Le recensement de 1872 à Montgardin

La population

En 1872, Montgardin compte 348 habitants se répartissant en 182 hommes (52,30 %) et 166 femmes (47,7 %). Un tel écart peut sembler étonnant, il est pourtant tout à la fait dans la norme des autres communes des Hautes-Alpes. Il provient avant tout de la différence d’espérance de vie entre hommes et femmes. La répartition est en revanche homogène chez les enfants. La forte population masculine est adulte.
  • 58 hommes sont mariés, 15 sont veufs, le reste (109) constitue la population masculine célibataire bien qu’il faille noter que ce chiffre englobe les enfants.

  • 58 femmes, évidemment, sont mariées, 21 sont veuves, les enfants et les célibataires sont au nombre de 87.

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Ces personnes sont réparties au sein de 84 ménages, habitant 84 maisons. Le centre du village compte exactement 100 personnes, les 248 autres vivent dans la périphérie de la commune.
Montgardin a perdu 34 habitants par rapport au recensement de 1866 (-8,9 %). La population était alors de 382 âmes.

1. Structure des âges

Les âges indiqués dans les chiffres qui suivent correspondent de toute évidence à la différence brute entre 1872 et l’année de naissance, sans tenir compte du mois de naissance. On regrettera la répartition des âges: les individus sont classés en trois catégories: enfants de 0 à 6 ans, garçons et filles de 6 à 20 ans et individus de plus de 20 ans. Dès lors, il est normal de voir la population âgée de plus de 20 ans être la plus importante.

ÂgeH.F.
0 à 6 ans2830
6 à 20 ans4952
Plus de 20 ans10188

2. L’origine des habitants

Les Montgardinais sont d’origine française à 99,7%; la seule étrangère est une femme de nationalité italienne. Il n’a pas été possible de déterminer qui est cette femme, ni où elle est née. Il est intéressant de remarquer toutefois que les Italiens du Hautes-Alpes, et même du Champsaur, sont généralement piémontais. J. M. Barfety, dans son analyse de la population de La Motte-en-Champsaur au XIXe siècle1, constate ce fait.
Pour le reste, 5 hommes et 8 femmes sont nés dans un autre département que les Hautes-Alpes (3,7% de la population).

3. L’instruction

Les chiffres qui suivent révèlent une population peu instruite. En ce sens, le recensement apporte des éléments très intéressants.
Le tableau ci-dessus peut être affiné de la sorte :

De 0 à 6 ans :

  • 28 garçons (100 %) et 30 filles (100 %) ne savent ni lire ni écrire.

De 6 à 20 ans :

  • 34 garçons (69,4 %) et 31 filles (59,6 %) savent lire et écrire ;
  • 6 garçons (12,2 %) et 9 filles (17,3 %) savent seulement lire ;
  • 9 garçons (18,4 %) et 12 filles (23,1 %) ne savent ni lire ni écrire.

Plus de 20 ans :

  • 76 hommes (75,2 %) et 24 femmes (27,3 %) savent lire et écrire ;
  • 3 hommes (3 %) et 19 femmes (21,6 %) savent lire seulement ;
  • 22 hommes (21,8 %) et 42 femmes (47,7 %) ne savent ni lire ni écrire.

Les recenseurs n’ont pas pu vérifier le niveau d’instruction de 3 femmes de plus de 20 ans.
Ces chiffres soulignent à quel point les hommes et les femmes sont inégaux devant l’instruction. On remarquera toutefois un degré d’instruction supérieur dans la frange jeune de la population féminine par rapport à la frange la plus âgée (59,6%/27,3%). Ces chiffres témoignent d’une évolution dans la population de Montgardin, l’école se popularise et de plus en plus d’individus y ont accès.

4. La santé.

Montgardin compte un homme célibataire « idiot et crétin non goitreux » (0,5 %), 6 hommes célibataires « crétins et goitreux » (3,3 %), 3 femmes célibataires « crétines et goitreuses » (2,1 %) et une femme mariée « crétine et goitreuse » (0,7 %). Au total, 3,2 % de la population est atteinte de crétinisme.

5. La religion.

Une seule religion est représentée à Montgardin. Tous les habitants se déclarent catholiques.

Les animaux

muletCe recensement serait incomplet si l’on n’abordait pas le thème des animaux domestiques. Le moins que l’on puisse dire est qu’ils abondent dans le village. Le caractère agricole de Montgardin est souligné par la présence de nombreux animaux utilisés pour le travail de la terre, ou élevés pour leur viande.
Parmi ces animaux, on trouve (de façon exhaustive) :

a) Les animaux servant à l’agriculture

  • 5 poulains et pouliches de moins de 3 ans,
  • 19 chevaux hongres,
  • 30 juments, soit un total de 54 chevaux,
  • 3 jeunes mulets,
  • 26 mulets adultes, soit un total de 29 mulets,
  • 6 ânes,
  • 12 ânesses, soit un total de 18 ânes.

On a donc 101 animaux de trait auxquels on pourrait ajouter les 4 boeufs du village.

b) Les animaux élevés pour leur viande
Au nombre desquels :

  • 40 agneaux de race commune,
  • 25 béliers de race commune,
  • 345 moutons de race commune,
  • 50 brebis de race commune,
  • 50 cochons de race commune.

Montgardin, nous le voyons, abondait en ovins de toute sorte.
c) Les animaux dont on tire de la nourriture

  • 6 chevreaux,
  • 3 boucs,
  • 78 chèvres,
  • 68 ruches d’abeille en pleine activité,
  • 1 canard,
  • 335 poules et poulets,
  • 28 pigeons

d) Les animaux de compagnie

  • 35 chiens

On notera l’absence total de chat.

Conclusion

Les chiffres du recensement de 1872 nous présentent un village de Montgardin en pleine activité, dont les habitants sont globalement peu instruits et vivent dans une très grande majorité de la terre et de l’élevage. Ils sont d’implantation ancienne (une étude de leur généalogie le prouve) et sont globalement en bonne santé. Enfin, la population animale rappelle la vocation fortement agricole de Montgardin.

1. J. M. Barfety, « La Motte-en-Champsaur vers 1845 », Bulletin de la Société d’Études des Hautes-Alpes, Gap, 2001.

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