13 - Miramas Archives - GénéProvence https://www.geneprovence.com/category/13-miramas/ 500 ans de faits divers en Provence Sun, 28 Jul 2024 18:30:15 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://www.geneprovence.com/wp-content/uploads/2024/04/cropped-434541497_912630390609581_141579584347965292_n-32x32.png 13 - Miramas Archives - GénéProvence https://www.geneprovence.com/category/13-miramas/ 32 32 Agression violente dans le train (Miramas, 30 avril 1880) https://www.geneprovence.com/agression-violente-dans-le-train-miramas-30-avril-1880/ https://www.geneprovence.com/agression-violente-dans-le-train-miramas-30-avril-1880/#respond Sun, 28 Jul 2024 18:30:15 +0000 https://www.geneprovence.com/?p=21647 Le 30 avril 1880, Joseph Poulangeon, entrepreneur de travaux du chemin de fer, bien connu à Arles, demeurant dans la Creuse, à Secondat, sa ville natale, et âgé de 52…

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Le 30 avril 1880, Joseph Poulangeon, entrepreneur de travaux du chemin de fer, bien connu à Arles, demeurant dans la Creuse, à Secondat, sa ville natale, et âgé de 52 ans, venait de monter en train à la gare Saint-Charles, à Marseille, dans un compartiment de première classe du train express 12, lorsqu’un individu assez mal vêtu s’installa à ses côtés. Et peu après, le train se mit en marche.

Le crime

Après avoir dépassé la station de Rognac, M. Poulangeon, sans s’occuper de son compagnon de route, se coucha sur la banquette et essaya de dormir. À peine venait-il de céder au sommeil qu’il fut brusquement réveillé par une douleur aiguë dans le bas-ventre, causée semble-t-il par un coup de stylet qu’on lui avait donné.
Doté d’une taille élevée et possédant un poignet robuste, il bondit, arracha l’arme de sa blessure et se rua sur son agresseur. Une lutte terrible, corps à corps, s’engagea entre la victime et son assassin.
Ce dernier, s’apercevant qu’il n’était pas de taille pour résister, sortit précipitamment un revolver de la poche de son pardessus et fit feu sur M. Poulangeon qui eut la présence d’esprit de détourner l’arme de sa poitrine. Aussi la balle se logea-t-elle dans sa cuisse et M. Poulangeon riposta par un coup de stylet qui entama la lèvre inférieure de son adversaire.
Puis, réunissant toutes ses forces dans un effort suprême, il terrassa son adversaire et, comprimant la main qui tenait le revolver, le mit dans l’impossibilité de s’en servir.
Enfin, à 11 heures, on entrait en gare de Miramas. M. Isnard, sous-chef, ayant entendu les appels désespérés poussés dans un wagon du convoi qui venait de s’arrêter, fit signe à des hommes d’équipe et ouvrit la portière du compartiment où se trouvait M. Poulangeon dans la position décrite ci-dessus.

L’arrestation

Aussitôt, MM. Mistral et Trouy s’empressèrent de porter secours à la victime, de désarmer et de garder un œil sur son agresseur.
Après avoir questionné M. Poulangeon, le chef de gare se hâta de le faire conduire à l’hôtel Jauffret et de prévenir par dépêche la gendarmerie et le docteur Sanguin, médecin de la Compagnie à Saint-Chamas.
Arrivé sur les lieux à minuit, M. Sanguin donna les premiers soins à M. Poulangeon, dont la blessure du bas-ventre, profonde de 15 centimètres et large de 5 centimètres, était très grave. Les intestins perforés sortaient en effet de la plaie béante qu’on recousit.
L’extraction de la balle logée dans la cuisse était remise à plus tard et l’état de la victime laissait craindre le pire.
En attendant l’arrivée du parquet d’Aix, le juge de paix de Salon, assisté de M. Garot, lieutenant de gendarmerie à la même résidence, procéda au premier interrogatoire de l’assassin.
Celui-ci déclara se nommer Clovis Montel, dit qu’il avait 30 ans, qu’il était rentier et né à Bruxelles.
On fit la description du bonhomme : taille moyenne, cheveux et moustaches châtains, figure grêlée de quelque marque de petite vérole. Il portait un pardessus et un pantalon marron. Sa chemise, d’une fraîcheur des plus douteuses, était marquée de ses initiales. En un mot, l’homme ne payait pas de mine.
Sur lui, on trouva une somme de 14 francs et un ticket de première classe pour un trajet Marseille-Rognac.
On imagina donc qu’il avait eu l’intention de dévaliser, durant le trajet entre Marseille et Rognac, le pauvre M. Poulangeon, qui portait sur lui 244 francs et quinze actions de Paris-Lyon-Méditerranée de 350 francs chacune. Mais que, comme sa victime ne s’étant pas endormi aussi tôt que prévu, il avait remis le coup au moment qui lui paraîtrait propice.
Le lendemain de l’agression, MM. Grassi, procureur de la République à Aix, et Fabry, juge d’instruction, se rendirent à Miramas le lendemain après-midi.

Les tristes suites

Malheureusement, Joseph Poulangeon ne survécut pas. Après deux jours d’agonie à l’hôtel Jauffret, situé à Miramas-Gare, il s’éteignit à 21 heures environ le 2 mai.
Montel était évidemment enfermé à la prison d’Aix quand on l’avertit de la mort de M. Poulangeon. Malgré la surveillance la plus étroite dont il était l’objet, il se suicida en se pendant à la fenêtre de sa cellule, au moyen des bandes de toile qui servaient au pansement de ses blessures.
  • Source : L’Homme de bronze, no 25, 2 mai 1880, p. 3, no 26, 9 mai 1880, p. 2.
  • État civil de Miramas, année 1880, 202 E 953.
  • État civil d’Aix-en-Provence, année 1880, 202 E 848.

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[Provençal] Miramas… dès minuto d’arrèst ! Miramas… dix minutes d’arrêt ! https://www.geneprovence.com/provencal-miramas-10-minuto-darrest-miramas-10-minutes-darret/ https://www.geneprovence.com/provencal-miramas-10-minuto-darrest-miramas-10-minutes-darret/#respond Mon, 22 Feb 2016 20:22:35 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=15766 Écoutez la lecture de cet enregistrement en cliquant sur la flèche orange ci-dessous : A MIRAMAS, VILO DE TRIN, de segur, i’a d’istòri de trin. Dudule, que restavo à Miramas,…

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A MIRAMAS, VILO DE TRIN, de segur, i’a d’istòri de trin.
Dudule, que restavo à Miramas, èro emplega dóu camin de ferre ; èro countourroulaire de trepadou à Miramas tambèn. Pichot, courtet de cambo, cargant sus lou davans, uno pelesoun bèn istalado qu’escoundié souto uno casqueto de countourroulaire que quitavo jamai, lou nas e la caro roujas e enfin uno tras que pichoto moustacho – quàuqui pèu en carrat souto lou nas –, èro un emplega moudèle qu’aurié pas fa tort d’un liard à si vesin, pas mai qu’à la coumpagnié que l’emplegavo. Un sòu èro un sòu, quand lou dévié, e quand ié devien, foucho ! l’óublidavo pas.
Es ansin que dins lou tèms, l’ounnibus Marsiho-Avignoun fasié lis ouratòri pèr ié prendre li viajaire. Mai, bord que i’avié un mai, noun se ié poudian davala qu’à parti de Seloun-de-Crau.
Adounc quand lou trin intravo en garo, Dudule s’aprouchavo, siblavo – triiit – avans que d’anouncia d’uno voues trounadisso i vouiajaire esperant sus lou trepadou de la garo :
— Miramas… dès minuto d’arrèst !

train-gare-miramas

E tout se debanavo coum’acò quouro lou jour venguè que Dudule avisè un contro-venènt davalant dóu trin. Escoutant que soun sèn civi e proufessiounau, l’apoustroufè d’un biais autouritàri qu’anè emé sa cargo :
— Ho ! hé ! Sabès pas qu’es enebi de davala à Miramas sus aquesto ligno ! Fau espera Seloun.
— Mai… Mai…
— I’a ges de mai que tengon. Vous vòu apprendre la lèi, iéu. Vous vòu douna un papié.
— Mai… sabes que rèste à Miramas.
— Es pas uno resoun. La lèi es la lèi. Lou cop que vèn, vous n’en rapelaras.
— Mai… Mai…
— Res es censa ignoura la lèi, faguè d’uno bello asseguranço.
E sèns mai d’argument, Dudule dreissè un verbau à soun degut à la viajarello mal-avisado qu’avié lou fege de trepassa lou reglamen. La femo alor sachè pu que dire, èro aplantado aqui carculant se ié falié crida, ploura, remounta dins lou trin o dire de merci. Fin finalo Dudule reprenguè soun siblet – triiit – e anounciè :
— Fermaduro di porto !
Lou trin partiguè. La femo s’enanè elo tambèn. Èro peginado, pleno de vergougno, de ràbi, de charpin… un pau de tout acò bord que… èro sa femo !

L’istòri es pas ligado au tèms passat car quouro la countère à-n-un ami, i’a quàuqui tèms d’acò, apoundeguè d’aigo au moulin, me disènt, à son tour, que soun bèu-fraire, agènt de pouliço municipalo, verbalisè d’aploumb, éu tambèn, la veituro mau-garado… de sa femo !

Martino Bautista

*

À MIRAMAS, VILLE DE TRAINS, c’est sûr, il y a des histoires de trains.
Dudule, qui habitait à Miramas, était employé au chemin de fer ; il était aussi contrôleur de quai à Miramas. Petit, court de jambe, bedonnant, une calvitie bien installée qu’il cachait sous une casquette de contrôleur qu’il ne quittait jamais, le nez et la face rougeauds et enfin une très petite moustache – quelques poils en carré sous le nez –, c’était un employé modèle qui n’aurait pas fait de tort à ses voisins, pas plus qu’à la compagnie qui l’employait. Un sou était un sou, quand on le devait, et quand on lui devait, pardi ! il ne l’oubliait pas.
C’est ainsi qu’à l’époque, l’omnibus Marseille-Avignon s’arrêtait dans toutes les gares pour y prendre les voyageurs. Mais, car il y avait un mais, on ne pouvait en descendre qu’à partir de la gare de Salon-de-Provence.
Donc quand le train entrait en gare, Dudule s’approchait, sifflait – triiit – avant d’annoncer d’une voix tonitruante aux voyageurs attendant sur le quai de la gare :
— Miramas… 10 minutes d’arrêt !

train-gare-miramas

Et tout se passait comme cela quand le jour vint où Dudule remarqua un contrevenant descendant du train. N’écoutant que son sens civique et professionnel, il l’apostropha d’un ton autoritaire convenant à sa charge :
— Ho ! hé ! Vous ne savez pas qu’il est interdit de descendre à Miramas sur cette ligne ! Il faut attendre Salon.
— Mais… Mais…
— Il n’y a pas de mais qui tiennent. Je vais vous apprendre la loi, moi. Je vais vous dresser un papier.
— Mais… tu sais que j’habite à Miramas.
— Ce n’est pas une raison. La loi, c’est la loi. La prochaine fois, vous vous en rappellerez.
— Mais… Mais…
— Nul n’est censé ignorer la loi, fit-il d’un air plein d’assurance.
Et sans plus d’argument, Dudule dressa un procès verbal à la voyageuse malavisée qui avait eu l’audace de transgresser le règlement. La femme, alors, ne sut que dire, elle restait là sans bouger, ne sachant s’il lui fallait crier, pleurer, remonter dans le train ou dire merci. Finalement Dudule reprit son sifflet – triiit – et annonça :
— Fermeture des portes !
Le train partit. La femme s’en alla elle aussi. Elle était dépitée, pleine de honte, de rage et de chagrin, un peu de tout cela car… c’était sa femme !

L’histoire n’est pas liée à l’époque car lorsque je la racontais à un ami, il y a quelques temps de cela, il ajouta de l’eau au moulin en me contant, à son tour, que son beau-frère, agent de police municipale, verbalisa, sans hésiter, lui aussi, la voiture mal garée… de sa femme !

Martine Bautista
  • Photographie : Arch. personnelles de l’auteur.

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[Provençal] Li vendémi à Miramas | Les vendanges à Miramas https://www.geneprovence.com/provencal-li-vendemi-a-miramas-les-vendanges-a-miramas/ https://www.geneprovence.com/provencal-li-vendemi-a-miramas-les-vendanges-a-miramas/#respond Sun, 25 Oct 2015 10:01:37 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=15434 Écoutez la lecture en cliquant sur la flèche orange ci-dessous : RACONTE DE MOUN PAIRE : Après guerro, moun fraire Manu aguè l’idèio de faire un orto que vèndavo li…

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RACONTE DE MOUN PAIRE :

Après guerro, moun fraire Manu aguè l’idèio de faire un orto que vèndavo li proudu dins la merçarié de Julieto, nosto tanto, balouard de la republico (aro carriero Kennedy). S’èro istala aqui bord qu’erian sinistra au 100 % (au cènt dóu cènt) emé la librarié de famiho que tenié ma maire, avans que de retrouba l’avengudo d’Istre (aujourd’uei l’avengudo Chalve). Fuguè ansin que moun paire plantè un pichot « vignarés » sus un terren de 600 m2 que poussedissié dins lou quartié Chiroun. Sus aquel ort creissié tambèn uno inmenso figuiero.
domaine-clos-ambroise-miramasCoume lou marrit mau dóu vignarés, lou filossera empestiferavo li souco, s’èro aprouvesi de plant dirèit american. Èron de soucage american, mestis dirèit qu’avien ges de besoun d’èstre enserta pèr faire targo i parasite e malautié e pèr proudurre. Aquéli plant fuguèron enebi pu tard bord que se disié que fasien un marrit vin, qu’èron cancerigène, que fasien vira caloto… E pièi qu’èron de relicle dóu passat ! Viedasarié ! Aquelo interdicioun avié de resoun poulitico-ecounoumico !
Dins la cous, darrié l’oustau, i’avié 2 (dos) miò. Dos grosso bouto espesso, tras que resistènto emplegado pèr lou trasport de vin e alcol. Countenissien entre 500 e 650 litre. Quouro venié la sesoun, moun paire li cafissié d’aigo pèr que lou bos s’embugo e pièi ressarravo li ciéucle. Parié pèr li 3-4 tounèu qu’emplegavian. Mai peravans ié boutavo de sóupre afin de tuia la verminaio.
La rintrado se debanavo au mes d’óutobre adounc avian lou tèms de faire li vendémi en famiho : emé moun paire e mi fraire. Se fasien tout à la man, dins la matinado. Pèr coupa de rasin la sesoun èro vengudo, la vigno èro proun maduro, alor li cisèu intravon dins la danso. Falié ramassa li age, lou jus èro dedins e noun falié n’en óublida, se voulian pas entendre rena lou paire. Menavian lou tout emé lou carretoun à bras, li rin dins de canestèu de bos qu’emplegavo lou marchand de bos pèr lou trasport.

Pièi venié lou chauchage. Pausavian la chauchadouiro à manivello subre la miò, e trissounavian li rasin. Falié vira d’ouro e d’ouro de tèms ! Avans, au founs de la bouto, moun paire depausavo un balaus de ramo-à-counièu que servié de filtre. Nautre vuejavian li rapugo de rasin pau à cha pau. Pièi quouro èron escrachado, li metian à bouli quàuqui jour. Disien bouli bord que la rebouliduro di moust fai glouglouta lou jus óutengu. Dins l’èr, li tino destapado largavon l’óudour moustouso di rasin.
Em’acó sarravian la raco sus lou destré e coumo à la baso de la miò, i’avié un roubinet, tiravian lou vin, lou bon sang de la triho dins de ferrat e cacaluchavian li tounèu de 100 l que remisavian au fin founs de la cavo. Lou vin tira, moun paire cafissié la miò d’aigo, apoundié de sucre e fasié bouli encaro un cop lou moust – pas sus lou fiò ! dins li boulidou – pèr faire de trempo. Arribavo à n’en faire enjusqu’à 4 que bevian subretout emé de castagno. La darriero èro pulèu de pissagno de chin, de la trempo de la setenco. Lou vin que dóu gavèu aman forço lou jus, se bevié un mes après : d’abord lou rèire-vin pièi lou vin. N’avian pèr li tres-quart de l’annado, meme se à la fin lou vin tiravo à l’aigre, lou bevian tout de meme ! E pièi èro dóu nautre.

Vendémio acabado, li vendemiaire recaupien la raco de la tino e esperavon un avis de la coumuno qu’anounciavo que l’alambi èro lèst pèr brula. Tóuti devien ana d’abord au burèu dis impost vers lou paire Chiarri, pensiouna de l’armado, leissa pèr mort à Monte Cassino qu’èro recebèire dis impost indirèit (èro un dre reserva is ancian coumbatènt). Deliéuravo un certificat, un leissa passa, que disié quant d’alcol èro à carreja, que la tausso èro pagado, e à parti de queto ouro se poudié tourna à l’oustau ; tout acò encas de countourrolo de gendarmarié o de gabelou.
L’aigo-ardentié moussu Marsiho de Miramas istalavo l’alambi, un bel engin tout de couire beluguejant i 4 camin dins la cous d’un mas. Èro pas soun mestié mai un estatut de prouprietàri recoultaire. La mountado en caufo duravo 2 à 3 ouro : alor dóu serpentin uno aigo lindo, caudo, rajoulejavo.
Cadun avié lou dre de brula de la raco pèr 1000° siegue 20 l d’alcool à 50° brula pèr campagno. Mai moussu Marsiho avié soun caratère : meme se tout èro lèst, defendié i gènt de parti avans l’ouro escricho sus lou bon dóu Tresor, meme pas 1 minuto avans : l’ouro èro l’ouro !
Enfin moun paire croumpavo en fraudo de flascounet de pastis pèr faire lou pastis d’oustau em’aquel alcool d’alambi : « E èro bon coume acò ! »
Em’acó s’ajudavian entre vesin, entre ami. Aussi èro jour de fèsto quouro se disié « vendemian vers Rougé Lazard » i Madaleno (vers 1950). Nautre, anavian i Madaleno en velò mai Rougé Lazard i’anavo emé la miolo, la Rousseto, uno bono troutarello, atalado e quouro arribavo au nivèu dóu cèntre teini d’aro, cade fes, la miolo s’aplantavo e éu devié bataia ferme pèr la mai faire avança !
Mai èro jour de riboto, jour d’aioli… à tuia li mousco ! Èro lou moumen d’ouncha sa gargamello. Pendènt li vendémi, li femo cousinavon uno roundo de liéume : tartifle, baneto, pastenargo, caulet-flòri e li famous cacalaus gris, lou tout arrousa dóu vin d’oustau pèr faire passa tout acò. Fasien tampouno : amavian lou vin e lou chimavian proun. Urousamen, acò nous arribavo pas proun souvènt ! À la fin dóu repas èro pas raro que se desfasien la blouco di braio. E alor, èro dur l’après-dina pèr reprèndre. Avans de tourna travaia, falié penequeja !

Martino Bautista

*

RÉCIT DE MON PÈRE :

Après guerre, mon frère Manu eut l’idée de faire le jardin dont il vendait les produits dans la mercerie de Juliette, notre tante, boulevard de la République, (aujourd’hui rue Kennedy). Elle s’était installée là car nous étions sinistrés à 100%, avec la librairie des familles que tenait ma mère, avant de retrouver l’avenue d’Istres (l’avenue Chalve maintenant). Ce fut ainsi que mon père planta un petit « vignoble » sur un terrain de 600m2 qu’il possédait dans le quartier Chiron. Sur ce jardin poussait aussi un immense figuier.
domaine-clos-ambroise-miramasComme le mauvais mal des vignes, le phylloxéra attaquait les souches, il s’était procuré des plants directs américains. C’étaient des cépages américains, hybrides directs qui n’avaient pas besoin d’être greffés pour résister aux parasites et maladies et pour produire. Ces plants furent interdits par la suite car on disait qu’ils produisaient un mauvais vin, qu’ils étaient cancérigènes, et qu’ils rendaient fou. Et puis c’étaient des reliques du passé ! Balivernes ! Cette interdiction était issue de raisons politico-économiques !
Dans la cour, derrière la maison, il y avait deux muids. Deux gros fûts épais très résistants utilisés pour le transport des vins et alcools. Ils contenaient entre 500 à 650 litres. Quand approchait la saison, on les emplissait d’eau pour que le bois se gorge et mon père resserrait les cercles. Pareil pour les trois-quatre tonneaux que nous utilisions. Mais auparavant il y mettait du soufre pour tuer la vermine.
La rentrée se faisait au mois d’octobre aussi avions-nous le temps de faire les vendanges en famille : avec mon père et mes frères. Elle se faisait tout à la main, dans la matinée. Pour couper les raisins, la saison était venue, la vigne était assez mûre, alors les ciseaux entraient dans la danse. Il fallait ramasser les grains de raisin, le jus était dedans et il ne fallait pas en oublier, si nous ne voulions pas entendre râler le père. On charriait le tout avec le charreton à bras, les raisins dans des cageots en bois qu’utilisait le marchand de bois pour le transport.

Puis venait le foulage. On déposait le pressoir à manivelle dessus le muid, et on écrasait les raisins. Il fallait tourner pendant des heures et des heures ! Avant, au fond du muid, mon père déposait un fagot d’asperges sauvages qui servait de filtre. Nous, on versait les grappes de raisins petit à petit. Puis une fois écrasées, on les mettait à bouillir pendant quelques jours. On disait bouillir car la fermentation fait glouglouter le jus obtenu. Des tonneaux ouverts, l’air s’emplissait de l’odeur gluante des raisins.
À la base du muid il y avait un robinet, on serrait les grappes sur le pressoir : on tirait le vin, le bon sang de la treille dans des seaux et l’on emplissait les tonneaux de 100 l qu’on remisait au fin fond de la cave. Le vin tiré, mon père remplissait encore une fois le muid d’eau, ajoutait du sucre et faisait bouillir encore un coup le moût – pas sur le feu ! – pour faire la première piquette. Il arrivait à en faire jusqu’à 4 que nous consommions surtout avec des châtaignes. La dernière était plutôt du pipi de chien !

Le vin dont nous aimions beaucoup le jus se buvait un mois après : d’abord la piquette puis le vin. On en consommait pendant les trois-quarts de l’année, même si à la fin le vin tournait, on le buvait tout de même ! Et puis c’était le nôtre.
Vendanges achevées, les vendangeurs récupéraient le moût de la cuve et attendaient un avis de la mairie qui annonçait que l’alambic était prêt pour distiller le moût. Tous devaient d’abord aller au bureau des impôts chez le père Chiarri, pensionné de l’armée, laissé pour mort à Monte Cassino qui était receveur des impôts indirects (c’était un droit réservé aux anciens combattants). Il délivrait un certificat, un laisser-passer, qui disait le nombre de litres d’alcool à transporter, que la taxe était payée, et à partir de quelle heure on pouvait rentrer à la maison ; tout cela en cas de contrôle de gendarmerie ou de douane.
Le bouilleur de cru monsieur Marseille de Miramas installait l’alambic, un bel engin tout de cuivre étincelant aux 4 chemins, dans la cour d’un mas. Ce n’était pas son métier mais un statut de propriétaire récoltant. La montée en chauffe durait 2 à 3 heures : alors du serpentin une eau transparente, chaude, un filet coulait.
Chacun avait le droit de distiller du moût pour 1000° soit 20 litres d’alcool à 50° distillés par campagne. Mais monsieur Marseille avait son caractère : même si tout était prêt, il défendait aux gens de partir avant l’heure écrite sur le bon du Trésor, même pas une minute avant : l’heure c’était l’heure !
Enfin mon père achetait en fraude des petits flacons d’extrait de pastis pour faire le pastis maison avec cet alcool d’alambic : « Et c’était bon comme cela ! »
Et puis on s’aidait entre voisins, entre amis. Aussi c’était jour de fête quand on disait « on vendange chez Roger Lazard » aux Madeleines (vers 1950). Nous, nous allions aux Madeleines à vélo mais Roger Lazard y allait avec la mule, la Roussette une bonne trotteuse attelée et lorsqu’elle arrivait au niveau du centre technique, chaque fois, elle s’arrêtait et il lui devait batailler ferme pour la faire avancer !
Mais c’était jour de ribote, jour d’aïoli… à tuer les mouches ! on allait se graisser la gargamelle. Pendant les vendanges, les femmes cuisinaient une ronde de légumes : pommes de terre, haricots verts, carottes, choux-fleur et les fameux escargots gris, le tout arrosé du vin de la maison pour faire passer tout cela. Nous faisions la noce : nous aimions le vin et nous le buvions bien bien. Heureusement cela ne nous arrivait pas tous les jours ! Ce n’était pas rare qu’après le repas, on se défasse la ceinture du pantalon. Et alors, c’était dur l’après-midi pour reprendre, avant de retourner travailler, il fallait faire une bonne sieste !

Martine Bautista

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[Provençal] Lou patrounage | Le patronage https://www.geneprovence.com/provencal-lou-patrounage-le-patronage/ https://www.geneprovence.com/provencal-lou-patrounage-le-patronage/#respond Fri, 17 Jul 2015 12:10:48 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=15184 Écoutez la lecture en cliquant sur la flèche orange ci-dessous : APRÈS LA GUERRO, en 1948, emé lou patrounage, à Miramas, li capelan se cargavon encaro de la jouventuro dóu…

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APRÈS LA GUERRO, en 1948, emé lou patrounage, à Miramas, li capelan se cargavon encaro de la jouventuro dóu mitan poupulàri. Li chato èron d’un coustat à l’escolo Jano Darque e li chat de l’autre, dins la cours de la glèiso. Èro lou biais d’educa lis enfant, de li fourma, de ié douna uno fourmacioun mouralo, fisico e soucialo. Tre que i’avié un moumenet de libre, óurganisavon d’ativeta : siegue uno partido de baloun o de bocho, uno partido de galo de terro, siegue uno seanço de cinema ; de jo de piste e d’escursioun, e que sabe encaro… Avien meme mounta uno chourmo de foute-balo pèr minime.
Es coum’acò qu’aquel an, moun paire anè en coulounìo de vacanço à Grandriéu en Lousèro. Bèn segur, à Miramas vilo de trin, lou vouiage se faguè emé lou trin, dins de vagoun de bos : 5 ouro sus de bancado de bos tambèn moufle coume uno saco de massacan. Arribèron enfin, negre coume de carbounié !
Tre l’arribado, lis istalèron dins uno grand bastisso de frejau, dins de vàsti dourmidou. Pièi, li vacanço, enfin ! De journado touto pèr s’amusa emé li coumpan, dins un paisage de mountagno roundo, douço cuberto de brusc e de brimbello, de fourèst de pin gavot, de serènto e de faiard. Èro lou tèms de permenado, de bagnado dins la ribiero, de jo e de partido de foute-balo, toujour. A l’après dina, èron countregne de faire miejour ! Visitèron l’abadié Nosto-Damo de Nèu à Langougno, de baumo emé pendoulino e candeleto mountanto.
Malurousamen, èro l’annado d’uno malandrarié de poulioumielite e la counsigno èro d’apoundre de javel dins tout ço que se bevié. Mai l’aigo rajavo d’en pertout e cado fes que rescountravon uno font dóu tèms d’uno sourtido, li pichot qu’èron se jitavon subre tant l’aigo que bevien de longo èro marrido de goust !

miramas-village

Quàuquis annado après, toujour emé lou patrounage, un jour de Sant Jan à Miramas dins la cous de la glèiso, uno troupelado d’escout passavon la serado la mai longo de l’annado autour dóu fiò, cantant au son de la quitarro dins la calour dóu mes de jun. Deja moun paire èro marida mai sabe pas pèr dequé ié venguè l’idèio de carga un linçòu blanc, d’escala la muraio qu’encenturavo la cous e se boutè à gingoula à la luno. Alor coumo uno voulado de passeroun, tremoulant de pòu, li pichot bramèron e s’enfugiguèron dins la nègro niue !

I’agrado à moun paire aquéli farcejado. Bèn de tèms après, alor qu’erian en vacanço à Beauvezer dins lis Aup de nauto Prouvènço, lou femelan de la famiho passavon li journado dins uno vièio bastisso, contro-vènt barra, à faire vira li taulo, prenènt lou tremoulun touto souleto : « Esperit siés-ti aqui ? »
Mai èro sèns coumta emé moun paire que venguè d’escoundoun, un jour, tabassa li paro-vènt dóu membre dins la soumbruro… Encaro un cop, coume de passeroun veguènt lou cat, li femo sourtiguèron de la bastisso, ourlanto coume se i’avié de marrit fouletoun darrié éli.

Martino Bautista

*

APRÈS LA GUERRE, en 1948, avec le patronage, à Miramas, c’étaient encore les curés qui étaient en charge de la jeunesse des milieux populaires. Les filles étaient d’un côté à l’école Jeanne-d’Arc et les garçons de l’autre, dans la cour de l’église. C’était un moyen d’éduquer les enfants, de les former, de leur donner une formation morale, physique et sociale. Dès qu’il y avait un moment de libre, ils organisaient des activités : soit une partie de ballon ou de boules, une partie de billes de terre, soit une séance de cinéma ; des jeux de pistes, des excursions, et que sais-je encore… ils avaient même monté une équipe de football pour minimes.
C’est comme cela que, cette année-là, mon père alla en colonie de vacances à Grandrieu en Lozère. Bien sûr, le voyage se fit en train, dans des wagons de bois : cinq heures de trains sur des bancs de bois aussi, rembourrés aux noyaux de pêches. Nous arrivâmes enfin, noirs comme des charbonniers !
Dès l’arrivée, ils les installèrent dans une grande bâtisse de granit, dans d’immenses dortoirs. Puis, les vacances, enfin ! Des journées entières pour s’amuser avec les copains, dans un paysage de montagnes rondes, douces, couvertes de bruyères et de myrtilles ; des forêts de pins sylvestres, d’épicéas et de fayards (hêtres, N.d.A.). C’était le temps des promenades, des baignades dans la rivière, de jeux et de partie de football, toujours. Après le repas, ils étaient contraints de faire la sieste ! Ils visitèrent l’abbaye de Notre-Dame des neiges à Langogne, des grottes avec des stalactites et des stalagmites.
Malheureusement, c’était l’année où une épidémie de poliomyélite sévissait et la consigne était de mettre de la javel dans tout ce qui se buvait. Mais l’eau coulait de partout et chaque fois qu’ils rencontraient une fontaine pendant une sortie, les petits qu’ils étaient se jetaient dessus tant l’eau qu’ils buvaient tous les jours était mauvaise au goût !

miramas-village

Quelques années après, toujours avec le patronage, un jour de Saint-Jean à Miramas dans la cour de l’église, une bande de scouts passait la soirée la plus longue de l’année autour d’un feu, chantant au son de la guitare dans la chaleur du mois de juin. Déjà mon père était marié mais je ne sais pourquoi, il lui vint l’idée de revêtir un drap blanc, d’escalader le mur qui ceinturait la cour et il se mit à hurler à la lune. Comme une volée de moineaux, tremblant de peur, les petits se mirent à crier et s’enfuirent dans la nuit noire !

Mon père aime faire ce genre de farces. Bien du temps après, alors que nous étions en vacances à Beauvezer dans les Alpes-de-Haute-Provence, les femmes de la famille passaient leurs journées dans une vieille bâtisse, volets clos, à faire tourner les tables, prenant peur toute seule : « Esprit es-tu là ? »
Mais c’était sans compter avec mon père qui vint un jour en cachette tabasser les volets de la pièce plongée dans l’obscurité… Encore un coup, comme des moineaux voyant le chat, les femmes sortirent de la bâtisse, hurlant comme s’il y avait de mauvais esprits derrière elles.

Martine Bautista

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[Provençal] Lou cagadou es clafi / Le cabinet est plein https://www.geneprovence.com/provencal-lou-cagadou-es-clafi-le-cabinet-est-plein/ https://www.geneprovence.com/provencal-lou-cagadou-es-clafi-le-cabinet-est-plein/#respond Thu, 28 May 2015 12:26:01 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=15076 Écoutez la lecture en cliquant sur la flèche orange ci-dessous : QUOURO NASQUÈ Miramas-garo, qu’èro meme pancaro Miramas mai Counstantino, li saberu d’aquéu tèms avien previst qu’emé lou loujamen dis…

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Revoil, "Il faut que Monsieur le Baron ait eu fièrement peur !!!", estampe, Bibl. nat. de France, 1830.
Revoil, « Il faut que Monsieur le Baron ait eu fièrement peur !!! », estampe, Bibl. nat. de France, 1830.
QUOURO NASQUÈ Miramas-garo, qu’èro meme pancaro Miramas mai Counstantino, li saberu d’aquéu tèms avien previst qu’emé lou loujamen dis óubrié qu’arribarien pèr travaia au camin de ferre, un tros de terro ié sarié apoundu pèr ameioura l’ourdinàri e pèr evita de s’enfeta : coume èron bèn souvènt de pacan, avien l’abitudo de travaia de longo. Li fanguihau èron pancaro necessàri nimai e meme inutile. Car li qu’avien la chabènço de poussedi un tros de terro, leissavon rèn s’escavarta. Tout se reciéuclavo. Mi rèire fasien coume acò, éli tambèn e meiouravon soun orto emé lou proudu de soun quèli, d’un biais ecoulougi davans l’ouro !
Quouro ma rèire-grand jardinejavo e qu’uno pissagno la prenié, se boutavo à sibla e tout en regardant en l’èr… Escartavo simplamen li cambo afin de se souleja ! Meravihous coutihoun fendu d’aquéu tèms. Pèr contro, li que noun poudien reciéucla d’esperéli, fisavon soun quèli à l’óubliganço d’un agènt-menaire de « tourpiho », lou paire Marsiho que couneissié ansin tóuti li secrèt intime de la pratico : lou qu’avié agu la cagagno ; la que venié d’enfanta ; li que manjavon de caulet o d’espinarc…. Fasié la virado emé soun ase que tiravo l’atalage e cargavo ges de gant pèr maneja tóuti aquéli quèli. Quouro venié l’ouro de crousteja, s’assetavo d’aiso sus la banqueto de la tourpiho e manjavo soun tros de pan em’un taioun de saucissot.

Un jour, quàuqui cambarado de couscricioun, es à dire li qu’avien fa li tres jour que decidavon s’èron lèst pèr l’armado, après la bevendarié que seguissié lou counsèu de revisioun, faguèron Miquèu l’ardit. Faguèron coulèito de tóuti li quèli qu’esperavon soun prouprietàri sus lou lindau de la porto e li descarguèron à bourro-bourro sus la plaço Jourdan !
Soulamen, fau saupre qu’à Miramas, i’avié que dous poun de vèndo d’aquéu famous quèli : adounc, i’avié soulamen dous moudèle diferènt ! Li mai finocho recaupeguèron un quèli nòu o tout coume ; d’enterin que lis autre se retroubèron em’ uno vièio besougno.
Quouro countère moun istòri à-n-uno de mis amigo, apoundeguè d’aigo au moulin en acabant lou raconte ansin : « Ma vesino Marìo avié lèu-lèu sourti pèr recoubra soun bèn faguènt : “Veirés… veirés. La radurrai ! La recouneirai ! ié manco un tros d’esmaut just à l’orle !” »

Ansi dounc li pàti priva an apriva lou ramassadou de soun travai e lou founs tradicounau n’a pres un cop !

Martino Bautista

*

Revoil, "Il faut que Monsieur le Baron ait eu fièrement peur !!!", estampe, Bibl. nat. de France, 1830.
Revoil, « Il faut que Monsieur le Baron ait eu fièrement peur !!! », estampe, Bibl. nat. de France, 1830.
LORSQU’EST NÉE Miramas-gare, qui n’était pas encore Miramas mais Constantine, les penseurs ont prévu qu’avec l’octroi d’un logement aux ouvriers, qui arrivaient pour travailler au chemin de fer, un petit lopin de terre leur serait donné, pour améliorer l’ordinaire et pour éviter à toutes ces familles venues de la terre de s’ennuyer. Les égouts collectifs n’étaient pas encore nécessaires et même inutiles ! Car ceux qui avaient la chance d’avoir leur lopin de terre, ne laissaient rien perdre. Ils recyclaient tout. Mes arrière-grands-parents ne s’en sont pas privés et amendaient leur jardin d’une manière écologique avant l’heure !
Lorsque mon arrière-grand-mère jardinait et qu’une envie pressente la tenaillait, elle se mettait à siffler, tout en regardant en l’air et… écartait simplement les jambes pour se soulager ! Merveilleux jupons fendus de l’époque ! Par contre, ceux qui ne pouvaient recycler eux-mêmes, confiaient leur pot de chambre aux bons soins d’un préposé conducteur de « torpille », le père Marseille qui connaissait ainsi tous les secrets intimes de ses clients : celui qui avait été dérangé, celle qui avait accouché, ceux qui avaient mangé du chou, des épinards… Il faisait la tournée avec son âne qui tirait l’attelage et ne portait pas de gants pour manier tous ces pots de chambre. Quand arrivait l’heure de manger un morceau, il s’asseyait à son aise sur la banquette de la torpille et avalait son bout de pain avec une tranche de saucisson.

Un jour quelques copains de conscription – c’est-à-dire ceux qui avaient passé les trois jours qui décidaient s’ils étaient aptes à partir ou non à l’armée, après la beuverie qui suivait le conseil de révision – firent les malins. Ils collectèrent alors toutes les tinettes qui attendaient leur propriétaire sur le pas des portes et les déchargèrent en vrac sur la place Jourdan !
Seulement, il faut savoir qu’il n’y avait à Miramas que deux points de vente de ces fameux pots de chambre : aussi n’y avait-il que deux modèles différents ! Les plus futés récupérèrent des tinettes « neuves » ou tout comme, tandis que les autres se retrouvaient avec de vieux machins.
Quand j’ai raconté mon histoire à une amie, elle a ajouté de l’eau au moulin en terminant le récit ainsi : « Ma voisine Marie était sortie dare-dare pour récupérer son bien, en affirmant : “Vous verrez ! Vous verrez ! Je le ramènerai ! Je le reconnaîtrai ! Elle a un morceau d’émail qui manque juste au bord !” »

Ainsi donc, les aisances privées ont privé le ramasseur de son travail et le folklore urbain en a pris un coup !

Martine Bautista

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[Provençal] Sorre Tereso envoucado ajudo à basti uno glèiso / Sœur Thérèse invoquée aide à construire une église https://www.geneprovence.com/provencal-sorre-tereso-envoucado-ajudo-a-basti-uno-gleiso-soeur-therese-invoquee-aide-a-construire-une-eglise/ https://www.geneprovence.com/provencal-sorre-tereso-envoucado-ajudo-a-basti-uno-gleiso-soeur-therese-invoquee-aide-a-construire-une-eglise/#respond Fri, 24 Apr 2015 19:32:37 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=15023 Écoutez la lecture en cliquant sur la flèche orange ci-dessous : [quote]Es un tèste escri pèr A. Guignes, curat, que troubère dins lou libre Pluie de roses. 5 1910-1926, pajo…

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[quote]Es un tèste escri pèr A. Guignes, curat, que troubère dins lou libre Pluie de roses. 5 1910-1926, pajo 291.[/quote]

interieur-eglise-miramas-1937Barbentano (Bouco-de-Rose), 14 de mai de 1914.
Se bastis en aqueste tèms uno bello glèiso dins la parròqui de Miramas (Bouco-de-Rose). Mai pèr l’edifica falié d’en proumié croumpa un oustau de 10.000 franc à la perfin d’en agué l’emplaçamen. Ai ! Ai ! Ai ! Moussu lou curat noun avié aquesto soumo e, de mai, lou prouprietàri de l’oustau la refusavo energicamen de vèndre. Alor lou pastour e si dous vicàri faguèron uno nouveno à Sorre Tereso de l’Enfant-Jèsu.
Lou jour nouven, un moussu incouneigu e que vouguè pas dire soun noum semoundeguè à la claustro 10.000 franc pèr uno bono obro, e lou prouprietàri de l’oustau, soulicita encaro un cop aqueste jour d’aqui, la counsentiguè de bon à vèndre. Ansin l’afaire fuguè regla sèns mai d’empacho.
En aquéu tèms, la decouracioun de la glèiso de Miramas èro tras que bello. Un autar de mabre rose mountavo aut dins lou cor. De cade coustat, un ange tenié un grandaras candelabre. E pièi un mouloun d’àutri grand candelié encadravon lou tabernacle e finissien d’adourna tout acò. Au pounchoun, la Santo Vierge Marìo benesissié li parrouquian recampa. E de cade coustat dóu cor, s’aubouravon dos capeleto coustiero tout autant ournado.
Mai un jour, un curat se diguè que tout acò èro trop richo pèr uno glèiso : i’agradavo pas. Faguè demouli l’autar emé tóuti lis estatuo, li candelié,…. Pèr douna à la glèiso de Miramas un decor minimaliste mai en favour à la meditacioun. Se dis que d’ùni jitèron lis estatuo dins l’estang d’Entressen. Legèndo ? Verita ? Pèr agrada lis arqueoulogue de deman ?
E pièi es dins aquesto glèiso que mi rèire fuguèron bateja, faguèron soun bon jour, se maridèron e que fuguè dicho sa darriero messo tambèn. Moun paire emé si fraire ié fuguèron de clerjoun. A-n-aquelo escasènço, cargavon uno soutano bluio pèr li nouvelàri e roujo pèr li mai grand em’un subrepelis blanc. Ma rèire-grand peirenalo, elo, avié un cadèu que la seguissié d’en pertout e meme dins la glèiso dóu tèms de la messo. Intravo tóuti dous. Lou chin s’istalavo sout lou banc e aqui boulegavo pu à leva… quouro la grand se levavo pèr segui li rite de la santo messo. Lou chin alor fasié parié : se levavo.
Es aqui, tambèn, qu’un capelan me countè :
Un jouvenome se counfesso. Lou prèire ié dis :
« Moun fiéu. MOUN FIÉU ! Fau de longo regarda mai aut !
— Oh ! Vo, moun paire ! Elo, rèsto au cinquen… »

*

[quote]Un texte écrit par A. Guignes, curé, dans le recueil Pluie de roses. 5 1910-1926, page 291.[/quote]
interieur-eglise-miramas-1937Barbentane (Bouches-du-Rhône), 14 mai 1914.
On construit en ce moment une belle église dans la paroisse de Miramas (Bouches-du-Rhône). Mais pour l’édifier il fallait d’abord acheter une maison de 10.000 francs afin d’en avoir l’emplacement. Hélas! M. le curé n’avait pas cette somme et, de plus, le propriétaire de la maison refusait énergiquement de la vendre. Alors le pasteur et ses deux vicaires firent une neuvaine à Sr Thérèse de l’Enfant-Jésus.
Le neuvième jour, un monsieur inconnu et qui ne voulut pas dire son nom apporta au presbytère 10.000 francs pour une bonne œuvre, et le propriétaire de la maison, sollicité de nouveau ce jour-là même, consentit volontiers à la vendre. Ainsi l’affaire fut réglée sans plus de difficultés.
En ce temps-là, la décoration de l’église de Miramas était très belle. Un autel de marbre rose montait haut dans le chœur. De chaque côté, un ange tenait un grand candélabre. Et puis de nombreux autres grands chandeliers encadraient le tabernacle et finissaient d’orner tout cela. Au sommet, la Sainte Vierge Marie bénissait les paroissiens rassemblés. De chaque côté du chœur, s’élevaient deux petites chapelles latérales tout autant ornées.
Mais un jour, un curé se dit que tout cela était trop riche pour une église : cela ne lui plaisait pas. Il fit démolir l’autel avec toutes les statues, les chandeliers… pour donner à l’église de Miramas un décor minimaliste plus propice à la méditation. On dit que certains jetèrent les statues dans l’étang d’Entressen. Légende ? Vérité ? Pour le plaisir des futurs archéologues ?
Et puis, c’est dans cette église que mes ancêtres furent baptisés, firent leur communion, se marièrent et que fut dite leur dernière messe. Mon père et ses frères y furent enfants de chœur. À cette occasion, ils portaient une soutane bleue pour les nouveaux et rouge pour les plus grands avec un surplis blanc. Ma grand-mère paternelle, elle, avait un petit chien qui la suivait de partout et même dans l’église pendant la messe. Ils entraient tous les deux. Le chien s’installait sous le banc et là, ne bougeait plus sauf… lorsque la grand-mère se levait pour suivre les rites de la sainte messe. Le chien alors faisait de même : il se levait.
C’est ici, aussi, qu’un prêtre me raconta :
Un jeune homme se confesse. Le prêtre lui dit :
« Mon fils. MON FILS ! Il faut toujours regarder plus haut !
— Oh oui, mon père ! Elle habite au cinquième… »
  • Photographie : Intérieur de l’église de Miramas en 1937.

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[Provençal] Lis óulivado / Les olivades https://www.geneprovence.com/oulivado-olivades/ https://www.geneprovence.com/oulivado-olivades/#respond Thu, 23 Oct 2014 00:00:01 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=14167 Écoutez la lecture en cliquant sur la flèche orange ci-dessous : RACONTE DE MOUN PAIRE : Sabe pas se couneissès Callas dóu Var que lis ase s’ajasson à l’estage quatren.…

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lis-oulivado

RACONTE DE MOUN PAIRE :
Sabe pas se couneissès Callas dóu Var que lis ase s’ajasson à l’estage quatren. E es verai bord que lis oustau dóu vilage soun adoursa à la colo e i’arriban à l’arrié dóumaci uno pichoto draiolo que passo à l’autour d’aquel estage… ounte èro l’estable. A cade estage i’aguè qu’un soulet membre.
Emé moun paire, ié partian óuliva au mes de desèmbre que lou moulin coumunau durbié lou proumié. A-n-aquéu tèms, lis óulivo èron negro quouro se fasié l’óulivado. Pèr jougne Callas, èro uno bravo espedicioun ! Prenian lou trin de 4 ouro à Miramas afin d’ana à Marsiho e d’aganta la courrespoundènci que nous menavo au Muy. D’aqui, un càrri enjusqu’à Draguignan. Pièi, à une epoco lou trin Draguignan/Grasso e enfin, un trin campagnòu que nous gandissié enjusqu’à Callas. Tout acò ‘mé de gróssi valiso à la man. Arribavian dins li lòngui serado d’ivèr, emé la niue, dins la fre, lest pèr óuliva l’endeman de matin. Uno annado, la nèu s’èro istalado e vous pode afourti que pèr óuliva, es pas poussible. Avian alor espera quasimen uno semano lou desneva. Me remèmbre meme que moun paire avié tourna à l’oustau à Miramas, me leissant tout soulet dins uno vièio bastisso arrouinado. Aviéu uno bello petocho e pamens ère dins mi 16 an de tèms.
Autramen, lou matin, pendènt uno bono semano, devian parti d’ouro, à la niue car avian tres quart d’ouro de camin pèr ana au champ, d’à pèd. Espandissian alor de gràndi pèço de juto (aro s’emplego mai li fielat) souto lis aubre avans que d’acana lis óulivo. E de sèr tournavian à l’oustau, tóuti dous emé cadun, un sa de 30 kilo d’óulivo sus lis espalo. Se fasian ansin au mens 250-300 kilo d’óulivo. Aussi en arribant, la premiero causo que fasian, èro de s’istala sus lou badarèu e de béure lou pastis. L’endeman la carreto municipalo dóu moulin venié e prenié li sa d’óulivo pausa davans la porto e li seguissian. Mai se devié adurre un bon croustet – pèr nautre e lis emplega dóu moulin, li bougnetous – de vin e de bon pan fres. E aqui, dins lou vèntre dóu moulin, dins uno bono calour que nous requinquihavo e qu’embaumavo lis óulivo escrachado, esperavian que la premiero òli coulavo, touto caudo. Ié trempavian alor de lesqueto : un chale ! Lou sèr repartian emé NOST’ òli, de NÓSTIS óulivo.
Pièi l’endeman, refasian lou camin de retour pèr tourna à l’oustau à Miramas mai aquesto fes, li valiso èron cafido de bidoun de 10 litre que countenié nost’ òli !
Martino Bautista

*

lis-oulivado

RÉCIT DE MON PÈRE :
Je ne sais pas si vous connaissez Callas du Var, là où les ânes couchent au quatrième. Et c’est vrai car les maisons du village sont adossées à la colline et on accède à l’arrière grâce à un petit chemin qui passe à la hauteur du quatrième étage… où se situait l’étable. Chaque étage comportait une seule pièce.
Avec mon père, nous y allions oliver au mois de décembre car le moulin municipal ouvrait le premier. À ce moment-là, les olives étaient noires lors de la récolte. Pour rejoindre Callas, c’était toute une expédition ! Nous prenions le train de 4 heures à Miramas pour aller à Marseille et attraper la correspondance qui nous menait au Muy. De là, un car jusqu’à Draguignan. Ensuite, à une époque le train Draguignan/Grasse et puis, enfin, un tortillard qui nous rendait jusqu’à Callas. Tout cela avec de grosses valises. Nous arrivions en fin d’après-midi, avec la nuit, pour oliver le lendemain. Une année, la neige s’était installée et je peux dire que pour oliver c’est impossible. Nous avions alors attendu presque une semaine la fonte des neiges. Je me souviens même que mon père était reparti pour Miramas me laissant seul dans une vieille baraque à refaire. J’avais une de ces trouilles ! J’avais 16 ans.
Autrement, le matin, pendant une bonne semaine, nous devions partir à la nuit car nous avions trois quarts d’heure de chemin pour aller au champ. Nous étendions alors de grandes pièces de jute (maintenant on utilise plus facilement les filets) sous les arbres avant de gauler les olives. Et le soir nous rentrions tous les deux avec chacun, un sac de 30 kg d’olives sur l’épaule. On faisait ainsi, au moins 250-300 kg d’olives. Aussi en arrivant, la première chose que nous faisions, c’était de s’installer sur la terrasse et de boire le pastis. Le lendemain la charrette municipale du moulin venait et prenait les sacs d’olives que nous suivions. On devait amener un bon casse-croûte – pour nous et les employés du moulin – du vin, du bon pain frais. Et là, à l’intérieur, dans une bonne chaleur qui nous revigorait et qui embaumait les olives écrasées, nous attendions que la première huile coule, toute chaude et nous y trempions des tranchettes de pain, des mouillettes : un régal ! Le soir on repartait avec NOTRE huile, de NOS olives.
Puis le lendemain, nous refaisions le chemin inverse pour rentrer à Miramas mais là, les valises étaient pleines des bidons de 10 litres qui contenaient notre huile !
Martine Bautista

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[Provençal] Lou paludisme à Miramas / Le paludisme à Miramas https://www.geneprovence.com/provencal-lou-paludisme-miramas-paludisme-miramas/ https://www.geneprovence.com/provencal-lou-paludisme-miramas-paludisme-miramas/#comments Thu, 25 Sep 2014 00:15:04 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=13967 Écoutez la lecture en cliquant sur la flèche orange ci-dessous : QU SE REMÈMBRO de la darriero epidemìo de paludisme à Miramas ? Fuguè dóu tèms de l’estiéu de la…

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QU SE REMÈMBRO de la darriero epidemìo de paludisme à Miramas ?
Fuguè dóu tèms de l’estiéu de la Liberacioun de Prouvènço en 1944. Fau dire que tre setèmbre de 1939 enjusqu’au mes de mai de 1940, vint milo indouchinés fuguèron desbarca à Marsiho pèr èstre espargi dins li poudrarié e lis arsena qu’avien de besoun de man d’obro. Li que ié disien aqui de pacan e qu’eilabas ié disien li Nha qué fuguèron embrigada de forço souto l’ordro de l’amenistracioun coulounialo. L’ensèn coumpausavo la man d’obro indouchineso : M.O.I. souto lou countourrolo dóu ministèri dóu travai.
Dessin pour la prévention du paludisme. Ehrmann. Début XXe siècle. DR.
Dessin pour la prévention du paludisme. Ehrmann. Début XXe siècle. DR.
Dounc aquelo annado d’aqui, noumbre d’Anamite (vietnamian) èron cantouna au cèntre Carnot de Miramas e travaiavon à la poudrarié. E lou dóutour Carlin, lou paire, assistavo despoutenta à l’angòni e pièi à la mort de fube d’entre éli, après uno febrasso. Faguè veni un especialisto de trìo que souspetè autant lèu la malaria. Li prelevamen sanguin coumpli counfiermèron lou diagnousti. De fa, l’anoufèlo faroensis femelo fuguè estado introuducho dins lou relarg pèr lis avioun militàri venènt de Dakar e que prenien terro sus la baso d’Istre touto procho. En aquéu tèms, lis aparèi noun èron descountamina e dins la campagno miramassenco, la mouissalo avié trouba aqui un fougau ideau pèr s’espandi : li palun (o puléu li rode umide) dóu centre Carnot e li trau d’aubuso óucasiouna dóu tèms di boumbardamen aeren american dóu mes d’avoust. L’aigo ié gourgavo e’m’un estiéu eicepciounalamen caud e un souleias qu’ensucavo, tóuti li coundicioun èron recampado pèr favourisa aquelo malandrarié. Fau dire qu’avié agu un printèms pluvious e de temperaturo que trepassavon d’en pertout en Franço, la barro di 30°C emé de pouncho entre 35° e 39°C à la miejo avoust. Tout acò faguè uno mescladisso espetanto. De mai, lis anamite èron tras que sensible e desarma fàci à-n-aquelo cepo de paludisme.
Pas-pu-lèu la coumençanço dóu mau couneigudo, li trau d’aubuso fuguèron tapa, agouta tóuti li pichot sourgènt d’aigo gourganto que servissien d’endré de poundudo pèr li mouissau en cubercelant li bouto e li cisterno, en vuejant li pot e li ferrat, en assanissènt l’escoulamen dis aigo e en supremissènt li bourdiho coume li penèu e li bouito de counservo.

Tout acò vous dis rèn ?… La prevencioun contro lou mouissau tigre pourtaire dóu chikungunya aro !

Martino Bautista

(Escri e revira pèr Martino Bautista d’après lou raconte dóu dóutour Pèire Carlin, jun 2014)

*

QUI SE SOUVIENT de la dernière épidémie de paludisme à Miramas ?
Ce fut durant l’été de la Libération de la Provence en 1944. Il faut dire que dès septembre 1939 à mai 1940, vingt mille Indochinois furent débarqués à Marseille pour être répartis dans les poudreries et les arsenaux où on avait besoin de main-d’œuvre. Ceux que chez nous on appelait les paysans et là-bas les Nha qué furent enrôlés de force par ordre de l’administration coloniale. L’ensemble constituait la main-d’œuvre indochinoise : M.O.I. sous le contrôle du ministère du Travail.
Donc cette année-là, des Annamites (vietnamiens) étaient cantonnés au centre Carnot de Miramas et travaillaient à la poudrerie. Et le docteur Carlin, père, assistait impuissant à l’agonie et puis à la mort de nombre d’entre eux, suite à une fièvre importante. Il fit venir un professeur éminent qui soupçonna aussitôt la malaria. Les prélèvements de sang effectués confirmèrent le diagnostic. En fait, l’anophèle pharoensis femelle avait été introduit dans la région par les avions militaires venant de Dakar et qui atterrissaient sur la base d’Istres toute proche. A cette époque, les appareils n’étaient pas décontaminés et dans la campagne miramasséenne, les moustiques avaient trouvés un foyer idéal pour se développer : les marais (ou plutôt less zones humides) du centre Carnot et les trous d’obus occasionnés lors des bombardements aériens américains d’août. L’eau y stagnait et avec un été exceptionnellement très chaud et un soleil écrasant, qui ensuquait, toutes les conditions étaient réunies pour favoriser cette épidémie. Il y avait eu un printemps pluvieux et à la mi-août, les températures dépassaient partout en France, la barre des 30°C avec des pointes entre 35° et 39°C . Tout cela fit un cocktail détonnant. De plus les Annamites étaient très sensibles et désarmés face à cette souche de paludisme.
Aussitôt l’origine du mal connu, les trous d’obus furent bouchés et asséchés, taries toutes les petites sources d’eau stagnantes qui servaient de lieux de ponte pour les moustiques en recouvrant les fûts et les citernes, en vidant les pots et les seaux, en assainissant l’écoulement des eaux et supprimant les détritus comme les pneus et les boîtes de conserve.

Cela ne nous vous rappelle pas… la prévention contre le moustique tigre vecteur du chikungunya, de nos jours !

Martine Bautista

(Écrit et traduit par Martine Bautista d’après le récit du docteur Pierre Carlin, juin 2014)

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L’ACABADO TANT ESPERADO se debanè alor que ma maire èro dins si 7 an. Nous countavo, que quouro li American liberèron Miramas lou 23 d’avoust de 1944, fuguèron counfoundu de liuen emé li sóudard alemand, coume i’agrado se souveni d’ùni temouin d’aquelo arribado.
Ma maire nous disié :
« Après lou boumbardamen dóu 6 d’avoust de 1944 sus lou triage de Miramas e sa vilo, partiguerian se recata à Pont-de-Rhaud dins lou mas de moussu e madamo Gachoun, uno bastido di contro-vènt pinta de blu. Lou 23 d’avoust, jougavian pèr carrairo emé d’amigo (i’avié ges de veituro coume vuei) quouro veguerian arriba uno coulono de sóudard à pèd e de càrri arma. Preso d’uno bello petocho e fasènt d’òli, courreguerian vers nosto famiho dins lou mas en bramant : “Lis Alemand ! Lis Alemand arribon !” Lou charpin prenguè tóuti ! Fin finalo, noun èron lis Alemand mai lis American qu’arribavon pèr nous deliéura. Après tout lou mounde, plen de gau, sourtiguè de l’oustau pèr vèire enfin passa aquéli troupo tant esperado. »
Mou paire, éu, èro dins si 9 an en 1944 : pèr carriero, après la Liberacioun, li troupo aliado cercavon e arrestavon li poussìbli coulabouraire. Moun paire nous conto :
« Ère encaro recata emé la famiho dins un mas de Pont-de-Rhaud quouro lis American arribèron. Vouguère alor tourna en vilo. Aviéu aganta la routo di Chiroun que veguère li proumié FFI (Forço franceso de l’interiour). Arrestavon de femo e se fasien mestié de li toundre. A la coumuno (ounte i’a lou poste de pouliço de vuei), tout procho moun oustau, lou conse-dóutour Quercy e d’autre èron deja entre si man. Es alor que Mounsegnour Chalve, qu’èro panca mounsegnour mai respounsable dóu seminàri de Fontlongo e ancian capelan de Miramas, intervenguè. Èro gramaci soun ajudo que si prouteiciouna endurèron ges de mau-tratamen e que res fuguè tuia nimai ! »
Martino Bautista

*

LE DÉNOUEMENT TANT ATTENDU se déroula alors que ma mère était âgée de 7ans. Elle nous racontait que les Américains libérèrent Miramas ce 23 août 1944, furent confondus au loin avec des soldats allemands, comme aiment se souvenir certains témoins de cette arrivée.
Ma mère nous disait :
« Après le bombardement du 6 août 1944 sur le triage de Miramas et sa ville, nous partîmes nous réfugier à Pont-de-Rhaud dans la ferme de M. et Mme Gachon, une bastide aux volets peints en bleu. Le 23 août, nous jouions sur la route avec des copines (il n’y avait pas encore la circulation comme aujourd’hui), lorsque nous vîmes arriver une colonne de soldats à pieds et des chars. Prises d’une grande peur et toutes tremblantes, nous courûmes vers nos familles dans la ferme, en hurlant : “Les Allemands ! Les Allemands arrivent !” Inquiétude générale… Finalement ce n’étaient pas les Allemands mais les Américains qui arrivaient pour nous libérer. Alors tout le monde, rempli de joie, sortit de la maison afin de voir passer ses troupes tant attendues. »
Mon père, lui, était âgé de 9 ans en 1944 :
Dans les rues de la ville, après la Libération, les troupes alliées recherchaient et arrêtaient les éventuels collaborateurs. Mon père nous raconte :
Le trou est à l'emplacement de la  maison familiale après les bombardements du 6 août 1944 sur le triage de Miramas. DR.
Le trou est à l’emplacement de la maison familiale après les bombardements du 6 août 1944 sur le triage de Miramas. DR.
« J’étais encore réfugié avec ma famille dans une ferme de Pont-de-Rhaud lorsque les Américains arrivèrent. Je voulus alors retourner en ville.j’étais arrivé à la route des Chiron quand je vis les premiers FFI (Forces françaises de l’intérieur). Ils arrêtaient des femmes et ils étaient en train de les tondre. Arrivé à la mairie (l’actuel commissariat), à deux maisons de chez moi, ils y avaient arrêté le maire Quercy et d’autres. » C’était alors qu’intervint Mgr Chalve, qui n’était pas encore Monseigneur mais responsable du séminaire de Fontlongue et ancien curé de Miramas. C’était grâce à son aide qu’aucun de ses protégés ne subira de sévices et qu’aucun ne fut tué non plus ! »
Martine Bautista

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[Provençal] L’estiéu sus la plaço Jourdan à Miramas / L’été sur la place Jourdan à Miramas https://www.geneprovence.com/estieu-placo-jourdan-miramas/ https://www.geneprovence.com/estieu-placo-jourdan-miramas/#respond Thu, 24 Jul 2014 00:06:52 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=13338 Écoutez la lecture en cliquant ci-dessous : LA PLAÇO JOURDAN es la plaço la mai celèbro e couneigudo desempièi de generacioun. A la debuto dóu siècle passa èro de bon…

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LA PLAÇO JOURDAN es la plaço la mai celèbro e couneigudo desempièi de generacioun. A la debuto dóu siècle passa èro de bon uno placeto de vilage. Èro encaro de terro batudo e servissié i jo de bocho pèr lis emplega dóu camin de ferre e pèr li miramassen fin que li partido siegon enebido bord que lou chaplachòu di bocho enfetavo li ribeiròu e li boulo estrassavon si muraio. Es de mai la plaço de la glèiso, la plaço dóu marcat semanié dóu dijòu, la plaço di cafè Lahoz e Rex. I’avié tambèn li pissadou publi que se fasien senti que trop mai quand venié li calour.
La place Jourdan et son jeu de boules. DR.
La place Jourdan et son jeu de boules. DR.
Mai aculissié tambèn li pichot cirque que passavon e atrivavon la ninèio pèr soun eisoutisme e si nouvèuta dins lou trin de la vido vidanto. Fau dire que pèr l’enfantugno èro un chale bèn requist, èro uno fèsto quouro s’istalavon : lis ajudavon à mounta lou capitèu coum’acò avien de plaço à gratis !
Pièi èro la voto que ié prenié si quartié l’estièu. Me rapelo dóu viro-viro pèr la ninèio Mariani que falié aganta lou poumpoum, ‘mé de veituro, de batèu, de tourniclet, d’auco, de lioun, de leoupard e que sabe iéu : de vira, au son de la musico amusè de generacioun de pichot ; e pièi i’avié lis autò tampounarello, lou revoulun blanc, lou tir à la carabino, si barbo à papa, poumo d’amour, berlingot e chichi fregi. Cade jour, dóu tèms de la voto, li balèti èron lou rendes-vous de la jouventuro… Li maire, éli, s’assetavon autour de la pisto de danso e tenien à mand li galant parèu que s’aparien : subre tout li chatouneto maridadouiro ! Enfin, la fèsto s’acabavo lou dimecre de sèr, pèr un councert emé l’ourquèstro de Jaume Helian o bèn de Ray Ventura… A la perfin de rèn manca, lou rèire-grand Chastain, tre 5 ouro de vèspre, agantavo SA cadiero, anavo sus la placeto e s’istalavo au pèd dóu poutin. Pièi, esperavo li 9 ouro de sèr pèr la debuto de la musico que s’acabavo à miejonue. E èro pas soulet !
E pièi i’aguè tambèn, li radio-crouchet e lou Zappy Max e soun que noun sai celèbre « quitte ou double ». Au-jour-d’uei, s’apound à tout acò, à la primo, la grand fèsto prouvençalo : Racino e Jitello e pièi lou grand councous de soupo au pistou au mes de juliet !
Martino Bautista

*

UNE DES PLACES les plus célèbres et les mieux connues depuis des générations, c’est la place Jourdan. Au début du siècle passé, c’était vraiment une placette de village. Elle était encore de terre battue et servait de boulodrome aux cheminots et Miramasséens jusqu’à ce que les parties soient interdites car le bruit des boules embêtait les riverains et les boules abîmaient aussi leurs murs. C’est aussi la place de l’église, la place du marché hebdomadaire du jeudi, des cafés Lahoz et Rex. Il y avait aussi les toilettes publiques qui se faisaient un peu trop sentir quand les chaleurs arrivaient…
© Martine Bautista.
© Martine Bautista.
Mais elle accueillait aussi les petits cirques de passage qui attiraient les gamins par leur exotisme et leur nouveauté dans le train-train quotidien. Il faut dire que pour la marmaille, c’était une joie exquise, c’était une fête lorsqu’ils s’installaient, ils les aidaient à monter le chapiteau et en retour ils avaient des places gratuites !
Puis c’est la fête votive qui y prenait ses quartiers d’été. Je me rappelle du manège enfantin Mariani où il fallait attraper le pompon, avec des voiture, des bateaux, des tourbillons, des oies, des lions, des léopards et que sais-je encore : de virer, au son de la musique amusa des générations d’enfants ; et puis les autos-tamponneuses, du tourbillon blanc, le tir à la carabine, ses barbes à papa, pommes d’amour, berlingots et chichis. Chaque jour, pendant toute la fête votive, les balèti étaient le rendez-vous des jeunes gens… Les mères, elles, prenaient place autour de la piste de danse et ne perdaient pas des yeux les couples qui se formaient : surtout les jeunes filles en âge d’être mariées ! Enfin, la fête se clôturait le mercredi soir, par un concert avec l’orchestre de Jacques Hélian ou bien de Ray Ventura… Pour ne pas le manquer, l’arrière-grand-père Chastain, dès 17 heures, prenait SA chaise, se rendait sur la placette et s’installait au pied de la scène. Alors il attendait 21 heures le début de la musique qui se terminait à minuit. Et il n’était pas le seul !
Et puis il y eut aussi les radio-crochet avec Zappy Max et son célébrissime « quitte ou double ! » De nos jours, s’ajoute à tout cela, au printemps, la grande fête provençale : Racino e Jitello et puis le grand concours de soupes au pistou au mois de juillet !
Martine Bautista

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