13 - Saint-Cannat Archives - GénéProvence https://www.geneprovence.com/category/13-saint-cannat/ 500 ans de faits divers en Provence Thu, 26 Feb 2015 17:16:42 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://www.geneprovence.com/wp-content/uploads/2024/04/cropped-434541497_912630390609581_141579584347965292_n-32x32.png 13 - Saint-Cannat Archives - GénéProvence https://www.geneprovence.com/category/13-saint-cannat/ 32 32 À l’œuvre ! (l’après-tremblement de terre du 11 juin 1909) https://www.geneprovence.com/a-loeuvre-lapres-tremblement-de-terre-du-11-juin-1909/ https://www.geneprovence.com/a-loeuvre-lapres-tremblement-de-terre-du-11-juin-1909/#respond Mon, 29 Jun 2009 19:37:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=593 Louis Teissier, avocat à la cour d'appel d'Aix, licencié ès lettres.

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Louis Teissier, avocat à la cour d’appel d’Aix, licencié ès lettres.
« Maintenant que les heures de stupeur se sont éloignées avec le temps ; après avoir contemplé douloureusement les ruines amoncelées en un instant par les forces aveugles de la nature, il convient d’envisager l’avenir avec confiance et d’ôter définitivement le voile de deuil qui pèse depuis un mois sur notre région.
D’ailleurs, le découragement qui suivit la catastrophe ne fut pas de longue durée, l’espérance qui survit toujours au cœur de l’homme, cette confiance salutaire, cette foi en l’avenir qui triomphe du monde et du destin, triompha bientôt de l’épouvante.

(Cliché Crémieux. DR.)
(Cliché Crémieux. DR.)

Un moment surprise par le choc redoutable, notre cité s’est ressaisie, et l’on se remit à l’ouvrage ; le travail acharné reprit dans les maisons branlantes, l’activité commerciale persista à travers nos rues détruites, sous le réseau des épontilles provisoires.
Malgré tous les prophètes de malheur, qui abusèrent de leur énervement, les populations sinistrées n’ont pas perdu un instant l’espoir du relèvement et l’amour de leur terre.
Le paysan a bientôt quitté le campement improvisé pour regagner les champs, l’ouvrier est sorti des baraques des rescapés, se dirigeant vers son atelier à moitié détruit ; aux étrangers charitables qui accouraient à Saint-Cannat et à Rognes, le lendemain de la catastrophe, les habitants demandaient avec plus d’insistance que du pain, des outils pour continuer leurs travaux interrompus ; les visiteurs, la presse marseillaise et régionale furent étonnés de l’activité salonaise, en ces moments néfastes, et le jour est prochain où, comme San Francisco*, notre ville ressuscitera plus belle de ses ruines.
Bel exemple d’énergie et de solidarité que le peuple provençal sut donner au monde en ces heures de tristesses ; cette race si entreprenante et si hardie a montré par son attachement au sol nourricier qu’elle n’avait rien perdu de ses qualités natives ; malgré le caprice désastreux de cette terre d’amour, tous sont retournés à elle comme à une femme aimée, dont on endure, à cause de sa beauté, toutes les cruelles fantaisies.
Et ce n’est pas la première fois que la « gueuse parfumée » est méchante pour les siens ; au IIIe siècle de notre ère, si l’on en croit les chroniques latines de l’époque, un cataclysme effroyable dévasta notre pays. C’est l’époque où Tauroentum, Maguelonne et de nombreuses villes romaines sur la côte, de Narbonne à Nice, s’abîmèrent dans les flots, il y eut plus de cent mille victimes et Marseille fut détruite. Combien sont infimes à côté de ce désastre les malheurs d’aujourd’hui !
Malgré tout, la Provence resta la douce patrie qui enchantait Ausone par la vie heureuse de son sol, celle dont les troubadours et les félibres chantèrent depuis lors les charmes gracieux, celle qui se manifestait à Arles dernièrement dans l’œuvre et la personne d’un de ses fils les plus glorieux ! Sous l’éternelle joie du ciel et du soleil, comment la mémoire des hommes ne perdrait-elle pas vite le souvenir des épouvantes passées ? Dans ce paradis comme dans celui de Dante, ne doivent plus entrer les plaintes, ni les pleurs.
C’est pourquoi, déjà dans nos campagnes, selon les vers prophétiques de Sully-Prudhomme :

C’est le réveil multiple et graduel du monde
Au branle de ses lois qui n’ont jamais dormi.

(Cliché Crémieux. DR.)
(Cliché Crémieux. DR.)

Les belles moissons qui ondulent dans les plaines de Saint-Cannat et de Lambesc tombent sous les faucilles, l’or du soleil rebâtira les villages détruits, les vignes de Rognes mûrissent sur les coteaux dorés, et sous les treilles en fleurs, dans les lents après-midi de l’été, les jeunes filles recommencent à rêver d’amour.
Toutes les initiatives se concertent, les énergies s’unissent ; les cœurs qui ne faiblirent pas dans le malheur sauront assurer l’avenir, la fatalité plusieurs fois vaincue n’osera plus s’acharner sur les forces qui lui résistèrent victorieusement ; n’y a-t-il pas dans toutes ces pensées consolantes une force qu’on ne retrouve jamais dans la plus vaste plainte, dans la plus belle idée mélancolique ?
« Une grande idée profonde et attristée, a dit un philosophe**, c’est de l’énergie qui éclaire les murs de sa prison en consumant ses ailes dans les ténèbres ; mais la plus timide pensée de confiance, d’abandon enjoué aux lois inévitables, c’est déjà une action qui cherche un point d’appui pour prendre enfin son vol dans l’existence. »
Autour de la ruche dévastée par l’orage, les abeilles rassemblées bourdonnent et s’empressent ; à l’œuvre ! reconstruisons comme elles nos maisons détruites ; et bientôt, comme autrefois, les jours heureux, dorés comme du miel, s’écouleront en heures douces, sous le ciel toujours bleu, sur la vieille terre de Provence. »


* Allusion au tremblement de terre qui a détruit la ville californienne de San Francisco trois années plus tôt.
** Maurice Materlinck, La Sagesse et la Destinée, 1908.

 

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Discours de Paul Martin (Saint-Cannat, 1909) https://www.geneprovence.com/discours-de-paul-martin-saint-cannat-1909/ https://www.geneprovence.com/discours-de-paul-martin-saint-cannat-1909/#respond Sat, 13 Jun 2009 00:01:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=602 À l'occasion des funérailles du 13 juin 1909.

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Paul Martin, maire de Saint-Cannat

À l’occasion des funérailles du 13 juin 1909. Dans le cimetière, Paul Martin, maire de Saint-Cannat, déclare :
 
« CHERS CONCITOYENS,
Quelles paroles pourraient traduire l’émotion qui m’étreint en venant ici saluer la dépouille mortelle des malheureuses victimes qui ont trouvé une si triste fin dans l’épouvantable catastrophe dont nous sommes cruellement atteints !
Dix cadavres, notre malheureux pays en ruines, tel est le bilan de cette horrible soirée !
Et vous, chers infortunés, au nom du Conseil municipal, au nom de la population tout entière, je vous adresse un suprême et dernier adieu. Dormez en paix, pauvres victimes de l’implacable destin, votre souvenir ne nous quittera pas et demeurera en nous comme un deuil éternel que nous transmettrons aux générations futures.
Chers concitoyens,
Devant ces tombes encore ouvertes, jetons-nous dans les bras les uns des autres, oublions à jamais toutes nos divisions et, frères dans le malheur, unissons nos courages et nos énergies pour le relèvement de notre cher pays aujourd’hui si fatalement éprouvé. »

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Les funérailles de Saint-Cannat (13 juin 1909) https://www.geneprovence.com/les-funerailles-de-saint-cannat-13-juin-1909/ https://www.geneprovence.com/les-funerailles-de-saint-cannat-13-juin-1909/#respond Wed, 10 Jun 2009 00:01:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=605 Les victimes de Saint-Cannat sont inhumées le 13 juin à 17 heures au cimetière du village. Tous les habitants, sans la moindre exception, sont présents. Parmi les personnalités présentes figurent : Georges Mastier, préfet ; Camille Pelletan, député ; Louis Alexis, conseiller général du canton de Lambesc ; Auguste Girard, conseiller général du canton de Salon ; M. Estienne, maire de Pélissanne ; M.

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Les victimes de Saint-Cannat sont inhumées le 13 juin à 17 heures au cimetière du village.
Tous les habitants, sans la moindre exception, sont présents.
Parmi les personnalités présentes figurent :
Georges Mastier, préfet ;
Camille Pelletan, député ;
Louis Alexis, conseiller général du canton de Lambesc ;
Auguste Girard, conseiller général du canton de Salon ;
M. Estienne, maire de Pélissanne ;
M. Martin-Jaubert, maire de Lambesc ;
M. Terrot de la Valette, procureur de la république à Aix ;
Émile Grimaud, sous-préfet de l’arrondissement d’Aix.

Alors que les dix cercueils sont alignés (la plus jeune victime est un garçon de 12 ans), le maire de Saint-Cannat, M. Paul Martin, prononce un discours émouvant :

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Tremblements de terre en Provence https://www.geneprovence.com/tremblements-de-terre-en-provence/ https://www.geneprovence.com/tremblements-de-terre-en-provence/#comments Sun, 01 Apr 2007 10:26:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=1029 Les principaux tremblements de terre en Provence : 13 décembre 1509 : Rive droite de la Durance. Épicentre : Manosque (04). Dégâts importants. La sécheresse avait été si forte que les sources avaient tari et elles ne recommencèrent à couler qu'en janvier 1510. 15 février 1644 : De Nice à La Viste (près de Marseille). Épicentre : Châteauneuf d'Entraunes (06).

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Les principaux tremblements de terre en Provence :

  • salon-rue-d-avignon-tremble13 décembre 1509 : Rive droite de la Durance. Épicentre : Manosque (04). Dégâts importants. La sécheresse avait été si forte que les sources avaient tari et elles ne recommencèrent à couler qu’en janvier 1510.
  • 15 février 1644 : De Nice à La Viste (près de Marseille). Épicentre : Châteauneuf d’Entraunes (06). Six secousses dont une de six secondes. Faible ressenti à Marseille.
  • 5 août 1708 : Fort séisme à Manosque (04) du même type que celui de 1509. Ressenti dans le Lubéron. Très gros dégâts à Manosque, pas de victime.
  • 1754 : Colmars (04) : La fontaine intermittente éprouve des anomalie.
  • 1er novembre 1755 : Fort séisme à Lisbonne (Portugal). La Provence dans son ensemble ressent la secousse. Le même jour, vers 16h00, M. de Villeneuve-Vauclause, en marchant sur ses terres de Saint-Auban (83), remarque que les eaux d’une source située au pied d’une colline face au village sortent troubles et agitées. Le lendemain, tout rentre dans l’ordre.
  • 2 avril 1808 : Séisme de Marseille à Antibes (06) entre 17h30 et 18h00. Fort sur la Côte-d’Azur, plus modéré à Marseille.
  • 19 mars 1812 : Destruction de Beaumont (84). Grande détonation à minuit. Forts balancements. 2h00 : Secousse fatale. Les répliques se poursuivent jusqu’au 2 juin. Séisme ressenti dans tout le Lubéron. Légère secousse à Marseille. Deux raz-de-marée cette année dans le port de la cité phocéenne.
  • 16 septembre 1813 : Légère secousse à Marseille à 10h30.
  • mars 1817 : Tremblement fréquents dans tout le sud de l’Europe.
  • 23 février 1818 : Légères secousses à Marseille (19h00).
  • 24 février 1818 : Légères secousses à Marseille (11h00) et à Aix (11h10).
  • 1831 : Séisme à Nice.
  • 1854 : Séisme à Nice.
  • 23 février 1887 : Fort séisme en Ligurie (Italie). Ressenti jusqu’au Languedoc. Balancements en Haute-Provence. 6° sur l’échelle de Richter. Une dizaine de morts dans le sud-est de la France (600 en Italie).
  • 11 juin 1909 : Fort séisme sur la Provence. Épicentre : Lambesc, Saint-Cannat. Cinq villages détruits, plusieurs fortements endommagés (Venelles, Rognes, Lambesc, Saint-Cannat, Salon, Vernègues). Ressenti dans toute la Basse-Provence. 6,2° sur l’échelle de Richter. 46 morts, 250 blessés.

Photographie : Une rue de Salon-de-Provence après le tremblement de terre du 11 juin 1909. DR.

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La petite enfance dans la Provence d’hier https://www.geneprovence.com/la-petite-enfance-dans-la-provence-dhier/ https://www.geneprovence.com/la-petite-enfance-dans-la-provence-dhier/#respond Sun, 02 Jan 2005 11:41:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=1445 [caption id="attachment_3256" align="alignleft" width="175"] Petit enfant en Provence (1932). © Marcel Arduin.[/caption] Quiconque s’intéresse aux registres de baptêmes et de sépultures et aux registres d’État civil des siècles passés a tôt fait de remarquer que l’espérance de vie moyenne de nos ancêtres était particulièrement basse.

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Petit enfant en Provence (1932). © Marcel Arduin.
Petit enfant en Provence (1932). © Marcel Arduin.
Quiconque s’intéresse aux registres de baptêmes et de sépultures et aux registres d’État civil des siècles passés a tôt fait de remarquer que l’espérance de vie moyenne de nos ancêtres était particulièrement basse. S’il est vrai que l’homme de petite condition vivait nettement moins longtemps que nous aujourd’hui, il n’est pas moins vrai que, pour une bonne part, la moyenne de l’espérance de vie devait sa faiblesse à l’effroyable mortalité infantile qui ravageait la jeunesse française. Un nouveau-né n’avait qu’environ 80 % de chance d’atteindre l’âge de deux ans et à peine plus de 60 % de chance de devenir adolescent.
Si la médecine était loin de bénéficier des avancées de ces dernières années, il convient aussi d’avancer d’autres raisons à cet état de fait. On ne surprendra personne en affirmant que les nouveau-nés d’autrefois n’étaient pas entourés des mêmes soins qu’aujourd’hui. La mère étant, comme le père, affairée aux travaux des champs toute la journée, elle ne pouvait guère s’occuper de son enfant qu’à midi et dans la soirée. Dans l’intervalle, si celui-ci pleurait, peu l’entendaient ni ne s’en souciaient. Allongé dans un drap tendu entre deux arbres non loin de ses parents, le bébé pouvait crier ou se salir, on ne se déplaçait pas pour si peu.
Cette attention étant moins soutenue que de nos jours, le début d’une maladie infantile passait souvent inaperçu, et il était souvent bien tard lorsque le docteur arrivait à la bastide des parents.
L’importance de la mortalité infantile obligeait la communauté à s’organiser en aménageant un carré du cimetière spécialement réservé aux jeunes enfants. C’est là qu’on enterrait les pauvres bébés qui n’avaient pas atteint leur deuxième anniversaire.
Il est bien entendu qu’un bébé né dans un milieu favorisé avait plus de chances de survivre. De même pour les enfants mal formés ou débiles, voués à une mort quasi-certaine, si leurs parents étaient pauvres. La proportion d’enfants souffrant d’une tare était plus importante que de nos jours, car les conditions de l’accouchement étaient souvent plus mauvaises et pâtissaient d’un certain manque d’hygiène.

Le sevrage

Diverses coutumes concernant le sevrage étaient en usage en Provence. Dans le sud des Alpes-de-Haute-Provence, par exemple, on ne sevrait jamais un enfant un vendredi sous peine de lui porter malheur.
Lorsque le temps du sevrage arrivait (parfois après le seizième mois du bébé), on envoyait quelque temps l’enfant dans une autre famille afin de le séparer de sa mère. Le résultat était apparemment satisfaisant.
Bien entendu, les moyens d’antan n’étant pas ceux d’aujourd’hui, toutes les mères étaient contraintes d’allaiter leurs enfants. Si une mère ne le pouvait, elle plaçait son nouveau-né chez une nourrice. La plupart des personnes qui, aujourd’hui, se livrent à des relevés de décès, ont dû tomber sur des actes attestant de la mort d’un enfant chez sa nourrice. Cela montre que la placement semblait relativement répandu.
Lorsque l’enfant était sevré, et comme la mère avait encore quelques montées de lait, on faisait appel à un professionnel qui a complètement disparu aujourd’hui: le tétaïre. Ce brave homme avait pour tâche de téter les femmes, soit parce qu’elles n’avaient pas de bouts de seins, pour les leur faire, soit que la montée du lait se faisait mal, soit qu’elles avaient trop de lait. Cette profession est attestée jusqu’en 1930 au moins. En période de sevrage, le tétaïre avait pour tâche de tirer le lait superflu. Pour les femmes qui ne voulaient avoir à faire au tétaïre, la revue Basses-Alpes (1943, no 183) proposait une autre solution :
« Quant à la mère, gênée par la montée du lait qui se prolongeait, elle se faisait téter, temps passé, par un petit chien, voire même par une autre personne qualifiée, pour aspirer le lait. »

Le début de la vie

On attendait avec impatience le premier mot de l’enfant. En effet, dans l’ensemble de la Provence, on pensait que ce mot déterminerait le sexe du prochain venu dans la famille. En général, si c’était « papa », ce serait un garçon, et « maman », une fille.
La première dent était aussi un événement familial. Elle était pour l’enfant l’occasion de recevoir un cadeau de son parrain ou de sa marraine. De même lorsque la première dent tombait, l’enfant recevait de l’argent de ses parrain et marraine (10 francs chacun, à Maillane) Si l’enfant avait eu une nourrice, le père offrait à celle-ci une robe lorsque l’enfant faisait sa première dent. À Manosque, le père offre un bijou à sa femme. À Saint-Cannat (Bouches-du-Rhône), les mères n’attendaient pas la première dent avec impatience. C’est le moment où elles allaient commencer à grossir !
À la chute de la première dent, les habitants de Vaucluse recommandaient de la mettre dans le trou d’un mur : Mete ta dènt dins un trau de muraio, acò te fara trouva un bèu coutèu.
Arlésienne au XIXe siècle.
Arlésienne au XIXe siècle.
Voici maintenant le moment où l’enfant commence à ronger ses ongles. Surtout ne le laissez pas faire, il deviendrait fou ! Mais à Banon, on pensait que les ongles longs protégeaient des maladies, tandis qu’à Montfuron, ils empêchaient l’enfant de devenir voleur. À Cabasse (Var), la première taille des ongles se faisait toujours sous un rosier afin que l’enfant ait plus tard une belle voix. À Méthamis, on ne coupait jamais les ongles le mercredi et encore moins le vendredi, le mieux étant de le faire le lundi. Dans le même ordre d’idée, on ne devait pas se couper les ongles au coin du feu ni jeter les morceaux dans les flammes.

Les premiers pas

Laisser l’enfant faire ses premiers pas devait répondre à tout un rituel. Tout d’abord la date devait être choisie soigneusement: c’était nécessairement à l’église, un 19 mars, devant un autel de saint Joseph, ou un 2 février devant un autel de la Vierge, tout en lisant les Évangiles. L’enfant vouait clairement ses pas à Dieu. L’expression provençale “douna li pèd” (« donner les pieds »), dans le sens de délivrer un enfant de son maillot pour le faire marcher, correspond à ce moment. La lecture des Évangiles lors des premiers pas d’un enfant explique par ailleurs l’expression “Auriéu besoun de me faire dire lis evangèli” (« J’aurais besoin de me faire lire les Évangiles ») que disaient les vieillards peu assurés sur leurs jambes.
Cette fois encore, quand l’enfant faisait ses premiers pas, la marraine était sollicitée pour lui acheter des robes, comme les portaient les enfants, garçons ou filles. Le pichot cessait d’être un bébé, il devenait un enfant…
Sant Jan ti creissè (« Que saint Jean te fasse grandir »).

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