[Provençal] L’Es­pe­cie­ro / L’Épi­cière

Le facteur. DR.
Le facteur. DR.
MOUN PAIRE nous conto de longo que dóu tèms de la guerro, dins uno carriero procho soun oustau, se tenié uno espiçarié. L’especiero èro pichoto, maigro, quàsi seco coumo uno estoco-fisso e ié disien Ana. Aguerien lèu-lèu fa de la subre-nouma Ana-Caga : coume s’avien di Auguste-lou-qu’a-lou-trau-dóu-tafanàri-trop-juste !
Un jour, lou fraire de moun paire partiguè emé lou patrounage en roumavage à Lourdo e tóuti lou vesinage ié demandè alor, de ié recampa qu un pau d’aigo, qu uno vierge de Lourdo, qu un capelet e bèn segur n’i’avien que demandèron uno simplo carto poustalo.
Arriba à destinacioun, moun ouncle, car pèr forço èro moun ouncle, pensè en tóuti ; mai au moumen d’escriéure à Ana l’especiero, noun se pousquè ramenta soun noum… cercavo que cercara… ié fuguè pas poussible ! Ana… Mai Ana coume ? Demandè en tóuti autour d’éu. Res pèr ié douna d’endico.
Quand aguè proun tastouneja se decidè pamens à escriéure sus la carto :
Dono Ana-Caga
Carriero de Port-de-Bouc
Miramas
E bèn, me creirias se lou voulias mai la carto poustalo arribè bèn à bon port emé… quàuqui cacalas mai d’espousc tambèn !
Martino Bautista

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Le facteur. DR.
Lou fatour. DR.
MON PÈRE nous raconte toujours que pendant la guerre, dans une ruelle près de chez lui, se tenait une épicerie. L’épicière était petite, maigre, presque sèche comme une stoque-fish et elle s’appelait Anna. Ils eurent vite fait de la surnommer Anna-Caga ; comme on aurait dit Auguste-celui-qui-a-le-trou-du-c…-trop-juste !
Un jour, le frère de mon père partit avec le patronage à Lourdes et tout le voisinage lui demanda alors qui un peu d’eau, qui une vierge de Lourdes, qui un chapelet et bien sûr il y en eurent qui demandèrent une simple carte postale.
Arrivé à destination, mon oncle, car par force il était mon oncle, pensa à tous ; mais au moment d’écrire à Anna l’épicière, il ne put se rappeler de son nom. Il chercha, chercha, chercha… cela lui fut impossible d’y mettre un nom de famille. Anna…. Mais Anna comment ? Il demanda à son entourage. Mais personne ne put le renseigner.
Après bien des hésitations, il se décida enfin à écrire :
Madame Anna-Caga
Rue de Port-de-Bouc
Miramas
Et bien, vous me croirez si vous le voulez mais la carte postale arriva bien à bon port avec… quelques éclats de rire mais pas seulement !
Martine Bautista

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