Frédéric Lazard (1862-1945), préhistorien et maire de Sivergues (Vaucluse)

Frédéric Lazard. DR.
Frédéric Lazard. DR.
Frédéric Lazard naquit le 9 mai 1862 à Sivergues, au quartier de Rocsalière. Rapidement, le jeune homme fut passionné par la préhistoire qui, en temps que science, en était alors à ses balbutiements. Ses dons de musicien étaient indéniables. Il fut un clarinettiste éminent, et exerça ses talents dans de nombreuses sociétés musicales d’Apt.
Appelé sous les drapeaux, il fut incorporé au 99e régiment d’Infanterie de Lyon où il fit partie de l’harmonie militaire. De retour dans ses foyers, dès 1888, il commença à prospecter des sites dans le pays d’Apt et plus spécifiquement le plateau des Claparèdes. Ce qui lui permit de répertorier et de décrire plusieurs stations préhistoriques.
Leur richesse, prouvée par l’importance des découvertes, permit à Lazard d’intéresser plusieurs érudits locaux qu’il recevait dans sa maison de Rocsalière. Le travail mené en commun fit envisager à ces palethnologues – ainsi était alors désigné les archéologues préhistoriens – de créer une société regroupant l’ensemble de leurs collègues à travers toute la France. Cette décision fut prise en 1903 lors de la fouille de la Baume Croupatière ou grotte Saint-Gervais à Bonnieux.
Hameau de Rocsalière. Cliché Deydier. Éd. Suau, à Apt.
Hameau de Rocsalière. Cliché Deydier. Éd. Suau, à Apt.
C’est en janvier 1904 qu’elle fut formalisée. Outre Frédéric Lazard, les premiers membres furent ses amis Marc Deydier, notaire à Cucuron, Anfos Martin, du Tricastin, Albert Moirenc, agent voyer dans le Vaucluse, Ivan Pranishnikoff, un des fondateurs de la « Nacioun gardiano » et Paul Raymond, médecin à Pont-Saint-Esprit. Leur regroupement pris le nom de « Société préhistorique de France ». Il est à noter qu’une plaque commémorative a été posée sur les parois de la grotte de Bonnieux, en septembre 2004, lors du congrès du centenaire de la Société qui s’est tenu à Avignon.
En 1909, Frédéric Lazard et Marc Deydier, lors du congrès de la société préhistorique à Beauvais, firent une communication sur la « Baume des Peyrards, atelier préhistorique », située dans le vallon de l’Aiguebrun. Un an plus tard, les deux savants publièrent l’ensemble des résultats de leurs fouilles dans la revue Rhodania. Lazard participa et intervint régulièrement aux congrès de cette institution, en particulier à celui qui se déroula à Pertuis en 1919.
Localisation de la baume des Peyrards. © Michel Reyne.
Localisation de la baume des Peyrards. © Michel Reyne.
Parallèlement, il s’intéressa à la numismatique et à l’histoire locale de sa région. La compilation de tous ses travaux et ses découvertes durant un demi-siècle, fut publiée, en 1943, sous le titre « Les environs d’Apt préhistorique. Étude sur le vallon de Buoux, le versant nord du Luberon et le plateau des Claparèdes, aux points de vue préhistorique et archéologique », aux éditions Rullière d’Avignon. Durant toutes ces années de recherche, il entretint une correspondance suivie avec des préhistoriens comme André Vayson de Pradenne, propriétaire des châteaux de Murs et de Javon, dans les monts de Vaucluse, ou Charles et Victorine Cotte. Mais surtout, il trouva un disciple passionné en la personne de Fernand Sauve, bibliothécaire et archiviste d’Apt, qui se lança dans une étude du vallon de Buoux.
Frédéric Lazard résida toujours à Sivergues, village du Luberon considéré alors comme le bout du monde. Continuant à satisfaire ses goûts musicaux, il descendait à Apt chaque samedi, jour de marché, participait à ses répétitions puis rendait visite à son ami Léon Sagy, le céramiste d’Apt qui connaissait le secret de la « terre flammée ».
Il prit une part importante dans la vie communale. Il fut d’abord adjoint au maire puis devint premier magistrat de sa commune durant 40 ans. Sa pugnacité à maintenir sur place une école, plus la renommée de ses travaux scientifiques, lui valurent d’être nommé officier de l’Instruction Publique. Il s’éteignit dans sa maison de Rocsalière, en novembre 1945, à l’âge de 85 ans.
Albert Lazard, fils de Frédéric, a fait don des 6 000 pièces de la collection du préhistorien au musée d’Apt le 9 avril 1960. Une des salles du musée porte désormais le nom de Frédéric Lazard.
Michel Reyne

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