ! Éu ! es lou ravi. Es sèmpre countènt car uno fado i’a douna lou poudé de s’esmeraviha : es pas bèu lou pichot Jèsu ?
— Oh vo papet ! faguerian.
— E éu, papet ? es atrenca bijarramen. Qu es ?
— Ai ! Ai ! éu… es lou bóumian. Es aqui pèr rauba lou pichoun. »
A-n-aquéli mot, mandavian de bram d’esfrai : aaaah ! Alor moun grand nous prenié à la brasseto pèr nous rassegura e nous venié :
« Mai vous n’en fagués pas mi poulideto, Diéu li sauvara, lou bèn gagno toujour. »
Alor se sentian mies.
« E regardas tout aquéli pourtaire de presènt. Fan l’óufrèndo de ço qu’an de meiour au siéu : de pan, d’aiet, d’ióu, de coucourdo, de farino, de pèis, d’auco e galino e que sabe iéu… la Santo Vierge Marìo e Jóusè soun bèn countènt bord qu’avien pu ges de viéure.
— Oh ! mai i’a aussi l’ase e lou biòu !
— Vo. Rescaufon de soun boufe lou Nistoun.
— Subretout, papet, qu’es ajassa sus de paio !
— Oh ! Aqui ! subre l’estable ! i’a un ange de gròssi gauto !
— E vo. De longo boufo dins la troumpeto.
— Papet, nous dises que lou pichot Jèsu es na e pamens lou vèse pas dins soun brès… que ?
— Mi bèlli pichoto, vendra dins lis oustau que lis enfant sage an alesti la crècho pèr l’aculi. Pèr lou moumen, zóu, anen à la messo de miejo-niue que la famiho nous espèro. »
Bèn d’annado an passa desempièi e davans Diéu siegue, ma maire a parti dins lou sant paradis, mai dins lou silènci de la niue, m’arribe encaro de l’entèndre me counta aquelo epoco urouso que touto pichoto soun grand, papet Frederi, passavo de tèms e de tèms à canta. Uno cansoun lou pertoucavo mai que mai : “les roses blanches. ” Arribavo jamai à la fin… sis iue beluguejavon e se boutavo à ploura.
Martino Bautista

*

PÉPÉ ! PÉPÉ ! Tu nous racontes la crèche ? Dis, pépé ? »
Alors mon grand-père nous entraînait, ma sœur Jeannine et moi, dans la salle-à-manger. Nous n’y allions que pour les jours de fête ou bien quand on recevait. Dans le silence de cette pièce froide et sombre, seule la pendule remplissait l’air de son tic-tac. C’était ici, sur le vaisselier, entre les deux colonnes sculptées que nous installions notre crèche. Quelques écorces pour faire la sainte grotte, de la mousse, des branchages et des touffes de thym et de romarin. Mon pépé installait ma sœur sur une chaise car elle était trop petite pour voir et moi, mon nez collé sur le rebord du meuble, il me semblait que les santons vivaient et étaient beaucoup plus grands que la réalité. Alors notre grand-père nous charmait avec ses histoires :

creche-noel

« Pépé, les bergers, pourquoi ils partent ?
— L’Ange de Dieu les a réveillés pour leur dire que le petit Jésus était né. C’est eux qui vont l’annoncer à tous. Vous n’entendez pas chanter ? »
« Glooooria ! Gloria in excelsis Deo ! »
« Et les moutons… ils vont s’échapper !
— Mais non ! Ce sont les anges qui les garderont. Écoutez ! Les bergers réveillent le village et surtout les vieux. “Sian vengu tóutis ensèn, pèr reviha Roustido. Sian vengu tóutis ensèn anan à Betelèn…”
— Dis pépé, il y a trois vieux ici.
— Oui, c’est Marguerite et Jourdan avec Roustide. Il a entendu les bergers et les a réveillés. À la lumière de leur lanterne, ils se mettent en route aussi : « Au Fiéu de Diéu que nous es na, presentaren nòstis óumage. Au Fiéu de Diéu que nous es na, saran tout aro prousterna… »
Nous écoutions religieusement notre pépé qui savait par cœur tous les chants de la Pastorale. Mais devant nos yeux écarquillés, il y avait tant de belles choses qu’il nous venait tant de questions.
« Oh ! c’est quoi cette grosse pierre sur le charriot, pépé ?
— C’est le rémouleur. Il aiguise les ciseaux, les couteaux… sur la pierre. »
Et moi, je voyais les étincelles partir de la pierre tandis que le rémouleur criait : « Ciseaux ! Couteaux !… »
« Oh ! il y a un tambourinaire !
— Bien sûr ! il bat le rappel. Sa musique nous joue des Noël.
— Et lui, pépé, pourquoi il a les bras en l’air ?
— Ah ! ça ! c’est le ravi. Il est toujours content car une fée lui a donné le pouvoir de s’émerveiller. Il est pas beau, le petit Jésus ?
— Oh oui, pépé ! faisions-nous.
— Et lui, pépé ? il est habillé bizarrement. Qui c’est ?
— Ah ! lui… c’est le boumian. Il est venu pour enlever le petit Jésus. »
À ces mots, nous poussions des cris d’effroi : aaaah ! Alors mon grand-père nous serrait dans ses bras pour nous rassurer et il nous disait :
« Mais ne vous en faites pas mes mignonnes, Dieu les sauvera, le bien gagne toujours – Nous étions alors soulagées.
— Et regardez tous ces porteurs de cadeaux. Ils font l’offrande de ce qu’ils ont de meilleurs chez eux : du pain, de l’ail, des courges, de la farine, des poissons, des oies et poules et que sais-je encore… la Sainte Vierge Marie et Joseph sont bien contents car ils n’avaient plus rien à manger.
— Oh ! mais il y a aussi l’âne et le bœuf !
— Oui ils réchauffent de leur souffle le petit.
— Surtout, pépé, qu’il est installé sur de la paille !
— Oh ! là ! au-dessus de l’étable ! il y an un ange avec de grosses joues !
— Oui. C’est à force de souffler dans la trompette.
— Pépé, tu nous dis que le petit Jésus est né et pourtant il n’est pas dans la crèche… pourquoi ?
— Mes belles petites, il viendra dans les maisons où les enfants sages ont préparé la crèche pour l’accueillir. Pour le moment, allons à la messe de minuit que la famille nous attend. »
Bien des années ont passé depuis, et Dieu m’en est témoin, ma mère est partie dans le saint paradis mais dans le silence de la nuit, il m’arrive encore de l’entendre me raconter cette époque heureuse que toute petite, son grand-père, pépé Frédéric, passait de longs temps à chanter. Une chanson le touchait plus que toutes : Les Roses blanches. Il n’arrivait jamais à la fin… Ses yeux brillaient et il se mettait à pleurer.

Martine Bautista

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RACONTE DE MOUN PAIRE :

Après guerro, moun fraire Manu aguè l’idèio de faire un orto que vèndavo li proudu dins la merçarié de Julieto, nosto tanto, balouard de la republico (aro carriero Kennedy). S’èro istala aqui bord qu’erian sinistra au 100 % (au cènt dóu cènt) emé la librarié de famiho que tenié ma maire, avans que de retrouba l’avengudo d’Istre (aujourd’uei l’avengudo Chalve). Fuguè ansin que moun paire plantè un pichot « vignarés » sus un terren de 600 m2 que poussedissié dins lou quartié Chiroun. Sus aquel ort creissié tambèn uno inmenso figuiero.
domaine-clos-ambroise-miramasCoume lou marrit mau dóu vignarés, lou filossera empestiferavo li souco, s’èro aprouvesi de plant dirèit american. Èron de soucage american, mestis dirèit qu’avien ges de besoun d’èstre enserta pèr faire targo i parasite e malautié e pèr proudurre. Aquéli plant fuguèron enebi pu tard bord que se disié que fasien un marrit vin, qu’èron cancerigène, que fasien vira caloto… E pièi qu’èron de relicle dóu passat ! Viedasarié ! Aquelo interdicioun avié de resoun poulitico-ecounoumico !
Dins la cous, darrié l’oustau, i’avié 2 (dos) miò. Dos grosso bouto espesso, tras que resistènto emplegado pèr lou trasport de vin e alcol. Countenissien entre 500 e 650 litre. Quouro venié la sesoun, moun paire li cafissié d’aigo pèr que lou bos s’embugo e pièi ressarravo li ciéucle. Parié pèr li 3-4 tounèu qu’emplegavian. Mai peravans ié boutavo de sóupre afin de tuia la verminaio.
La rintrado se debanavo au mes d’óutobre adounc avian lou tèms de faire li vendémi en famiho : emé moun paire e mi fraire. Se fasien tout à la man, dins la matinado. Pèr coupa de rasin la sesoun èro vengudo, la vigno èro proun maduro, alor li cisèu intravon dins la danso. Falié ramassa li age, lou jus èro dedins e noun falié n’en óublida, se voulian pas entendre rena lou paire. Menavian lou tout emé lou carretoun à bras, li rin dins de canestèu de bos qu’emplegavo lou marchand de bos pèr lou trasport.

Pièi venié lou chauchage. Pausavian la chauchadouiro à manivello subre la miò, e trissounavian li rasin. Falié vira d’ouro e d’ouro de tèms ! Avans, au founs de la bouto, moun paire depausavo un balaus de ramo-à-counièu que servié de filtre. Nautre vuejavian li rapugo de rasin pau à cha pau. Pièi quouro èron escrachado, li metian à bouli quàuqui jour. Disien bouli bord que la rebouliduro di moust fai glouglouta lou jus óutengu. Dins l’èr, li tino destapado largavon l’óudour moustouso di rasin.
Em’acó sarravian la raco sus lou destré e coumo à la baso de la miò, i’avié un roubinet, tiravian lou vin, lou bon sang de la triho dins de ferrat e cacaluchavian li tounèu de 100 l que remisavian au fin founs de la cavo. Lou vin tira, moun paire cafissié la miò d’aigo, apoundié de sucre e fasié bouli encaro un cop lou moust – pas sus lou fiò ! dins li boulidou – pèr faire de trempo. Arribavo à n’en faire enjusqu’à 4 que bevian subretout emé de castagno. La darriero èro pulèu de pissagno de chin, de la trempo de la setenco. Lou vin que dóu gavèu aman forço lou jus, se bevié un mes après : d’abord lou rèire-vin pièi lou vin. N’avian pèr li tres-quart de l’annado, meme se à la fin lou vin tiravo à l’aigre, lou bevian tout de meme ! E pièi èro dóu nautre.

Vendémio acabado, li vendemiaire recaupien la raco de la tino e esperavon un avis de la coumuno qu’anounciavo que l’alambi èro lèst pèr brula. Tóuti devien ana d’abord au burèu dis impost vers lou paire Chiarri, pensiouna de l’armado, leissa pèr mort à Monte Cassino qu’èro recebèire dis impost indirèit (èro un dre reserva is ancian coumbatènt). Deliéuravo un certificat, un leissa passa, que disié quant d’alcol èro à carreja, que la tausso èro pagado, e à parti de queto ouro se poudié tourna à l’oustau ; tout acò encas de countourrolo de gendarmarié o de gabelou.
L’aigo-ardentié moussu Marsiho de Miramas istalavo l’alambi, un bel engin tout de couire beluguejant i 4 camin dins la cous d’un mas. Èro pas soun mestié mai un estatut de prouprietàri recoultaire. La mountado en caufo duravo 2 à 3 ouro : alor dóu serpentin uno aigo lindo, caudo, rajoulejavo.
Cadun avié lou dre de brula de la raco pèr 1000° siegue 20 l d’alcool à 50° brula pèr campagno. Mai moussu Marsiho avié soun caratère : meme se tout èro lèst, defendié i gènt de parti avans l’ouro escricho sus lou bon dóu Tresor, meme pas 1 minuto avans : l’ouro èro l’ouro !
Enfin moun paire croumpavo en fraudo de flascounet de pastis pèr faire lou pastis d’oustau em’aquel alcool d’alambi : « E èro bon coume acò ! »
Em’acó s’ajudavian entre vesin, entre ami. Aussi èro jour de fèsto quouro se disié « vendemian vers Rougé Lazard » i Madaleno (vers 1950). Nautre, anavian i Madaleno en velò mai Rougé Lazard i’anavo emé la miolo, la Rousseto, uno bono troutarello, atalado e quouro arribavo au nivèu dóu cèntre teini d’aro, cade fes, la miolo s’aplantavo e éu devié bataia ferme pèr la mai faire avança !
Mai èro jour de riboto, jour d’aioli… à tuia li mousco ! Èro lou moumen d’ouncha sa gargamello. Pendènt li vendémi, li femo cousinavon uno roundo de liéume : tartifle, baneto, pastenargo, caulet-flòri e li famous cacalaus gris, lou tout arrousa dóu vin d’oustau pèr faire passa tout acò. Fasien tampouno : amavian lou vin e lou chimavian proun. Urousamen, acò nous arribavo pas proun souvènt ! À la fin dóu repas èro pas raro que se desfasien la blouco di braio. E alor, èro dur l’après-dina pèr reprèndre. Avans de tourna travaia, falié penequeja !

Martino Bautista

*

RÉCIT DE MON PÈRE :

Après guerre, mon frère Manu eut l’idée de faire le jardin dont il vendait les produits dans la mercerie de Juliette, notre tante, boulevard de la République, (aujourd’hui rue Kennedy). Elle s’était installée là car nous étions sinistrés à 100%, avec la librairie des familles que tenait ma mère, avant de retrouver l’avenue d’Istres (l’avenue Chalve maintenant). Ce fut ainsi que mon père planta un petit « vignoble » sur un terrain de 600m2 qu’il possédait dans le quartier Chiron. Sur ce jardin poussait aussi un immense figuier.
domaine-clos-ambroise-miramasComme le mauvais mal des vignes, le phylloxéra attaquait les souches, il s’était procuré des plants directs américains. C’étaient des cépages américains, hybrides directs qui n’avaient pas besoin d’être greffés pour résister aux parasites et maladies et pour produire. Ces plants furent interdits par la suite car on disait qu’ils produisaient un mauvais vin, qu’ils étaient cancérigènes, et qu’ils rendaient fou. Et puis c’étaient des reliques du passé ! Balivernes ! Cette interdiction était issue de raisons politico-économiques !
Dans la cour, derrière la maison, il y avait deux muids. Deux gros fûts épais très résistants utilisés pour le transport des vins et alcools. Ils contenaient entre 500 à 650 litres. Quand approchait la saison, on les emplissait d’eau pour que le bois se gorge et mon père resserrait les cercles. Pareil pour les trois-quatre tonneaux que nous utilisions. Mais auparavant il y mettait du soufre pour tuer la vermine.
La rentrée se faisait au mois d’octobre aussi avions-nous le temps de faire les vendanges en famille : avec mon père et mes frères. Elle se faisait tout à la main, dans la matinée. Pour couper les raisins, la saison était venue, la vigne était assez mûre, alors les ciseaux entraient dans la danse. Il fallait ramasser les grains de raisin, le jus était dedans et il ne fallait pas en oublier, si nous ne voulions pas entendre râler le père. On charriait le tout avec le charreton à bras, les raisins dans des cageots en bois qu’utilisait le marchand de bois pour le transport.

Puis venait le foulage. On déposait le pressoir à manivelle dessus le muid, et on écrasait les raisins. Il fallait tourner pendant des heures et des heures ! Avant, au fond du muid, mon père déposait un fagot d’asperges sauvages qui servait de filtre. Nous, on versait les grappes de raisins petit à petit. Puis une fois écrasées, on les mettait à bouillir pendant quelques jours. On disait bouillir car la fermentation fait glouglouter le jus obtenu. Des tonneaux ouverts, l’air s’emplissait de l’odeur gluante des raisins.
À la base du muid il y avait un robinet, on serrait les grappes sur le pressoir : on tirait le vin, le bon sang de la treille dans des seaux et l’on emplissait les tonneaux de 100 l qu’on remisait au fin fond de la cave. Le vin tiré, mon père remplissait encore une fois le muid d’eau, ajoutait du sucre et faisait bouillir encore un coup le moût – pas sur le feu ! – pour faire la première piquette. Il arrivait à en faire jusqu’à 4 que nous consommions surtout avec des châtaignes. La dernière était plutôt du pipi de chien !

Le vin dont nous aimions beaucoup le jus se buvait un mois après : d’abord la piquette puis le vin. On en consommait pendant les trois-quarts de l’année, même si à la fin le vin tournait, on le buvait tout de même ! Et puis c’était le nôtre.
Vendanges achevées, les vendangeurs récupéraient le moût de la cuve et attendaient un avis de la mairie qui annonçait que l’alambic était prêt pour distiller le moût. Tous devaient d’abord aller au bureau des impôts chez le père Chiarri, pensionné de l’armée, laissé pour mort à Monte Cassino qui était receveur des impôts indirects (c’était un droit réservé aux anciens combattants). Il délivrait un certificat, un laisser-passer, qui disait le nombre de litres d’alcool à transporter, que la taxe était payée, et à partir de quelle heure on pouvait rentrer à la maison ; tout cela en cas de contrôle de gendarmerie ou de douane.
Le bouilleur de cru monsieur Marseille de Miramas installait l’alambic, un bel engin tout de cuivre étincelant aux 4 chemins, dans la cour d’un mas. Ce n’était pas son métier mais un statut de propriétaire récoltant. La montée en chauffe durait 2 à 3 heures : alors du serpentin une eau transparente, chaude, un filet coulait.
Chacun avait le droit de distiller du moût pour 1000° soit 20 litres d’alcool à 50° distillés par campagne. Mais monsieur Marseille avait son caractère : même si tout était prêt, il défendait aux gens de partir avant l’heure écrite sur le bon du Trésor, même pas une minute avant : l’heure c’était l’heure !
Enfin mon père achetait en fraude des petits flacons d’extrait de pastis pour faire le pastis maison avec cet alcool d’alambic : « Et c’était bon comme cela ! »
Et puis on s’aidait entre voisins, entre amis. Aussi c’était jour de fête quand on disait « on vendange chez Roger Lazard » aux Madeleines (vers 1950). Nous, nous allions aux Madeleines à vélo mais Roger Lazard y allait avec la mule, la Roussette une bonne trotteuse attelée et lorsqu’elle arrivait au niveau du centre technique, chaque fois, elle s’arrêtait et il lui devait batailler ferme pour la faire avancer !
Mais c’était jour de ribote, jour d’aïoli… à tuer les mouches ! on allait se graisser la gargamelle. Pendant les vendanges, les femmes cuisinaient une ronde de légumes : pommes de terre, haricots verts, carottes, choux-fleur et les fameux escargots gris, le tout arrosé du vin de la maison pour faire passer tout cela. Nous faisions la noce : nous aimions le vin et nous le buvions bien bien. Heureusement cela ne nous arrivait pas tous les jours ! Ce n’était pas rare qu’après le repas, on se défasse la ceinture du pantalon. Et alors, c’était dur l’après-midi pour reprendre, avant de retourner travailler, il fallait faire une bonne sieste !

Martine Bautista

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APRÈS LA GUERRO, en 1948, emé lou patrounage, à Miramas, li capelan se cargavon encaro de la jouventuro dóu mitan poupulàri. Li chato èron d’un coustat à l’escolo Jano Darque e li chat de l’autre, dins la cours de la glèiso. Èro lou biais d’educa lis enfant, de li fourma, de ié douna uno fourmacioun mouralo, fisico e soucialo. Tre que i’avié un moumenet de libre, óurganisavon d’ativeta : siegue uno partido de baloun o de bocho, uno partido de galo de terro, siegue uno seanço de cinema ; de jo de piste e d’escursioun, e que sabe encaro… Avien meme mounta uno chourmo de foute-balo pèr minime.
Es coum’acò qu’aquel an, moun paire anè en coulounìo de vacanço à Grandriéu en Lousèro. Bèn segur, à Miramas vilo de trin, lou vouiage se faguè emé lou trin, dins de vagoun de bos : 5 ouro sus de bancado de bos tambèn moufle coume uno saco de massacan. Arribèron enfin, negre coume de carbounié !
Tre l’arribado, lis istalèron dins uno grand bastisso de frejau, dins de vàsti dourmidou. Pièi, li vacanço, enfin ! De journado touto pèr s’amusa emé li coumpan, dins un paisage de mountagno roundo, douço cuberto de brusc e de brimbello, de fourèst de pin gavot, de serènto e de faiard. Èro lou tèms de permenado, de bagnado dins la ribiero, de jo e de partido de foute-balo, toujour. A l’après dina, èron countregne de faire miejour ! Visitèron l’abadié Nosto-Damo de Nèu à Langougno, de baumo emé pendoulino e candeleto mountanto.
Malurousamen, èro l’annado d’uno malandrarié de poulioumielite e la counsigno èro d’apoundre de javel dins tout ço que se bevié. Mai l’aigo rajavo d’en pertout e cado fes que rescountravon uno font dóu tèms d’uno sourtido, li pichot qu’èron se jitavon subre tant l’aigo que bevien de longo èro marrido de goust !

miramas-village

Quàuquis annado après, toujour emé lou patrounage, un jour de Sant Jan à Miramas dins la cous de la glèiso, uno troupelado d’escout passavon la serado la mai longo de l’annado autour dóu fiò, cantant au son de la quitarro dins la calour dóu mes de jun. Deja moun paire èro marida mai sabe pas pèr dequé ié venguè l’idèio de carga un linçòu blanc, d’escala la muraio qu’encenturavo la cous e se boutè à gingoula à la luno. Alor coumo uno voulado de passeroun, tremoulant de pòu, li pichot bramèron e s’enfugiguèron dins la nègro niue !

I’agrado à moun paire aquéli farcejado. Bèn de tèms après, alor qu’erian en vacanço à Beauvezer dins lis Aup de nauto Prouvènço, lou femelan de la famiho passavon li journado dins uno vièio bastisso, contro-vènt barra, à faire vira li taulo, prenènt lou tremoulun touto souleto : « Esperit siés-ti aqui ? »
Mai èro sèns coumta emé moun paire que venguè d’escoundoun, un jour, tabassa li paro-vènt dóu membre dins la soumbruro… Encaro un cop, coume de passeroun veguènt lou cat, li femo sourtiguèron de la bastisso, ourlanto coume se i’avié de marrit fouletoun darrié éli.

Martino Bautista

*

APRÈS LA GUERRE, en 1948, avec le patronage, à Miramas, c’étaient encore les curés qui étaient en charge de la jeunesse des milieux populaires. Les filles étaient d’un côté à l’école Jeanne-d’Arc et les garçons de l’autre, dans la cour de l’église. C’était un moyen d’éduquer les enfants, de les former, de leur donner une formation morale, physique et sociale. Dès qu’il y avait un moment de libre, ils organisaient des activités : soit une partie de ballon ou de boules, une partie de billes de terre, soit une séance de cinéma ; des jeux de pistes, des excursions, et que sais-je encore… ils avaient même monté une équipe de football pour minimes.
C’est comme cela que, cette année-là, mon père alla en colonie de vacances à Grandrieu en Lozère. Bien sûr, le voyage se fit en train, dans des wagons de bois : cinq heures de trains sur des bancs de bois aussi, rembourrés aux noyaux de pêches. Nous arrivâmes enfin, noirs comme des charbonniers !
Dès l’arrivée, ils les installèrent dans une grande bâtisse de granit, dans d’immenses dortoirs. Puis, les vacances, enfin ! Des journées entières pour s’amuser avec les copains, dans un paysage de montagnes rondes, douces, couvertes de bruyères et de myrtilles ; des forêts de pins sylvestres, d’épicéas et de fayards (hêtres, N.d.A.). C’était le temps des promenades, des baignades dans la rivière, de jeux et de partie de football, toujours. Après le repas, ils étaient contraints de faire la sieste ! Ils visitèrent l’abbaye de Notre-Dame des neiges à Langogne, des grottes avec des stalactites et des stalagmites.
Malheureusement, c’était l’année où une épidémie de poliomyélite sévissait et la consigne était de mettre de la javel dans tout ce qui se buvait. Mais l’eau coulait de partout et chaque fois qu’ils rencontraient une fontaine pendant une sortie, les petits qu’ils étaient se jetaient dessus tant l’eau qu’ils buvaient tous les jours était mauvaise au goût !

miramas-village

Quelques années après, toujours avec le patronage, un jour de Saint-Jean à Miramas dans la cour de l’église, une bande de scouts passait la soirée la plus longue de l’année autour d’un feu, chantant au son de la guitare dans la chaleur du mois de juin. Déjà mon père était marié mais je ne sais pourquoi, il lui vint l’idée de revêtir un drap blanc, d’escalader le mur qui ceinturait la cour et il se mit à hurler à la lune. Comme une volée de moineaux, tremblant de peur, les petits se mirent à crier et s’enfuirent dans la nuit noire !

Mon père aime faire ce genre de farces. Bien du temps après, alors que nous étions en vacances à Beauvezer dans les Alpes-de-Haute-Provence, les femmes de la famille passaient leurs journées dans une vieille bâtisse, volets clos, à faire tourner les tables, prenant peur toute seule : « Esprit es-tu là ? »
Mais c’était sans compter avec mon père qui vint un jour en cachette tabasser les volets de la pièce plongée dans l’obscurité… Encore un coup, comme des moineaux voyant le chat, les femmes sortirent de la bâtisse, hurlant comme s’il y avait de mauvais esprits derrière elles.

Martine Bautista

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[Provençal] Lou cagadou es clafi / Le cabinet est plein https://www.geneprovence.com/provencal-lou-cagadou-es-clafi-le-cabinet-est-plein/ https://www.geneprovence.com/provencal-lou-cagadou-es-clafi-le-cabinet-est-plein/#respond Thu, 28 May 2015 12:26:01 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=15076 Écoutez la lecture en cliquant sur la flèche orange ci-dessous : QUOURO NASQUÈ Miramas-garo, qu’èro meme pancaro Miramas mai Counstantino, li saberu d’aquéu tèms avien previst qu’emé lou loujamen dis…

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Revoil, "Il faut que Monsieur le Baron ait eu fièrement peur !!!", estampe, Bibl. nat. de France, 1830.
Revoil, « Il faut que Monsieur le Baron ait eu fièrement peur !!! », estampe, Bibl. nat. de France, 1830.
QUOURO NASQUÈ Miramas-garo, qu’èro meme pancaro Miramas mai Counstantino, li saberu d’aquéu tèms avien previst qu’emé lou loujamen dis óubrié qu’arribarien pèr travaia au camin de ferre, un tros de terro ié sarié apoundu pèr ameioura l’ourdinàri e pèr evita de s’enfeta : coume èron bèn souvènt de pacan, avien l’abitudo de travaia de longo. Li fanguihau èron pancaro necessàri nimai e meme inutile. Car li qu’avien la chabènço de poussedi un tros de terro, leissavon rèn s’escavarta. Tout se reciéuclavo. Mi rèire fasien coume acò, éli tambèn e meiouravon soun orto emé lou proudu de soun quèli, d’un biais ecoulougi davans l’ouro !
Quouro ma rèire-grand jardinejavo e qu’uno pissagno la prenié, se boutavo à sibla e tout en regardant en l’èr… Escartavo simplamen li cambo afin de se souleja ! Meravihous coutihoun fendu d’aquéu tèms. Pèr contro, li que noun poudien reciéucla d’esperéli, fisavon soun quèli à l’óubliganço d’un agènt-menaire de « tourpiho », lou paire Marsiho que couneissié ansin tóuti li secrèt intime de la pratico : lou qu’avié agu la cagagno ; la que venié d’enfanta ; li que manjavon de caulet o d’espinarc…. Fasié la virado emé soun ase que tiravo l’atalage e cargavo ges de gant pèr maneja tóuti aquéli quèli. Quouro venié l’ouro de crousteja, s’assetavo d’aiso sus la banqueto de la tourpiho e manjavo soun tros de pan em’un taioun de saucissot.

Un jour, quàuqui cambarado de couscricioun, es à dire li qu’avien fa li tres jour que decidavon s’èron lèst pèr l’armado, après la bevendarié que seguissié lou counsèu de revisioun, faguèron Miquèu l’ardit. Faguèron coulèito de tóuti li quèli qu’esperavon soun prouprietàri sus lou lindau de la porto e li descarguèron à bourro-bourro sus la plaço Jourdan !
Soulamen, fau saupre qu’à Miramas, i’avié que dous poun de vèndo d’aquéu famous quèli : adounc, i’avié soulamen dous moudèle diferènt ! Li mai finocho recaupeguèron un quèli nòu o tout coume ; d’enterin que lis autre se retroubèron em’ uno vièio besougno.
Quouro countère moun istòri à-n-uno de mis amigo, apoundeguè d’aigo au moulin en acabant lou raconte ansin : « Ma vesino Marìo avié lèu-lèu sourti pèr recoubra soun bèn faguènt : “Veirés… veirés. La radurrai ! La recouneirai ! ié manco un tros d’esmaut just à l’orle !” »

Ansi dounc li pàti priva an apriva lou ramassadou de soun travai e lou founs tradicounau n’a pres un cop !

Martino Bautista

*

Revoil, "Il faut que Monsieur le Baron ait eu fièrement peur !!!", estampe, Bibl. nat. de France, 1830.
Revoil, « Il faut que Monsieur le Baron ait eu fièrement peur !!! », estampe, Bibl. nat. de France, 1830.
LORSQU’EST NÉE Miramas-gare, qui n’était pas encore Miramas mais Constantine, les penseurs ont prévu qu’avec l’octroi d’un logement aux ouvriers, qui arrivaient pour travailler au chemin de fer, un petit lopin de terre leur serait donné, pour améliorer l’ordinaire et pour éviter à toutes ces familles venues de la terre de s’ennuyer. Les égouts collectifs n’étaient pas encore nécessaires et même inutiles ! Car ceux qui avaient la chance d’avoir leur lopin de terre, ne laissaient rien perdre. Ils recyclaient tout. Mes arrière-grands-parents ne s’en sont pas privés et amendaient leur jardin d’une manière écologique avant l’heure !
Lorsque mon arrière-grand-mère jardinait et qu’une envie pressente la tenaillait, elle se mettait à siffler, tout en regardant en l’air et… écartait simplement les jambes pour se soulager ! Merveilleux jupons fendus de l’époque ! Par contre, ceux qui ne pouvaient recycler eux-mêmes, confiaient leur pot de chambre aux bons soins d’un préposé conducteur de « torpille », le père Marseille qui connaissait ainsi tous les secrets intimes de ses clients : celui qui avait été dérangé, celle qui avait accouché, ceux qui avaient mangé du chou, des épinards… Il faisait la tournée avec son âne qui tirait l’attelage et ne portait pas de gants pour manier tous ces pots de chambre. Quand arrivait l’heure de manger un morceau, il s’asseyait à son aise sur la banquette de la torpille et avalait son bout de pain avec une tranche de saucisson.

Un jour quelques copains de conscription – c’est-à-dire ceux qui avaient passé les trois jours qui décidaient s’ils étaient aptes à partir ou non à l’armée, après la beuverie qui suivait le conseil de révision – firent les malins. Ils collectèrent alors toutes les tinettes qui attendaient leur propriétaire sur le pas des portes et les déchargèrent en vrac sur la place Jourdan !
Seulement, il faut savoir qu’il n’y avait à Miramas que deux points de vente de ces fameux pots de chambre : aussi n’y avait-il que deux modèles différents ! Les plus futés récupérèrent des tinettes « neuves » ou tout comme, tandis que les autres se retrouvaient avec de vieux machins.
Quand j’ai raconté mon histoire à une amie, elle a ajouté de l’eau au moulin en terminant le récit ainsi : « Ma voisine Marie était sortie dare-dare pour récupérer son bien, en affirmant : “Vous verrez ! Vous verrez ! Je le ramènerai ! Je le reconnaîtrai ! Elle a un morceau d’émail qui manque juste au bord !” »

Ainsi donc, les aisances privées ont privé le ramasseur de son travail et le folklore urbain en a pris un coup !

Martine Bautista

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[Provençal] Sorre Tereso envoucado ajudo à basti uno glèiso / Sœur Thérèse invoquée aide à construire une église https://www.geneprovence.com/provencal-sorre-tereso-envoucado-ajudo-a-basti-uno-gleiso-soeur-therese-invoquee-aide-a-construire-une-eglise/ https://www.geneprovence.com/provencal-sorre-tereso-envoucado-ajudo-a-basti-uno-gleiso-soeur-therese-invoquee-aide-a-construire-une-eglise/#respond Fri, 24 Apr 2015 19:32:37 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=15023 Écoutez la lecture en cliquant sur la flèche orange ci-dessous : [quote]Es un tèste escri pèr A. Guignes, curat, que troubère dins lou libre Pluie de roses. 5 1910-1926, pajo…

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[quote]Es un tèste escri pèr A. Guignes, curat, que troubère dins lou libre Pluie de roses. 5 1910-1926, pajo 291.[/quote]

interieur-eglise-miramas-1937Barbentano (Bouco-de-Rose), 14 de mai de 1914.
Se bastis en aqueste tèms uno bello glèiso dins la parròqui de Miramas (Bouco-de-Rose). Mai pèr l’edifica falié d’en proumié croumpa un oustau de 10.000 franc à la perfin d’en agué l’emplaçamen. Ai ! Ai ! Ai ! Moussu lou curat noun avié aquesto soumo e, de mai, lou prouprietàri de l’oustau la refusavo energicamen de vèndre. Alor lou pastour e si dous vicàri faguèron uno nouveno à Sorre Tereso de l’Enfant-Jèsu.
Lou jour nouven, un moussu incouneigu e que vouguè pas dire soun noum semoundeguè à la claustro 10.000 franc pèr uno bono obro, e lou prouprietàri de l’oustau, soulicita encaro un cop aqueste jour d’aqui, la counsentiguè de bon à vèndre. Ansin l’afaire fuguè regla sèns mai d’empacho.
En aquéu tèms, la decouracioun de la glèiso de Miramas èro tras que bello. Un autar de mabre rose mountavo aut dins lou cor. De cade coustat, un ange tenié un grandaras candelabre. E pièi un mouloun d’àutri grand candelié encadravon lou tabernacle e finissien d’adourna tout acò. Au pounchoun, la Santo Vierge Marìo benesissié li parrouquian recampa. E de cade coustat dóu cor, s’aubouravon dos capeleto coustiero tout autant ournado.
Mai un jour, un curat se diguè que tout acò èro trop richo pèr uno glèiso : i’agradavo pas. Faguè demouli l’autar emé tóuti lis estatuo, li candelié,…. Pèr douna à la glèiso de Miramas un decor minimaliste mai en favour à la meditacioun. Se dis que d’ùni jitèron lis estatuo dins l’estang d’Entressen. Legèndo ? Verita ? Pèr agrada lis arqueoulogue de deman ?
E pièi es dins aquesto glèiso que mi rèire fuguèron bateja, faguèron soun bon jour, se maridèron e que fuguè dicho sa darriero messo tambèn. Moun paire emé si fraire ié fuguèron de clerjoun. A-n-aquelo escasènço, cargavon uno soutano bluio pèr li nouvelàri e roujo pèr li mai grand em’un subrepelis blanc. Ma rèire-grand peirenalo, elo, avié un cadèu que la seguissié d’en pertout e meme dins la glèiso dóu tèms de la messo. Intravo tóuti dous. Lou chin s’istalavo sout lou banc e aqui boulegavo pu à leva… quouro la grand se levavo pèr segui li rite de la santo messo. Lou chin alor fasié parié : se levavo.
Es aqui, tambèn, qu’un capelan me countè :
Un jouvenome se counfesso. Lou prèire ié dis :
« Moun fiéu. MOUN FIÉU ! Fau de longo regarda mai aut !
— Oh ! Vo, moun paire ! Elo, rèsto au cinquen… »

*

[quote]Un texte écrit par A. Guignes, curé, dans le recueil Pluie de roses. 5 1910-1926, page 291.[/quote]
interieur-eglise-miramas-1937Barbentane (Bouches-du-Rhône), 14 mai 1914.
On construit en ce moment une belle église dans la paroisse de Miramas (Bouches-du-Rhône). Mais pour l’édifier il fallait d’abord acheter une maison de 10.000 francs afin d’en avoir l’emplacement. Hélas! M. le curé n’avait pas cette somme et, de plus, le propriétaire de la maison refusait énergiquement de la vendre. Alors le pasteur et ses deux vicaires firent une neuvaine à Sr Thérèse de l’Enfant-Jésus.
Le neuvième jour, un monsieur inconnu et qui ne voulut pas dire son nom apporta au presbytère 10.000 francs pour une bonne œuvre, et le propriétaire de la maison, sollicité de nouveau ce jour-là même, consentit volontiers à la vendre. Ainsi l’affaire fut réglée sans plus de difficultés.
En ce temps-là, la décoration de l’église de Miramas était très belle. Un autel de marbre rose montait haut dans le chœur. De chaque côté, un ange tenait un grand candélabre. Et puis de nombreux autres grands chandeliers encadraient le tabernacle et finissaient d’orner tout cela. Au sommet, la Sainte Vierge Marie bénissait les paroissiens rassemblés. De chaque côté du chœur, s’élevaient deux petites chapelles latérales tout autant ornées.
Mais un jour, un curé se dit que tout cela était trop riche pour une église : cela ne lui plaisait pas. Il fit démolir l’autel avec toutes les statues, les chandeliers… pour donner à l’église de Miramas un décor minimaliste plus propice à la méditation. On dit que certains jetèrent les statues dans l’étang d’Entressen. Légende ? Vérité ? Pour le plaisir des futurs archéologues ?
Et puis, c’est dans cette église que mes ancêtres furent baptisés, firent leur communion, se marièrent et que fut dite leur dernière messe. Mon père et ses frères y furent enfants de chœur. À cette occasion, ils portaient une soutane bleue pour les nouveaux et rouge pour les plus grands avec un surplis blanc. Ma grand-mère paternelle, elle, avait un petit chien qui la suivait de partout et même dans l’église pendant la messe. Ils entraient tous les deux. Le chien s’installait sous le banc et là, ne bougeait plus sauf… lorsque la grand-mère se levait pour suivre les rites de la sainte messe. Le chien alors faisait de même : il se levait.
C’est ici, aussi, qu’un prêtre me raconta :
Un jeune homme se confesse. Le prêtre lui dit :
« Mon fils. MON FILS ! Il faut toujours regarder plus haut !
— Oh oui, mon père ! Elle habite au cinquième… »
  • Photographie : Intérieur de l’église de Miramas en 1937.

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