Bagarre dans la rue Argentière (Avignon, 18 avril 1813)

« Ce jourd’hui, 18 avril 1813, sur environ 9 heures du soir, nous, commissaire de police du premier arrondissement de cette ville d’Avignon, passant dans la rue Argentière, avons aperçu trois hommes qui disputaient entre eux et dont deux ont pris la fuite en nous apercevant.
Rue Argentière de nos jours.
© Jean Marie Desbois, 2025.
Nous avons enjoint à celui qui était resté sur les lieux de nous suivre. Il a obéi et, l’ayant conduit à l’hôtel de ville, nous lui avons demandé ses nom, prénom, et sa profession et résidence et de nous dire le sujet de la dispute qu’il avait avec les deux autres individus dans la rue Argentière, au moment où nous étions arrivés.
Il nous a dit se nommer Joseph Faure, boulanger, travailleur de son état dans cette ville chez le sieur Pascal, maître boulanger, rue de l’Arc-de-l’Agneau, et a ajouté que sur les 8 heures du soir de ce jour, étant au café du sieur Lieutard, maison de la veuve Grous, place de l’Hôtel-de-Ville où étaient aussi plusieurs personnes. Les sieurs Polliard fils, Boutoment et François Lamy, imprimeur, sont entrés.
Le sieur Lamy, lui adressant la parole, lui a demandé s’il avait porté le levain, qu’à l’heure qu’il était, il ne devait pas être là avec ses boîtes à revers mais bien à son travail, qu’il ne ferait pas gagner une fortune au cafetier et ne le ferait pas pisser dans un pot de chambre d’argent, et, après beaucoup d’autres plaisanteries grossières de la même nature, Lamy a fini par lui dire qu’il était un couillon, ce qui l’a porté à répliquer :
« Je ne sais pas, du moins pas plus que vous. »
Lamy l’a alors provoqué, lui disant de sortir avec lui.
Le déclarant s’est levé et alors, Lamy le saisissant au col, lui a dit : « Allons marcher avec moi » et l’a amené dans ladite rue Argentière où, arrivés, le déclarant lui a observé qu’il était trop tard pour se battre et qu’il fallait remettre la partie à demain.
À ces mots, Lamy lui a porté un coup de poing à côté de l’œil gauche. Le déclarant le saisit au corps et, l’ayant renversé par terre sans cependant le frapper, lui a dit :
« Eh bien, de qui dépends-tu à présent ? »
Dans ce moment, le sieur Polliard fils, étant survenu, a saisi le déclarant par les jambes et l’a traîné par terre, ce qui a facilité Lamy à se relever, et alors ce dernier s’est mis à frapper le déclarant, ce qui l’a porté à crier au secours.
M. Delapierre, voisin de celui-ci, s’est alors mis à sa fenêtre et Polliard a alors pris la fuite.
Le déclarant observe que, lorsque Lamy l’a provoqué dans le café Lieutard, ç’a été en présence dudit Lieutard, desdits Maillet, Bollier jeune, Vernay, Coutelier, Guigues et autres.
Il a observé en outre que, pendant la rixe qui a eu lieu entre lui Lamy et Polliard, son mouchoir à carreaux rayés rouge lui avait été enlevé.
Puis il a signé après lecture faite.
À Avignon, les an et jour susdits. »
[Signatures]
***
Rue de l’Arc-de-l’Agneau de nos jours.
© Jean Marie Desbois, 2025.
« Ce joud’hui, 20 avril 1813, entre 11 heures et midi, devant nous commissaire de police du premier arrondissement de cette ville d’Avignon, s’est présenté le sieur Joseph Faure, garçon boulanger, travailleur en cette ville chez le sieur Pascal, rue de l’Arc-de-l’Agneau,
Qui nous a dit qu’aujourd’hui, entre 9 et 10 heures du matin, la mère du sieur Polliard, désigné dans la plainte ci-dessus, s’est présentée dans la boutique dudit sieur Pascal et a dit à ce dernier :
« Avez-vous passé dispute avec François Lamy ? N’avez-vous pas perdu un mouchoir ? »
Et sur la réponse affirmative, cette femme lui a dit :
« Mon fils l’a trouvé et l’a démarqué, n’étant pas dans l’intention de le rendre, attendu qu’il en a lui-même perdu plusieurs qu’on ne lui a pas rendus. »
Et elle a rendu en même temps au déclarant son dit mouchoir que celui-ci a déposé en nos mains pour être envoyé à qui de droit, nous observant que tout le raisonnement ci-dessus et la restitution faite par elle en présence de la nommée Marthe Blanc, de la commune de Noves, nourrice de l’épouse du sieur Pascal, qui se trouvait dans la maison de cette dernière, étant venue pour la voir.
Le déclarant a signé après lecture faite.
À Avignon, les an et jour susdits. »
  • Registre de police d’Avignon, Archives municipales d’Avignon, 1J129, p. 3-5.

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