Mort d’un pauvre mendiant (Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, 31 juillet 1696)

À la fin du XVIIe siècle, la Provence subit les contrecoups des famines de 1693-1694 et des exigences fiscales de la guerre de la Ligue d’Augsbourg. Ce décès à Saint-Maximin révèle la mobilité de survie des indigents quittant les zones montagneuses du Glandevès vers les plaines agricoles plus riches. À soixante-dix ans, cet homme appartient à une frange de la population dont l’épuisement physiologique, souvent lié à des carences alimentaires chroniques ou des pathologies respiratoires, rendait tout secours médical inutile. La rapidité de l’ensevelissement répondait alors aux strictes impératifs de salubrité publique imposés aux propriétaires de métairies.

 

« L’an que dessus [1696] et le trente-unième juillet, est décédé dans une métairie un pauvre mendiant qu’on dit être natif du voisinage d’Annot, diocèse de Glandevès, âgé de soixante-dix ans, sans qu’on ait pu lui donner du secours, et a été enseveli le même jour.
Présents Vincent Maurel et Jean Audric. »
  • Source : Registre paroissial de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, Archives départementales du Var, 2 MI EC2810R1.

 

Le diocèse de Glandevès : l’évêché de la montagne
La mention du diocèse de Glandevès dans cet acte nous plonge dans l’histoire d’une circonscription ecclésiastique aujourd’hui disparue. Situé dans les hautes vallées du Var et du Verdon, cet évêché était l’un des plus petits et des plus pauvres de Provence. Sa particularité résidait dans son siège : la cité antique de Glandevès, devenue insalubre, fut délaissée au profit de la place forte d’Entrevaux.
En 1696, lorsqu’on identifie ce mendiant comme natif du « voisinage d’Annot », on souligne son statut d’étranger. Annot, bourg montagnard et forestier, appartenait à ce diocèse rude où les hivers longs poussaient souvent les plus fragiles à l’exode vers la basse-Provence. Ce vieillard de 70 ans a ainsi parcouru plus de cent kilomètres à travers les Maures et la Sainte-Baume, fuyant la rigueur des Alpes pour mourir dans une métairie de Saint-Maximin. Supprimé à la Révolution, le diocèse de Glandevès demeure le symbole d’une Provence alpine oubliée, dont les enfants venaient parfois s’éteindre anonymement dans les plaines varoises.

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