Archéologie Archives - GénéProvence https://www.geneprovence.com/category/archeologie/ 500 ans de faits divers en Provence Sat, 13 Apr 2024 08:38:59 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://www.geneprovence.com/wp-content/uploads/2024/04/cropped-434541497_912630390609581_141579584347965292_n-32x32.png Archéologie Archives - GénéProvence https://www.geneprovence.com/category/archeologie/ 32 32 Frédéric Lazard (1862-1945), préhistorien et maire de Sivergues (Vaucluse) https://www.geneprovence.com/frederic-lazard-1862-1945-prehistorien-maire-sivergues-vaucluse/ https://www.geneprovence.com/frederic-lazard-1862-1945-prehistorien-maire-sivergues-vaucluse/#respond Wed, 17 Sep 2014 08:36:45 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=13893 Frédéric Lazard naquit le 9 mai 1862 à Sivergues, au quartier de Rocsalière. Rapidement, le jeune homme fut passionné par la préhistoire qui, en temps que science, en était alors…

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Frédéric Lazard. DR.
Frédéric Lazard. DR.
Frédéric Lazard naquit le 9 mai 1862 à Sivergues, au quartier de Rocsalière. Rapidement, le jeune homme fut passionné par la préhistoire qui, en temps que science, en était alors à ses balbutiements. Ses dons de musicien étaient indéniables. Il fut un clarinettiste éminent, et exerça ses talents dans de nombreuses sociétés musicales d’Apt.
Appelé sous les drapeaux, il fut incorporé au 99e régiment d’Infanterie de Lyon où il fit partie de l’harmonie militaire. De retour dans ses foyers, dès 1888, il commença à prospecter des sites dans le pays d’Apt et plus spécifiquement le plateau des Claparèdes. Ce qui lui permit de répertorier et de décrire plusieurs stations préhistoriques.
Leur richesse, prouvée par l’importance des découvertes, permit à Lazard d’intéresser plusieurs érudits locaux qu’il recevait dans sa maison de Rocsalière. Le travail mené en commun fit envisager à ces palethnologues – ainsi était alors désigné les archéologues préhistoriens – de créer une société regroupant l’ensemble de leurs collègues à travers toute la France. Cette décision fut prise en 1903 lors de la fouille de la Baume Croupatière ou grotte Saint-Gervais à Bonnieux.
Hameau de Rocsalière. Cliché Deydier. Éd. Suau, à Apt.
Hameau de Rocsalière. Cliché Deydier. Éd. Suau, à Apt.
C’est en janvier 1904 qu’elle fut formalisée. Outre Frédéric Lazard, les premiers membres furent ses amis Marc Deydier, notaire à Cucuron, Anfos Martin, du Tricastin, Albert Moirenc, agent voyer dans le Vaucluse, Ivan Pranishnikoff, un des fondateurs de la « Nacioun gardiano » et Paul Raymond, médecin à Pont-Saint-Esprit. Leur regroupement pris le nom de « Société préhistorique de France ». Il est à noter qu’une plaque commémorative a été posée sur les parois de la grotte de Bonnieux, en septembre 2004, lors du congrès du centenaire de la Société qui s’est tenu à Avignon.
En 1909, Frédéric Lazard et Marc Deydier, lors du congrès de la société préhistorique à Beauvais, firent une communication sur la « Baume des Peyrards, atelier préhistorique », située dans le vallon de l’Aiguebrun. Un an plus tard, les deux savants publièrent l’ensemble des résultats de leurs fouilles dans la revue Rhodania. Lazard participa et intervint régulièrement aux congrès de cette institution, en particulier à celui qui se déroula à Pertuis en 1919.
Localisation de la baume des Peyrards. © Michel Reyne.
Localisation de la baume des Peyrards. © Michel Reyne.
Parallèlement, il s’intéressa à la numismatique et à l’histoire locale de sa région. La compilation de tous ses travaux et ses découvertes durant un demi-siècle, fut publiée, en 1943, sous le titre « Les environs d’Apt préhistorique. Étude sur le vallon de Buoux, le versant nord du Luberon et le plateau des Claparèdes, aux points de vue préhistorique et archéologique », aux éditions Rullière d’Avignon. Durant toutes ces années de recherche, il entretint une correspondance suivie avec des préhistoriens comme André Vayson de Pradenne, propriétaire des châteaux de Murs et de Javon, dans les monts de Vaucluse, ou Charles et Victorine Cotte. Mais surtout, il trouva un disciple passionné en la personne de Fernand Sauve, bibliothécaire et archiviste d’Apt, qui se lança dans une étude du vallon de Buoux.
Frédéric Lazard résida toujours à Sivergues, village du Luberon considéré alors comme le bout du monde. Continuant à satisfaire ses goûts musicaux, il descendait à Apt chaque samedi, jour de marché, participait à ses répétitions puis rendait visite à son ami Léon Sagy, le céramiste d’Apt qui connaissait le secret de la « terre flammée ».
Il prit une part importante dans la vie communale. Il fut d’abord adjoint au maire puis devint premier magistrat de sa commune durant 40 ans. Sa pugnacité à maintenir sur place une école, plus la renommée de ses travaux scientifiques, lui valurent d’être nommé officier de l’Instruction Publique. Il s’éteignit dans sa maison de Rocsalière, en novembre 1945, à l’âge de 85 ans.
Albert Lazard, fils de Frédéric, a fait don des 6 000 pièces de la collection du préhistorien au musée d’Apt le 9 avril 1960. Une des salles du musée porte désormais le nom de Frédéric Lazard.
Michel Reyne

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10 sites archéologiques des Alpilles à voir absolument https://www.geneprovence.com/archeologie-alpilles-a-voir/ https://www.geneprovence.com/archeologie-alpilles-a-voir/#respond Fri, 04 Jul 2014 00:21:45 +0000 http://www.geneprovence.com/?p=13061 Les Alpilles, massif de hautes collines des Bouches-du-Rhône, s'étendent sur une superficie relativement faible (50 000 hectares), mais elles concentrent une extraordinaire richesse de sites archéologiques qui atteste de l'attrait qu'elles ont exercé sur les hommes depuis la Préhistoire. Nous vous invitons à en découvrir dix, en précisant que la liste n'est pas exhaustive. Voici 10 sites à connaître pour avoir une bonne idée du passé des Alpilles. Les voici classés du plus ancien des sites au plus récent.

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Les Alpilles, massif de hautes collines des Bouches-du-Rhône, s’étendent sur une superficie relativement faible (50 000 hectares), mais elles concentrent une extraordinaire richesse de sites archéologiques qui atteste de l’attrait qu’elles ont exercé sur les hommes depuis la Préhistoire. Nous vous invitons à en découvrir dix, en précisant que la liste n’est pas exhaustive. Voici 10 sites à connaître pour avoir une bonne idée du passé des Alpilles. Les voici classés du plus ancien des sites au plus récent.

1. Glanum (Saint-Rémy-de-Provence)

Alpilles
© Axel Brocke — originally posted to Flickr as Saint-Rémy-de-Provence – Glanum. CC BY-SA 2.0.
Glanum est peut-être le site le plus connu des Alpilles. Cité gauloise, puis romaine, elle disparaît au IIIe siècle avec les invasions barbares. Elle est redécouverte par les archéologues dans les années 1920.

2. Les Caisses de Jean-Jean (Mouriès)

© Jean Marie Desbois
© Jean Marie Desbois
Blotti à l’intérieur d’une chaîne rocheuse formant une acropole, le village de Jean-Jean (dont le nom historique reste inconnu) fut en son temps une cité gauloise. On y a trouvé, outre de nombreux îlots d’habitation, d’imposants remparts.

3. Ernaginum (Tarascon)

Alpilles Ernaginum
© David Bascunana. CC BY 3.0.
Ernaginum est, comme Glanum, une cité antique située à proximité de Saint-Étienne-du-Grès. Elle a été habitée d’abord par les Gaulois. Les Romains l’ont ensuite modernisée en la dotant d’un réseau de routes.

4. Tours de Castillon (Paradou)

Castillon Alpilles
© Jean Marie Desbois
Castillon est l’ancien village de Paradou. Il fut construit par les Gaulois plus au sud par rapport à l’actuel village, sur les hauteurs des rochers de la Pène. Il a été abandonné à la fin du Moyen Âge.

5. Aqueduc de Barbegal (Fontvieille)

© Maarjaara. CC BY 2.0.
© Maarjaara. CC BY 2.0.
L’aqueduc romain de Barbegal alimentait en eau la ville d’Arelate (Arles). Il alimentait aussi une meunerie locale dont on visite les vestiges en même temps.

6. Villa de Saint-Pierre-de-Vence (Eyguières)

© Jean Marie Desbois
© Jean Marie Desbois
La villa fut construite par un propriétaire romain sur un site habitée depuis l’Âge du fer. Cette riche demeure a été entretenue jusqu’au IXe siècle, date à laquelle elle est tombée en ruines.

7. Le roche des Trémaïé (Les Baux-de-Provence)

© Jean Marie Desbois
© Jean Marie Desbois
Cette étonnante pierre sculptée n’a pas été datée précisément mais elle pourrait remonter à la période gallo-romaine. On la relie à la tradition des Saintes-Maries venues sur une barque en Camargue. Pour les archéologues, en revanche, c’est le simple hommage d’un père à sa fille.

8. Château des Baux (Les Baux-de-Provence)

© EmDee. CC BY-SA 3.0.
© EmDee. CC BY-SA 3.0.
Symbole médiéval des Alpilles, le château des Baux est le site le plus visité des Alpilles. Il témoigne de la domination de la puissante famille des Baux sur la région. Il a été construit au XIe siècle et démantelé en 1632.

9. Castrum de Montpaon (Fontvieille)

© Jean Marie Desbois
© Jean Marie Desbois
Le village de Montpaon, situé au sommet d’une colline imprenable, dépendait de la maison des Baux. Des membres de la célèbre famille de Baux y ont vécu et y sont morts. Il a été peuplé surtout entre le XIIe et le XVe siècles.

10. Grottes de Calès (Lamanon)

© Blue Breeze Wiki. CC BY-SA 3.0.
© Blue Breeze Wiki. CC BY-SA 3.0.
Le site de Calès est inclus dans un cirque naturel constitué d’habitats troglodytiques. Occupé de la Préhistoire jusqu’à 1586, il a servi de refuge à toute une population lors des Guerres de religion.

Où trouver ces sites ?

Suivez la carte et bonne visite !

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L’oppidum des Caisses de Jean-Jean (Mouriès) https://www.geneprovence.com/loppidum-des-caisses-de-jean-jean-mouries/ https://www.geneprovence.com/loppidum-des-caisses-de-jean-jean-mouries/#respond Wed, 29 Sep 2010 00:01:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=345 L'oppidum des Caisses de Jean-Jean est un site archéologique situé au nord de la commune de Mouriès, dans les Bouches-du-Rhône. Il remonte à l'époque protohistorique. Il a fait l'objet des fouilles de l'archéologue Fernand Benoit de 1935 à 1942.

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caisses_Jean-Jean

L’oppidum des Caisses de Jean-Jean est un site archéologique situé au nord de la commune de Mouriès, dans les Bouches-du-Rhône. Il remonte à l’époque protohistorique. Il a fait l’objet des fouilles de l’archéologue Fernand Benoit de 1935 à 1942. Il s’agit d’un oppidum situé dans une cuvette entourée de deux barres rocheuses au nord et au sud qui se rejoignent à l’est pour former une acropole.
Le site a été inscrit aux monuments historiques par un arrêté du 2 février 1937. Il est accessible au moyen d’un itinéraire balisé.

Situation

L’oppidum se situe dans la partie la plus orientale de l’acropole, barré au nord, au sud et à l’est par d’imposantes barres rocheuses. La partie ouest présente une élévation naturelle donnant sur une esplanade dégagée de 300 mètres de long. Chacune des deux extrémités de cet espace est constituée d’un rempart, de telle sorte que le village, protégé par ces deux murs, se trouve dans une position quasi imprenable. Fernand Benoit a pu constater que le mur contigu au village se trouve sur un talus artificiel ou qui, du moins, a été aménagé. Il compare ce rempart à celui de l’oppidum d’Ensérune (Hérault) que longe un chemin de ronde auquel sont accolées les premières maisons du castrum.
Lors de ses fouilles entre 1933 et 1938, Fernand Benoit s’est notamment intéressé à l’espace entre les deux remparts où il n’a pas trouvé de murs d’habitation, notamment au pied de la falaise sud, mais de la céramique indigène, ce qui semble indiquer que la période d’habitation la plus intense se situe entre le Ve et le IIe siècles. Le plateau de l’est, lui, « paraît être couvert d’habitations » contiguës au rempart. Cette affirmation est confirmé par les dégagements des quatre habitations que l’on peut aujourd’hui constater. Ces maisons présentent des murs de 1,50 m à 2 m de haut. On les date du Ier siècle av. J.-C. sans plus de précision. Les archéologues ont trouvé dans ces maisons des morceaux de dalles de couverture avec larmiers en remploi ainsi qu’un graffito marqué d’un mot grec : « ουρρεο ». Selon Fernand Benoit, les substructions de ces maisons datent des Ve ‑ IVe siècles av. J.-C. Elle ont été relevées quelques siècles plus tard, ainsi que l’attestent les petits bronzes au taureau, monnaie de Marseille, trouvées dans ces maisons, sans joint de taille, mais à l’aide de brique d’adobe.

Stèles

Lors de ses fouilles, Fernand Benoit découvre des stèles en calcaire « de Saint-Rémy* », selon lui, utilisées en remploi dans le rempart. Ces stèles, de 1,80 m de hauteur, « portent des gravures de chevaux, parfois avec un personnage radié. » Ces stèles sont aujourd’hui conservées à Arles. Le décor est gravé de chevaux ainsi que de cavaliers héroïsés portant des javelots et des signes pectiformes. Après les découvertes de F. Benoit, d’autres stèles ont été mis à jour au pied du rempart en 1965, puis en 1985-1986.

L’oppidum est-il le site de l’antique Tericiae ?

Détail de la table de Peutinger (Tabula Peutingeriana), v. 250. On voit, au centre de l’image, l’inscription « Tericias », indiquant l’emplacement de l’antique Mouriès. Notez Arles, Fos, Marseille, Aix, d’ouest en est.
Détail de la table de Peutinger (Tabula Peutingeriana), v. 250. On voit, au centre de l’image, l’inscription « Tericias », indiquant l’emplacement de l’antique Mouriès. Notez Arles, Fos, Marseille, Aix, d’ouest en est.
La Table de Peutinger (Tabula Peutingeriana ou Peutingeriana Tabula Itineraria), appelée aussi « Carte des étapes de Castorius », copie du XIIIe siècle d’une ancienne carte romaine où figurent les routes et les villes principales de l’Empire romain qui constituaient le cursus publicus fait référence à un lieu qu’elle dénomme Tericias, forme dative de Tericiae. D’est en ouest, depuis Aix-en-Provence jusqu’au Rhône, on y lit les noms suivants : Aquis Sextis XVIII Pisavis XVIII Te[r]icias. Ces indications localisent Tericiae sur le territoire de la commune de Mouriès, un peu à l’ouest du village. Mais de nombreux chercheurs se sont interrogés quant à son identification, son nom latin n’étant semble-t-il pas passé dans un toponyme moderne. Et l’on pourrait logiquement s’interroger quant à savoir s’il ne faudra pas voir dans l’oppidum des Caisses de Jean-Jean le site de l’antique Tericiae.
C’est un dénommé Villevieille, antiquaire à Montpellier qui, le premier, a proposé de voir en Tericiae l’antique Mouriès. L’historien-préfet, Christophe de Villeneuve-Bargemon (1824), localise la ville sur la propriété de Jean-Jean. En 1884, Isidore Gilles propose le quartier de la Castelette, situé entre le village de Mouriès et les Caisses de Jean-Jean. Depuis 1895 et les études de L. Rochetin, il semble établi qu’il faille voir Tericiae en contrebas de l’oppidum. Selon Fernand Benoit, une fois la paix romaine installée en Basse-Provence, la population de l’oppidum serait descendue dans la plaine qu’elle aurait colonisée, donnant naissance à la ville de Tericiae. Benoit propose même un site précis, entre les Caisses, le Castellas, le Mazet et le hameau des Baumettes.

* L’archéologie moderne est moins formelle quant à l’origine du calcaire de ces stèles. Tout au plus peut-on noter des coïncidences avec les stèles de Glanum (Saint-Rémy-de-Provence) et de Saint-Blaise (Saint-Mitre-les-Remparts).

Texte publié sur Wikipédia sous licence Creative Commons.
Photographie : Jean Marie Desbois.

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Les Trémaïé des Baux-de-Provence, étonnant bas-relief antique https://www.geneprovence.com/les-tremaie-des-baux-de-provence-etonnant-bas-relief-antique/ https://www.geneprovence.com/les-tremaie-des-baux-de-provence-etonnant-bas-relief-antique/#respond Mon, 28 Jun 2010 00:01:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=383 Les Trémaïé (provençal Tremaïe, /trema:je/) sont un bas-relief rupestre daté de l'époque gallo-romaine situé dans la commune des Baux-de-Provence (Bouches-du-Rhône). Ce bas-relief est associé, depuis le XVIIe siècle au moins au culte rendu aux saintes Maries qui, selon la tradition, auraient accosté sur une barque en Provence au Ier siècle. L'accès se fait par un sentier de randonnée.

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Trémaïé Tremaie
Les Trémaïé (provençal Tremaïe, /trema:je/) sont un bas-relief rupestre daté de l’époque gallo-romaine situé dans la commune des Baux-de-Provence (Bouches-du-Rhône). Ce bas-relief est associé, depuis le XVIIe siècle au moins au culte rendu aux saintes Maries qui, selon la tradition, auraient accosté sur une barque en Provence au Ier siècle.
L’accès se fait par un sentier de randonnée.

Historique du site des Trémaïé

Les Trémaïé sont sculptées sur un rocher situé au sud-est du plateau des Baux-de-Provence, en contrebas du château des Baux. Selon le préfet des Bouches-du-Rhône, Christophe de Villeneuve-Bargemon, ce rocher se serait écroulé depuis le plateau. Il mesure 7,60 mètres sur 4,50 mètres. Le bas-relief est sculpté dans une niche de 2 mètres sur 1,35 mètre, elle aussi sculptée, et ornées d’acrotères.
Comme le rocher se trouve dans une position instable, menaçant de continuer à rouler, une chapelle lui est accolée depuis le XIXe siècle, 1845 précisément, afin de le stabiliser complètement. De 1830, début du culte catholique lié aux Trémaïé, jusqu’à 1910 environ, les habitants des Baux y effectuaient un pèlerinage tous les 25 mai. Pour l’occasion, ils portaient une petite statue polychrome représentant la barque sur laquelle les Trois Maries débarquèrent en Provence. Participer à ce pèlerinage était moins onéreux pour les habitants des Alpilles que d’effectuer le pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer, en Camargue.

Légende des Trois Maries

Trémaïé Tremaie

Le monument a reçu, au XVIIe siècle au plus tard, le nom provençal de Tremaïe («Trois Maries»). Les habitants des Baux voyaient dans ce bas-relief trois femmes, qu’ils associaient aux compagnes du Christ, connues sous le nom de saintes Maries : Marie-Madeleine, Marie Salomé, mère des apôtres Jean et Jacques et Marie Jacobé. Cette identification est erronée, ne serait-ce que par le fait que les trois personnes sculptées sont en fait un homme (à gauche) et deux femmes.
La tradition de voir dans ce bas-relief les visages des saintes Maries remontent à la croyance provençale séculaire selon laquelle ces trois femmes, montées dans une barque à Joppé, en Palestine, accostèrent sur le plateau du château des Baux – selon la légende, en effet, la mer bordait la chaîne des Alpilles en ce temps-là.

Description du monument

Le bas-relief des Trémaïé se trouve à 4 mètres au-dessus du niveau du sol, juste au-dessus du toit de la chapelle. Il représente trois personnages : un homme et deux femmes grandeur nature ; les statues mesurent entre 1,75 m et 1,83 m. La tête des deux personnages excentrés est légèrement tournée vers le personnage central.
L’archéologue Isidore Gilles (1870) voyait dans ces figures les statues du consul Marius, sa femme Julia et la prophétesse Marthe, rejoignant en cela une partie de la tradition. Pour Antoine Héron de Villefosse, le personnage au centre est la déesse Diane. Pour Rochetin, il faut voir dans ce personnage une déesse mère.
Trémaïé Tremaie
Une épitaphe a été identifiée en dessous du bas-relief, indiquant avec une certitude absolue qu’il s’agit d’un relief votif gallo-romain. De mauvaise qualité, car effacée par le temps, elle a été lue de deux manières différentes :
  • Christophe de Villeneuve-Bargemon (1824) lit : « [- – -]f Caldus / [- – -]ae posuit P[- – -]. »
  • A. Héron de Villefosse (vers 1880) lit : « [- – -]f Caldus / [- – -]ou pro sal /[- – -]uricus. »
  • M. Janon (1965), lit : « [- – -]f(ilius) Caldus / [- – -]pro salute /[- – -]. »
La lecture faite par Janon, et de manière approchante, celle des deux autres, peut se traduire par : « […], fils de […] Caldus, pour le salut de […]. » Le f de l’épitaphe pouvant aussi se lire filia, il est envisageable que les deux personnages excentrés sont les parents de la jeune fille située au centre, coiffée d’une haute chevelure et voilée, qu’il recommandent à une divinité gallo-romaine.

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Bibliographie

« Les bas-reliefs rupestres des Trémaïé et des Gaïé », in Les Alpilles, encyclopédie d’une montagne provençale, G. Barruol, éd. Les Alpes de Lumière, Forcalquier, 2009, p. 160, 161.
« Les Alpilles et la Montagnette », Carte archéologique de la Gaule, t. 13/2, 1999, p. 124-127.

Licence

Texte et photographies de Jean Marie Desbois, réalisés en avril 2010 pour Wikipédia et placés sous licence Creative Commons.

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Histoire de Maussane-les-Alpilles https://www.geneprovence.com/histoire-de-maussane-les-alpilles/ https://www.geneprovence.com/histoire-de-maussane-les-alpilles/#respond Fri, 01 Jan 2010 01:02:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=479 Préhistoire et Protohistoire Des traces de présence humaine sont attestées sur le territoire de Maussane depuis au moins le Néolithique. Au hameau des Calans, à l'est du village, les déblais d'une bergerie ont révélé une statuette représentant une déesse-mère.

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Préhistoire et Protohistoire

Des traces de présence humaine sont attestées sur le territoire de Maussane depuis au moins le Néolithique. Au hameau des Calans, à l’est du village, les déblais d’une bergerie ont révélé une statuette représentant une déesse-mère. Il n’est pas exclu toutefois que celle-ci provienne d’un autre site et ait été apportée ultérieurement sur le site de sa découverte1.
Le chaînon de la Pène au sud de Maussane. © Jean Marie Desbois, 2009.
Le chaînon de la Pène au sud de Maussane.
© Jean Marie Desbois, 2009.

Les sites de la Pène

C’est surtout aux abords du chainon rocheux de la Pène, au sud de Maussane, qu’ont été faites la majeure partie des découvertes concernant la Préhistoire. Du fait de sa situation, offrant une exposition au sud et surmontant les anciens marais des Baux, abondant en poissons et au sol fertile, ce site offre toutes les conditions pour permettre l’installation de groupes humains.
Un site du Chalcolithique ou du Néolithique final a été mis au jour sur la chaîne de la Pène, au lieu-dit le Touret de Roquerousse. Des céramiques de très mauvaises qualité y ont été découvertes, prouvant que les anciens marais des Baux étaient une zone peuplée dès les temps les plus reculés1.
Au lieu-dit Saint-Jean, à la Pène, des traces de labour profonds et les vestiges de deux cabanes des IIe et IIIe siècles ont été découverts par l’archéologue Otello Badan2.
Au Touret de l’Isle, un habitat du Ier siècle av. J.-C. a été découvert, accompagné de céramiques et d’amphores italiques et gauloises2. Non loin, au Deven, une dizaine de cabanes aux murs en pierre sèches ont été signalées. Des céramiques massaliètes y ont été trouvées2.

Peuplement gaulois

L’historien grec Strabon atteste que les populations gauloises installées dans les Alpilles sont connues sous le nom de Salyens. Ce peuple fonde à proximité de Maussane des agglomérations : Arelate, Ernaginon (Saint-Gabriel, aujourd’hui incorporée à Saint-Étienne-du-Grès), Tericiae (Mouriès), et surtout Glanum, ou plutôt Glanon de son nom gaulois, importante ville située à seulement 8 kilomètres au nord de Maussane. Dès lors, les échanges entre ses agglomérations étant attestés, il semble certain que le territoire de Maussane comptait une population salyenne de quelque importance4.
La chaîne des Alpilles marque la frontière nord des tribus indigènes que constituaient les Nearchi d’Ernaginum et les Anatilii du nord de la Crau4. Les découvertes archéologiques faites ces dernières années montrent que ces populations étaient constituées majoritairement de bergers et d’agriculteurs.

Oppidum du Castellas

La colline du Castellas dominant un champ d’oliviers. Vue du Sud. © Jean Marie Desbois, 2009.
La colline du Castellas dominant un champ d’oliviers. Vue du Sud.
© Jean Marie Desbois, 2009.

L’oppidum du Castellas, près du mas de Verassy, a été décrit par des auteurs grecs et romains qui attestent de son peuplement à la fin de la Préhistoire. Ce site se situe au commencement du chemin des Plaines-Marguerite1. Son altitude maximale se situe à 121 mètres, mais sur sa pente méridionale, à une altitude de 55 mètres, on note la présence de constructions gallo-romaines et notamment des restes d’une salle dallée avec un foyer et des bases de colonnes2. Cette salle pourrait être une cour. Selon H. Tréziny, il pourrait s’agir d’un édifice public, comme un lieu de culte, lié à l’oppidum2. Une inscription votive y a été mise au jour.
Des pièces (oboles de Marseille de diverses formes, bronzes des Arécomiques) ont été découvertes sur le site avant 1960.
Un chemin protohistorique de pied de côte reliait le site aux autres oppida de la région : les Caisses de Jean-Jean (Mouriès), le Castelas (Aureille), Lamanon5. Ce chemin passait plus au nord que la voie Aurélienne, plus tardive.
Le site du Castellas est créé à la fin de l’âge du Fer après une longue période de désertification du sud des Alpilles, alors que les populations rurales émigraient vers l’opulent comptoir grec d’Arles. Contemporains du Castellas, les sites de Glanum et d’Ernaginum sont en pleine expansion. Le Castellas ne semble toutefois pas avoir bénéficié d’une population aussi nombreuse. Il s’agit d’un habitat en dur qui se distingue de l’habitat préhistorique en matériaux légers5. En revanche, et malgré le nom du site, aucun trace de château (ou castellas en provençal) n’a été trouvée, même s’il semble que le Maussane protohistorique se trouvait bien là.
Alors que la romanisation est en route, les populations désertent la plupart des oppida, dont le Castellas, et émigrent vers les villae, provoquant du coup l’abandon définitif de ce site élevé.

Antiquité

L’arrivée de la civilisation gallo-romaine fait sortir Maussane et l’ensemble des Alpilles de la Protohistoire. Les vestiges de cette civilisation sont plus nombreux à Maussane.

L’aqueduc de Maussane à Arles

Deux aqueducs ont été construits dans les Alpilles à l’époque romaine pour alimenter en eau la ville d’Arles : l’un passe par le nord des Alpilles Saint-Remy (nord de Glanum) et Ernaginum et redescend vers Arles via Pont-de-Crau, tandis que l’autre débute son cours aux rochers d’Entreconque, à Maussane, et rejoint l’aqueduc du Nord à Barbegal. Un troisième aqueduc alimentait la ville de Glanum6.
L’aqueduc de Mausssane, aussi dénommé aqueduc de Caparon, traversait les communes de Maussane et de Paradou. On pense qu’il captait ses eaux à la petite source du vallon de Manville7 et que la conduite était canalisée au moyen de porte-eaux. Des vestiges ont d’ailleurs été découverts sous le moulin de Manville et l’on pense qu’il a été construit sur l’aqueduc. Un autre aqueduc le rejoignait à Paradou, dont la source est formellement identifiée : ses eaux provenaient de l’Arcoule, au lieu-dit La Burlande6. Aux rochers de la Pène a été découvert un bassin de régulation des eaux de l’aqueduc possédant trois ouvertures qui donnaient sur autant de canaux.
L. de Boisseson a recensé neuf points de passage de l’aqueduc, pour l’essentiel au quartier de Flandrin. On peut aussi observer, dans la cave d’une maison de ce quartier, la voûte de la canalisation romaine. Plus loin, au quartier de la Remise, des moellons du piédroit gauche sont visibles2. Selon L. de Boisseson toujours, une ligne sombre repérée à l’aide de photographies aériennes pourrait signaler le passage de l’aqueduc au quartier du mas de Mérigot.

Le village à l’époque gallo-romaine

La colline du Castellas dominant un champ d’oliviers. Vue du Sud. © Jean Marie Desbois, 2009.
Quartier des Fléchons.
© Jean Marie Desbois, 2009.

Contrairement à de nombreux villages de Provence, Maussane ne doit pas son plan à l’antiquité romaine. Il ne semble pas y avoir eu de bourg organisé. En revanche, de nombreuses villae y ont été construites sporadiquement. Ainsi, une de ces villae a été découverte à l’ouest du quartier des Fléchons. Divers objets accompagnaient cette découverte : de la sigillée du sud de la Gaule, des fragments d’amphores gauloise et africaine, des tuiles dans les murs et les champs2. Le site du château de Monblan, sans doute habité depuis le IIe siècle av. J.-C., voire le IIIe siècle av. J.-C., au vu de l’habitat mis au jour avec des fragments de céramique, a livré en 1933-1934 un bloc de pierre contenant une inscription originale : Sex(to) Fa/uonio / Eutyc(h)o (« À Sextius Favonius Eutychus »)8.
Au quartier de la Remise a été découverte en 1975 une stèle comportant les bustes d’un homme et d’une femme. Malheureusement, cette découverte ne put être photographiée car elle disparut rapidement2.
La vie quotidienne des hommes et des femmes qui habitèrent la région ne peut être restituée de manière précise. Selon Fernand Benoit, « une exploitation superficielle antique des minerais de fer des carrières de bauxite » aurait existé au quartier des Trencades, au nord de la colline du Castellas9.

Moyen Âge

Contrairement à beaucoup de villages similaires dans les Alpilles notamment (Aureille, Les Baux, Eyguières,…), aucun château n’a été localisé et encore moins retrouvé à Maussane ou son terroir. La colline du Castellas, comme son nom l’indique10, aurait pu en posséder un, mais aucune découverte n’a permis d’étayer cette hypothèse. Alors que des auteurs du XIXe siècle évoquent ce château, les archéologues du XXIe siècle se montrent plus prudents pour évoquer l’existence de cette forteresse hypothétique. Une chose est sûre : ce castrum, s’il a existé, ne peut pas avoir été construit à l’emplacement du village actuel, autour duquel se serait développé l’agglomération.

Les villæ maussanaises (VIe‑XIIe siècles)

Les découvertes de villæ maussanaises d’avant l’an mil sont extrêmement erratiques. Tout au plus sait-on que l’actuel mas Saint-Roman11 abritait une église fréquentée. On en déduit qu’une certaine population s’est développée autour de ce centre religieux, comme des sites fouillés dans le Languedoc voisin et datant de la même époque tendent à le montrer. Mais ces habitats installés en plaine sont d’une défense fragile et ils disparaissent quasiment tous avant le XIIIe siècle. Des castrum vont leur succéder. À Paradou (site des tours de Castillon), aux Baux-de-Provence, mais, semble-t-il, pas à Maussane. Seul village de la vallée des Baux n’ayant laissé aucun vestige d’habitat médiéval fortifié.
Les habitants du lieu sont alors soumis aux puissants seigneurs des Baux.
Au Xe siècle, alors que Pons le Jeune tient la maison des Baux, les habitants des villae de Maussane vont à l’office religieux en l’église de Paradou, alors dénommée Saint-Martin-de-Félaurie12.

Les guerres baussenques

Château des Baux. © C. Recoura, 2007.
Château des Baux.
© C. Recoura, 2007.

Les seigneurs des Baux perdent temporairement une grande partie de leur territoire lors de la guerre de succession de 1156 qui se solda par la prise des Baux, d’Arles et de Trinquetaille par le comte de Barcelone, Raymond Bérenger, mais l’établissement d’un traité permet à Hugues des Baux, de conserver son château, ses pâturages et ses terres de la vallée, incluant Maussane. Mais une nouvelle attaque de Raymond Bérenger en 1161 provoque la prise d’Arles, de Trinquetaille et de trente places fortes de la famille de Baux13.
Maussane et les villages de la vallée reviennent dans le giron des Baux après la libération d’Hugues IV des Baux en 1206. Celui-ci s’était révolté contre le comte de Provence, Alphonse II, et avait été arrêté. Mais une intervention de gentilshommes provençaux lui permit de recouvrer la liberté et de récupérer de nombreuses terres, comme en témoigne le traité d’octobre 1206, formulé dans les termes suivants :
« Ildephonse, comte et marquis de Provence, donne en fief à Hugues des Baux et à ses successeurs le château de Mouriès et la villa de Mamuzane3 avec toutes leurs dépendances et tout ce qu’ils possèdent dans iceux, tant en hommes qu’en terres cultes et incultes, prés, pâturages, bois, fermages, justice et district ; en outre il en saisine et confirme audit des Baux, tout ce qu’il possède au nom de Barrasse, son épouse, dans la ville de Marseille, le bourg d’Arles et ailleurs, sous la condition de l’hommage et de la fidélité, lui accorde de plus la permission de pouvoir acquérir tout ce qu’il désirera dans le comté de Provence, sous la même condition de l’hommage14. »
Mais, très endetté en raison des guerres menées, Hugues doit céder une partie de ses possessions, comme la terre de Villeneuve en Camargue, le château de Montpaon, sur le terroir de l’actuelle Fontvieille, mais conserve les terres baussenques, dont Maussane.

Ancien Régime

La Réforme

Les Alpilles abritent une population protestante à partir du XVIe siècle, dans la mouvance de l’affaire des Vaudois15. Lors des persécutions anti-protestantes, bon nombre d’habitants des Alpilles se réfugient en Suisse, patrie de Jean Calvin15. Les troubles engendrent dénonciations, rivalités et exactions. Selon Jean Crespin, quinze huguenots sont assassinés dans les Alpilles pour la seule année 156216. La minorité protestante a pignon sur rue dans le piémont sud des Alpilles, en témoignent la nomination de huit premiers consuls entre 1559 et 1561 aux Baux-de-Provence. Il faudra tout de même attendra l’édit de Nantes (1598) pour stabiliser la situation et rétablir la paix dans le massif des Alpilles comme dans toute la Provence et la France.

La peste sous l’Ancien Régime

Maussane a subi plusieurs épisodes de peste sous l’Ancien régime : 1587, 1629-1631, 1640, 1654-1656, 1664-1665, et surtout 1720-172117. Auparavant, entre 1476 et 158118, la peste a frappé seize fois19. Un bureau de santé se réunit régulièrement entre juillet 1629 et 1630 à Maussane17. Son but est de prendre des mesures pour empêcher au maximum l’expansion de l’épidémie avec la création de milices pour agir par la force en cas de besoin20.
On ne connaît pas avec précision le nombre des morts de la Grande peste de 1720-1721 à Maussane. Selon Odile Caylux, 1 101 habitants des Alpilles ont été emportés par l’épidémie, dont 938 à Saint-Rémy et 108 à Orgon17. Quelques Maussanais ont probablement été du nombre. En témoigne l’érection au cœur du village d’un oratoire dédié à saint Roch, sensé protéger les populations de la peste.
Intérieur de l’église Sainte-Croix. © Jean Marie Desbois, 2009.
Intérieur de l’église Sainte-Croix.
© Jean Marie Desbois, 2009.

La paroisse Sainte-Croix

Les habitants de Maussane ont de tout temps été contraints de célébrer le culte catholique en l’église Saint-Martin de Paradou. Cette situation causait de nombreux mécontentements au point de faire des tentatives auprès des autorités religieuses pour obtenir la création d’une paroisse. La première demande remonte au 6 mai 1681 à l’ocassion du passage à Paradou de Mgr de Grignan, M. de Laugier de Monblan requiert de celui-ci un vicaire résidant à Maussane1 et, ce, malgré la vive opposition des habitants de Paradou qui ne veulent pas voir disparaître leur paroisse21.
Mais la deuxième demande aura davantage de poids. Le début du XVIIIe siècle voit Maussane dépasser Paradou en nombre d’habitants. La demande de création d’une paroisse apparaît de plus en plus légitime. L’archevêque François de Mailly imagine le transfert de la paroisse Saint-Martin de Paradou vers Maussane. Du reste, la construction d’une église à Maussane est entamée. Malheureusement, l’année 1709 et son terrible hiver interrompent les travaux1. Les oliviers gèlent tous, toute l’activité de la vallée des Baux cesse du jour au lendemain. Il faudra attendre les années 1720 pour voir revenir une activité économique suffisante pour faire vivre les habitants.
Le 27 août 1750, Joseph Laugier de Monblan, seigneur de Monblan, achète un terrain au centre du village. Il s’agit d’un lieu d’entrepôt de toutes sortes de déchets issus de la culture des champs. C’est à cette endroit que va s’élever un édifice religieux qu’il va entièrement financer, afin de doter Maussane des meilleurs arguments pour obtenir la création d’une paroisse.
En fin de compte, la paroisse Saint-Martin de Paradou est conservée mais grandement amputée car la paroisse de Maussane est créée (1752) et le curé perpétuel, en la personne de M. Laugier, nommé21. Le 3 septembre 1754, l’église Sante-Croix est offerte aux Maussanais22. Le 27 septembre 1754, elle est consacrée par l’archevêque d’Arles, Jean-Joseph de Jumilhac.
En souvenir de la générosité du seigneur, une plaque est apposée sur le mur du côté du collatéral droit. On y lit, aujourd’hui encore : « À la mémoire de messire J. Laugier de Montblanc, fondateur de cette église, bienfaiteur des pauvres, etc., né en 1708, décédé en 1775, les habitants de Maussane reconnaissants. »
Le campanile n’étant pas achevé, car de Monblan souhaitait que les Maussanais en réalisent l’ouvrage pour avoir le sentiment d’avoir travaillé à leur propre église, une incompréhension se fait jour, certains estimant que le seigneur n’a plus d’argent pour achever le bâtiment. Pour faire taire ses détracteurs, de Monblan fait réaliser à ses frais un pont près de son château1.
Finalement, cet homme restera de longues décennies en odeur de sainteté dans le village, même bien après sa mort.

Révolution

Fusilier de la Garde nationale (1791). © Khaerr, 2008.
Fusilier de la Garde
nationale (1791).
© Khaerr, 2008.

Comme l’ensemble de la Provence, Maussane a connu une période post-révolutionnaire très agitée, particulièrement après la chute de Robespierre (9 thermidor an II). De nombreux événements ont plongé le village et toute la vallée des Baux dans la Terreur blanche.
À l’issue de la Révolution, Maussane est aux mains des Jacobins, mais la vie civile ne parvient pas à s’organiser en raison des perturbations apportées par des éléments extérieurs au village1. Les idées révolutionnaires ne rencontrent pas de véritable résistance. Une Garde nationale est créée en janvier 17911. Une société populaire, les « Amis de l’Égalité et de la Liberté » (plus tard rebaptisée « Amis de la Liberté, de l’Égalité et de la République ») se crée en septembre 1792. Dans le village, toutefois, les révolutionnaires ne sont pas extrêmement virulents contre les représentants de l’église catholique. L’église Sainte-Croix ne fait l’objet d’aucune déprédation, la personne du prêtre, Pierre Vincent, est respectée23, même s’il se rétracte après avoir abjuré24.
L’arrêté du 8 brumaire an IV (30 octobre 1795) provoque l’éclatement du territoire des Baux en quatre communes distinctes : Les Baux, Maussane, Mouriès et Paradou. Maussane devient chef-lieu de canton25.

L’arrivée de la Terreur

En mars 1793, le maire des Baux (et donc de toutes les communes non encore détachées), Joseph Manson de Saint-Roman, est assassiné à son domicile de Maussane par onze hommes qui avaient déserté le bataillon des Fédérés de Marseille et que le maire avait sommé de rejoindre leur corps1. Le député Jean-Baptiste Leblanc de Servanes, de Mouriès, à la tête de la Garde nationale, investit Maussane et fait arrêter cinq hommes qui seront pendus sans jugement au quartier de l’Escampadou26.
Le chaos est total. Les autorités municipales, incapables de gérer la crise et menacées par la fureur de la population, démissionnent en juillet 1793 et sont contraintes de fuir pour Arles. Leurs biens sont pillés27.
Le calme mettra plusieurs années a être complètement restauré. Le dernier meurtre politique est perpétré à Maussane le 22 ventôse an VIII (13 mars 1800) : un révolutionnaire extérieur à la commune est retrouvé assassiné au vallon de Valoste (près des Calans)28.

Époque contemporaine

Les troubles passés, le calme s’installe durablement dans la vallée des Baux. Le développement industriel permet un essor considérable aux activités agricoles et arboricoles à Maussane. L’exploitation des olives devient la spécialité de la commune. Le village compte alors jusqu’à sept moulins à huile, dont le plus ancien, celui de Manville, remonte approximativement au XVIe siècle.
La tranquillité est seulement troublées par quelques épidémies sporadiques, dont une de choléra en 1865 qui provoque la mort de sept personnes. La contamination provenait de deux marchands ambulants venus de Marseille29.

Notes

1. Maussane-les-Alpilles, coll.« Le Temps retrouvé », F. Laffé, M. Simian-Gonfond, M. Bonnet, éd. Équinoxe, 1991.
2. « Les Alpilles et la Montagnette », Carte archéologique de la Gaule, t. 13/2, 1999, p. 203-207, (ISBN 978-2877540599).
3. Dans la même phrase, « villa de Mamuzana » est mis en pendant avec « castrum de Morerits » (« castrum de Mouriès ») ce qui pourrait indiquer que Maussane ne possédait pas de castrum au cours du Moyen Âge.
4. « Le peuplement à l’époque gauloise : les Salyens », in Les Alpilles…, op. cit., F. Verdin, p. 141.
5. « Les oppida des Alpilles », in Les Alpilles…, op. cit., Y. Marcadal, p. 143-7.
6. « Les aqueducs antiques d’Arles », in Les Alpilles…, op. cit., J.-L. Paillet, p. 37-39.
7. Ce lieu est connu sous le nom provençal de Font di fèbre (« fontaine des fièvres »).
8. Cette découverte est particulièrement intéressante car c’est la première fois que le nomen Favonius est retrouvé en Gaule narbonnaise.
9. Cité in Carte archéologique de la Gaule…, op. cit.
10. Provençal castelas, « grand château ».
11. Visite du mas Saint-Roman.
12. Les Baux et Castillon, Louis Paulet, 1902, rééd. C. P. M. Marcel Petit, Raphèle-les-Arles, 1986, p. 14.
13. Les Baux et Castillon, op. cit., p. 26.
14. Trad. par Louis Paulet, in Les Baux et Castillon, op. cit., p. 30.
15. « La Réforme », in Les Alpilles…, op. cit., G. Audisio, p. 173-5.
16. Histoire des martyrs, Jean Crespin, t. 3, p. 374-382.
17. « Les épidémies de peste dans les villages des Alpilles », in Les Alpilles, op. cit., O. Caylux, p. 175-7.
18. Lire au sujet de l’épidémie de 1581, l’article Peste d’Arles (1579-1581).
19. Selon l’abbé Louis Paulet, historien des Alpilles (XIXe siècle).
20. Les miliciens sont réquisitionnés de force et par un tirage au sort parmi les habitants mâles de la Vallée des Baux. Les hommes non choisis sont pour leur part tenus de contribuer financièrement à l’entretien de ces milices.
21. Les Baux et Castillon, op. cit., p. 221-5.
22. Voir sur Wikipédia la partie consacrée à la description de l’église Sainte-Croix.
23. Il faut sans doute voir dans ce respect le souvenir pieux laissé par la personne de Joseph Laugier de Monblan, bienfaiteur de Maussane par ses dons pour la construction de l’église. De plus, le curé Vincent était déjà en service lors de la mort du seigneur (1775). Il avait veillé sur son corps jusqu’à sa mise en sépulture, à Arles.
24. « La Révolution dans les Alpilles » in Les Alpilles, op. cit., V. Autheman, p. 177-9.
25. L’arrêté consulaire du 17 frimaire an X rattachera Maussane au canton de Saint-Rémy.
26. « Les cinq pendus de l’Escampadou », geneprovence.com.
27. Les Baux et Castillon, op. cit., p. 231-325.
28. « L’assassinat d’un patriote », geneprovence.com.
29. « Comment le choléra est entré à Maussane en 1865 », geneprovence.com.

 

En octobre 2009, j’ai écrit pour l’encyclopédie Wikipédia cet article sur l’histoire de Maussane-les-Alpilles. Ce texte, ainsi que ses illustrations ont été placés sous licence Creative Commons 3.0.

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La Quille, village ruiné du Puy-Sainte-Réparade (Bouches-du-Rhône) https://www.geneprovence.com/la-quille-village-ruine-du-puy-sainte-reparade-bouches-du-rhone/ https://www.geneprovence.com/la-quille-village-ruine-du-puy-sainte-reparade-bouches-du-rhone/#respond Tue, 01 Dec 2009 01:02:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=501 L'oppidum de la Quille (La Quilho en provençal) est un oppidum du second Âge du fer situé sur la commune du Puy-Sainte-Réparade (Bouches-du-Rhône).

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la-quille-puy-sainte-reparade-1L’oppidum de la Quille (La Quilho en provençal) est un oppidum du second Âge du fer situé sur la commune du Puy-Sainte-Réparade (Bouches-du-Rhône).
Situé à une altitude de 454 m sur la colline du Puech [1], l’oppidum de la Quille domine la plaine de la Durance et le village du Puy-Sainte-Réparade au nord, ce qui assure à la place forte un emplacement stratégique [2]. Il s’étend sur 1,8 ha. La surface du plateau est occupée ainsi qu’un partie des versants. Daté de l’époque de la Tène (du IVe au Ier siècles av. J.-C.), il a été réoccupé au Moyen Âge, période où le rempart a été réaménagé [3].

Fouilles du site

L’oppidum est mentionné pour la première en 1907 par l’archéologue Ivan Pranishnikoff qui y découvre des tuiles romaines et des poteries celtiques [3]. Des fouilles ultérieures permettent de révéler la présence d’un rempart long de 25 mètres et haut de 3 mètres maximum sur le versant est.

Éléments du site

* La Quilho (« La Quille [4] ») désigne une tour médiévale construite au sommet de la colline du Puech. Cette tour était en bon état au début du XXe siècle. Mais le tremblement de terre du 11 juin 1909 lui causa d’importants dégâts. De plus, le 29 avril 1980, la foudre s’abat sur la tour qui s’écroule [5]. Avec l’aide du Conseil général des Bouches-du-Rhône, la Quilho est reconstruite en août 1994 [2].
* La source de Gacharelle. Une source est captée au niveau du rempart ouest. Elle est aujourd’hui localisée dans une grotte fermée par une grille [6].

Galerie

Consultez le diaporama.

Notes

1. La colline du Puech a donné son nom à la commune du Puy-Sainte-Réparade. Le terme puy (puech en provençal) désigne un sommet, une éminence. Le Puech est le plus important sommet du territoire de la commune.
2.  Puy Sainte Réparade, vttlaquilho.
3.  « Carte archéologique de la Gaule : Aix-en-Provence, pays d’Aix, val de Durance », 13/4, Fl. Mocci, N. Nin (dir.), Paris, 2006, Académie des incriptions et belles-lettres, ministère de l’Éducation nationale, ministère de la Recherche, ministère de la Culture et de la Communication, maison des Sciences de l’homme, centre Camille-Jullian, ville d’Aix-en-Provence, communauté du pays d’Aix, p. 630-1.
4. Quilho désigne en provençal une quille. Le terme fait allusion à la forme de la tour de la Quille, perchée seule au sommet du Puech.
5. Le Puy Ste Réparade, blog La Provence.
6. Site sur la Quille.

Ce texte, écrit par Jean Marie Desbois, a été publié sous licence GFDL sur le site Wikipédia le 19 avril 2008.
Photographie : © Jean Marie Desbois, 2001. Creative Commons.

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Saint-Martin-de-Castillon, l’ancien village de Paradou https://www.geneprovence.com/saint-martin-de-castillon-lancien-village-de-paradou/ https://www.geneprovence.com/saint-martin-de-castillon-lancien-village-de-paradou/#comments Mon, 01 Dec 2008 00:02:00 +0000 http://s430202914.onlinehome.fr/geneprovence/?p=705 À 1.500 mètres au sud du village de Paradou, situé dans les Alpilles, s'étend une barre rocheuse de faible altitude, de 150 mètres de large sur 3 kilomètres de long : la chaîne de la Pène [1]. De loin on aperçoit à son sommet trois tours qui se dressent. Ce site porte le nom de « tours de Castillon ».

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À 1.500 mètres au sud du village de Paradou, situé dans les Alpilles, s’étend une barre rocheuse de faible altitude, de 150 mètres de large sur 3 kilomètres de long : la chaîne de la Pène1. De loin on aperçoit à son sommet trois tours qui se dressent. Ce site porte le nom de « tours de Castillon ». Pour les randonneurs, le lieu est charmant. Pour les historiens, ce n’est ni plus ni moins là que se dressait autrefois le village de Paradou.

Paradou dans l’histoire

Paradou apparaît dans l’histoire sous le nom de Sanctus Martinus de Felauria (961). Le nom Felauria est celui d’un domaine qui s’étendait dans l’Antiquité entre Fontvieille et Mouriès2. Sanctus Martinus désignait une chapelle qui a longtemps perduré, entre l’actuel village de Paradou et la chaîne de la Pène.

castillontop

Jusqu’en 1390 environ, le village se dressait dans la zone délimitée par les tours, enclos par un rempart. C’est donc là qu’il faut chercher l’origine du village de Paradou. La présence à cet endroit de ce que l’on pourrait appeler un castrum, est attestée dès 1206.
Vers 1390, Saint-Martin de Félaurie, devenu Saint-Martin-de-Castillon3, subit une destruction et le village est reconstruit à 1500 mètres plus au nord, sous le même vocable. Il ne faut toutefois pas imaginer un déplacement immédiat. Après la destruction du castrum, l’essentiel de la population reste sur place et ne se déplace plus au nord que très lentement. Comme les échanges se développent au XVIIIe siècle, et constatant qu’il existe un autre Saint-Martin-de-Castillon à 80 kilomètres au nord-ouest, la décision est prise de rebaptiser la paroisse, peu avant la Révolution. Le nom de « Paradou4 » est choisi, allusion à l’artisanat pratiqué dans la paroisse.

Le site des tours de Castillon

castillon5Saint-Martin de Félaurie a souffert du temps. On ne trouve sur le site que trois hautes tours plutôt bien conservées, des morceaux épars de remparts et des murs totalement ruinés (photo ci-contre).
On aurait tort de penser que le site ne remonte qu’au Moyen Âge. En contrebas de la Pène, on a découvert en 1992 et en 1993 une villa gallo-romaine5. Sur le site même, des monnaies massaliètes et gauloises y ont été trouvées. Et de fait, le lieu était habité dès l’Antiquité.
L’oppidum de Castillon est entouré de remparts dont il reste quelques traces aujourd’hui. La technique en grand appareil et la taille et l’assemblage sont hellénistiques. On peut noter l’emploi de scies, de pinces et de marteaux-taillants pour sa réalisation.
Les maisons étaient souvent adossées directement au rempart. L’étude du rempart laisse apparaître qu’il a été érigé aux alentours de 200 avant J.-C., puis réaménagé au fil des siècles.

Vie quotidienne à Saint-Martin-de-Castillon

Il n’est pas possible de savoir comment vivaient les gens de Saint-Martin dans leurs remparts médiévaux. Quelques éléments permettent toutefois d’apporter des éclaircissements.
castillon1On retrouve peu de traces de maisons sur le site, ce qui s’explique sans doute par la fait que l’essentiel des constructions se faisait en bois et en chaume. Toutefois, l’abondance de tuiles trouvées à même le sol atteste de la présence d’habitats en dur (photo ci-contre).
On a retrouvé sur place de nombreuses céramiques datées, pour les plus anciennes, du VIe siècle, même si la plupart ont été produites entre le IXe et le XIe siècles. Cela prouve que la période IXe-XIe siècles a vu un accroissement de la population et atteste du mode de vie des habitants du castrum.
castillon6Une route partait du piémont du site en droite ligne vers Saint-Martin-de-Crau, à travers les marais, et devait sans doute constituer une voie de passage importante, entre Crau et Alpilles (photo ci-contre). Une prospection aérienne a permis d’en repérer la trace fossile.
La population se faisait inhumer à l’extérieur, semble-t-il, puisqu’une nécropole, située près de l’ancienne chapelle Saint-Martin, a été découverte et datée des XIIe-XIIIe siècles. Elle contenait au moins six tombes en molasse, mais il n’est pas exclu qu’elle ait abrité davantage de tombes. La chapelle elle-même se situait à quelques centaines de mètres au nord et concentrait la vie religieuse du bourg6. Le cimetière principal se trouvait à flanc de côteaux, sur le versant sud, pour ne pas être sujet aux inondations. L’historien local Louis Paulet précise qu’on y trouvait « abondance d’ossements à fleur du sol7 ». Un procès-verbal de 1565 concernant la reconnaissance des anciennes drailles de la vallée des Baux indique :
« La draye de Faubraguette, à la Penne, en face de Castillon, traverse la colline et, avant d’arriver à Saint-Jean, passe au milieu du cimetière. Au dire des anciens, elle suivait cette direction de toute ancienneté. »
On remarque donc que, des décennies après la destruction du castrum, la Pène abritait encore le cimetière et, sans doute aussi, encore des maisons.
Jean Marie Desbois

Bibliographie

Les Baux et Castillon, Louis Paulet, 1902.
Le Paradou, Hélène Ratyé-Choremi, éd. Équinoxe, coll. « Le Temps retrouvé », 1990.

Notes

1 Peno désigne une « plume » en provençal, évoquant la forme de la chaîne.
2 Olivier Maufras, Le castrum des Baux (960-1426), éléments d’histoire et d’analyse des vestiges monumentaux, mémoire de maîtrise, Aix-en-Provence, 1988, 2 vol.
3 Casteloun signifie « petit château » en provençal.
4 Ancien provençal parador, « moulin à foulon » employé dans l’industrie drapière. Le foulon permet de dégraisser les étoffes. Cette action a notamment pour effet de rendre l’étoffe ignifuge.
5 Michel Gazenbeek, Occupation du sol et évolution environnementale depuis le Néolithique dans la Montagnette et la partie occidentale des Alpilles (Bouches-du-Rhône), thèse de doctorat, Aix-en-Provence, 1995.
6 L. Martin, Bilan scientifique, 1993, p. 124-125.
7 Louis Paulet, cf. Bibliographie, p. 186-7.

  • Photographies © Jean Marie Desbois, 2008.

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