« L’an III de la République et le 8 prairial, pardevant nous Noël Paul Hodoul, juge de paix, officier de police du canton de Sisteron,
Est comparue Marie Arnoux, de la commune de Seyne, laquelle nous a requis d’accéder dans la maison du citoyen Vincent, dont elle est domestique, pour redresser rapport de l’état où se trouve ledit Vincent, qu’elle nous a dit avoir été assassinée cette nuit,
À quoi adhérant, avons commis le citoyen Étienne Motet, officier de santé, pour se transporter avec nous dans la maison dudit Vincent,
Et, y étant arrivé en la compagnie dudit Motet, des citoyens Joseph Giraud et Louis Nivière, officiers, de Jacques Bontoux et Étienne Ramel, témoins que nous avons fait appeler pour assister avec nous au présent accedit,
Les citoyennes Vincent, épouse dudit Joseph Marie et Marie Arnoux, sa domestique, nous ont dit que cette nuit, environ l’heure de minuit, des personnes qu’elles n’ont point connues mais qu’elles croient être des hussards se sont introduits par violence dans son appartement et ont assassiné et mis à mort ledit Joseph Marie Vincent,
Et, nous ayant montré le cadavre encore sur son lit, l’avons trouvé encore enveloppé de ses draps, nageant dans son sang et beaucoup de sang répandu sur le plancher,
Avons à l’instant requis le citoyen Motet de procéder à la vérification du cadavre et, après l’avoir fait, nous a dit lui avoir trouvé plusieurs blessures, paraissant avoir été faites par un instrument contondant, de plus un trou du côté du cœur qui paraît avoir été fait par un instrument tranchant, ayant en outre ledit cadavre toute la figure et plusieurs parties du corps meurtris, et a signé, Motet, à l’original.
Avons ensuite examiné la porte de la chambre où gît le cadavre que nous avons trouvé intacte, sans fracture, sans la moindre marque de violence,
Et redescendus au vestibule avons examiné la porte d’entrée que nous avons aussi trouvée intacte, sans fracture et sans aucun dérangement.
De tout quoi avons dressé le présent procès-verbal, dont extrait sera remis sous bref délai à l’officier public de cette commune,
Et avant ordonné qu’il sera informé à la diligence du ministère public et que le cadavre sera inhumé par les soins de ses parents, à qui notre présente ordonnance sera communiquée.
À Sisteron, les susdits jour et an, et avons signé à l’original, »
[Hodoul, Giraud, officier, Nivière, officier, Bontoux, Ramel, Courbon]
« Pour extrait conforme à l’original. »
[Courbon, secrétaire du juge de paix]
- Registre d’état civil de Sisteron, Archives départementales des Alpes-de-Hautes-Provence, 1793-1802, 1MI5/1283.