Le gendarme Tromel face aux eaux du Calavon (Apt, 25 avril 1841)

Au milieu des chroniques de désordre et de misère, il est des actes qui honorent la nature humaine et la bravoure des hommes en uniforme. L’histoire que voici est celle d’un de ces moments où le devoir se confond avec un héroïsme pur, au péril de la vie.
Le théâtre de ce drame fut le Calavon, une rivière qui coule entre Basses-Alpes et Vaucluse et dont les eaux, gonflées et grossies par les pluies, roulaient avec la force d’un torrent. C’est là que, par un dimanche matin, la désespérance faillit triompher.
Victime de son état, la veuve Coutillard, une pauvre femme de cinquante-trois ans, minée par la maladie et plongée dans la misère depuis longtemps, avait pris une funeste résolution : celle de mettre fin à ses jours. Pour ce faire, elle s’était précipitée dans les eaux tumultueuses.
Son corps était déjà entraîné par le courant, luttant vainement contre la force des éléments, lorsqu’un homme fut témoin de la scène : le sieur Tromel, un gendarme de la brigade d’Apt.
N’écoutant que l’impératif de son courage, Tromel n’hésita pas. Il se jeta dans les eaux glacées du Calavon, tout habillé. S’ensuivit une lutte acharnée contre le tourbillon : le gendarme parvint, non sans effort et au risque de se noyer, à saisir la malheureuse femme et à la retirer des griffes de la rivière, la sauvant ainsi d’une mort certaine.
L’acte de dévouement ne s’arrêta pas là. Il transporta lui-même la pauvre veuve, épuisée et choquée, jusqu’à une auberge voisine. De là, elle fut conduite à l’hospice où elle put enfin recevoir tous les soins réclamés par sa position.
  • Sources : Le Mercure aptésien, 2 mai 1841, p. 2.

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