05 - Chorges Archives - GénéProvence https://www.geneprovence.com/category/05-chorges/ 500 ans de faits divers en Provence Tue, 14 Jan 2025 17:59:22 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://www.geneprovence.com/wp-content/uploads/2024/04/cropped-434541497_912630390609581_141579584347965292_n-32x32.png 05 - Chorges Archives - GénéProvence https://www.geneprovence.com/category/05-chorges/ 32 32 La découverte d’un corps inconnu (Espinasses, 24 octobre 1863) https://www.geneprovence.com/la-decouverte-dun-corps-inconnu-espinasses-24-octobre-1863/ https://www.geneprovence.com/la-decouverte-dun-corps-inconnu-espinasses-24-octobre-1863/#respond Tue, 14 Jan 2025 05:30:34 +0000 https://www.geneprovence.com/?p=24103 « L’an 1863 et le 24 du mois d’octobre à 11 heures du matin, pardevant nous Garnier Jean-Joseph, maire, officier de l’état civil de la commune d’Espinasses, canton de Chorges, département…

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« L’an 1863 et le 24 du mois d’octobre à 11 heures du matin, pardevant nous Garnier Jean-Joseph, maire, officier de l’état civil de la commune d’Espinasses, canton de Chorges, département des Hautes-Alpes,
Sont comparus sieur Aubin Jean-Jacques, âgé de 46 ans, garde-champêtre, et sieur Allard Victor, âgé de 32 ans, cultivateur, tous deux domiciliés à Espinasses,
Lesquels nous ont déclaré qu’un individu à eux inconnu, du sexe masculin, paraissant âgé de 30 à 35 ans, taille d’un mètre soixante centimètre, cheveux et sourcils noirs, front découvert, nez bien fait, bouche moyenne, menton rond, visage ovale, barbe rousse, portant moustache, couvert d’un chapeau noir en soie usé, cravate noire, chemise calicot marquée aux initiales L. O., gilet et veste drap noir, pantalon en drap fond gris, gros carreaux à raies noires, bottines ordinaires et n’ayant sur son corps aucun signe particulier.
Il a été trouvé sur lui une vieille montre en cuivre, un porte-monnaie, une boîte à poudre, deux boîtes à capsules, dont une pleine et l’autre vide, deux tabatières, l’une en cuivre fendue et l’autre en écorce, une balle et un pistolet,
A été trouvé mort aujourd’hui à 11 heures du matin, au bas d’un clapier attenant à une vigne, dans le quartier du Gravas, territoire d’Espinasses.
Sur quoi, nous, officier de l’état civil, après avoir pris les renseignements que nous avons pu nous procurer sur la personne décédée, et nous être assuré du décès, avons dressé le présent acte que nous avons signé avec les déclarants après lecture à eux faite. »
[Allard Victor, J. Aubin, Garnier]

Dans son édition du 14 novembre 1863, le journal gapençais L’Annonciateur apporte les précisions suivantes concernant le vêtement :
« Paletot en drap commun, couleur noire, gilet en drap noir, cravate-vol en soie noire, chemise en calicot portant les initiales L. O. au bas-côté du côté droit, pantalon en drap gris à carreaux formés par des raies noires, brodequins en peau de vache presque neufs et ferrés de petits clous, chapeau noir en soie de haute forme. »

  • Sources : L’Annonciateur, 14 novembre 1863, p. 1.
  • État civil de la commune d’Espinasses, Archives départementales des Hautes-Alpes, 2 E 54/6/1.

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Empoisonnement à la colchique (Chorges, 26 mai 1890) https://www.geneprovence.com/empoisonnement-a-la-colchique-chorges-1890/ https://www.geneprovence.com/empoisonnement-a-la-colchique-chorges-1890/#respond Mon, 07 Dec 2015 16:27:43 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=15659 Le 29 mai 1890, une petite fille du village de Chorges (Hautes-Alpes) meurt après trois jours d’agonie à la suite d’un violent empoisonnement. La jeune Mathilde Rispaud, 4 ans, née…

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Le 29 mai 1890, une petite fille du village de Chorges (Hautes-Alpes) meurt après trois jours d’agonie à la suite d’un violent empoisonnement. La jeune Mathilde Rispaud, 4 ans, née à Chorges et orpheline de son père Charles Rispaud, ne vivant qu’avec sa mère Mathilde Escallier, a été victime de… colchiques. La plante est connue depuis longtemps pour être un poison très violent. Innocemment, la jeune fille et deux camarades en auront cueillies dans les champs et les auront mangées. Le journal parisien La Lanterne fait ainsi état de la nouvelle :

« Trois jeunes enfants échappés à la surveillance de leurs parents, se rendaient le 26 courant, dans les prés environnant le village de Chorges. Tout en gambadant et en cueillant des narcisses et des renoncules, ils s’amusaient à manger des graines de colchique.
« De retour au village, ils furent pris de coliques épouvantables, on s’empressa de leur prodiguer tous les soins nécessaires, mais tout fut inutile pour sauver la jeune Mathilde Rispaud, qui expira quelques instants après, dans d’atroces convulsions, au milieu de ses parents désolés.
« Ses deux camarades en ont été quittes pour de grandes souffrances, mais sont actuellement hors de danger. »

Chorges et ses champs environnants. DR.
Chorges et ses champs environnants. DR.
Dans son Dictionnaire raisonné universel d’histoire naturelle (1791), le naturaliste Jacques-Christophe Valmont de Bomare expliquait ainsi les effets de la colchique sur le corps :
« Toutes les parties de cette plante ont une odeur plus ou moins forte & qui cause quelquefois des nausées. La racine excite la salive & la fait paroître un peu amere : prise intérieurement elle est un poison ; car elle gonfle comme une éponge dans la gorge & dans l’estomac, en sorte qu’elle suffoque : on éprouve en même temps une pesanteur & une chaleur considérables autour de l’estomac, un déchirement dans les entrailles, des démangeaisons par tout le corps ; on rend du sang par les selles avec des morceaux de la racine même : indépendamment de l’émétique, l’usage du petit lait & des lavemens adoucissans & émolliens sont très-salutaires en pareil cas. »
  • La Lanterne, Paris, no 4791, p. 4

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Chorges brûle ! (Chorges, 9 septembre 1850) https://www.geneprovence.com/chorges-brule-chorges-9-septembre-1850/ https://www.geneprovence.com/chorges-brule-chorges-9-septembre-1850/#respond Tue, 17 Apr 2012 23:01:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=91 Le 9 septembre 1850, un terrible incendie ravage la quasi-totalité du village de Chorges (Hautes-Alpes). Rapidement, un correspondant du Courrier des Alpes se fait l'écho des événements et en dresse un récit spectaculairement réaliste. « On nous communique l'article suivant sur l'incendie qui vient de consumer presque entièrement le bourg de Chorges, chef-lieu de canton de ce nom dans notre département.

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Le 9 septembre 1850, un terrible incendie ravage la quasi-totalité du village de Chorges (Hautes-Alpes). Rapidement, un correspondant du Courrier des Alpes se fait l’écho des événements et en dresse un récit spectaculairement réaliste.

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« On nous communique l’article suivant sur l’incendie qui vient de consumer presque entièrement le bourg de Chorges, chef-lieu de canton de ce nom dans notre département.
Le lundi, 9 du courant, vers les 4 heures environ de l’après-midi, le feu s’est déclaré à des bâtiments dépendants d’une auberge située à l’entrée du bourg et complètement isolée des autres habitations ; mais malheureusement un vent d’ouest, qui soufflait dans la direction de la partie haute du village, a communiqué l’incendie à des maisons couvertes en chaume et en quelques instants plus de cent d’entre elles ont été envahies par les flammes. Les habitants qui pour la plupart se trouvaient aux champs sont accourus en toute hâte, mais soit que chacun eut à défendre sa propre demeure, soit que les secours fussent impuissants contre la violence du fléau, il ne leur a pas été possible de restreindre les progrès du mal. Prévenus vers les 6 heures, que des hauteurs voisins de Gap, on apercevait comme une mer de feu dans la direction de Chorges, M. Giraud-Teulon, préfet, et M. Lairolle, secrétaire général, se sont dirigés sur-le-champ de ce côté, suivis de quelques pompiers de la compagnie de Gap, et bientôt après du commandant de la garde nationale de cette ville. Dès leur arrivée à Chorges, ils ont tout d’abord reconnu, après avoir parcouru les rues incendiées, qu’il était impossible de combattre le sinistre séparément, qu’il fallait le circonscrire, et que tous les efforts devaient se concentrer sur quelques points, afin de défendre et sauver, s’il se pouvait, la partie basse du village. Toute la nuit a donc été consacrée presque exclusivement à occuper ces positions, et ce n’a été qu’après douze heures de travaux inouïs, et le lendemain à 8 heures du matin, qu’on est parvenu à se rendre maître du fléau. Cent vingt maisons ont été entièrement consumées, dix-huit gravement compromises, et la plupart des malheureux habitants ont perdu avec leur mobilier, les provisions de blé et autres amassées après tant de sueurs dans le courant de l’été.

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Nous n’essayerons pas de dépeindre la consternation morne et silencieuse des pauvres incendiés, la stupeur de ceux qui, apostés dans les couloirs ou sur les toits de leurs maisons, s’apprêtaient à les défendre contre l’approche de l’incendie. Dans le courant de la nuit, les bras ont souvent manqué, deux pompes seulement étaient occupées, et ce n’a été qu’a l’arrivée de la garnison de Gap, mandée par M. le Préfet, que les pompiers, les habitants de la localité et quelques citoyens accourus des communes voisines ont pu prendre un peu de repos.
L’administration a sur-le-champ pris des mesures pour que les victimes de cette affreuse catastrophe reçussent des secours immédiats. Dans la matinée de mardi, avant son retour à Gap, M. le Préfet a remis à l’autorité locale une somme d’argent pour être distribuée aux plus nécessiteux ; dans la journée, M. le Directeur des contributions directes et un médecin de Gap, M. Roubaud, ont amené à Chorges, une charretée de pain et, le lendemain, le Préfet, le secrétaire, général et M. Cazelles, receveur général, ont apporté eux mêmes des ballots de couvertures pour leur être remises. Le Conseiller de préfecture, chargé provisoirement de l’administration de l’arrondissement, a en même temps prescrit les mesures d’ordre et de police que la situation réclamait. Des secours ont été demandés au gouvernement et espérons que les quêtes qui vont être faites dans toutes les communes du département, et dont Mme Giraud-Teulon s’est empressée de prendre chaleureusement l’initiative à Gap, avec le concours du clergé de cette ville, viendront efficacement en aide a tant et à de si cruelles infortunes.
Ainsi que nous l’avons dit plus haut quelques pompiers de Gap, en tête desquels était leur capitaine, se sont transportés à Chorges, ils ont fait courageusement leur devoir, et nous croyons savoir que l’administration se propose de signaler au gouvernement, ceux d’entre eux qui se sont le plus signalés. Elle sera également heureuse, nous en sommes convaincus, de rechercher les honorables citoyens de Chorges ou des environs qui, pendant toute une nuit d’alarmes et d’incroyables fatigues, ont mérité par leur dévouement d’être de sa part l’objet d’une mention spéciale. Nous ne négligerons pas de notre côté de porter leurs noms à la connaissance du public et de les signaler à la reconnaissance du pays.

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Notre ville de Gap a donné un bel et noble exemple dont nous voudrions que la France entière fut instruite. Un bourg important de son voisinage, Chorges, devient la proie des flammes : en une heure, nos braves pompiers, sous la conduite de leur lieutenant Bourgeois, ont franchi, avec leurs divers appareils de secours, les 16 kilomètres qui les séparent du sinistre, et, pendant 10 heures consécutives, ils demeurent aussi vigoureusement, aussi intrépidement à l’œuvre que les malheureux incendiés eux-mêmes. Ici et sur la même ligne viennent se placer tous les dévouements, et si nous citons celui de notre Préfet, présent partout, où le devoir, où un acte de générosité l’appelle ; celui de notre Rambaud, que l’on est sûr de rencontrer là où il faut exposer sa vie ; celui du Commandant de notre garde nationale, c’est pour honorer notre population dans la personne de ses divers représentants. Mentionnons toutefois le 3e léger : héritier des traditions et des cadres de notre ancienne légion des Hautes-Alpes, il est demeuré, dans cette circonstance, ce qu’on l’a toujours connu, à la hauteur de tous les courages et de tous les dévouements.
L’incendie cède enfin, mais après quels ravages !!!… Un témoin oculaire peut attester que la réalité est en-dessous des divers récits qui ont circulé. On ne connaissait pas encore à Gap l’étendue des désastres, mais peut-être nos malheureux voisins manquent-ils de pain ? Aussitôt, un homme que notre cité s’estimerait si heureuse d’avoir adopté pour toujours, parcourt, plein d’émotion, toutes nos boulangeries et bientôt arrive à Chorges, à la tête de deux chariots de vivres et des sommes nécessaires pour faire donner des rafraîchissements à tous les travailleurs, soldats, pompiers et habitants. Dans la crainte de le désobliger, nous n’aurions pas cité ce nouveau bienfait de M. de Rothiacob, s’il n’eût été à la connaissance de tout le monde.
Cependant les premiers besoins sont seuls conjurés et l’hiver approche. Les malheureux n’ont plus de vêtements, plus d’habitations !!!…. Mais la bienfaisance veillait, M. le Préfet n’avait quitté leurs ruines fumantes que pour venir à Gap chercher des secours : les incendiés le revoient bientôt au milieu d’eux, distribuant, pour les plus pressantes nécessités, des couvertures et de l’argent. Un autre citoyen s’était aussi empressé de porter à Chorges le montant d’une première souscription ouverte au café des Beaux-Arts.

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La où est tant de dévouement, on peut aussi faire en toute confiance appel à la charité. Des souscriptions s’ouvrent instantanément sur plusieurs points. Mme Giraud-Teulon, accompagnée du capitaine Rambaud et d’un vénérable ecclésiastique, va de porte en porte, présentant une bourse dans laquelle chacun s’empresse de déposer une large offrande ; sa santé trahissant momentanément son dévouement, toutes nos jeunes dames s’empressent à l’envi d’achever son œuvre, et, comme elle, elles la font d’une manière si irrésistible que peut-être, pour beaucoup de nous, nos dons perdront quelque peu de leur valeur devant Dieu, mais la pieuse reconnaissance des gens de Çhorges pour tous les bienfaiteurs nous viendra en compensation.
Nous voudrions raconter ici tout ce qui nous est parvenu sur la spontanéité des offrandes, — que le riche donne, c’est tout simple, il possède — mais qu’un ouvrier maçon, dont nous regrettons d’ignorer le nom, retourne sa poche pour offrir tout ce qu’elle renferme, ne songeant au lendemain que pour dire : ça reviendra, si ça peut ; qu’un de ces généreux enfants, que le Piémont nous envoie chaque année, fasse emporter la bouteille qui allait servir à réparer ses forces pour le reste du jour et en offre le prix à la quête ; qu’une indigente, à laquelle un de nos premiers magistrats a laissé une aumône, la lui rende quelques heures après, avec le chagrin qu’elle ne soit plus intacte: vous m’avez donné cinq sous ce matin, Monsieur, je ne puis vous en rendre que quatre ; oh ! voilà de ces œuvres grandes aux yeux de tous, et nous comprenons les larmes dont elles ont mouillé la paupière des quêteurs. Ici, un domestique, imitant une noble générosité qu’il a sous les yeux, donne un mois entier de ses gages, — plus loin, une pauvre femme ouvre son armoire : elle n’y trouve rien pour la journée de demain : elle regrette… que ce regret est précieux…

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Nous voudrions connaître, pour le consigner dans nos colonnes, tout ce que cette quête a fait éclater de charité chez le pauvre comme chez le riche, parce que, quelquefois aussi, le bien doit être fait devant tous les hommes : nous espérons que ces renseignements se complèteront. Nos compatriotes d’Embrun, qui se sont fait si dignement représenter à Chorges, ne tarderont pas à nous apprendre que leur ville a été par la bienfaisance autant que par le dévouement la digne sœur de la nôtre. On nous apprendra bientôt de tous les points du département, que si tous les Français sont frères, tous ceux des Hautes-Alpes se regardent plus spécialement comme membres de la même famille et sont solidaires dans le malheur.

 

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Nous n’avions pas trop préjugé dans l’article précédent, lorsque nous disions que la ville d’Embrun se montrerait la digne sœur de la nôtre. Au moment de mettre sous presse, notre correspondant nous transmet les détails suivants, que nous nous empressons de livrer à la publicité. Espérons que toutes les autres communes du département imiteront ce noble élan.
« Lorsque la nouvelle de l’incendie de Chorges parvint à Embrun, le 10 du courant, la marche des pompiers fut battue instantanément et quelques instants après la compagnie était en marche, suivie d’un nombre considérable d’autres habitants. Dans la matinée, M. le maire fit appel à son de trompe, à ses administrés, qui s’empressèrent d’apporter sur la place principale des dons en pain et en argent. Au fur et à mesure qu’on les recevait, ils étaient dirigés sur Chorges, et avant la nuit cinq charrettes de pain y furent rendues. Les troupes de la garnison ont payé aussi leur tribut, et, les uns et les autres, arrivés sur les lieux du sinistre, ont rivalisé de zèle et de dévouement, et donné des preuves des sentiments admirables qui les animaient. Tous ne sont rentrés à Embrun, ramenés par leurs chefs et les administrateurs qui avaient marché à leur tête, que lorsqu’ils ont eu acquis la conviction que leur présence n’était plus nécessaire.
« Immédiatement après on s’est occupé de faire une quête qui n’est pas terminée et qui a déjà produit quelques cents francs.
« Des artistes, des amateurs, des dames, des demoiselles même, qui dans cette circonstance paraissent tout oublier et mettre de côté certains préjugés, se disposent à donner quelques représentations théâtrales au bénéfice des incendiés.
« Les produits d’une loterie viendront encore se joindre à tous ces actes de bienfaisance.
« P. S. : Les trois premières charrettes, accompagnées par M. Théus, adjoint, ont pu partir une heure après le 1er son de trompe. Jugez, monsieur, de la spontanéité des sentiments des habitants d’Embrun, c’était un spectacle touchant de voir tous les citoyens apportant à l’envi, sur la place publique le seul pain qui leur restait et qu’ils prenait sur leur table. « Que l’on soit bien certain que l’on trouvera toujours les Embrunais prêts à faire toutes sortes de sacrifices pour faire le bien et soulager l’infortune. »

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Nous publions ci-dessous la première liste des souscriptions recueillies à domicile dans la ville de Gap et dans le bourg de Tallard, et dont les fonds ont été versés à la préfecture. Espérons que dans notre prochain numéro nous pourrons les compléter et que toutes les personnes qui peuvent apporter leur offrande, et qui n’ont pas encore souscrit, s’empresseront de le faire. Nous publierons toutes les listes qu’on voudra bien nous communiquer. Il serait à désirer que quelques personnes dévouées voulussent bien se charger d’aller recueillir à domicile les offrandes des habitants de là banlieue. Nul doute que leurs généreux efforts ne fussent couronnés d’un plein succès.
Nous faisons un appel à nos confrères des autres départements, afin qu’ils veuillent bien ouvrir des souscriptions dans leurs bureaux : le désastre est grand et nous avons besoin de leurs concours pour soulager tant d’infortunes.
Total des souscriptions :
Commune de Gap. 2,665 fr. 95 c,
Commune de Tallard. 55 fr. 10 c.
Dépôt du 3e Léger, en garnison a Gap 170 fr. 95 cent.
Café des Beaux-Arts 220 fr.
M. Semensatis a mis à la disposition de M. le Préfet deux chaumières qu’il possède aux environs de Chorges, pour y abriter quelques victimes de l’incendie. C’est un acte d’autant plus désintéressé que l’homme honorable qui en est l’auteur laisse aux malheureux, qui habiteront ces chaumières, la latitude d’user gratuitement du bois dont elles sont pourvues ; il leur cédera également la jouissance de plusieurs mille mètres de terrain fertile qu’ils pourront cultiver.
Voici la circulaire que M. le Préfet a adressée à tous les maires du département à l’occasion des incendiés de Chorges :
« Une affreuse catastrophe vient de plonger dans la consternation un de nos bourgs les plus importants du département. Chorges est devenu la proie des flammes, le 9 de ce mois, et les malheureuses victimes de ce désastre sont précisément les habitants les plus pauvres qui ont vu, en peu d’instants, dévorer par le feu leurs maisons et leurs récoltes tout récemment rentrées.
Près de cent familles se trouvent, en ce moment, sans pain, sans vêtements et sans asile. Leur misère est profonde.
Je viens, messieurs les maires, les recommander à la charité de vos administrés. Faites un appel pressant à leurs sentiments généreux ; j’ai la conviction que le plus grand nombre s’empressera d’aider, selon ses moyens, à secourir promptement les incendiés de Chorges.
Je vous prie de vouloir bien vous concerter avec MM. les curés ou desservants de vos communes pour recueillir les offrandes de la charité publique. Le produit des collectes devra être versé chez vos receveurs municipaux pour être centralisé ensuite dans la caisse de M. le receveur général des finances, à Gap.
Les dons qui pourraient être faits en nature seront envoyés par vos soins aux maires des chefs-lieux de canton, qui les dirigeront eux-mêmes sur le point que je leur indiquerai, aussitôt qu’ils m’auront donné le détail des objets qui auraient été déposés entre leurs mains.
J’ai l’honneur de porter à votre connaissance, messieurs, qu’une commission spéciale chargée de la distribution des secours de toute nature qui seront envoyés, a été instituée à Chorges. Vous trouverez ci-après l’arrêté qui l’institue.
Des souscriptions sont ouvertes à la préfecture et dans les sous-préfectures du département.
Je vous serai obligé de donner la plus grande publicité à ma circulaire. »
  • Source : Le Courrier des Alpes, n° 64, dimanche 15 septembre 1850
  • Texte transmis par Philippe Ligonesche

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Mort en prenant l’air (Saint-Vincent-les-Forts, 3 août 1761) https://www.geneprovence.com/mort-en-prenant-lair-saint-vincent-les-forts-3-aout-1761/ https://www.geneprovence.com/mort-en-prenant-lair-saint-vincent-les-forts-3-aout-1761/#respond Wed, 08 Apr 2009 00:02:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=642 Registre paroissial de Saint-Vincent-les-Forts Texte transmis par Laurence Bossy [caption id="attachment_3931" align="aligncenter" width="652"] © Szeder László, 2007.GNU Free Documentation License.[/caption] « L'an 1761 et le troisième aoust est mort à Lautaret, hameau de la paroisse de Saint-Vincent, le nommé Jean Sanières, natif du lieu de Chorges, depuis longtemps malade, âgé d'environ 35 ans, qui venoit de Marseille pour aller prendre

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  • Registre paroissial de Saint-Vincent-les-Forts
  • Texte transmis par Laurence Bossy
© Szeder László, 2007. GNU Free Documentation License.
© Szeder László, 2007.
GNU Free Documentation License.

« L’an 1761 et le troisième aoust est mort à Lautaret, hameau de la paroisse de Saint-Vincent, le nommé Jean Sanières, natif du lieu de Chorges, depuis longtemps malade, âgé d’environ 35 ans, qui venoit de Marseille pour aller prendre l’air natal. Il s’étoit confessé et avoit communié depuis quelques jours (au rapport de son épouze) au Brusquet, diocèse de Digne et, le jour suivant, son cadavre a été inhumé dans le cimetière paroissial dudit Saint-Vincent, présents les témoins avec moy curé soussignés. »

[PEYTRAL prêtre, J. LAUTARET,
J. L. VIGNE, J. GARNIER curé]

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L’inconnue au chapelet (Chorges, 27 mai 1739) https://www.geneprovence.com/linconnue-au-chapelet-chorges-27-mai-1739/ https://www.geneprovence.com/linconnue-au-chapelet-chorges-27-mai-1739/#respond Tue, 01 Jan 2008 19:43:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=900 « Le vingt-sept mai mil sept cent trente-neuf, en suite du procès-verbal présenté à M.

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rosaire-chapelet« Le vingt-sept mai mil sept cent trente-neuf, en suite du procès-verbal présenté à M. le juge de Chorges, à l’occasion d’une femme ou fille trouvée morte avec chapelet sur elle dans le marais dudit Chorges, paraissant âgée d’environ cinquante ans, dont le nom et pays est inconnu et, en suite du décret rendu par […] sieur juge du vingt-sept dudit mois, qui permet la sépulture d’icelle, je soussigné lui ai donné la sépulture ecclésiastique. P[rése]nts les soussignés. »

Photographie : « Rosary », by Dundak. GNU Free Documentation License, Creative Commons Attribution ShareAlike 2.5.
  • Registre paroissial de Chorges, AD05, 2E 43/1
  • Texte transmis par Philippe Ligonesche

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Les maires de Chorges (Hautes-Alpes) https://www.geneprovence.com/les-maires-de-chorges-hautes-alpes/ https://www.geneprovence.com/les-maires-de-chorges-hautes-alpes/#respond Mon, 01 Jan 2007 19:12:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=1295 XVIIIe siècle1790-1800 Jean Jacques SouchonXIXe siècle 1800-1808 Jean François Rispaud d'Aiguebelle1808-1810 Joseph Devars 1810-1816 Jean Masson1816-1819 Jean Jacques Souchon 1819-1826 Étienne Frédéric Provansal1826-1834 Jean Honoré Bertrand 1834-1848 Joseph Frédéric Provansal1848-1851 Jean Honoré Bertrand 1851-1856 Claude Durand1856-1863 Jean Baptiste Nicolas 1864-1875 Jean Joseph Dioque1875-1878 Maurice Augier1878-1886 Antoine Gustave Provansal1886-1888 Antoine Aubin1888-1892 Joseph Sarlin 1892-1895 Louis Bertrand1895-1902 Félix GarcinXXe siècle 1902-1908 Louis

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XVIIIe siècle

  • 1790-1800 Jean Jacques Souchon

XIXe siècle

  • 1800-1808 Jean François Rispaud d’Aiguebelle
  • 1808-1810 Joseph Devars
  • 1810-1816 Jean Masson
  • 1816-1819 Jean Jacques Souchon
  • 1819-1826 Étienne Frédéric Provansal
  • 1826-1834 Jean Honoré Bertrand
  • 1834-1848 Joseph Frédéric Provansal
  • 1848-1851 Jean Honoré Bertrand
  • 1851-1856 Claude Durand
  • 1856-1863 Jean Baptiste Nicolas
  • 1864-1875 Jean Joseph Dioque
  • 1875-1878 Maurice Augier
  • 1878-1886 Antoine Gustave Provansal
  • 1886-1888 Antoine Aubin
  • 1888-1892 Joseph Sarlin
  • 1892-1895 Louis Bertrand
  • 1895-1902 Félix Garcin

XXe siècle

  • 1902-1908 Louis Dusserre
  • 1908-1919 Antoine Gustave Provansal
  • 1919-1925 Raoul Bertrand
  • 1925-1940 Louis Masson
  • 1940-1942 Joseph Eyraud, premier adjoint, fait fonction de maire.
  • 1942-1944 Albert Dioque
  • 1944-1945 Marcel Guibaud
  • 1945-1947 Denis Disdier
  • 1947-1953 Guy Dupuy
  • 1953-1959 Henri Gelpy
  • 1959-1965 Antoine Podevigne
  • 1965-1971 Jacqueline Brandi
  • 1971-1983 Lucien Guibaud
  • 1983-2001 André Arnaud

XXIe siècle

  • 2001-2008 François Fennebresque
  • 2008- Christian Durand

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Le saccage du château des Champoléon (Chorges, 4 avril 1793) https://www.geneprovence.com/le-saccage-du-chateau-des-champoleon-chorges-4-avril-1793/ https://www.geneprovence.com/le-saccage-du-chateau-des-champoleon-chorges-4-avril-1793/#respond Sun, 02 Jan 2005 22:33:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=1438 Sources : Arch. dép. des Hautes-Alpes, L. 167. "Le 5 avril 1793. Hier, sur les deux heures après midi, toute la populace se porta autour du ci-devant château de Chorges, ayant appartenu au nommé Dreneuk (1) , émigré, et commença à enlever les grilles des basses fenêtres.

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  • Sources : Arch. dép. des Hautes-Alpes, L. 167.
« Le 5 avril 1793.
Hier, sur les deux heures après midi, toute la populace se porta autour du ci-devant château de Chorges, ayant appartenu au nommé Dreneuk (1) , émigré, et commença à enlever les grilles des basses fenêtres. Les citoyens Mottet et Allard, membres du Directoire du district d’Embrun, commissaires nommés pour la vente du mobilier qui se trouvait dans cette maison, firent de suite une réquisition au chef de la gendarmerie nationale, de donner main forte avec sa brigade ; laquelle réquisition ne produisit aucun effet ; et tous les autres moyens furent employés inutilement. Peu de temps après, la populace se porta dans l’intérieur du château, et lesdits commissaires furent avertis qu’il y avait du danger d’y rester plus longtemps et furent obligés de sortir avant d’avoir fini la vente des effets ; que, dans ce moment, on dilapida ledit château et qu’il faudrait prendre des moyens pour sauver le grand logis. Ce bâtiment serait utile pour loger la gendarmerie. Nous sommes obligés de nous retirer par raison. »
chorges1(9 avril 1793)
(Lettre d’Ardoin, procureur d’Embrun)
« Je crains que cette insurrection ne soit d’un funeste exemple dans plusieurs autres communes disposées aux mêmes mouvements. Il est important de faire punir les auteurs de pareils désordres qui ne tendent qu’à intercepter l’exécution des loys. »
(14 avril 1793)
« Ce jourd’huy 14 avril, à l’heure de midy, 1793 et le second de la République française, le Conseil général de la commune de Chorges a été unanimement affligé du désastre qui a été commis le 4 du courant, au château de Dudreneu, émigré, à la suite de la vente du mobilier […] On est pleinement certioré que sans doute il y avait des gens mal intentionnés, qui ont mal interprété la loi qui accorde aux pauvres des communautés les débris des châteaux, attendu que partie des habitants se sont portés en foule et ont pris le peu de meubles qui restait à vendre et dévasté le château, en prenant pour leur usage les pièces de bois et autres matériaux, sans qu’ils ayent pu être arrêtés par les avis des citoyens administrateurs, ni par les officiers municipaux de ladite commune.
« Le conseil assemblé, étant instruit des démarches que les citoyens administrateurs se proposaient de faire pour punir les coupables et des ordres qu’ils ont donné au juge de paix de ce lieu pour faire prendre une procédure, reconnaissant le tort qu’ont eu les habitants de se porter à de tels excès, et voulant prévenir les suites des procédures, qui comprendrait une grande partie des habitants à des peines prononcées par les lois de nos dignes représentants, et même on craindrait une émigration dans cette commune considérable: pour en éviter les suites, le conseil donne pouvoir aux citoyens Bertrand, maire, Me Souchon, notaire, Jean Baptiste Augier et Charles Chaix-Bourbon, de se transporter par devant les citoyens administrateurs du département des Hautes Alpes exposer par une pétition le danger considérable où cette procédure mènerait ; exposer que les habitants […] ont convenu que ce n’était point par malice, ni pour envie de nuire à la République […] ; qu’on leur a fait entendre la loi différemment (2), et que, de suite, les habitants qui avaient pris des meubles, les avaient rendus pour être vendus […] ; que le château était d’ailleurs au moment de s’écrouler, et qui menaçait ruine (3), que parties des tours étaient tombées ; exposer, de même, que ce village est le seul endroit où les troupes qui garnissent nos frontières puissent loger […]. »

(1) Maurice Le Long de Dreneuk, propriétaire du château, était le mari de Catherine de Martin de Champoléon. Ce château appartenait depuis 1593 aux de Bonne-Prabaud, alliés au siècle suivant aux de Champoléon. De Dreneuk fut inscrit le 20 décembre 1792 sur la liste des émigrés. Il mourut vers 1800 en exil.
(2) Une délibération communale en date du 7 juin (L.56) précise que « les dégâts commis par les habitants de Chorges au cy-devant château appartenant à Dreneuk et à sa femme […] [peuvent] n’avoir eu pour cause que l’erreur d’une fausse application du décret qui accorde aux particuliers pauvres des communes les débris des vieux châteaux […]. »
(3) Il ne reste rien ou presque aujourd’hui du château des Champoléon. En 1820, quelques pans de murs étaient encore debout. Le chanoine Louis Jacques avance (in La Grande Révolution à Chorges, Société d’Études des Hautes-Alpes, 1963, p. 16) que les pierres et bois pris au château se retrouvent de nos jours sur plusieurs bâtiments du village, « tel ce sommier de porte, dont les armoiries ont été effacées, tels ces fûts de colonne. La porte remarquable de l’hôtel Chaix, n’est-elle pas l’une du château ruiné? […] L’horloge du clocher de l’église du XIXe siècle est assurément celle de la demeure seigneuriale. »

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La maison de nos ancêtres des Alpes https://www.geneprovence.com/la-maison-de-nos-ancetres-des-alpes/ https://www.geneprovence.com/la-maison-de-nos-ancetres-des-alpes/#comments Wed, 02 Jan 2002 12:01:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=1497 En 1894, le Comité des travaux historiques et scientifiques réalisa, pour le Ministère des Finances, une vaste étude concernant les conditions d'habitat dans toutes les régions de France. Outre l'utilité du document à l'époque, il se révèle aujourd'hui extrêmement précieux pour l'historien et, partant, le généalogiste en quête d'histoire locale.

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En 1894, le Comité des travaux historiques et scientifiques réalisa, pour le Ministère des Finances, une vaste étude concernant les conditions d’habitat dans toutes les régions de France. Outre l’utilité du document à l’époque, il se révèle aujourd’hui extrêmement précieux pour l’historien et, partant, le généalogiste en quête d’histoire locale. En confrontant diverses sources, modernes et anciennes, nous voilà donc globalement dans la capacité de reconstituer les lieux de vie de nos ancêtres. Nous nous arrêterons sur les Hautes-Alpes, département aux conditions de vie très particulières, ainsi que nous allons le voir.
Maison type du Monêtier-les-Bains (Hautes-Alpes).
Maison type du Monêtier-les-Bains (Hautes-Alpes).
Quelles étaient les caractéristiques de ces maisons typiques des siècles anciens et dont le confort actuel n’a plus rien de commun avec ce qu’il était, le modernisme étant passé par les Alpes comme partout ailleurs ?
Le département des Hautes Alpes se divise, historiquement et administrativement, en trois régions principales, qui correspondent à peu près aux arrondissements de Briançon, d’Embrun et de Gap. Ces régions sont connues sous les noms génériques de Briançonnais, Embrunais et Gapençais.
Les conditions de l’habitat dans ces trois régions étaient, au XIXe siècle, sensiblement les mêmes, et cela parce que la population des Hautes-Alpes avait une activité essentiellement agricole.
Les maisons étaient surtout construites pour mettre à l’abri des intempéries soit la famille des agriculteurs, soit les récoltes ramassées pendant la belle saison, soit enfin les animaux domestiques qui consomment les fourrages durant l’hiver.
Au niveau des cultures, le département des Hautes-Alpes peut se partager en deux régions distinctes: l’une est caractérisée par la culture de la vigne; dans l’autre, la vigne fait complètement défaut. La première région s’étend dans la vallée de la Durance, à partir de l’Argentière (arrondissement de Briançon), jusqu’aux environs de Ribiers, non loin de Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence, anciennement « Basses-Alpes »), ainsi que dans les vallées des deux Buëch et dans le canton de Rosans (arrondissement de Gap). La seconde région embrasse le Briançonnais proprement dit, la Vallouise et le Queyras, arrondissement de Briançon, ainsi que les vallées élevées de l’Embrunais et le canyon d’Orcières (arrondissement d’Embrun), le Champsaur, le Valgaudemar et le Dévoluy, arrondissement de Gap.

Orientation des maisons

Les maisons des Alpes françaises étaient ordinairement construites sur l’un des versants de la vallée, sur un terrain plus ou moins pentu. Du fait de cette situation, une partie de chaque maison était enfoncée dans la terre. D’ordinaire, c’étaient les caves, les écuries et même la cuisine-habitation qui se trouvaient ainsi au-dessous du niveau du sol; les granges et les greniers émergeant toujours, mais si peu quelquefois qu’une partie du toit pouvait toucher le sol.
De préférence, les maisons s’élevaient sur le versant de la vallée qui regarde le midi (l’adroit). Ce n’est que par exception qu’on les trouvait sur le versant nord (ubac). C’est pour mieux profiter des rayons du soleil que, dans toute la haute région des Alpes, on construisait les maisons d’habitation à l’adroit et non à l’ubac. On était ainsi plus tôt débarrassé de la neige et moins exposé au froid.
Pour le même motif, les maisons étaient généralement orientées du levant au couchant et la façade principale donnait vers le sud. Quelquefois, cependant, la maison était tournée vers le levant; rarement vers le couchant et encore moins vers le nord.
Les altitudes étant souvent très élevées dans ces communes, la culture des arbres fruitiers y était généralement inconnue. C’est à peine si le froment y mûrissait. En revanche, le seigle, l’orge et l’avoine y prospéraient, tout comme les prairies naturelles et même artificielles. Les principales essences des arbres forestiers étaient le mélèze, le pin à crochet, le pin cimbre et le sapin. On pouvait voir, sur les plus hautes pentes, de vastes pâturages communaux. C’est dire qu’au XIXe siècle, la population haute-alpine était essentiellement agricole et pastorale. Une population qui devait faire face à des conditions de vie difficiles. En raison de l’altitude considérable de certaines vallées, la neige, plus qu’aujourd’hui, y tombait en abondance, souvent dès les premiers jours de novembre, la couche variant de cinquante centimètres à un mètre et persistait jusqu’en avril et quelquefois plus tard.

Les maisons de village

Les maisons des Hautes-Alpes étaient souvent groupées et formaient des hameaux ou villages de dix, quinze, vingt, trente, cinquante, quatre-vingts et même cent maisons ou plus.
Par suite de la pente du terrain, le village alpin était presque toujours construit en amphithéâtre sur le versant méridional de la vallée. Il s’étendait de l’est à l’ouest, et était traversé par une ou plusieurs rues, plus ou moins horizontales et parallèles, auxquelles aboutissaient des ruelles secondaires (charieros), généralement fort étroites et très pentues. Souvent, les maisons entre deux ruelles se touchaient et n’étaient séparées que par un seul mur mitoyen. Ce mur fermait le pignon de la maison qui était en contrebas et laissait entièrement ouvert le pignon de la maison qui était immédiatement au-dessus. Ce pignon était alors soit complètement ouvert, soit fermé par une simple cloison en planches, soit encore disposé en galerie formant balcon, afin de pouvoir exposer à l’air les récoltes qui n’étaient pas arrivées à complète maturité ou que l’on avait été forcé de transporter mouillées à la grange. Il arrivait même que l’on retire de dessous la neige les seigles, les avoines… on les faisait alors sécher sur cette galerie ou balcon.
On pourrait presque dire que les maisons de village étaient entassées les unes sur les autres. Voila pourquoi les incendies, dans la plupart des villages alpins, étaient à la fois si fréquents et si terribles*.
Mais l’usage de construire ainsi les maisons très près les unes des autres peut avoir eu plusieurs causes.

Pourquoi des maisons si proches les unes des autres

Au Moyen Âge, la plupart des villages alpins étaient entourés de murailles (barris) qui se fermaient la nuit, au moyen de portes, afin de mettre les populations et leur avoir à l’abri des incursions des voleurs ou des bandes armées qui traversèrent si souvent les Alpes, et même des ravages des loups, comme par exemple dans les années 1612-1618**. Lorsque ces murailles, n’ayant plus de raison d’être, tombèrent d’elles même, rongées par la vétusté, ou furent démolies par les habitants, les maisons qui étaient enfermées dans cette étroite enceinte continuèrent à être habitées telles qu’on les avait primitivement édifiées. Même en cas d’incendie ou de destruction violente, comme en 1692, lors de la sauvage invasion du duc de Savoie dans le Haut-Dauphiné, les maisons, dans toute la vallée de la Durance, depuis Vars et Guillestre jusqu’à Gap et Veynes, furent réédifiées sur les anciennes fondations et, par conséquent, fort près les unes des autres, comme à Vars, à Guillestre, à Saint-Clément, à Châteauroux-Saint-Marcellin, à Chorges, à Gap…
Mais il y a d’autres raisons pour lesquelles les maisons sont si proches les unes des autres. On bâtissait les maisons toutes proches les unes des autres,
  • soit pour profiter de la seule partie du territoire communal qui était complètement à l’abri des avalanches de neige en hiver ou des inondations au printemps et pendant l’été,
  • soit pour ménager le plus possible le terrain cultivable, car la meilleure partie de ce terrain est évidemment aux environs des villages et d’une étendue assez restreinte,
  • soit pour être à proximité des sources et fontaines d’eau douce qui, en hiver surtout, sont peu abondantes et d’un accès difficile par suite de l’amoncellement des neiges,
  • soit pour pouvoir facilement, en hiver encore, ouvrir les chemins et faire la trace (drayo ou chala***) entre une maison et la voisine,
  • soit pour s’entraider, afin de chauffer le four commun et unique du village.
À la fin du XIXe siècle, il y avait une tendance assez marquée à mettre plus d’intervalle entre les constructions nouvelles. Non seulement elles débordaient hors des anciens barris ou remparts, mais on édifiait de nouvelles maisons le long des routes et même au centre du domaine rural. Si le village était détruit par un incendie ou une inondation, les habitants reconstruisaient leurs demeures, non à l’endroit où elles étaient précédemment, mais aux environs, ainsi qu’il est arrivé pour le village de Sainte-Marie-de-Vars, après l’inondation de 1856 et l’incendie de 1865.

Murs et toits

La maison d’habitation des Hautes-Alpes était généralement formée de quatre murs disposés en parallélogramme, plus ou moins allongé, et dont l’intérieur était partagé par deux ou trois murs de refend. Le tout était recouvert d’un toit à un ou, plus souvent, deux appentis, rarement trois ou quatre. Quelquefois les extrémités supérieures du toit à double appentis étaient légèrement rabattues.
Les murs extérieurs étaient en pierres brutes, à chaux et à sable. Les pierres et le sable, utilisés pour la construction, provenaient des torrents voisins; souvent aussi les pierres venaient des clapiers (monceaux de pierres entassées au bord des champs lors de la culture des terres). La chaux se fabriquait dans le pays, ainsi que le plâtre (gip), au moyen des bois tirés des forêts communales, surtout reculées. Vers 1890, cependant, divers industriels ou particuliers faisaient de la chaux et du plâtre à partir de l’anthracite du Briançonnais (surtout de Saint-Martin-de-Queyrières) ou de la houille apportée par voie ferrée. Précisons que le chemin de fer est arrivé dans les Hautes-Alpes dès 1884.
Les murs étaient recouverts d’un crépissage plus ou moins grossier à l’extérieur et souvent badigeonnés, à l’intérieur surtout, de lait de chaux.
Les toits des vieilles constructions étaient en chaume, en planches ou en ardoise de Châteauroux. Les toits en chaume avaient environ 25 à 30 cm d’épaisseur. On fixait le chaume à des poutres transversales, distantes entre elles de 50 à 60 cm au moyen de liens en paille et de petites traverses en bois. Traverses et liens étaient recouverts par une couche de paille fixée à la poutre supérieure. Assez souvent, le sommet du toit était en planches. Les toits en planches étaient faits au moyen de lattes ou de planches d’environ deux mètres de long, clouées sur les poutres au moyen de gros clous (maltailhas ou martaillas).
L’ardoise de Châteauroux était utilisée depuis 1650 environ; elle coûtait assez cher et tendait, d’ailleurs, à s’effriter sous l’action des agents atmosphériques. Aussi, dès l’ouverture du chemin de fer des Alpes, on tendit à remplacer l’ardoise, comme aussi le chaume et les planches, par des tuiles plates, fabriquées à Gap et à Saint-Henri, près de Marseille. Mais ces nouveaux moyens de construction des toits n’étaient pas la panacée et, par suite du gel et du dégel, ces tuiles se brisaient facilement. Ce n’est que plus tard qu’apparurent les tuiles creuses ou à crochet.

L’intérieur de la maison

L’intérieur de la maison de nos ancêtres se composait d’un rez-de-chaussée, d’un premier étage et de granges.
Le rez-de-chaussée comprenait habituellement :
  • la cuisine, chambre-habitation ou « maison » proprement dite (appelée aussi en quelques endroits fougagno, focanea). Cette pièce servait à la fois de cuisine, de salle à manger, de chambre à coucher, de salon de réception… Elle était fréquemment suivie d’une dépendance utilisée comme débarras et comme chambre à coucher, et au-dessous de laquelle se trouvait une cave pour le vin, les légumes, le laitage ;
  • une écurie ou étable, occupant au moins la moitié du rez-de-chaussée.
Assez fréquemment, l’étable et la cuisine étaient séparées ou mises en communication par un vestibule intérieur appelé court (curtile), lequel menait à l’extérieur par une vaste porte ou portail (pourtal).
Souvent, surtout chez les petits propriétaires agriculteurs, la cuisine et l’étable étaient juxtaposées et une petite porte intérieure permettait d’aller de l’une à l’autre. Toutes deux avaient alors des portes extérieures indépendantes.
Lorsqu’il y avait un vestibule intérieur, on accédait à l’étage supérieur et à la grange par un escalier intérieur en pierre ou en bois. S’il n’y avait pas de vestibule, on montait à la grange par un escalier extérieur ou par une simple échelle en bois. Assez souvent cet escalier était supporté par l’extrados d’une voûte qui protégeait la porte d’entrée de la cuisine ou de l’étable, ou même des deux. Souvent, cette voûte supportait un balcon, et on l’appelait alors l’estro ou la touna.
Le premier étage se divisait généralement en deux parties: l’une occupée par les chambres, l’autre réservée pour battre le blé ou autres grains et pour remiser les foins. La partie où l’on battait le blé était appelée planc, à cause du plancher en bois qui s’y trouvait; celle où l’on mettait le foin se nommait la feniero.
Immédiatement au-dessus du planc, de la feniero et des chambres, on trouvait d’autres étages de plancs, dont plusieurs formés par de simples poutrelles, espacées de 50 centimètres environ, sur lesquelles on entassait les gerbes, la paille et les autres récoltes. Une des extrémités de la maison, à l’air libre, servait à entreposer le bois de chauffage, apporté tout vert de la forêt et qui se desséchait une fois entassé dans la grange.
Globalement, un tiers seulement de la maison servait à l’habitation de la famille. Dans le Briançonnais, on dormait souvent l’hiver dans les étables. Et, surtout, on y faisait les fameuses veillées. Xavier Moutard, un habitant du Lauzet, près du Monêtier, se souvient de ces veillées : « Presque tous les habitants du village se réunissaient, le soir des longues veillées d’hiver, chez celui qui avait la plus grande étable. Là, autour du lume, petit lampion à huile qui projetait une lumière falote et dégageait une odeur d’huile rance, là se passait la veillée. Les femmes, assises sur des escabeaux, se groupaient autour du lampion et tricotaient en jacassant. Les hommes s’asseyaient sur les lériers, mangeoires à mouton. La jeunesse et les gamins s’installaient sur la paille fraîche qui recouvrait la terre battue de l’étable. » On restait même à l’étable une partie de la journée, lors des plus grands froids. La partie de l’étable où la famille se réunissait est recouverte de paille ou de feuilles mortes (pailleras), ramassées en automne dans la forêt. Rarement, on y allumait des poêles; la chaleur des bestiaux suffisait pour y entretenir une température douce « et salutaire », disait-on.

Les habitants de la maison

maison-jarjayesDans chaque maison, il n’y avait qu’une seule famille. Le généalogiste sait bien que ces familles étaient composées habituellement de cinq à six personnes. Mais il n’était pas rare de rencontrer des familles de douze à quinze personnes. Quelquefois, on trouvait plusieurs familles dans une même maison, par exemple, celle du propriétaire et celle de son fermier. Mais ce cas se présentait très rarement. En principe, chaque propriétaire cultivait son terrain et habitait sa maison.
Il y avait un lit ou deux dans chaque pièce. Ils étaient en bois. D’ordinaire, plusieurs personnes couchaient dans le même lit. En revanche, les enfants de sexe différent couchaient dans des lits séparés et même dans des pièces distinctes.

Des maisons chères à la construction

Construire revenait fort cher dans les Hautes-Alpes. Vers 1894, il fallait dépenser au moins 8.000 francs pour une maison telle que nous l’avons décrite; et si on voulait la vendre, on ne pouvait en retirer qu’environ 3.000 francs. Pire, louer vous menait à la ruine. Une maison se négociait pour 20 francs, en moyenne, par an. Ce qui signifie que l’habitation ne serait rentabilisée qu’au bout de 400 ans ! Vraiment, quand on avait une maison bien à soi, mieux valait la garder, la restaurer de temps en temps et la léguer à ses descendants.

Hygiène de vie

La question que tout le monde se pose, bien sûr, est la qualité de vie de nos ancêtres dans ces maisons. Dans l’ensemble, et eu égard aux conditions actuelles, on peut considérer que ces habitations étaient peu saines. L’air n’y circulait pas abondamment car, pour se protéger du froid, en hiver, on bouchait souvent hermétiquement les fenêtres de la maison et de l’étable, que l’on n’ouvrait qu’à la belle saison. D’ailleurs, des témoignages signalent que, de certaines habitations, sortait une odeur si fétide qu’une personne sensible ou peu habituée, en attrapait mal au cœur.
Il faut toutefois modérer notre propos. Pendant la belle saison, la vie des champs et le travail au grand air étaient particulièrement sains. D’ailleurs, il ne semble pas que les habitants des Alpes aient été, plus que d’autres, soumis à de graves maladies et leur longévité était tout à fait comparable à ce qu’elle était dans d’autres régions.
La maladie typique des Alpes, le crétinisme, semblait plus répandu dans les région viticoles et, donc, avoir d’autres causes que l’hygiène proprement dite. On sait aujourd’hui que le crétinisme est directement liée au manque d’iode dans l’alimentation.
Enfin, concluons par l’hygiène morale de tout ce beau monde et laissons le mot de la fin à l’abbé Paul Guillaume qui, en 1894, écrivait: « Au point de vue de la moralité, il ne résulte point de fâcheux résultats de la promiscuité des habitants dans les étables. On doit attribuer ce fait aux bons exemples donnés par les parents à leurs enfants et aux sentiments religieux qui sont encore profondément enracinés dans la population des Alpes. »

Notes

* Xavier Moutard se souvient ainsi de l’incendie du Lauzet le 24 août 1928: « Comme à cette époque il y avait encore pas mal de maisons couvertes en chaume, aidé par une forte lombarde qui soufflait, en un quart d’heure tout le haut du village fut embrasé. […] Si la grosse moitié du village avait été détruite, il n’y avait pas eu d’accident de personne à déplorer […]. La chaleur était si forte que les champs des environs du quartier incendié, malgré qu’ils soient fauchés, brûlaient. […] Pour tout vous dire sur cet incendie, maîtrisé le soir même, il a duré près de quinze jours; car lorsqu’on sortait le foin des granges, le feu couvait toujours, et il fallait toujours avoir un seau d’eau à proximité pour éteindre ce renouveau d’incendie. »
** Voir l’Histoire générale des Alpes maritimes et cottiennes, par Marcellin Fornier, t. II, 1890, p.635.
*** Voir le Bulletin de la Société d’Études des Hautes-Alpes, année 1883, p. 390.

Bibliographie

« Les Maison-types dans la région du Haut-Drac et le Valgaudemar », M. Martin, Paris, 1894.
« Les Maisons-types dans la région des Hautes-Alpes et en particulier dans le canton de Guillestre », Paul Guillaume, Paris, 1894.
« Le Folklore de la Bâtie-Neuve et de ses deux vallées », Émile Escallier, Société d’Études des Hautes-Alpes, Gap, 1987.
« Contes et légendes du Lauzet », Xavier Moutard, Alpes de Lumière, Mane, 1999.

Illustrations et photographies

1. Croquis d’une maison-type du Monêtier-les-Bains (Hautes-Alpes), réalisé au XIXe siècle. © BNF.
2. Maison de Jarjayes, canton de Gap. © Jean Marie Desbois, 2001.

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